Un lieu d’étude façonné par son passé minier
Présentation et localisation de la commune de Wittelsheim
Wittelsheim, commune de 10 874 habitants, se situe dans le département du Haut-Rhin (68) de la région Alsace. La commune appartient au canton de Cernay, elle se situe à 12km de Mulhouse et 33km de Colmar. Ses habitants sont appelés les Wittelsheimois et les Wittelsheimoises. Wittelsheim a fait partie de la communauté de communes du Bassin Potassique jusqu’à la fin de l’année 2003. Sur les 12 communes qui composaient la communauté de commune du Bassin Potassique, 10 ont rejoint la Communauté d’Agglomération Mulhouse Sud-Alsace (CAMSA) au 1er janvier 2004. Wittelsheim a préféré rester indépendante et bien que la commune fasse partie de la banlieue lointaine de Mulhouse, elle n’a pas souhaité intégrer la CAMSA à l’heure actuelle. La commune s’étend sur une superficie d’environ 24 km² et est parcourue par une rivière : la Thur.
Une des caractéristiques essentielles de la commune de Wittelsheim est qu’elle appartient à un ancien bassin minier, en partie reconverti. Ce bassin a été géré par la société anonyme des Mines de Potasse d’Alsace (MDPA).
L’histoire du bassin minier alsacien
Les anciens sites miniers du Haut-Rhin
La commune de Wittelsheim comporte plusieurs sites miniers sur son territoire, à savoir les puits Joseph et Else ainsi que les puits Amélie 1 et 2. Les carreaux Joseph et Else se situent au sud-ouest du bassin potassique.
L’aventure minière en Alsace : de la découverte du gisement à la fin de l’exploitation
La découverte du gisement alsacien date de 1904. A cette époque, la famille Zürcher, riche famille d’industriels, confie ses terres agricoles à leur fille Amélie Zürcher. Ce domaine agricole était situé sur une lande caillouteuse ingrate entre Thann et Wittelsheim. Pour faire face à la rude sécheresse de 1883, Amélie cherchait alors à se reconvertir vers une activité non agricole et pensait qu’il y avait peut être des richesses non exploitées dans le sous-sol de son domaine comme la houille ou le pétrole. C’est alors qu’Amélie s’associa avec Joseph Vogt (constructeur de matériel de sondage) et Jean-Baptiste Grisez, pour effectuer une série de sondages sur ses terres. Le premier sondage fut d’ailleurs entrepris le 11 juin 1904, à Wittelsheim sur le carreau Joseph-Else. Ce sondage était tombé à 445 m de profondeur sur d’importants gisements de sel gemme. Un peu plus tard, l’analyse d’une carotte révèle la présence de sylvinite (mélange d’halite, Na Cl et sylvine, KCl), entre 629 et 649 m de profondeur. Amélie n’aura donc découvert ni charbon, ni pétrole mais la potasse. Ce gisement s’étant sur 20000 ha (10 km de large sur 20 km de long), au Nord Est et au Nord Ouest de Mulhouse sur une zone appelée le gisement potassique. Ainsi fut découverte la potasse alsacienne grâce, dit-on, à la ténacité d’Amélie Zürcher et la compétence technique de Joseph-Vogt et Jean-Baptiste Grisez.
L’exploitation du gisement :
La production de potasse démarra à la mine Amélie en 1910. Au total 24 puits de mine auront été réalisés. Les mines vont employer beaucoup de gens de la région mais aussi d’ailleurs. Entre 1919 et 1939, la production est de 3 500 000 tonnes/an soit 10000 tonnes/jour. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, suite à la modernisation des machines, la production passe à 6 millions de tonnes/an et l’exploitation de la potasse emploie 14 000 personnes. L’Alsace atteint des sommets en termes de production industrielle. C’est alors la région qui compte le plus d’ouvriers. Les MDPA déploient une activité jamais atteinte auparavant, qui fera la richesse de l’Alsace pendant un siècle. Les mineurs disposaient de nombreux avantages sociaux, comme la mise à disposition de maisons à qualité architecturales remarquable pour l’époque. Dans les années 40, les MDPA construisirent 15 cités de 4 657 logements.
La fermeture en 2002 :
En septembre 2002, l’exploitation de la potasse est définitivement arrêtée, le gisement exploitable est quasiment épuisé. La concurrence d’autres producteurs, dont les conditions d’exploitation sont beaucoup plus favorables (Russie, Canada, Allemagne, Israël et Jordanie), entraîne l’arrêt définitif de l’aventure alsacienne. Il s’agit alors de penser l’après-mine selon 3 axes : la fermeture des puits d’extraction, la transmission du patrimoine et la réhabilitation des sites industriels.
Wittelsheim, une commune témoin de l’épopée minière
A la suite de l’histoire minière, les communes du Bassin Potassique ont été marquées par deux éléments majeurs : des sites remarquables, à savoir les carreaux miniers et les cités minières, et une population d’anciens mineurs ouvriers. Ces caractéristiques se retrouvent à Wittelsheim.
Des sites caractéristiques des mines
Wittelsheim est une ville marquée par l’histoire minière. Les carreaux miniers Amélie, Joseph et Else y sont présents. De plus, les nombreuses cités minières (Amélie, Joseph-Else, Graffenwald et Grassegert) font la particularité de la ville. La photo aérienne ci-contre permet de localiser les lieux caractéristiques de l’histoire minière dans la commune de Wittelsheim. Le carreau Joseph-Else se situe au Sud de Wittelsheim. Son environnement immédiat comprend les cités minières (villages miniers de Joseph-Else et de Graffenwald) ainsi que l’espace naturel protégé du Rothmoos.
Une démographie liée au passé minier
La commune de Wittelsheim connait une légère croissance démographique avec une population totale qui passe de 10 088 habitants en 1968, à 10 177 en 1982, puis à 10874 au 1er janvier 2009. Cette évolution croissante peut s’expliquer en partie par l’activité minière et l’accueil de nombreux ouvriers dans les cités minières. Par ailleurs, la densité de la commune est de 432 hab/km². Enfin, parmi la population active de 15 ans et plus, environ 46% sont des ouvriers. Il s’agit de la catégorie socioprofessionnelle la plus abondante à Wittelsheim, du fait du passé minier de la ville.
L’après-mine à Wittelsheim : deux orientations possibles
A l’issue de l’exploitation de la potasse en Alsace, il s’agit de penser au devenir des anciens carreaux miniers. Celui-ci peut suivre deux axes : la reconversion du site minier ou la conservation du patrimoine industriel qu’il constitue.
La reconversion des sites
A Wittelsheim, les deux carreaux miniers Amélie et Joseph-Else sont concernés par la reconversion. Il s’agit d’une volonté municipale, qui doit permettre le développement d’une nouvelle image de la commune. Ainsi, le carreau Amélie est en train d’être progressivement démoli. Une reconversion de ce site est donc à prévoir prochainement. Quant au carreau Joseph-Else, une partie a d’ores et déjà été reconvertie et réhabilitée en laissant place aux projets StocaMine et Secoia (Sphère Eco Industrie d’Alsace). Wittelsheim est alors apparue comme un modèle de reconversion de ses anciens sites miniers.
La société StocaMine
Une part significative des installations minières du carreau Joseph-Else a survécu, à la fin de l’exploitation de la potasse, de part l’activité de StocaMine, qui a débutée en février 1999. Cette dernière a consisté au stockage souterrain de déchets ultimes (non recyclables) dans le puits Joseph (le puits Else étant maintenu comme puits de retour d’air). Toutefois ce projet a connu des difficultés et son activité a été suspendue le 10 décembre 2002 par le préfet du Haut-Rhin à la suite d’un incendie dans le puits (voir annexe 2). Cet incendie a d’ailleurs contraint les Mines de Potasse d’Alsace à anticiper leur fermeture en septembre 2002. A l’heure actuelle, le devenir de StocaMine est une question d’Etat, qui relève du ministère de l’industrie. Malgré tout, le devenir de StocaMine et des infrastructures qui en dépendent est incertain. Aujourd’hui les salariés de StocaMine continuent d’assurer la surveillance des 45000 tonnes de déchets stockés au fond du puits Joseph. Tout projet incluant une utilisation future de ces installations (puits et machines Joseph et Else), pour les découvrir de plus près, implique la collaboration avec la société StocaMine. Par ailleurs, le projet StocaMine, filiale des MDPA n’est que la pièce centrale d’un projet global sur le carreau Joseph-Else. Ce projet est celui du développement d’une plate-forme : le site Joseph-Else Heiden.
La ZAC de Joseph-Else Heiden
La plate-forme Joseph-Else Heiden est spécialisée dans le domaine de l’environnement et a été aménagée dans le cadre d’une procédure de ZAC (Zone d’Aménagement Concerté). La particularité de cette ZAC communale est qu’elle est assortie d’une convention tripartite qui précise le rôle des 3 acteurs intervenant : la commune de Wittelsheim, la SEMHA (Société d’Economie Mixte de Haute-Alsace) et les MDPA. Le rôle des MDPA a été déterminant puisqu’elles détenaient le foncier. Le projet de ZAC a été réalisé en plusieurs étapes : porter le foncier, le commercialiser et établir le concept du projet Secoia.
Ainsi le projet Secoia s’est développé sur le site et a permis l’implantation de nouvelles activités à haute qualité environnementale. Le pôle Joseph-Else est devenu un site de référence à la fois en France mais aussi au delà des frontières. A l’heure actuelle la célébrité du site a diminué en raison d’un manque d’initiatives et d’entretien de la part de la nouvelle équipe municipale, en place depuis 2008. Toutefois, fin 2008, 30 entreprises sont présentes sur le site, avec près de 500 emplois et 100% de la ZAC est commercialisé.
L’objectif a été de développer une entité économique sur une ancienne friche industrielle, cofinancée par Wittelsheim, les MDPA et les pouvoirs publics. Sa conception et sa réalisation se sont déroulées de 1996 à 2001.
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Table des matières
Introduction
Première partie : Wittelsheim, une commune au fort patrimoine: présentation et diagnostic
I. Un lieu d’étude façonné par son passé minier
II. Le carreau Joseph-Else : un site à fort potentiel
III. De nombreux acteurs aux objectifs variés
IV. Les limites de la mise en valeur actuelle
V. Synthèse
Deuxième partie : Présentation et perspectives du projet de mise en valeur du patrimoine
I. La nature du projet
II. L’étude du public concerné par l’aménagement
III. Les finalités du circuit de découverte
IV. Les conséquences prévisibles d’un tel aménagement
Troisième partie : Propositions d’aménagement
I. Présentation générale du parcours de découverte
II. Les aménagements à réaliser sur le parcours
III. L’organisation et le contenu de la visite
IV. La communication et la gestion du site
V. Le phasage du projet d’aménagement
VI. Le budget du projet
VII. Les évolutions possibles de la valorisation du site
Conclusion
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