Par : Moulay Meliani Khadidja
Faculté des sciences de la nature et de la vie et sciences de la terre et de l’univers
Département des sciences agronomiques et forestières
Zones humides et Oiseaux d’eau
Aperçu sur les zones humides
Plusieurs définitions ont été données aux zones humides et qui tournent bien évidemment autour de l’élément eau qui constitue la clef de leur fonctionnement. Le terme générique « zones humides » couvre une grande variété de systèmes aquatiques, qui vont des mares temporaires des zones arides aux plaines d’inondation des grands fleuves tropicaux, des tourbières des montagnes aux mangroves côtières. Il est donc difficile de dégager des tendances générales quant à leur structure et fonctionnement. Néanmoins, il existe un consensus pour reconnaître qu’elles sont très productives sur le plan biologique (Ramade, 2002). Hughes et Hughes (1992) définissent les zones humides comme étant « toutes les terres inondées de manière permanente ou périodique tel que les lacs, les étangs, les marécages, les marais, les tourbières, les plaines d’inondation riveraines ou lacustres, les cuvettes et les oueds, les marais salés du littoral et les mangroves, les retenues artificielles sont également comprises dans cette définition. » Les zones humides occupent l’espace de transition entre le milieu humide en permanence et un milieu généralement sec et possèdent les caractéristiques des deux milieux sans pour autant pouvoir être étiquetées, sans ambigüité, zones aquatiques ou zones terrestres. C’est la présence prolongée de l’eau qui modifie les sols, les organismes microscopiques qu’ils contiennent et les communautés de plantes et d’animaux, de sorte que le fonctionnement de ce milieu est différent de celui d’un milieu soit aquatique soit sec (DGF, 1998).
Les zones humides font partie des ressources les plus précieuses de la planète et, sur le plan de la diversité biologique et de la productivité naturelle, elles arrivent en seconde position après les forêts tropicales (Pearce et Crivelli, 1994). Dans ce contexte Godin (2000) note que les collections d’eau et les formations végétales qui leur sont associées sont des lieux de reproduction, de gagnage, de repos, de halte migratoire, et d’hivernage pour de nombreuses espèces d’oiseaux. Tous les niveaux trophiques (du consommateur primaire au consommateur tertiaire), tous les régimes (planctophage, phytophage, insectivore, piscivore) et toutes les stratégies alimentaires (filtreur, barboteur, plongeur, pêcheur, chasseur) y sont représentés. Elles sont essentielles du point de vue processus écologiques qui s’y déroulent mais aussi pour leur richesse en espèces de faune et de flore. En fait elles jouent un rôle important dans les processus vitaux, entretenant des cycles hydrologiques et accueillant poissons et oiseaux migrateurs (Skinner et al.,1994).
Ce sont des écosystèmes extrêmement productifs qui procurent gratuitement de nombreuses fonctions (rétention des polluants, recharge de la nappe souterraine, contrôle des inondations…) et de nombreux attributs à savoir la diversité biologique, la ressource en eau… (Skinner et Zalewski, 1995). Les fonctions des zones humides déduites directement de leurs caractéristiques et de leur fonctionnement écologique peuvent être traduites en services rendus ou en valeurs, correspondant aux avantages économiques et culturels qu’en retirent les populations locales et plus largement la société (Barnaud, 2001).
Sur le plan international
Par son appartenance à la région méditerranéenne et à l’Afrique du Nord, l’Algérie a fait l’objet de plusieurs inventaires de ses zones humides de grande importance, depuis le projet MAR en 1965 qui selon Olney (1965) n’en a déterminé que cinq sites dont un à l’ouest (la Macta), jusqu’à l’inventaire des zones humides élaboré par Birdlife International en 2007 qui en a défini 22. Toutefois les plus importants travaux d’inventaires de ces zones humides sont ceux de Ledant et Van Dijk (1977), Carp (1980) avec 11sites où figurent la Macta et la grande Sebkha d’Oran pour la région ouest du pays, Scott (1980) avec 16 sites, Morgan (1982) et Morgan et Boy (1982) avec 22 zones humides, De Beaufort et Czajkowsiki (1986) avec 210 sites répartis sur 36 types d’habitats , Burgis et Symoens (1987) avec 14 sites, Hughes et Hughes (1992) avec 24 sites, et Britton et Crivelli (1993), ainsi qu’une synthèse publiée en 1995 par Hecker et Tomàs Vives. Il y a lieu de citer que chaque inventaire, selon son objectif et des fois selon la spécialité des chercheurs a développé certains aspects par rapport à d’autres (hydrologie, géologie….) et a par conséquent déterminé des critères de classement et une typologie des sites plus ou moins différents mais qui s’accordent pour caractériser par exemple les zones humides de l’Est (en l’occurrence El Kala) comme étant les plus importantes et les plus riches.
D’un autre côté le répertoire des zones humides d’importance internationale de Ramsar (2007), actualisé régulièrement, fait état des 42 sites classés jusqu’en Décembre 2004. Toutefois, le premier travail détaillé sur nos zones humides est sans doute celui de Morgan et Boy (1982) qui a traité une description des zones humides de l’Afrique du Nord, suite à laquelle il a été publié toujours en 1982 un travail sur les sites importants pour l’Algérie et la Tunisie . L’inventaire en question décrit les conditions écologiques de 22 zones humides où les sites ont été sélectionnés pour « couvrir l’étendue des principaux types d’eaux stagnantes, des eaux douces permanentes et des chotts temporaires ». Il comprend, entre autres des mesures de salinité, de conductivité, de zoobenthos, de zooplancton ainsi que les caractéristiques physiques et botaniques de façon à être le plus complet possible. Pour l’Algérie donc, les auteurs avaient décrit un ensemble de zones humides de grande importance et de typologie diverse à savoir, les chotts de Beldjeloude et Zehrez Chergui , les sebkhats sans végétation dont celle d’Oran, Guellal et Ezzemoul , des sebkhats avec végétation dont celles de Djendli et Gadaine, des oasis, des lacs de plaine , des marais saisonniers, une lagune marine, un lac marin Guerbes et des lacs réservoirs. On note que plus de la moitié de cette panoplie de sites sont actuellement classés sur la liste Ramsar des zones humides d’importance internationale dont les premiers lacs Tonga et Oubeira à El Kala en 1983.
Sur le plan national
Les zones humides d’Algérie sont restées longtemps méconnues et, encore aujourd’hui, leurs richesses ne sont pas bien connues dans leurs détails et, de ce fait demeurent largement sous-estimées (Britton et Crivelli, 1993 in Isenmann et Moali, 2000). Jusqu’en 1995, il n’y avait aucun inventaire national des zones humides en Algérie ni une classification des écosystèmes aquatiques. On ne disposait que des informations issues d’inventaires internationaux où tous les auteurs avaient souligné la grande richesse biologique et écologique de tout un réseau de zones humides s’étendant du Tell au Sahara septentrional ( Isenmann et Moali, 2000), de dénombrements ornithologiques annuels (Chalabi, 1990, 1992 ; Chalabi et al., 1985) ainsi que d’un seul inventaire ayant couvert quelques sites (26) du nord algérien (Chown et Linsley, 1994). Il était alors nécessaire de définir une méthodologie d’inventaire et de classification des zones humides dans le but d’accroître les connaissances sur ces milieux et d’en renforcer la gestion et la conservation. Depuis 1995 , un effort des services de la Direction Générale des Forêts, des conservations de forêts et des parcs nationaux, a été élaboré dans le cadre de la mise en oeuvre de la convention Ramsar pour répondre aux engagements internationaux de l’Algérie vis-à-vis de ladite convention. Dés 1997, un premier inventaire a fait le point sur l’ensemble des zones humides algériennes importantes au nombre de 254 (publié en 1998 ). Ensuite fut l’édition de trois (03) Atlas des zones humides d’importance internationale en 2001, 2002 et 2004. Actuellement un cinquième Atlas est en cours de préparation et 42 sites déjà classés au titre de la convention Ramsar. D’une façon générale en 2006, une base de données a été réalisée répondant à un certain nombre de question administratives et relatives à la typologie des sites et 1475 zones humides y sont répertoriées (DGF, 2006).
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Table des matières
Introduction
Chapitre I : Zones humides et Oiseaux d’eau
I-1 Aperçu sur les zones humides
I-1-1 Définition et généralités
I-1-2 Les zones humides d’Algérie
I-1-3 Etat des connaissances sur les zones humides algériennes
I-1-3-1 Sur le plan international
I-1-3-2 Sur le plan national
I-2 Les oiseaux d’eau
I-2-1 Généralités
I-2-2 Les principales étapes du cycle de vie des oiseaux d’eau
I-2-2-1 La migration
I-2-2-2 La reproduction
Chapitre II : Connaissance de la zone d’étude
Introduction
II-1 Situation géographique, administrative et limites
II-2 Milieu physique
II-2-1 Géologie
II-2-2 Hydrogéologie
II-2-3 Géomorphologie
II-2-4 Pédologie
II-3 Etude climatique
II-4 Fonctionnement hydrologique de la zone humide
II-4-1 Le bassin versant
II-4-2 Le plan d’eau
II-4-3 Les eaux souterraines
II-4-4 Valeurs hydrologiques de Dayet El Ferd
II-5 Milieu biotique
II-5-1 Végétation de la zone d’étude
II-5-2 La faune de la zone d’étude
II-6- Pressions éventuelles
II-6-1 Céréaliculture et parcours
II-6-2 Rejet des eaux usées
II-6-3 Construction d’ouvrages hydrauliques
II-6-4 Autres pressions
Chapitre III : Méthodologie de travail
Introduction
III-1 Les dénombrements
III-1-1 Les objectifs de dénombrement
III-1-2 Le dénombrement (recensement) international des oiseaux d’eau
III-1-3 Les dénombrements internationaux en Algérie
III-1-4 Les dénombrements périodiques
III-2 Matériels et méthodes
III-2-1 Milieux rencontrés
III-2-2 Matériels utilisés
III-2-3 Les méthodes de dénombrements
III-2-3-1 méthode absolue
III-2-3-2 méthode utilisée
Chapitre IV : Analyse du peuplement avien de Dayet El Ferd
Introduction
IV-1 Analyse spécifique
IV-1-1 Les anatidés
IV-1-2 Situation des anatidés à Dayet el Ferd
IV-1-3 Les rallidés
IV-1-4 Les limicoles
IV-1-5 Les échassiers
IV-1-6 Les grèbes
IV-1-7 Les laridés
IV-1-8 Les rapaces
IV-1-9 Les oiseaux terrestres
IV-1-10 Nouvelles observations
IV-2 Analyse faunistique et systématique
IV-3 Analyse phénologique
IV-4 Analyse écologique
Chapitre V : Discussion générale
Introduction
V-1 Capacité d’accueil
V-2 Identification du rôle de la daya
V-2-1 Quartier d’hiver important
V-2-2 Zone de reproduction
V-2-3 Escale migratoire
V-2-4 Synthèse
Conclusion
Conclusion générale
Références bibliographiques
Annexes
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