Vulnérabilité d’une ville menacée face aux changements climatiques

Changements climatiques

            Le GIEC (Groupement d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) définit un changement climatique comme « tout changement du climat dû à sa variabilité naturelle ou résultant de l’activité humaine » (GIEC, 2007). La Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) restreint cette définition en parlant de « changements qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l’atmosphère mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables » (Deuxième Communication Nationale, 2008). Aujourd’hui, il est sans équivoque que des changements au niveau du climat, dus au moins en partie aux émissions anthropiques de gaz à effet de serre, sont en cours, et qu’ils se traduisent notamment par une hausse globale des températures. L’analyse des observations météorologiques du XXe siècle (Direction Générale de la Météorologie, 2008) montre une nette tendance à un réchauffement global. Ce réchauffement a des conséquences sur l’ensemble de notre environnement, et donc sur les ressources en eau.

Projections climatiques et scenarios à Madagascar

             La projection des changements climatiques à Madagascar se base sur le dernier chantier d’études finalisé par la Direction Générale de la Météorologie en 2008. Le GIEC a établi 40 scénarios dont deux sont retenus pour Madagascar (Brice MONTFRAIX, 2011). Il s’agit du scénario A2 (scénario pessimiste) et du scénario A1b (scénario optimiste). Le scénario A1b ayant été retenu comme scénario médian, particulièrement pour les cyclones.
 Scénario A2 : les émissions de CO2 continuent de croître jusqu’en 2100. Dans ce scénario, le monde reste très hétérogène. La fécondité des différentes régions du monde converge lentement. La population s’accroît régulièrement et rapidement au cours du XXIème siècle. Le développement économique a une orientation principalement régionale, la croissance économique et l’évolution technologique sont plus fragmentées et plus lentes que pour les autres scénarios (Rapport National Madagascar, 2011).
 Scénario A1B : les émissions de CO2 continuent de croître jusqu’en 2050 puis décroissent. Dans ce scénario, le monde connaît une croissance économique rapide avec une réduction des différences régionales où la population mondiale passe par un maximum au milieu du siècle pour décliner ensuite et de nouvelles technologies sont rapidement mises en place.

Extrêmes Climatiques

            Les extrêmes climatiques sont les sècheresses, les inondations, la vague de chaleur. Les aléas auxquels Madagascar est le plus exposé sont les cyclones, les inondations et la sécheresse. Contrairement aux autres iles de l’Océan Indien, Madagascar est régulièrement sujet aux cyclones, aléa typique de cette partie du globe. Depuis l’année 1994, le nombre des cyclones par saison est resté plus ou moins invariable (3 à 4, rarement 5), mais leur intensité s’est aggravée. Entre 1975 et 1989, le nombre de cyclones de catégorie 4-5 (vents supérieurs à 150 km/heure) était de 18, tandis qu’à peu près pour la même durée, entre 1990 et 2004, ce chiffre est passé à 50, traduisant une nette augmentation. Entre 1980 et 1993, les Régions les plus fréquemment touchées étaient le Centre-Est et Ouest, et une partie des Hautes Terres, avec des vents de 120 km/heure en moyenne. A partir de l’année 1994, les zones touchées se sont étendues, affectant également le Nord et essentiellement, le Nord-Est, avec des vents moyens supérieurs à 150 km/heure. Sur la base des phénomènes déjà observés actuellement, les extrêmes climatiques alimentant les prédictions se traduisent par les effets sur les habitats, caractérisés par des alternances d’extrêmes: grande chaleur (de 1°C à 2°C), sécheresse sévère et plus longue, cyclones plus violents, pluies plus abondantes dans certaines parties et en certaines périodes. Les impacts se traduiront par des inondations récurrentes, une érosion et une perte de terre, le blanchissement des récifs coralliens, une remontée du niveau de la mer, l’augmentation de la salinité des mangroves, qui entraineront une perturbation des fonctions écologiques, ainsi que la destruction des habitats, et la menace de disparition progressive d’espèces faunistiques et floristiques. L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes tels que la sécheresse, l’inondation et les cyclones de catégories 4 – 5 dont le nombre moyen dans le sud de l’Océan Indien a passé de 23 entre 1975-1989 à 50 entre 1990-2004, ainsi que l’élévation du niveau de la mer estimée à 7 et 8 mm par an avant l’horizon 2010 dans quelques Régions de l’île (Morondava, Tamatave, Mahajanga…) avec les impacts induits (baisse de la production agricole, insuffisance de la disponibilité en eau pour l’irrigation et les usages domestiques, la perte de la biodiversité et des pâturages, des pertes en vies humaines, la destruction des infrastructures, l’érosion côtière, la recrudescence et l’émergence des maladies infectieuses, etc.) montrent combien notre pays est vulnérables aux effets néfastes du changement climatique.

Qu’est-ce que la sensibilité ?

              La sensibilité aux changements climatiques fait référence à la proportion dans laquelle un système exposé aux changements climatiques est susceptible d’être affecté, favorablement ou défavorablement, par la manifestation du changement. Elle décrit l’environnement naturel ou physique du territoire et dépend de multiples paramètres, tels que la densité de population, le profil démographique, l’occupation du sol, l’aménagement de la terre, etc. L’exposition et la sensibilité forment l’impact potentiel des changements climatiques qui se produit sans tenir compte de la capacité de la population locale à s’adapter aux effets (Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GIZ, 2014).

Classifications théoriques de la vulnérabilité

               Approche par aléa : C’est l’approche la plus traditionnelle qui provient des risques naturels et qu’on peut définir par : « le degré de perte résultant d’un phénomène potentiel pouvant causer des dommages ». La vulnérabilité y est bien différenciée de l’aléa. Approche par réduction de la pauvreté : Dans cette approche concernant la pauvreté qui considère la vulnérabilité comme « une mesure globale du bien-être humain qui inclus une exposition environnementale, sociale, économique et politique à une gamme de perturbations nuisibles » (Bohle et al, 1994). Ici la définition est très globale puisque la pauvreté a de nombreuses causes, elle est de plus très anthropocentrique. Approche par Changement Climatique : Les institutions internationales ont essayé de cerner la vulnérabilité au mieux pour éviter une trop grande variabilité du terme, dans sa version « vulnérabilité au Changement Climatique». Ici, la vulnérabilité est donc considérée comme un indicateur de réaction à un facteur externe. Il est très important de bien constater qu’on ne parle pas ici seulement d’exposition, mais aussi de capacité d’adaptation et de sensibilité.

La descente sur terrain

              Le choix de la ville de Morondava de la présente étude repose sur les critères cumulatifs suivants :
– être une ville particulièrement vulnérable aux effets néfastes des changements climatiques ;
– être une ville n’ayant pas fait l’objet d’une étude de vulnérabilité aux changements climatiques dans le cadre de la mise en œuvre du PANA.
Le choix de cette ville a permis de mettre en relief tous les risques climatiques majeurs observés dans la partie Ouest de Madagascar. La descente à Morondava s’est déroulé environs une semaine, nous n’avons ignoré aucun paramètre pour conduire à bien notre investigation : contacts humains, communication, relations personnelles. A l’arrivée à Morondava, nous nous sommes adressés au personnel de Service Régional des domaines et des service fonciers de Morondava pour situer l’objet de notre mission d’étude, de recueillir des conseils, des suggestions et surtout pour conduire les entretiens avec les services techniques, les opérateurs du secteur privé, les ONG, les organisations locales de la société civile, les populations riveraines, les autorités. Cette approche nous a pu conduire à la fois sur la perception des changements climatiques et des effets qui en découlent pour les ressources naturelles et les activités socioéconomiques des populations, sur les stratégies d’adaptation développées par les acteurs concernées et sur les options potentielles d’adaptation.

Maladies vectorielles

                 Concernant les maladies vectorielles, Morondava semble bien protégée vis-à-vis du paludisme. Tous les cas de paludisme sont uniquement importés par des voyageurs. La surveillance est telle que chaque nouveau cas entraîne une intervention locale. Ce facteur rend peu probable une réémergence de cette maladie quelle que soit l’évolution du climat. L’évolution de la température pourrait favoriser le paludisme. L’impact local précis du changement climatique est imprévisible mais le lien entre climat et population de moustiques, qui est la principale cause de paludisme, est évident de par leurs exigences environnementales.

Assainissement

            La réseau actuel est vulnérable surtout face à des événements extrêmes qui peuvent endommager ou déplacer des fosses septiques, saturer ou faire déborder des systèmes collectifs donnant lieu à des pollutions accidentelles qui favorise la diffusion d’eaux usées et de germes dans le milieu naturel. Morondava est en pleine mutation et la principale réponse à cette vulnérabilité reste la mise aux normes des systèmes collectifs et individuels comme initiée ces dernières années. Pour le futur, c’est l’aménagement du territoire et la maîtrise de la demande pour faire face à une pression démographique croissante qui deviendra le principal enjeu en termes d’assainissement.

Milieu côtier

              Les récifs coralliens sont parmi les principaux ambassadeurs du changement climatique. Les facteurs en jeu sont l’augmentation de la température de surface, le niveau de la mer, l’acidification, la diminution des précipitations et l’intensification des systèmes cycloniques. Les principaux impacts sont les phénomènes de blanchissements massifs et de réduction de la calcification. Mais il y a aussi des conséquences indirectes comme l’augmentation des maladies, le développement des algues, la dégradation de la structure du récif. Certaines espèces vivant sur le récif peuvent aussi être directement impactées lorsque leur reproduction est thermosensible par exemple. La résistance et la résilience d’un récif face à l’élévation de température de surface de la mer dépendent de son état de santé. A Morondava, les impacts anthropiques commencent à être étudiés sans pour autant avoir tous été quantifiés (ennoiement du récif, résurgences favorisant l’eutrophisation du milieu, apport de polluants liés entre autres aux activités agricoles, sur fréquentation et piétinement). Jusqu’à présent Morondava a été moins exposée aux phénomènes de blanchissement, dû entre autres aux courants marins et aux eaux plus froides. A travers le corail, c’est l’ensemble de l’écosystème qui est perturbé. On observe déjà dans certaines zones le développement d’espèces de poissons herbivores se nourrissant des algues qui se sont développées, au détriment des espèces carnivores qui se nourrissaient du corail. Si le corail disparaît de certaines zones, c’est l’ensemble de la faune et de la flore associée à cet habitat qui sera perturbée. En somme, les possibilités d’adaptation sont très limitées pour ce milieu et la réponse réside principalement dans la résilience du récif lui-même, qui dépend de son état de santé, de sa richesse, et des courants marins qui peuvent participer à sa recolonisation.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I. GENERALITES
CHAPITRE I: CLIMAT ET CHANGEMENTS CLIMATIQUES A MADAGASCAR
I.1 Le climat à Madagascar
I.2 Les changements climatiques à Madagascar
I.2.2 Concept sur les changements climatiques
I.2.3 Causes des changements climatiques
I.3 Les projections climatiques et scénarii
I.3.2 Projections mondiales : le GIEC
I.3.3 Projections climatiques et scenarios à Madagascar
I.4 Caractérisation des aléas et exposition de Madagascar aux aléas
I.4.1 Evolution de la température à Madagascar
I.4.2 Précipitations à Madagascar
I.4.3 Elévation du niveau de la mer
I.4.4 Cyclones
I.4.5 Aléas
I.5 Extrêmes Climatiques
CHAPITRE II : VULNERABILITES
II.1 Concept de vulnérabilité aux changements climatiques
II.1.1 Qu’est-ce qu’une vulnérabilité ?
II.1.2 Qu’est-ce qu’une exposition ?
II.1.3 Qu’est-ce que la sensibilité ?
II.1.4 Qu’est-ce que la capacité d’adaptation ?
II.1.5 Qu’est-ce qu’un indicateur ?
II.2 Principales vulnérabilités (Exposition et sensibilité)
II.3 Classifications théoriques de la vulnérabilité
PARTIE II : VULNERABILITES DE LA VILLE DE MORONDAVA FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES
CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
I.1 Situation géographique
I.2 Description du milieu physique
I.2.1 Contexte climatique
I.2.2 Océanographie
I.2.3 Contexte biologique
I.3 Situation socio-économique
I.3.1 Démographie et peuplement
I.3.2 Aspect social
I.3.3 Aspect économique
I.3.4 Activités
I.3.5 Infrastructures et services publics
CHAPITRE II : METHODOLOGIE
II.1 La recherche bibliographique, revue et analyse documentaires
II.2 La descente sur terrain
II.3 L’analyse et le traitement des données
CHAPITRE III : PRESENTATION DES RESULTATS ET ANALYSE PAR SECTEUR ET SOUS-SECTEUR
III.1 Vulnérabilités des secteurs et sous-secteurs dans la ville de Morondava
III.1.1 Sécurité et souveraineté
III.1.2 Santé publique
III.1.3 Identité culturelle et éducation
III.1.4 Gestion intégrée des ressources en eau, cycle de l’eau
III.1.5 Agriculture, sécurité alimentaire
III.1.6 Préservation de l’environnement et des milieux
III.1.7 Pêche
III.1.8 Planification spatiale, aménagement et infrastructures, gestion du risque
III.1.9 Transports
III.1.10 Energie
III.1.11 Industrie, commerces et services
III.1.12 Tourisme
III.2 Matrice de synthèse des vulnérabilités de la ville de Morondava
PARTIE III : PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS
CHAPITRE I : PERSPECTIVES
CHAPITRE II : RECOMMANDATIONS
II.1 Santé publique
II.2 Ressources en eau
II.3 Agriculture
II.4 Environnement et milieux
II.5 Pêche
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIES
ANNEXES

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *