XVI ème-XVII ème siècles : l’instruction réservée à l’aristocratie

XVIII ème siècle : Émergence d’une littérature pour enfants

Peu de volumes sont destinés spécifiquement à la jeune génération. L’enfant atteint l’âge de raison à 7 ans et son avenir est déterminé par la classe sociale à laquelle il appartient : celle-ci déterminera le type d’ instruction qu’il recevra ou son entrée dans la vie professionnelle : métiers de rues, manufactures, artisanat, etc …
L’alphabétisation des masses progresse cependant: de petites écolesse développent, 40 % de la population sait lire. Les livres sont essentiellement desmanuels d’apprentissage : orthographe, écriture, calcul. La littérature des adultes est utilisée pour les enfants : Fablesde Jean de la Fontaine, Contes de ma mère l’Oye de Charles Perrault, Robinson Crusoé, Don Quichotte, etc…
Au cours du siècle, la bibliothèque bleueconnaît un essor important. Elle est mise en place par Nicolas Oudot, libraire à Troyes. Les histoires sont abrégées, découpées et mises en page dans le but de distraire ses lecteurs.
En 1694, Fénelon compose le premier ouvrage écrit spécifiquement pour les enfants :
Les aventures de Télémaque, à destination du Duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, dont il est le précepteur. L’ouvrage relate les aventures maritimesde Télémaque, fils d’Ulysse, dans la lignée de L’Odyssée d’Homère, mais dans un but éducatif, afin d’inculquer au jeune souverain des notions de culture antique. Certaines spécificités sont à noter : premier ouvrage scolaire à être rédigé en français à défaut du latin, il prend la forme d’un roman d’aventures.
En 1762, Jean-Jacques Rousseau publie Émile ou de l’éducation, qui marque l’émergence d’une nouvelle littérature .
L’année 1758 est marquée par la publication du premier magasin pour enfants par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, gouvernante à Londres. Elle y découvre les Little Pretty Pocket Books, collection de livres bon marché destinée aux enfants et fondée par John Newbery en 1750. Elle s’en inspire pour écrire ses quatorze premiers contes qui constitueront son ouvrage. Madame de Beaumont affirme ses intentions pédagogiques dans son sous-titre : «Dialogues d’une sage gouvernante avec ses élèves dans lesquels on fait penser, parler, agir les jeunes gens […] On y représente les défauts de leur âge et l’on y montre de quelle manière on peut les corriger; on s’applique autant à leur former le cœur qu’à leur éclairer l’esprit.»
Elle publiera à la suite environ 70 volumes.
En 1782, Arnaud Berquin publie L’Ami des enfants, à destination des filles de l’éditeur Charles-Joseph Panckoucke dont il est le précepteur; l’ouvrage obtient alors un immense succès. Petit livre vendu par souscription et livré tous les mois, il rassemble des histoires courtes ( saynètes, dialogues) écrites par l’auteur dans le but de divertir : «Cet ouvrage a le double objet d’amuser les enfants, et de les porter naturellement à la vertu».
Les auteurs s’éloignent petit à petit des contes et légendes merveilleux, pour se rapprocher du quotidien des enfants par des histoires et personnages plus réalistes et familiers.
La Révolution de 1789 ne marque pas de grands changements dans le domaine de l’édition de la littérature de jeunesse, hormis la représentation des stéréotypes des héros : Joseph Bara se substitue à Saint- François d’Assise. Cependant, l’adoption de la devise «liberté, égalité, fraternité» témoigne des changements inhérents auxévénements politiques : les jeunes prennent goût à la lecture et se consacrent à son apprentissage. Ils cherchent dans les livres des réponses à leurs interrogations.

Le XIX ème siècle : Naissance de l’album de jeunesse

Industrialisation de l’édition

La presse cylindrique avec ses rouleaux d’encrage (principe conçu par l’anglais William Nicholson dès 1791) remplace la presse à bras héritée de Gutenberg. La mécanisation des techniques remplace la production artisanale, le papier se présente désormais sous la forme d’énormes rouleaux à défaut de feuilles. Cette production massive entraîne des bouleversements dans l’industrie nécessitant la spécialisation des ouvriers.

Années 90 : la littérature de jeunesse intégrée à l’école

L’évolution de l’album de jeunesse se poursuit : de nouveaux éditeurs apparaissent, et avec eux de nouvelles formes : le roman policier se multiplie et un retourvers la poésie se fait sentir. De même, le théâtre fait son entrée auprès du jeune public et trouve un précieux soutien auprès de Éducation Nationale depuis la mise en place des programmes de 2002.
Mais surtout, depuis 1989, de larges plans sont organisés au sein de l’Éducation Nationale pour promouvoir la lecture et intégrer la littérature à l’école : opération «cent livres pour l’école», création des BCD (bibliothèques centres de documentation) dans toutes les écoles, listes officielles élaborées en étroite collaboration entre professionnels de l’édition et corps éducatif.

Au tournant du siècle, le livre comme partenaire éducatif

L’histoire de l’album est marquée par une constante évolution. Celui-ci s’inscrit comme vecteur culturel au sein de la jeune génération, et suit par conséquent les évolutions qui s’opèrent dans le domaine du développement de l’enfant. Autrefois chargé de répandre des connaissances par sa lecture, l’album est devenu un partenaire ludiquequi initie le lecteur à la littérature. Il rejoint ainsi les divers moyens de divertissements proposés aux enfants, tout en maintenant un rapport étroit avec les références et mœurs qu’il véhicule. Son interprétation peut être plurielle : chaque individu, enfant ou adulte possédant ses propres références est libre d’interpréter ses propos comme il l’entend (intertextualité), ce qui fait de lui un élément culturel d’une grande richesse.

Le virage Harry Potteret les années 2000

Le célèbre ouvrage de JK Rowlings paru pour son premier tome en 1997 marque l’avènement d’un nouveau genre dans la littérature de jeunesse. Le succès retentissant de la saga renoue avec les œuvres fantastiques parues au XX ème siècle, tels que Bilbo le Hobbit,le Seigneur des Anneauxde J.R.R Tolkien parus des les années1930-50, ou Le monde de Narnia, de Clive Staples Lewis, paru en 1951. On parle désormais de romans «Fantasy»qui trouvent des lecteurs à travers tous les âges.
Le genre de la littérature de jeunesse occupe aujourd’hui une place légitime dans le monde de la littérature. De nombreuses études sont réalisées, articles, mémoires, expositions et des formations spécialisées sont proposées à l’université pour son étude spécifique. La place qu’elle occupe témoigne de l’importance qu’elle s’est créée dans le monde de la culture. Malgré l’ère du numérique, elle fait toujours partie des plaisirs privilégiés de divertissements choisis par la jeune génération.

DEUXIÈME PARTIE : ANALYSE DE PRATIQUES

Autour du conte africain Homme de couleur

Le lecteur, destinataire du poème

Ce poème issu de la tradition orale africaine est attribué à l’écrivain et homme politique Léopold Sédar Senghor, premier président de la République du Sénégal depuis son indépendance en Avril 1960.
Le poème s’articule en deux paragraphes : le narrateur, homme noir, parle à la première personne dans le premier paragraphe. Il résume à travers quelques vers un brefdéroulement de sa vie : naissance, croissance, épanouissement, mort, etc. Le second paragraphe présente la même forme, mais à la deuxième personne du singulier. Le narrateur s’adresse à l’homme blanc et illustre les mêmes étapes par des adjectifs de couleur. La morale du poème sous forme de question s’adresse au destinataire et par la même occasion au lecteur : ce procédé permet de s’interroger sur les représentations concernant la couleur de peau ancrées dans la société et évoque ainsi les problèmes de racisme.

L’album de Jérôme Ruillier, adaptation du poème

L’album illustré de ce poème met en scène deux personnages de couleur de peau différentes. Il compare les émotions ressenties par un petit personnage à la peau noire tandis que le second a la peau blanche. Ces deux personnages sont présentés de façon alternative : l’auteur confronte successivement l’homme noir puis l’homme blanc à la même situation . Ainsi le personnage noir reste constant dans sa couleur de peau tandis que le personnage blanc semble changer de couleur : il apparaît bleu quand il a froid, vert quand il a peur, etc… La forme initiale du poème est ainsi modifiée : l’alternance mise en place modifie la perception de l’histoire, et permet avec une touche d’humour implicite de comparer deux hommes semblables. La forme choisie met ainsi en lumière les usages langagiers ancrés dans la société (usage des adjectifs de couleur pour qualifier des émotions).
La répétition choisie dans cet album révèle également un rythme musical attrayant pour les élèves : ils perçoivent rapidement la comparaison systématique entre homme blanc et homme noir, ce qui leur permet de s’approprier la structure et d’anticiper la suite. De plus, les personnages sont illustrés par un graphisme léger et coloré qui les rapprochentde l’enfance et permet ainsi au jeune lecteur de s’identifier à eux.

Activités mises en place dans la classe pour s’approprier l’album

Dans un premier temps, le conte a été présenté aux enfants sous forme de lecture offerte. Ils ont ainsi découvert l’histoire et apprécié la récurrence du texte qui rappelle que quelles que soient les conditions, le premier personnage reste de couleur noire. Après quelques jours de familiarisation avec l’histoire, les élèvesont tenté d’apprendre par cœur le poème, dans la lignée des comptines qui sont rituellement répétées en collectif.
Des échanges langagiers sur la compréhension du texte m’ont ainsi permis d ‘évaluer les représentations que se font les élèves sur la couleur de peau. J’ai ainsi pu constater l’absence totale de préjugés quant à tout critère de couleur. Nous avons ensuite comparé nos couleurs de peau dans la classe, et ce fut pour certains enfants une découverte d’associer un adjectif de couleur à l’enveloppe qui les constitue.
Comme nous travaillions en parallèle sur les couleurs en arts plastiques, nous avons ainsi pu ré-introduire des notions étudiées précédemment comme les nuances de couleurs pour ré-investir le vocabulaire approprié (clair/foncé, variations, densité, etc.)

Séance 1 : Découverte de la couverture

Objectif : Savoir nommer les différentes informations de la couverture

Lors de la première séance, les élèves ont découvert la couverture. Manifester de la curiosité par rapport à l’écrit fait partie des attendus de fin d’école maternelle. Pour cela, il m’a semblé important de familiariser les élèves avec les éléments récurrents présents sur la couverture, premiers contacts à interpréter pour manifester de l’intérêt pour un livre. Les élèves sont ainsi invités à formuler des hypothèses pour saisir lesujet du livre en fonction des personnages présents sur la couverture, ici les caribous. Une précision estapportée quant à ce dernier animal (famille, lieu de vie, animaux apparentés). Comme pour chaque album, le vocabulaire correspondant aux éléments présents sur la couverture est rappelé : auteur, titre, édition. L’album « Tous pareils» me permet ici d’ajouter à ces informations le sous-titre, « Petites pensées de sagesse caribou».
Après quelques hypothèses formulées par les élèves, je leur lis ces éléments et nous y réfléchissons ensemble. Pour favoriser ces échanges, j’essaie d’orienter leur réflexion par des questions : « Comment peut-on décrire les personnages ? Comment sont organisées les couleurs ? Quels moyens ont été utilisés par l’auteur pour dessiner les personnages ? Etc… » Après avoir tenté de répondre à ces questions, nous laissons en suspens ce travail qui nous servira de base pour la séance suivante. Certes le fait de ne pas leur avoir lu l’histoire lors de la découverte engendre une certaine frustration pour les élèves : habituellement leur curiosité est rapidement satisfaite par la lecture de l’histoire. Leur impatience est toutefois intéressante car ils prennent conscience du rôle primordial de la lecture pour devenir autonome et comprendre l’histoire. Le dispositif a donc permis de travailler une compétence primordiale attendue en fin de maternelle : comprendre la fonction de l’écrit.

Séance 2 : Définir la timidité

A partir de cette séance, nous avons relu systématiquement l’album jusqu’à la page étudiée, pour permettre aux élèves de s’approprier l’histoire et de se familiariser avec la mise en page. La réflexion de cette séance s’articule autour de la timidité, du manque d’assurance ressenti de façon imprévue lors d’une situation nouvelle. Une définition est alors proposée par un élève de la classe. A la question posée « Que signifie être timide ? » l’élève répond : « C’est quand on a peur parce qu’on connaît pas et ensuite on n’a plus peur quand on connaît (sic) ».
On essaie de reprendre ensemble cette définition pour la reformuler de manière à ce qu’elle convienne à tous : « Être timide, c’est avoir peur de l’inconnu puis se sentir rassuré lorsqu’on apprend à le connaître ». On peut ici considérer que la deuxième partie de la définition sort du cadre de la timidité, toutefois l’année passée dans la classe m’a permis d’observer que les enfants agissent en réaction à leurs affects, il paraissait ici important d’apporter une solution à la situation pour leur permettre de s’imprégner du concept.

Séance 3 : Respecter les différences

La troisième séance concerne un des thèmes principaux de ce travail, le respect des différences. Ce dernier s’est trouvé être une des notions les plus adéquates à enseigner en maternelle. En effet, les élèves de moyenne section sont pour la plupart dénués de tous stéréotypes ou représentations mentales qui pourraient influencer leur jugement. Une exception peut toutefois être mentionnée ici : les stéréotypes filles/garçons. Malgré les progrès accomplis ces dernières années, les représentations concernant la distinction Homme / Femme restent présents dans la société et sont perceptibles à l’école même chez des enfants de cinq ans : Les cheveux longs sont d’après eux associés aux filles tandis que les circuits de voitures semblent réservés en général aux garçons.
Hormis ce cas de figure constaté à l’école, la neutralité des enfants de moyenne section se présente comme une précieuse occasion de présenter la différence comme une richesse et non comme un critère de discrimination.
Pour illustrer la différence, la situation de l’album met en scène une rencontre : deux caribous d’apparence fort semblable se retrouvent en présence d’un troisième vêtu d’un habit à fleurs très chargé en motifs. Surpris par cette différence vestimentaire, les caribous se moquent de leur camarade .

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Table des matières
1 Introduction
2 Première partie :Fondements scientifiques
1.Littérature de jeunesse : Repères chronologiques
1.1.L’éducation par la religion au Moyen-Âge
1.2.XVI ème-XVII ème siècles : l’instruction réservée à l’aristocratie
1.3.XVIII ème siècle : Émergence d’une littérature pour enfants
1.4.Le XIX ème siècle : Naissance de l’album de jeunesse
1.4.1. Industrialisation de l’édition
1.4.2.Apparition des images dans la littérature de jeunesse
1.5.L’essor du livre pour enfants au XX ème siècle
1.6.Années 90 : la littérature de jeunesse intégrée à l’école
1.7.Au tournant du siècle, le livre comme partenaire éducatif
1.8.Le virage Harry Potteret les années 2000
2.Initier les élèves à la citoyenneté grâce aux albums
3 Deuxième partie : Analyse de pratiques
1.Autour du conte africain Homme de couleur
1.1.Le lecteur, destinataire du poème
1.2.L’album de Jérôme Ruillier, adaptation du poème
1.3.Activités mises en place dans la classe pour s’approprier l’album
1.4.Quels enseignements tirer de ce travail ?
2.Autour de l’album «Tous pareils » d’Edouard Manceau
2.1.Initier à la réflexion philosophique en maternelle
2.2.Comment travailler le vivre ensemble dans la classe ?
2.2.1.Séance 1 : Découverte de la couverture
2.2.2.Séance 2 : Définir la timidité
2.2.3.Séance 3 : Respecter les différences
2.2.4.Séance 4 : Le partage
2.2.5.Séance 5 : Compréhension des expressions idiomatiques de l’album
2.2.6.Séance 6 : Dictée à l’adulte pour amorcer une réflexion philosophique
2.2.7.Séance 7 : Activité d’Arts Plastiques, dessiner l’amitié
3.Autour de l’album « L’intrus » de Claude Boujon
4 Conclusion
5 Annexes
1.Valeurs sélectionnées pour la maternelle
1.1. La confiance
1.2.Altérité / respect de l’autre
1.3. Citoyenneté / responsabilité
1.4.Autonomie
1.5. Coopération
1.6.Socialisation
1.7. Développement de sa personnalité
1.8.Égalité
2.Productions d’élèves
2.1.Les bonhommes arc-en-ciel
2.2.Fiche de séquence autour de l’album « Tous pareils »
2.3.Tapuscrit adapté de l’album L’intrusde Claude Boujon
2.4.Bibliographie
2.4.1.Livres
2.4.2.Dossiers et fiches d’analyse
2.5.Résumé en français
2.6.Résumé en anglais

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