Vulnérabilité des enfants nés de mères adolescentes

Vulnérabilité des enfants nés de mères adolescentes

Les enfants sont le reflet de l’environnement dans lequel ils grandissent, car les caractéristiques de leurs milieux familial, social et communautaire influencent leur développement et leur adaptation. Que cela signifie-t-il pour ceux qui sont victimes de mauvais traitements? La maltraitance a plusieurs effets néfastes sur les enfants qui la subissent. Mesurables à court et à long terme, ces conséquences négatives sont largement documentées (Widom, 2014). Alors qu’ il semble évident que prendre soin de ses enfants et les protéger est la base du rôle parental, qu’ est-ce qui peut expliquer que de mauvais traitements surviennent au sein d’une famille? La maltraitance est un phénomène complexe qui va au-delà de la simple volonté du parent. Tous n’ont pas les mêmes ressources personnelles et sociales pour faire face à la parentalité. Par exemple, la plupart des mères adolescentes accumulent plusieurs facteurs de risque µ psychosociaux (Grau, Wilson, Smith, Castellanos, & Duran, 2012), ce qui fait de cette population l’ une des plus vulnérables. Conséquemment, les exigences que l’ adaptation au rôle de parent représente deviennent des obstacles importants pour certaines d’ entre elles, comme pour d’autres parents. Cela explique parfois l’apparition de comportements de maltraitance. En ce sens, il ne fait pas de doute que protéger les enfants qui sont à risque d’abus ou de négligence est une responsabilité sociale prioritaire. Mais saVOIr accompagner les parents en situation de vulnérabilité psychosociale devrait l’être tout autant.

Dans un effort de prévention de la maltraitance, plusieurs politiques et programmes ciblent des familles correspondant à des critères de vulnérabilité. La littérature documente d’ ailleurs plusieurs programmes d’intervention précoce, dont certains qui s’adressent spécifiquement à des mères adolescentes étant donné leur risque élevé de comportements de maltraitance (Jutte et al., 2010; Lee & Goerge, 1999). Ces initiatives sont-elles efficaces? Si oui, le sont-elles de manière similaire en fonction de leur stratégie d’ intervention? Les connaissances actuelles montrent que certaines interventions sont efficaces, alors que d’autres ne le sont pas. Dans ce contexte, une méta-analyse permet de statuer sur la compréhension des résultats provenant de l’ ensemble de ces études. Il s’agit de l’objectif principal de ce projet de recherche.

La présente recherche a pour but de vérifier l’ efficacité des interventions précoces pour diminuer le taux de maltraitance envers les enfants nés de mères adolescentes. Ce document se divise en cinq sections principales. La première porte sur le contexte théorique où sont abordés successivement le phénomène de la maltraitance, les caractéristiques des mères adolescentes, et les perspectives en matière d’intervention précoce. La deuxième section décrit la méthode de recherche employée, incluant les étapes de recension et de sélection des études, et la stratégie d’ analyse. La troisième section présente les résultats des analyses. Ces résultats sont ensuite discutés dans la quatrième section. Enfin, la dernière section vient clore ce travail de recherche.

Dans le but de bien cerner le contexte dans lequel s’inscrit la présente recherche, cette section exposera de façon détaillée les variables étudiées. Les bases théoriques et les données empiriques recensées dans la littérature scientifique permettront tout d’abord d’approfondir le phénomène de la maltraitance envers les enfants, incluant les conséquences sur les victimes et le lien à établir avec les mères adolescentes. Ensuite, un portrait exhaustif de la population des mères adolescentes sera dressé, rapportant les caractéristiques qui les distinguent au niveau personnel, environnemental, et par rapport aux compétences parentales. La vulnérabilité transmise aux enfants nés de mères adolescentes sera également soulignée. À la suite de cela, les perspecti ves entourant l’ intervention précoce auprès de cette population seront présentées, en mettant en évidence l’efficacité de programmes visant la prévention des comportements de maltraitance. Finalement, les objectifs de recherche seront précisés dans la dernière partie de cette section.

La maItraitance 

La maltraitance est un phénomène complexe et pernicieux qui touche des enfants de tout âge. Il s’agit à la fois d’ une situation indésirable et d’une cause possible de plusieurs fragilités chez les enfants qui en sont victimes. Par sa gravité et sa complexité, la problématique de la maltraitance nécessite une attention particulière. Les caractéristiques qui expliquent l’apparition et le maintien des comportements de maltraitance envers les enfants doivent aussi être abordées.

Belsky propose en 1980 un modèle explicatif de la maltraitance chez l’enfant en y appliquant la théorie écologique de Brofenbrenner (1979). Il définit quatre niveaux de caractéristiques qui influencent l’apparition de mauvais traitements au sein des familles, soit les caractéristiques individuelles, familiales, communautaires, et culturelles. Chaque niveau présente des facteurs qui favorisent ou non l’apparition de la maltraitance. Ces facteurs de risque et de protection interagissent entre eux (Belsky, 1980). Cicchetti et Rizley (1981) ajoutent à ce modèle un aspect temporel, suggérant que chaque facteur peut être temporaire ou se maintenir dans le temps. Pour eux, ce qui contribuerait particulièrement à l’ apparition de mauvais traitements est l’accumulation de plusieurs facteurs de risque à un moment donné, ou encore la présence persistante de facteurs à long terme.

Wolfe (1987, 1993) propose par la suite un angle transitionnel au modèle théorique. La maltraitance est alors vue comme une transformation graduelle de la relation entre le parent et l’enfant, celle-ci devenant de plus en plus néfaste et dommageable. La détérioration s’opère à travers l’accumulation de stress et de facteurs fragilisants, pour devenir un profil de maltraitance qui fait partie des interactions et des comportements habituels (Wolfe, 1993). L’ apparition de mauvaIS traitements représenterait alors une trajectoire prévisi ble pour certains parents vulnérables.

Toutefois, Wolfe (1993) ajoute que des facteurs peuvent contribuer aux circonstances entourant l’ apparition de la maltraitance, mais ce ne sont pas des facteurs de cause à effet. Cicchetti et Lynch (1993) ont d’ailleurs développé un modèle basé sur cette perspective en évaluant l’ équilibre entre les facteurs de risque et de protection. Les auteurs appliquent cela spécifiquement aux enfants victimes de maltraitance, c’est-à-dire que les conséquences développementales sur ces enfants se produisent en situation de déséquilibre, lorsque les caractéristiques de vulnérabilité dépassent les caractéristiques compensatrices.

Par abus physique, on entend les sévices ou risques de sévices corporels. Cette catégorie comprend toute forme d’agression ou de violence, y compris certains types de punitions corporelles. Les gestes d’abus physiques comprennent par exemple: secouer, frapper, pousser, attraper, projeter, donner des coups, mordre, étrangler, brûler. L’abus physique peut être commis avec ou sans l’aide d’ une arme ou d’ un objet quelconque, sur n’importe quelle partie du corps de l’ enfant (Trocmé & ASPC, 2010).

L’abus sexuel fait référence à un acte ou une gratification sexuelle qUI sont obtenus par l’entremise d’ un enfant. Cette catégorie comprend l’ agression, mais également l’ exposition d’un enfant à un comportement de nature sexuelle. Les actes comme les relations, attouchements, ou contacts sexuels de tout genre, ainsi que les tentatives de commettre de tels actes sont des formes d’ abus sexuel. L’ abus sexuel ne se caractérise pas seulement par des contacts physiques. En effet, l’ exhibitionnisme, le voyeurisme, et  l’exposition à du matériel à caractère sexuel, de même que des propositions, incitations ou suggestions de nature sexuelle font également partie de cette catégorie (Trocmé & ASPC, 2010).

La négligence est définie par certains comme un manque de vigilance ou un défaut de fournir des soins ou traitements nécessaires, de subvenir aux besoins, de surveiller ou protéger convenablement un enfant, ce qui compromet sa sécurité ou son développement (Trocmé & ASPC, 2010). Straus et Kantor (2005) proposent quant à eux une définition de la négligence qui met davantage l’ emphase sur les besoins non répondus des enfants, et moins sur les actes d’ omission des adultes qui en prennent soin. Selon eux, la négligence est un manquement de répondre aux besoins développementaux de l’enfant. Ces différences soulignent, selon plusieurs auteurs (Proctor & Dubowitz, 2014; Tyler, Kelly, & Winsler, 2006), l’ambiguïté et les désaccords entourant la définition de la négligence. Ils constatent que celle-ci repose sur des termes vagues qui laissent place à l’ interprétation, comme « besoins essentiels » et « soins adéquats ». De plus, les spécialistes ne s’entendent pas non plus sur la portée de la définition de la négligence (Tyler et al., 2006). Par exemple, l’ intention du parent est-elle un élément dont il faut tenir compte? L’ enfant doit-il subir des conséquences directes, immédiates et observables pour confirmer un cas de négligence? Ainsi, plusieurs zones gnses demeurent lorsqu’il est question de cette forme de mauvais traitements.

Par violence psychologique, on entend le comportement d’ un adulte qui cause des torts psychologiques, affectifs ou spirituels à l’ enfant. Les préjudices ou risques de préjudices psychologiques peuvent inclure toute forme d’abus qui n’ est pas physique, comme l’ intimidation, les menaces, la dépréciation, la dégradation, la dérision, et la violence verbale. La violence psychologique maintient l’ enfant dans un climat de peur où les conséquences sont imprévisibles et chaotiques. L’isolement, le rejet, et le manque de soutien ou d’ affection sont aussi des manifestations de maltraitance psychologique (Trocmé & ASPC, 2010). Comme la négligence, cette forme de mauvais traitement est plus difficile à percevoir, ce qui entraine des variations dans l’application de sa définition (Trocmé et al., 20 Il).

Considérée depuis récemment comme une forme de maltraitance distincte dans la plupart des provinces canadiennes, dont le Québec (2007), l’exposition à la violence familiale comprend les circonstances où un enfant est témoin, directement ou non, d’actes de violence. L’enfant peut être présent et assister, entendre à distance, ou seulement être témoin des conséquences de cette violence à la suite de l’ évènement. Les actes de violence peuvent être physiques ou psychologiques et impliquent une figure parentale ou d’autres membres de la famille (Trocmé & ASPC, 2010). Bien qu’on n’accorde pas la même importance à cette forme de maltraitance partout dans le monde, et même entre les provinces canadiennes, la littérature scientifique appuie la reconnaissance de ses effets dommageables. Une méta-analyse incluant 118 études rapporte par exemple que la violence familiale est associée significativement à plusieurs difficultés psychosociales chez l’enfant qui en est témoin (Kitzmann, Gaylord, Holt, & Kenny, 2003).

Incidence 

Chaque année au Canada, environ 4 % des enfants font l’objet d’une enquête pour maltraitance (Trocmé & ASPC, 2010). Lorsqu’un cas de maltraitance est signalé, qu’il s’agisse d’une préoccupation par rapport à de mauvais traitements actuels ou un risque futur, il fait l’objet d’ une enquête. Le signalement est par la suite « confirmé, soupçonné, ou non confirmé ». La con’oboration dépend du poids de la preuve qui démontre la présence ou l’ absence de mauvais traitements. Lorsque les preuves recueillies ne sont pas suffisantes, mais qu ‘ elles ne permettent pas non plus d’ en exclure la possibilité, la maltraitance est alors soupçonnée. Parmi tous les signalements vérifiés annuellement, environ 36 % sont retenus et confirmés par les autorités en protection de lajeunesse (Trocmé & ASPC, 2010) .

La répartition des taux de mauvais traitements confirmés est de 3 % pour l’abus sexuel, 9 % pour la violence psychologique, 20 % pour la violence physique, 34 % pour l’exposition à la violence familiale, et 34 % pour la négligence (Trocmé & ASPC, 2010). Dans leur étude rétrospective, McGee, Wolfe, Yuen, Wilson et Carnochan (1995) révèlent que la plupart des adultes victimes de maltraitance dans leur enfance rapportent plus d’une forme de mauvais traitements, soit 90 % de leur échantillon. Les auteurs de l’enquête canadienne sur l’incidence des mauvais traitements (Trocmé & ASPC, 2010) produisent une donnée plus modeste de la maltraitance multiple, soit 18 % des cas ayant été confirmés par les services de protection de la jeunesse. Ces deux études ne se basent toutefois pas sur une mesure similaire, l’ une utilisant des cas de mauvais traitements auto-rapportés à l’âge adulte, et l’ autre des cas confirmés par les services de protection de la jeunesse. Cela pourrait expliquer l’ écart entre leurs résultats. Il est néanmoins possible d’imaginer comment certaines formes de maltraitance coïncident avec d’autres dans les situations que vivent plusieurs enfants.

Il est reconnu que le nombre de cas de maltraitance conoborés ne représente pas le nombre réel de cas vécus, mais plutôt une fraction de tous les enfants victimes de maltraitance (Trocmé & ASPC, 2010; Ty 1er et al., 2006). Trocmé et l’ ASPC (2010) illustrent les cas signalés comme étant la pointe d’ un iceberg, où une proportion inconnue de cas de maltraitance demeure sous la surface en étant non rapportée par ceux qui en sont témoins ou victimes. Les conclusions d’une étude de probabilité menée en Ontario appuient cette illustration de façon alarmante. Les auteurs ont démontré, à l’ aide d’ un échantillon sélectionné aléatoirement parmi la population générale âgée de 15 ans et plus (n = 8991), que seulement 5.1 % des répondants rappol1ant une histoire d’abus physique dans l’enfance, et 8,7 % de ceux rapportant avoir été victimes d’abus sexuel ont été en contact avec des services de protection de la jeunesse (MacMillan, Jamieson, & Walsh, 2003). Dans le même sens, une étude américaine de Theodore et ses collègues (2005) révèle, par sondage anonyme dans la population générale auprès de 1435 mères d’enfants mineurs, un taux d’abus physique auto-rapporté 40 fois plus élevé que celui provenant des données officielles d’incidence. Ces résultats confirment la proportion des situations de maltraitance qui ne sont jamais signalées, et l’ ampleur estimée des cas réels.

Conséquences pour l’enfant 

La maltraitance peut nuire simultanément à plusieurs sphères du développement et de l’adaptation des enfants qui en sont victimes (Cicchetti & Toth, 2005; Widom, 2014). Ces conséquences peuvent apparaitre très tôt et parfois se maintenir jusqu’ à l’ âge adulte (Widom, 2014). Par contre, l’impact des mauvais traitements est difficile à cerner de façon précise. Il dépend de plusieurs facteurs dont certains énumérés précédemment, comme: la nature des mauvais traitements, leur fréquence, durée, intensité, mais aussi la relation développée entre l’enfant et le parent ou le donneur de soin, et la période développementale pendant laquelle la maltraitance survient (Proctor & Dubowitz, 2014; Tyler et al., 2006).

Conséquences psychoaffectives. Les enfants maltraités présentent plusieurs déficits sur le plan affectif, notamment pour reconnaitre, exprimer, réguler et comprendre les émotions à l’ âge préscolaire et scolaire (Camras, Sachs-Alter, & Ribordy, 1996; Shields & Cicchetti, 1998; Shipman, Edwards, Brown, Swisher, & Jennings, 2005 ; Sullivan, Bennett, Carpenter, & Lewis, 2008). Par exemple, pour les entànts d’âge préscolaire, une étude expérimentale de Maughan et Cicchetti (2002) rapporte que 80 % d’un échantillon (n = 139) d’ enfants âgés de quatre à six ans victimes d’une forme ou l’autre de maltraitance manifestent un profil de détresse émotionnelle et des déficits dans la régulation des émotions lorsqu ‘ils sont témoins de colère entre adultes, comparativement à environ 36 % des enfants non maltraités. Toujours pour les enfants d’ âge préscolaire, d’ autres études révèlent que ces enfants développent plus souvent une relation d’ attachement insécurisée que leurs pairs qui ne sont pas maltraités. Ils présentent aussi davantage d’indicateurs d’un attachement désorganisé (Barnett, Ganiban, & Cicchetti, 1999; Venet, Bureau, Gosselin, & Capuano, 2007). L’association entre la maltraitance et ce style d’attachement semble se maintenir même lorsque l’enfant grandit (Barnett et al., 1999). De plus, à l’âge scolaire, les enfants négligés présentent davantage de difficultés émotionnelles et intériorisées (Hildyard & Wolfe, 2002) .

Difficultés comportementales. Les enfants maltraités d’ âge préscolaire présentent plus de problèmes de comportement, autant intériorisés qu ‘ extériorisés, comparativement à leurs pairs ne vivant pas de maltraitance (Toth, Cicchetti, Macfie, Rogosch, & Maughan, 2000). Dodge, Pettit et Bates (1997) expliquent que les enfants victimes d’ abus physique ou de méthodes disciplinaires sévères à un âge préscolaire sont plus agressifs. Cette agressivité se maintient à l’âge scolaire chez les enfants maltraités, à laquelle s’ ajoutent des difficultés d’ attention (Shields & Cicchetti, 1998). Ces enfants présentent plus de problèmes comportementaux à l’ école, faisant plus souvent l’ objet de mesures disciplinaires et de suspensions (Kendall-Tackett & Eckenrode, 1996). Plus particulièrement, les enfants abusés physiquement se démarquent par davantage de problèmes de comportement extériorisés, comparativement aux victimes d’autres formes de maltraitance (Hildyard & Wolfe, 2002). La maltraitance continue d’être associée à des problèmes de comportement intériorisés et extériorisés à l’ adolescence (Herrenkohl & Herrenkohl, 2007), et à plus de comportements criminels, de délits reliés à l’alcool, et de consommation de substances illicites à l’adolescence et l’âge adulte (Chen, Propp, deLara, & Corvo, 20 Il; Hildyard & Wolfe, 2002).

Difficultés sociales et interpersonnelles. Klimes-Dougan et Kristner (1990) rapportent dans leur étude (n = 22) que les enfants d’ âge préscolaire maltraités manifestent moins d’ empathie face à la détresse de leurs pairs, comparativement aux enfants non maltraités. Ils vivent moins d’ interactions positives avec leurs pairs et sont plus souvent en retrait (Hildyard & Wolfe, 2002). Ils ont tendance à être distants ou encore bagarreurs, étant souvent eux-mêmes la source des problèmes avec les autres. À l’âge scolaire, les enfants victimes de maltraitance sont plus à risque d’ intimider et d’être victimes d’intimidation (Shields & Cicchetti, 2001). Une étude longitudinale de Dodge, Pettit et Bates (1994) fait ressortir que la maltraitance en bas âge a une influence négative sur l’adaptation sociale et les relations avec les pairs. En effet, les enfants victimes de mauvais traitements, comparativement aux enfants non maltraités, sont perçus par leurs pairs, leurs enseignants et leur mère comme étant moins aimés, moins populaires et plus isolés. De plus, la force de cette association s’accentue avec les années.

Conséquences sur le plan cognitif et scolaire. À l’âge préscolaire, Hildyard et Wolfe (2002) résument que les enfants négligés présentent davantage de difficultés cognitives et langagières. Les nouveau-nés victimes de négligence présentent des retards dans leur développement cognitif et le fonctionnement du cerveau dès le plus jeune âge, et l’écart avec leurs pairs non négligés se creuse avec les années (Strathearn, Gray, O’Callaghan, & Wood, 2001). C’est aussi ce que documente une étude de KendallTacket et Eckenrode (1996). Ces chercheurs explorent en effet la relation entre la maltraitance et l’adaptation scolaire auprès d’ enfants de tous les niveaux (de la première année du primaire à la dernière année du secondaire). Les résultats révèlent que les 324 enfants de cet échantillon ayant été maltraités présentent plus de difficultés académiques dans l’ensemble de leur cheminement scolaire; ils ont des résultats significativement plus faibles que leurs pairs non maltraités (n = 420) et sont plus à risque de redoublement. Plus spécifiquement, les enfants victimes de négligence auraient plus de difficultés sur le plan académique, comparativement aux enfants victimes d’autres formes de maltraitance (Fantuzzo, Perlman, & Dobbins, 20 Il). À l’adolescence, la maltraitance est indépendamment associée à un fonctionnement cognitif et académique inférieur, entre autres mesuré par de plus faibles habiletés de lecture et capacités de raisonnement (Mills et al., 20 Il), ainsi que par des changements dans la morphologie du cerveau (Edmiston et al., 2011) qui demeurent observables à l’ âge adulte (van Harmelen et al., 2010).

Conclusion

On ne saurait trop insister sur l’importance d’ intervenir pour prévenir l’apparition de la maltraitance envers les enfants. La présente méta-analyse confirme que l’intervention précoce est efficace pour diminuer le taux de maltraitance des mères adolescentes, une population hautement à risque sur le plan de l’inadaptation psychosociale. De plus, il semble que les interventions ciblant à la fois le soutien maternel et les interactions mère enfant se démarquent par leur efficacité, bien que davantage d’analyses statistiques soient nécessaires pour comparer les stratégies d’intervention entre elles. Par ailleurs, l’ aspect relationnel en contexte d’ intervention auprès d’enfants et de familles semble actuellement gagner en importance. Au Québec, l’Association des centres jeunesse a adopté, en 2010, un cadre de référence qui met spécifiquement l’ accent sur l’ attachement et la relation dyadique en intervention. Cette initiative reconnait ces aspects comme étant prioritaires dans le développement de l’ enfant. Au sein des centres jeunesse, les services internes et externes, de même que certains projets, outils et recherches à travers la province de Québec sont teintés par cette préoccupation. Les résultats de la présente méta-analyse viennent donc appuyer et alimenter cette perspective générale en matière de services à l’enfance. Comme le domaine de la psychoéducation correspond tout à fait à ce genre d’approche, un tel projet de recherche oriente aussi spécifiquement les pratiques psychoéducatives auprès des familles. En effet, ce mémoire aborde concrètement l’importance de tenir compte des besoins de l’ enfant et ceux de la mère, du contexte dans lequel la famille évolue .

 

 

 

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Table des matières

Introduction 
Contexte théorique
La maltraitance
Définitions
Incidence
Conséquences pour l’enfant
Résilience des enfants maltraités
Mères adolescentes et maltraitance
Portrait des mères adolescentes et leurs enfants
Ressources des mères adolescentes
Compétences parentales
Résilience des mères adolescentes
Vulnérabilité des enfants nés de mères adolescentes
Similitudes entre les enfants maltraités et ceux nés de mères adolescentes
L’intervention préventive
Structure et modalités
Stratégies d’ intervention
Efficacité des programmes d’ intervention
Constats et obj ectifs de recherche
Méthode
Stratégie de recension
Caractéristiques des études retenues
Description des interventions
Stratégie d’analyse
Résultats
Dicussion
Conclusion

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