Les eaux souterraines sont confrontées à un risque de dégradation, à cause des rejets non contrôlés, de l’utilisation intensive et anarchique des engrais chimiques dans l’agriculture ainsi que d’une exploitation désordonnée de cette ressource. Les conséquences sont une modification chimique de l’eau, qui la rend impropre aux usages souhaités, en plus d’une sécheresse zonale qui a sévit, ce qui a engendré une désertification rendant le domaine de l’eau de plus en plus vital et fragile, nécessitant pour sa préservation le contrôle et la maîtrise de la gestion de cette ressource. Entre la longitude 2°W, 13°22 E et la latitude 18°N, 37°N s’étend l’Algérie, caractérisée par trois types de climats, à savoir un climat méditerranéen, limité à une bande parallèle à la mer Méditerranée, un climat semi-aride dans la zone des hauts plateaux, et un climat aride au sud, repoussant ses limites de plus en plus vers le nord, ce qui provoque la désertification progressive des régions jusqu’à la zone semi aride. Cette thèse a pour cadre ce type de région à climat semi-aride. Elle s’intéresse à la vulnérabilité et au risque de pollution chimique de la nappe des sables miocènes de la plaine d’El Ma EL Abiod, où l’on constate une dégradation progressive de la qualité des eaux souterraines.
OBJECTIF DE L’ETUDE
Les eaux souterraines représentent généralement une excellente source d’approvisionnement en eau potable. Le filtre naturel constitué par les matériaux géologiques produit le plus souvent une eau de grande qualité. Le maintien de cet avantage relatif requiert cependant que des mesures soient prises pour préserver de façon durable la qualité du réservoir naturel d’approvisionnement.
Le présent travail fait partie des études pluridisciplinaires sur la pollution et sur la qualité des eaux souterraines, notamment, celles se trouvant dans des aquifères présentant des caractéristiques en faveurs de la contamination de leurs eaux. Il vise à mettre en évidence la Vulnérabilité et les risques de pollution chimique, que peut présenter le système aquifère de la plaine d’El MA El Abiod.
CADRE GEOGRAPHIQUE ET MILIEU NATUREL
La plaine d’El Ma El Abiod est située à 260 km de la mer Méditerranée, à la limite de la frontière Algéro-Tunisienne, elle appartient entièrement au bassin versant saharien et fait partie intégrante des hauts plateaux, qui constituent un réseau serré de montagnes de moyenne à forte altitude plus ou moins séparées par des dépressions. La limite Nord de la plaine d’El Ma El Abiod est formée par Dj. Doukkane, Dj. Anoual et Dj. Bouroumane. Ces reliefs, constituent une ligne de crêtes importante dans la géographie locale, puisqu’elle fait partie de la ligne de partage des eaux méditerranéenne et saharienne (Fig.01). En effet, au nord de la région d’étude se trouve le bassin versant de l’oued Ksob qui draine les eaux vers la mer. La limite Est de la plaine s’approche du territoire tunisien dans la région de Koudiat sidi salah. A l’Ouest, on trouve la plaine de Chéria, la plus haute des régions du Sud-Est constantinois, drainée par l’oued Chéria à écoulement saharien, et sur un tronçon de 15 km, parsemé de marécages en aval de la ville. Un peu plus vers le sud, on rencontre en limite de zone, la plaine de Telidjen, caractérisée par un faible réseau hydrographique. La limite Sud est constituée par le synclinal de Bir Sbeikia d’age Mio-Quaternaire. La large dépression mio-quaternaire d’El Ma El Abiod est entourée par des massifs calcaires. Au Nord on trouve, Djebel Doukkane, Anoual et Bouroumane, au sud, Djebel Boudjelal, Dalaa et El Gallal, tandis que des «couteaux» calcaires de faible altitude sont présents à l’Ouest de la route reliant Tébessa et El Ma El Abiod. L’altitude de la dépression, décroît du nord vers le sud depuis le Djebel Doukkane (1712m) jusqu’à la ville d’El Ma El Abiod (1019m). Elle est drainée par de multiples ravins, qui forment trois collecteurs secondaires à écoulement temporaire et torrentiel après les fortes précipitations. Ces trois collecteurs ont un tracé sinueux, résultant de la faible pente de la plaine, et creusent des lits très profonds (2 à 3m de profondeur). Ils confluent en amont de la ville en un écoulement pérenne soutenu par la nappe alluviale. La largeur du lit à ce niveau atteint 50m. La particularité de la plaine d’El Ma El Abiod, par rapport aux autres dépressions des hauts plateaux, est l’absence de cuvettes fermées comme on peut en trouver à Tébessa, Chéria, Ain Beida …etc. Chaque dépression a en effet, son déversoir vers un cours d’eau, où le drainage superficiel s’exerce complètement jusqu’aux bas-fonds du Sahara oriental (chott), au-dessous du niveau de la mer (-40m) pour le chott Melhgir.
Topographie
La région d’El Ma El Abiod présente une allure de cuvette. Son altitude varie entre 1050m (au centre de la cuvette) et 1300m vers le nord de la région étudiée (le sommet le plus haut de la région est le djebel Doukkane situé au nord et qui présente une altitude de 1712m). La partie centrale de la région est constituée d’une plaine enserrée par des montagnes escarpées au nord et au sud .
Le couvert végétal
La végétation naturelle, à base de pin d’Alep, est développée au nord de la zone d’étude et devient de plus en plus rare vers le sud jusqu’à disparition en limite sud au Dj. Boudjelal. Par opposition avec les plaines de Mellégue et les monts de Tébessa, les montagnes, bordant la plaine d’El Ma El Abiod, se singularisent tout d’abord par l’absence presque totale de végétation arbustive, ne fait vraiment exception, que l’escarpement septentrional du bassin d’El Ma El Abiod, qui est recouvert d’une forêt de pins. On peut également citer les geneviers épais du djebel Abiod et surtout des basses pentes méridionales du Djebel Arour. Partout, ailleurs, la roche ou les sols affleurent entre les touffes d’une steppe basse où domine l’Alfa .
Economie de la région
L’économie de la région est basée sur l’agriculture et le pastoralisme. Elle est en effet à forte vocation pastorale et a d’ailleurs constitué une zone de parcours et de transhumance des troupeaux ovins, jusqu’au début des années 90. Depuis cette époque, la région connaît une activité industrielle très importante et grande consommatrice d’eau, représentée principalement par l’industrie du ciment portland (ERCE), celle du verre (SOVEST) et celle des tubes roulés (ANABIB). La plaine d’El Ma El Abiod est traversée par la grande voie de communication nordsud : Tébessa – El Oued et Nord- SE : Tébessa – Bouchebka vers la Tunisie. Dans cette région, on trouve quelques vestiges archéologiques qui témoignent de conditions biogéographiques différentes du milieu, à des époques reculées. On dénombre ainsi des sites néolithiques, dénommés escargotières, à cause de l’importance considérable des tests d’escargots d’eau douce. Ces sites se développaient en bordures des lacs existant à l’époque capsienne. Des sites romains plus récents et plus considérables marquent le paysage, et comprennent notamment des vestiges d’anciennes huileries, rappelant l’importance de la culture de l’olivier. La richesse de la région était remarquable, puisqu’elle était appelée par les romains, la « région du blé ».
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
1 CADRE GEOGRAPHIQUE ET MILIEU NATUREL
A Objectifs de l’étude
B Cadre géographique et milieu naturel
1. Introduction
2. Topographie
3. Couvert végétal
4. Economie de la région
5 Hydrographie
6 Géomorphologie
2. APERÇU GEOLOGIQUE
1. Introduction
2. Stratigraphie Lithologie
2.1. Trias
2.2 Crétacé
2.2.1 Aptien moyen et inférieur
2.2.2 Aptien supérieur
2.2.3 Albien inférieur
2.2.4 Albien supérieur
2.2.5 Cénomanien
2.2.6 Turonien
2.2.7 Campanien inférieur- Emscherien
2.2.8 Campanien supérieur – maestrichtien
2.3 TERTIAIRE
2.3.1 Miocène
2.4 Quaternaire
2.4.1 Conglomérats
2.4.2 Croûte calcaire
2.4.3 Dépôts de sources
2.4.4 Nappe des cailloux
2.4.5 Dépôts actuels
3 Tectonique
4 Styles tectoniques
5 Paléogéographie
6 Conclusion
3. HYDROCLIMATOLOGIE
1 Introduction
2 Les précipitations
2.1 Equipement de la région
2.2 Précipitations annuelles
2.3 Détermination de la lame d’eau précipitée
2.3.1 Moyenne arithmétique des stations
2.3.2 Méthode de THIESSEN
2.3.3 Méthode des isohyètes
2.4 Discussion des résultats
3 Coefficient pluviométrique relatif : (H)
4 Précipitations mensuelles
4.1 Distribution interannuelle des précipitations mensuelles
5 La neige
6 Les températures
6.1 Modèle de LAPLACE
6.2 Modèle de BNEDER
6.3 Corrélation entre les deux modèles
6.4 Régime thermique
6.5 Calcul de l’indice d’aridité
6.5.1 L’indice climatique de DE MARTONE
6.5.2 L’indice d’aridité mensuelle
6.5.3 Climogramme de peguy
6.5.4 Diagramme Pluviothérmique
6.5.5 Diagramme Ombrothérmique (méthode d’EUVERTE)
7 Evapotranspiration
7.1 Formule de L. TURC annuelle
7.2 Formule de COUTAGNE
7.3 Formule de L. TURC mensuelle
7.5 Formule de THORNTHWAITE
8 Commentaire des résultats
9 Bilan hydrique par la méthode de G.W.THORNTHWAITE
10 La réserve facilement utilisable et bilan hydrique
11 Estimation du ruissellement
12 Estimation de l’infiltration
13 Le vent
14 conclusion
15 Le réseau hydrographique
4. HYDROGEOLOGIE DU SYSTEME AQUIFERE DE LA PLAINE D’EL MA EL ABIOD
A. GEOMETRIE DE L’AQUIFERE
1 Introduction
2 Les profils géo électriques
2.1 Coupe transversale I
2.2 Coupe transversale II
2.3 Coupe transversale III
2.4 Coupe transversale IV
2.5 Coupe transversale V
3 conclusion
4 Les cartes isopaches
4.1 Cartes d’égale épaisseur des sables
4.2 Cartes d’égale épaisseur des grès
4.3 Cartes d’égale épaisseur des argiles sableuses
5 conclusion
B. HYDROGEOLOGIE
1 Introduction
2 Structure géologique et hydrogéologique du système
2.1 Nappe alluviale
2.2 Nappe miocène
2.2.1 Description
2.2.2 Géométrie des horizons des grès
2.2.3 Epaisseur des niveaux miocènes
2.2.4 Les calcaires de la plaine d’El Ma El Abiod
CONCLUSION