Warmshower, alternative cyclable à un logement marchandisé

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Cycliste au quotidien, écologiste au quotidien ?

En choisissant l’itinérance à vélo, le cyclo-voyageur consomme seulement sa propre énergie. Être cycliste au quotidien, c’est avoir moins recours à la voiture et être dans une démarche écologique sur le plan strictement modale.
Cependant, pour la majorité des cyclistes, les raisons de la pratique du vélo au quotidien sont majoritairement celle de la rapidité, de la praticité, de l’économie et de la santé3. Olivier Razemon parle ainsi du vélo comme « talisman écologique ».
En effet, le vélo est souvent présenté par le politique comme étant un acte écologique. Alors que c’est la diminution de l’usage de la voiture qui permettra de réduire la production de gaz à effet de serre.

Le cyclotouriste, un écologiste ?

Le vélo comme moyen d’itinérance peut ainsi paraître au premier abord une démarche écologique et respectueuse de l’environnement. Une grande partie des cyclotouristes consomment aussi de nombreuses prestations touristiques en lien avec le territoire et le patrimoine.
Par exemple, lors d’une étape à Carcassonne, ils visitent la ville médiévale, ils achètent un petit souvenir dans la boutique du château et séjournent dans un camping au côté de touristes « plus traditionnels » en camping-car. A la différence du touriste traditionnel, ils consomment leur propre énergie, peu productive de CO2 en comparaison d’un voyage en voiture ou en avion.
Mais ils sont porteurs, eux aussi, d’une pollution induite de par la fabrication et l’importation de leurs équipements, de leur consommation alimentaire… Ces différentes pollutions sont certes minimes, mais bien présentes. Le cyclotouriste est moins polluant, mais il ne résout pas l’ensemble des problèmes de pollution inhérent à la société de consommation. Cependant, les cyclotouristes sont aussi aujourd’hui un véritable levier économique pour les collectivités locales et les territoires. Des services de transport de bagages d’étape en étape sont à la disposition des cyclotouristes à capacité physique moindre, limitant ainsi la masse de leurs chargements. Une camionnette pouvant transporter les bagages de dizaines de cyclistes, cette solution reste source de pollution qui peut être réduite par l’utilisation de véhicules électriques. La pratique du cyclotourisme est ainsi plus accessible, cette démarche peut être encouragée.
Comme pour le cycliste au quotidien, l’argument écologique est bien présent, mais il n’est pas la raison primordiale de pratiquer le cyclotourisme. Mes nombreux échanges avec des cyclistes rendent compte que les contacts humains, le défi physique et psychologique, les critères économiques ou de santé, sont primordiaux dans le choix du vélo. Il y a dans le cyclotourisme une forme de quête de l’aventure et d’un retour aux sources. Souvent, lorsque je suis en itinérance, je pense à une époque révolue où voyager prenait systématiquement des semaines ou des mois, à cheval ou à pied…

La place de l’énergie dans le territoire observé

Un des défis majeurs de la transition écologique est l’énergie. Comment modifier nos modes de production et de consommation de l’énergie tout en se détachant des ressources terrestres non renouvelables ? Au cours de mon voyage en 2018, j’ai pu observer de nombreux moyens de production et d’économie d’énergie, en voici les plus marquants.
• [Les usines à nuages]
Le long des rives du Rhône en France, j’ai croisé des «machines à nuages », majestueuses cheminées de refroidissement de centrales nucléaires, aux pieds desquelles coulent des « cascades d’eaux ». Les centrales de Tricastin, Cruas, St-Alban et de Bugey bordent le fleuve.
Le nucléaire est aujourd’hui un moyen de production d’électricité sans émission de gaz à effet de serre, si l’on considère uniquement le système de production d’énergie.
La fusion nucléaire n’est pas sans risque, ainsi les déchets nucléaires mettront des centaines de milliers d’années à cesser d’être dangereux pour les êtres vivants. La ressource primordiale du nucléaire est l’uranium qui, comme le pétrole, est une ressource naturelle limitée. De plus, la production et la transformation de l’uranium produit beaucoup de gaz à effet de serre. Ainsi Bernard Laponche physicien nucléaire, interrogé par Philipe Squarzoni, explique qu’il faut compter environ 60 grammes de CO2 par kilowattheure produit contre 300 pour le gaz naturel4. C’est mieux mais pas anodin du tout, le solaire et l’éolien en produisent beaucoup moins.
• [Le fleuve, force de la nature]
Le Rhône m’apparait comme un fleuve puissant. Sur les écluses, je suis frappé par la force que semble dégager cette quantité d’eau. Les moyens mis en oeuvre y sont très impressionnants, avec ces portes en acier actionnées par de puissants mécanismes. La Compagnie Nationale du Rhône se sert de la puissance du fleuve pour produire de l’énergie. La CNR produit grâce au fleuve 25% de l’énergie hydroélectrique française ; 10% de la production électrique française est d’origine hydroélectrique5.
• [Eoliennes et paysage de la réalité]
Le vent est une autre force de la nature souvent maudite par les cyclistes lorsqu’il s’oppose à leur progression. Dans les champs du nord Est de la France, des éoliennes hérissent le paysage. Je suis frappé par un champ d’éoliennes en construction aux environs de Caudry. Le paysage est pour moi digne de science-fiction et je mets un moment à comprendre de quoi il s’agit. En effet d’immenses «totems» blancs fendent le jaune d’or des champs de blé. Il s’agit en réalité des pilonnes des futurs éoliennes.
Personnellement je trouve les éoliennes élégantes dans le paysage. Certes elles ne passent pas inaperçues, mais de par la pureté de leur couleur et de leur forme, il me plait de penser que ce sont des « ballerines » sur l’horizon. De plus en plus nombreuses, elles viennent, à leur manière, participer à la « poésie du paysage énergétique ». Elles montrent la réalité des besoins de notre société en énergie. Il est temps d’assumer notre besoin d’utiliser plusieurs sources d’énergies renouvelables, et d’arrêter de cacher la réalité au plus grand nombre.
Les éoliennes ne permettront pas de résoudre le problème de l’énergie dans son ensemble, de par leur production d’énergie intermittente, mais elles portent une image élégante de la transition.

Le danger de la déresponsabilisation

Sur la question de l’image de la transition écologique, on peut constater une volonté des institutions de mettre en avant les actions écologiques. Avancer l’argument écologique, est-il une manière de se montrer, de se faire valoir? N’est-ce pas une façon de cacher d’autres actions moins écologiques en arrière-plan ? Plus on montre les avancées technologiques et sociales de la transition, plus on déresponsabilise l’individu. En effet, par une surmédiatisation des technologies solaires, par exemple, on provoque une impression de fausse réussite. Mettre des panneaux solaires sur tous les toits et les champs de la France ne résoudra en aucun cas l’ensemble des défis de la transition écologique. Ce n’est qu’un pan du travail à effectuer.
Autre exemple : en décembre 2018, au moment où j’écris ces lignes, plusieurs associations de défense de l’environnement ont organisé une pétition pour attaquer l’état en justice et le forcer à tenir ses engagements pour le climat6. Cette pétition a réuni plus d’un million de signatures numériques.
Cependant, chacun des individus qui signent, ne s’investi pas directement dans l’action. Ce n’est pas lui qui va attaquer en justice l’état, ce sont les associations. C’est un acte qui n’engage pas directement, qui rend passif en donnant simplement mandat à d’autres (en rassurant sa bonne conscience).
La démarche est intéressante, elle s’appuie sur des influenceurs mais risque de déresponsabiliser tout signataire en lui évitant une remise en cause de son comportement et de son statut de pollueur.
Les associations et l’état ont certes en rôle primordial à accomplir dans la transition écologique, mais ne perdons pas de vue que chacun d’entre nous a un rôle tout aussi important à jouer.

Les voies vertes en Europe

Les institutions politiques jouent un rôle dans la transition écologique. Dans les années 80, la commission européenne a mis en place des mesures destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre et la concentration des particules en suspension dans l’air.
L’aménagement des voies vertes en Europe est rapidement choisi. Elle illustre la mise en place d’une stratégie à long terme prenant en compte de la dimension écologique.
C’est la démocratisation des voies vertes qui apporte au cyclotourisme une base pour son développement. Les voies vertes ne sont pas accessibles aux véhicules motorisés et ont un usage récréatif et/ou utilitaire. Ces usages utilitaires au quotidien (ou hebdomadaires) permettent de se rendre au travail, à l’école, de faire ses courses ou du sport. Les usages récréatifs sont eux, à la fois réguliers comme les promenades ou le sport, et favorisent aussi un mode de tourisme différent: le cyclotourisme7.
Les voies douces sont souvent construites sur des cheminements existants : chemins de fer désaffectés, chemins de service de voies d’eau, routes de pèlerinage, transhumance, tracés historiques, chemins forestiers et agricoles, voies vicinales, digues fluviales… Par exemple, le long du Rhin entre Bâle et Strasbourg, la voie verte est aménagée sur les chemins d’entretien des digues qui contrôlent les crues du fleuve. Même situation le long du Rhône pour l’usage de la Compagnie Nationale du Rhône.
Originaire du Danemark et initié en 1995 par l’ECF (European Cyclists Federation), l’Eurovélo est aujourd’hui un important réseau de voies vertes et routes vélo en Europe.
L’objectif de la démarche est de pouvoir relier l’ensemble du territoire européen grâce à des tracés cyclables à travers les pays. Pour ce faire, l’ECF se met en relation avec les pays et les localités pour tracer et aménager le circuit cyclable. Les voies vertes ont un fort potentiel économique. Elles dynamisent le territoire en profondeur et favorisent le commerce de proximité. C’est un argument de choix incitant à la construction de ces tracés. La Loire à vélo est par exemple une réussite économique pour les régions qu’elle traverse. Elle constitue la partie française de l’Eurovélo 6 qui relie l’océan atlantique à la mer noire.

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Table des matières

Aux premières lueurs du jour, le cycle commence
PARTIE 1 : Construire un parcours transitionnel
A bicyclette, défilent routes, chemins et sentiers
I. Le tracé cyclable, un parcours socio-environnemental
Montrant l’incohérence d’un monde en transhumance
II. Les indices de transitions en itinérance cyclable
Quelques rares échanges humains combattent la croissance
PARTIE 2 : Warmshower, alternative cyclable à un logement marchandisé
La nuit noire tombe déjà sur la terre, fatigués,
I. Une application pour favoriser l’échange d’hospitalité
Rassasiés, les yeux se ferment avec bienveillance
II. Qui sont les hôtes ?
Que cherche le cyclo-voyageur dans son errance ?
PARTIE 3 : Culture de l’itinérance cyclable
Face à ce monde monotone et bocalisé
I. La fuite du quotidien vue par un cycliste
Peut-on encore s’évader en itinérance ?
II. Tourisme ou antitourisme, le vélo comme solution ?
Pour finir
Bibliographie et Sitographie
Annexes

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