Variables associées à la disponibilité alimentaire et en matériaux de construction

Effets anthropiques

Les routes qui croisent un ru1sseau constituent un type de remblai qui bloque partiellement l’écoulement des eaux. De plus, à cause du rétrécissement des eaux dans les ponceaux, ce serait un endroit privilégié par les castors pour la construction des barrages (Flynn, 2006; Jakes et al., 2007; Stevens et al., 2007). 10 Dans le nord-est de l’Alberta, dans les plaines boréales où le relief est relativement faible, Martell (2004) a voulu étudier 1′ effet de 1 ‘intersection d’une route avec un ruisseau sur la végétation riveraine et comparer cet effet à celui des barrages à castor. Selon elle, l’effet des routes pourrait être comparable aux barrages à castor, car en bloquant le courant, elles pourraient rediriger les eaux de sub-surface vers la surface et faire augmenter le niveau de la nappe phréatique en amont (voir également Flynn, 2006). Ces résultats ont permis de confirmer qu’effectivement, les niveaux d’eau sont plus élevés en amont des routes (Martell, 2004), mais elle n’a pu comparer cet effet à celui des barrages, car la totalité des routes qu’ elle a échantillonnées contenaient aussi un barrage. Elle mentionne que seuls les ponceaux très larges et les ponts échappent au blocage par les castors et rapporte que ce problème est largement répandu en Amérique du Nord (D’Eon et al., 1995 dans Martell, 2006).

D’autre part, Flynn (2006) a aussi trouvé un effet positif de la présence des ponceaux sur les activités du castor et donc sur la distribution des étangs dans la forêt boréale du Nord de l’Alberta. Cependant, selon ses recherches, la zone d’influence des ponceaux sur les castors serait limitée à 300 mètres autour de ceux-ci. De plus, l’effet «attractif» des ponceaux était plus marqué lorsqu’une colonie de castors était déjà établie sur le ruisseau en question avant l’installation du ponceau, et ce, sur tous les ordres de ruisseau. Dans l’État de New York, l’équipe de Curtis et Jensen ont tenté d’identifier les variables explicatives associées aux ponceaux obstrués par les castors en comparant les paramètres d’habitat entre des sites bloqués et non bloqués. Dans la première partie de leur étude, ils ont tenté d’identifier les facteurs à proximité des ponceaux qui pourraient expliquer la différence entre les sites où le barrage était localisé directement dans le ponceau, et ceux où un barrage était présent à moins de 100 mètres du ponceau, en amont ou en aval (Jensen et al., 2001). Ils ont trouvé que la variable la plus utile pour expliquer cette différence était la taille du ponceau lui-même, les plus petits étant privilégiés pour la construction directement dans le ponceau.

Dans la suite de leur étude, ils ont utilisé, comme sites occupés, ceux dont le barrage était construit dans les 200 mètres en amont ou en aval du ponceau et comme sites inoccupés, ceux possédant un apport d’eau annuel continu, mais qui étaient sans barrage à l’intérieur de ces mêmes distances (Curtis et Jensen, 2004). Ils ont pu constater que la quantité totale de végétation ligneuse aux abords de la route était la variable la plus explicative : 55 % de la superficie des sites inoccupés se trouvait sans végétation ligneuse. En second lieu, ils ont identifié la pente comme facteur déterminant. Selon Jakes et al. (2007), il y a effectivement une probabilité plus élevée qu’un castor vienne s’établir sur un ruisseau qui croise une route. Toutefois, la pente doit être faible (moins de 3 %; Curtis et Jensen, 2004) et la surface du bassin versant doit être de taille moyenne (environ 2500 ha). On sait aussi que la pente du ruisseau détermine en partie le type de substrat, plus la pente est faible, plus le substrat sera fin, ce qui influence la qualité du matériel de construction pour les barrages qui va généralement de fin à très fin (Curtis et Jensen, 2004). Une autre hypothèse qui a déjà été mentionnée pour expliquer l’attirance des castors pour les ponceaux est celle du son de 1′ eau courante qui constitue potentiellement un élément déclencheur du comportement de construction des barrages. En effet, Jensen et al. (2001) ont remarqué que les ponceaux bloqués réduisaient en moyenne par un facteur de 2 la largeur naturelle du ruisseau, alors que les ponceaux non bloqués la réduisaient de peu. La constriction ainsi produite augmente la vélocité du courant et provoque des sons dans le ponceau qui pourraient déclencher le comportement de construction de barrages chez le castor.

Résultats

Que ce soit pour les ponceaux avec ou sans barrage, 1′ étendue des valeurs pour chaque variable estimée est semblable dans les deux cas (tableau 2). De plus, lorsqu’on observe les moyennes comparativement à l’étendue des valeurs pour chaque variable, on constate qu’il y a peu de ponceaux échantillonnés qui possèdent des valeurs près des extrêmes supérieurs (tableau 2). En effet, la majorité des ponceaux échantillonnés possèdent des valeurs plus près des valeurs minimales. Suite à la comparaison des huit modèles candidats à l’aide du critère d’information d’ Akaike, il semble y avoir deux modèles plausibles parmi les modèles élaborés a priori pour expliquer la présence des barrages à proximité des ponceaux. Le premier est le modèle ne contenant que les variables géomorphologiques et hydrologiques corrigées (HYDR02) avec un poids d’ AICc de 0,46 (tableau 3). Le deuxième est le modèle considérant la hauteur du remblai (ANTHROPO) avec un delta AICc de 0,34 et un poids AICc de 0,38 (tableau 3). De plus, selon la statistique du« ratio d’évidence» (evidence ratio), le modèle HYDR02 est environ équivalent au modèle ANTHROPO et environ 7 fois meilleur que le modèle suivant, soit le modèle global avec données corrigées (GLOBAL2). Tous les autres modèles peuvent être écartés en tant que modèles plausibles puisque les deltas AICc sont tous près ou supérieurs à 4 et les poids d’ AICc près ou inférieurs à 0,05 (Burnham et Anderson, 2002). L’inférence multi-modèles a permis de dégager que la surface du bassin de drainage corrigée, le nombre de kilomètres de ruisseau dans deux kilomètres de rayon autour du ponceau étudié et la hauteur du remblai avaient tous un effet négatif sur la probabilité de présence de barrage de castor (tableau 4). Le rapport entre le débit corrigé et le diamètre avait quant à lui un effet positif (tableau 4). Toutes les autres variables contenues dans les deux meilleurs modèles n’avaient pas d’effet puisque celles-ci incluaient toutes la valeur de 0 à l’intérieur de leur intervalle de confiance respectif (tableau 4). Finalement, le test d’ajustement de Le Cessie et V an Howelingen sur le modèle global avec données corrigées confirme que l’ajustement est bon (p = 0.987). De plus, selon le R de Cox et Snell pour le même modèle, environ 18,7% de la probabilité de présence de barrage à l’intérieur des ponceaux peut être expliquée par les variables étudiées (R2 = 0, 187).

Effets des variables géomorphologiques et hydrologiques

Parmi les variables incluses dans le modèle avec données corrigées qui concerne la géomorphologie et l’hydrologie, certaines semblent avoir un effet plus important que d’autres pour prédire la probabilité de présence de barrage dans les ponceaux. C’est le cas notamment de la surface de bassin de drainage, du rapport entre le débit et le diamètre du ponceau et du nombre de kilomètres de ruisseaux dans deux kilomètres de rayon. On a observé déjà qu’une forte proportion des barrages de castor se situent à l’intérieur de bassin de drainage de taille moyenne, variant généralement entre 500 et 5000 hectares (Jakes et al., 2007). Puisque les valeurs observées dans la présente étude variaient entre 0 et 3000 hectares, on s’attendait à ce que la relation entre la probabilité de présence et la superficie du bassin de drainage soit positive. Le sens négatif de la relation suggère que dans la région d’étude, il est possible pour un castor de créer un étang, peu importe la superficie du territoire drainé au point de rencontre entre la route et le ruisseau, pour peu qu’il y ait un écoulement d’eau. Puisque la plage de variation des débits est relativement faible, en lien avec la topographie et les ruisseaux candidats, nous avons étudié le rapport entre la variable débit et le diamètre.

Conformément à ce que l’on pouvait s’attendre, ce rapport engendre une relation positive quant à la probabilité de construction d’un barrage par le castor. D’une part, les forts rapports suggèrent une quantité d’eau importante (grand débit) et/ou un faible diamètre de ponceau, d’autre part, ces caractéristiques sont toutes deux susceptibles de rendre 1 ‘endroit attrayant pour le castor. En effet, les débits élevés permettent d’assurer un niveau d’eau appréciable tout au long de l’année. En revanche, les petits ponceaux permettent de limiter les efforts nécessaires pour la construction du barrage. Une de nos hypothèse était que la quantité de cours d’eau disponibles près du ponceau augmenterait les chances qu’une ou des colonies résident dans les environs et soient à même de coloniser le ponceau. Toutefois, l’effet négatif de cette variable suggère que moins il y a d’endroits potentiels a priori où s’installer, plus la probabilité augmente qu’ils choisissent le ponceau comme site de construction de barrage. Par ailleurs, on peut penser que les endroits où le nombre de kilomètres de ruisseaux est faible se retrouvent principalement près des sommets et qu’à ces endroits, la route jouerait un rôle plus crucial de concentration des écoulements. En effet, on sait que les routes forestières sont construites, autant que faire se peut, en suivant les crêtes naturelles du territoire. Une étude à permis de démontrer que les routes en sommet de pente contribuaient à allonger le réseau hydrographique de premier ordre en transformant les écoulements sous terrain en écoulements de surface (Forman et Alexander, 1998). Ceci pourrait contribuer à rendre de nouveaux endroits disponibles pour la construction de barrage, là où les ruisseaux sont naturellement plus rares.

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Table des matières

Avant-propos
Résumé
Table des matières
Liste des tableaux
Liste des figures
Introduction générale
Biologie du castor
Facteurs affectant l’emplacement des barrages
Géomorphologie et hydrologie
Ressources alimentaires et matériaux de construction
Effets anthropiques
Modélisation de l’habitat
Problématique
Objectif
Article Caractérisation des paramètres de l’habitat qui favorisent l’utilisation des
ponceaux comme sites de construction de barrages par le castor : peut-on limiter les
dégâts infligés à la voirie forestière?
Résumé
Introduction
Maté1iel et méthodes
Aire d’étude
Caractéristiques associées aux ponceaux échantillonnés
Variables géomorphologiques et hydrologiques
Variables associées à la disponibilité alimentaire et en matériaux de construction
Variables anthropiques et caractéristiques propres aux ponceaux
Abondance locale du castor
Analyses statistiques
Résultats
Discussion
Variables ayant un pouvoir prédictif et support des hypothèses présentées
Effets des variables géomorphologiques et hydrologiques
Effets des variables anthropiques
Effets des variables liées à l’alimentation
Limites de l’étude
Implications en aménagement
Références
Conclusion générale
Perspective de recherche
Références

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