Viticulture biologique et viticulture biodynamique

Viticulture biologique

Stratégies de protection phytosanitaire

La diversité des intrants est fortement limitée en agriculture biologique. En effet, la plupart des intrants de traitement phytosanitaire traditionnellement destinés à l’usage ‘conventionnel’ sont issus de l’industrie chimique et sont donc interdits par le cahier des charges AB.
Tous les produits de traitement utilisés sont des produits de contact, non pénétrants (Itab). Leur inconvénient par rapport à un produit systémique est le temps de rémanence, qui peut être très limité en période pluvieuse. Après chaque cumul de pluie important, entre 15 et 20 mm, le traitement doit être renouvelé car le produit de contact est lessivé (Chambre-d’Agriculture-Pyrénées-Orientales, 2011).
Parmi eux, le cuivre, assurant la lutte fongicide contre le mildiou, est le produit incontournable aujourd’hui. Il est principalement utilisé sous forme de sulfate de cuivre, d’hydroxyde de cuivre ou encore d’oxyde cuivreux ou d’oxychlorure de cuivre. Depuis 2006, la limite d’utilisation est de 6 kilogrammes de cuivre métal par hectare et par an, sur une moyenne de cinq ans. (INAO, 2011). Le soufre est le second moyen d’intervention des viticulteurs suivant les pratiques biologiques. Il est efficace dans le traitement fongique contre l’oïdium. Son efficacité contre les acariens est aussi reconnue (INAO, 2011). Utilisable sous forme mouillable ou en poudrage, sont utilisation n’est pas limitée en quantité. Cependant il n’est pas neutre pour les espèces auxiliaires et il convient d’en limiter l’usage tant que possible (IFV, 2012).
En ce qui concerne le botrytis et le black rot, les moyens de lutte biologique s’avèrent limités. Si des poudrages de roche calcaire ou d’argile, asséchants, sont envisageables contre le botrytis, seul l’usage répété du cuivre destiné au mildiou permettrait de contenir le black rot.
Contre les ravageurs, dont les principaux sont les vers de grappe et les cicadelles, le cahier des charges permet le recours à différentes méthodes de lutte :
des insecticides sont autorisés pour lutter contre la cicadelle de la flavescence dorée, comme les pyréthrines ou les huiles de paraffine, mais leur toxicologie sur la faune auxiliaire est à prendre en considération car ils ne sont pas sélectifs (Constant et al., 2014) ;
des méthodes alternatives, comme la confusion sexuelle, basée sur la diffusion de phéromones, qui permet de limiter la reproduction des papillons Cochylis et Eudémis à proximité des grappes, diminuant les dégâts générés par les larves sur le raisin (IFV, 2017) ;
enfin, la lutte biologique contre les ravageurs vise à favoriser le développement des auxiliaires prédateurs.

Entretien des sols

La viticulture biologique replace le sol au centre du raisonnement agronomique des pratiques culturales. L’interdiction des herbicides en viticulture biologique nécessite d’employer d’autres moyens de lutte contre les adventices pouvant concurrencer la vigne. Le désherbage mécanique par un travail du sol régulier est le plus souvent utilisé. Il consiste généralement à alterner les façons culturales (buttage et débuttage) autour des ceps, suivant la période de la saison. L’utilisation d’interceps permet de compléter le travail sous le rang.
Ces travaux permettent aussi l’aération, la décompaction du sol (Rousseau et al., 2008), et l’enfouissement des apports d’amendements organiques. En revanche, ils peuvent être accusés de favoriser les phénomènes de battance et d’érosion des sols en pente. Les blessures voire la casse du cep sont fréquents (Sallée, 2010). Enfin, le coût généré par le travail du sol, tant en matériel qu’en carburant et en main d’oeuvre, est conséquent par rapport au désherbage chimique (Schreck, 2008).

Viticulture biodynamique

Si la superficie viticole cultivée biologiquement ne cesse de progresser, la viticulture biodynamique connait également un intérêt grandissant. Ce mode de culture repose sur des savoirs et des pratiques spécifiques, expliqués dans cette partie.

Les fondements de la pensée biodynamique

L’origine de la pensée biodynamique remonte aux conférences tenues en 1924 par le philosophe Rudolf Steiner (Steiner, 2007). Il propose un regard nouveau sur la nature et les pratiques agricoles, en s’inspirant de l’approche goethéenne. Celle-ci vise à étudier les relations entre les caractéristiques sensibles de la plante, aussi qualifiée de « phénoménologie de la nature » (Florin, 2012).
L’agriculture biodynamique se base sur les grands principes suivants (Masson et al., 2016): l’exploitation agricole est conçue comme un « organisme agricole », où les interactions entre sol, plante et animal doivent être favorisées et les plus autonomes possibles (Masson, 2012) ;
l’emploi soigné des principales préparations biodynamiques (voir partie 2.2.2.) est indispensable ; les opérations culturales pratiquées doivent tant que possible s’insérer dans les grands rythmes cosmiques ;
la diversité favorisant les interactions entre les organismes naturels est recherchée ; la quête de productivité disproportionnée n’est pas compatible avec l’équilibre que la biodynamie met en place ; L’objectif de ces pratiques est de renforcer la vigne en stimulant ses défenses naturelles, d’après l’idée selon laquelle « Plus une plante est dans de bonnes conditions de culture, plus elle est apte à résister aux agressions » (Maraibio, 2014).
Deux principaux organismes de certification font aujourd’hui référence pour estampiller un vin en biodynamie :
Le label Déméter garanti le respect des pratiques biodynamiques pour tous les secteurs agricoles, dont la vigne et le vin. Il existe depuis 1932 (Demeter, 2016).
Crée en 1998, le label Biodyvin propose un cahier des charges spécifique à la culture de la vigne et à la vinification. Globalement, la conversion du vignoble nécessite quatre années avant l’obtention du label, et les vins certifiés ne doivent subir aucun ajout, aucun retrait et aucune modification (Biodyvin, 2012).

Travail selon les rythmes de la nature et du cosmos

Le travail en viticulture biodynamique doit être tant que possible réalisé selon les rythmes du soleil, de la lune et des planètes. Les indications, notamment fondées sur les travaux de recherche de Maria Thun, pionnière de la biodynamie sont regroupées dans l’agenda biodynamique paru chaque année (Masson et al., 2016).
Le rythme solaire est primordial car il détermine les saisons et l’alternance du jour et de la nuit. A l’origine de la lumière et de la chaleur, il conditionne le climat et l’activité de la plante. Les rythmes lunaires et planétaires interviennent de manière secondaire. De façon générale, cinq grands rythmes lunaires influenceraient les travaux réalisés : Lune croissante et décroissante, lune montante et descendante, apogée et périgée, rythme sidéral (déterminant les jours racine, feuille, fleur et fruit) et nœuds lunaires. L’influence de la Lune sur le développement des végétaux a déjà été démontrée (Endres et al., 1997). Quant aux rythmes planétaires, ils sont définis par les positions des planètes : nœuds planétaires, trigones et oppositions entre planètes ou encore la période de Pâques auraient une incidence sur les opérations réalisées (Masson et al., 2016).

Physiologie de la plante

Phénologie

Très peu d’études se sont penchées sur l’effet de la biodynamie vis-à-vis de la phénologie de la plante. Seule une étude menée sur le pois et la féverole fait état de variations temporelles dans l’apparition de la floraison, selon la préparation appliquée. La pulvérisation uniquement de compost de bouse est à l’origine d’une floraison tardive, alors que la silice de corne utilisée seule conduit à une floraison précoce (Kumar, Bijendra, 2004). Aucune comparaison n’a été faite sur la vigne.

Croissance végétative

Il a été montré que l’emploi des préparations biodynamiques affecte la longueur des rameaux, significativement plus courts en ‘biodynamique’ qu’en ‘biologique’. La longueur des entre cœurs est particulièrement impactée (Meissner, 2014).
Néanmoins, la pesée des bois de taille, indicateur de la croissance des rameaux de la saison écoulée, ne montre pas de différences significatives entre les modalités biodynamique et biologique (Botelho et al., 2016; Döring et al., 2015).
Etat hydrique  :Diverses conclusions sont tirées de la comparaison de l’état hydrique de la vigne. Il a été rapporté que les valeurs mesurées du potentiel foliaire de base sont significativement plus faible en ‘biodynamique’ qu’en ‘biologique’ (Döring et al., 2015), témoignant d’un stress hydrique plus important pour les vignes de la modalité ‘biodynamique’.
A l’inverse, une récente étude a montré que les vignes ‘biodynamiques’ voient augmenter leur activité enzymatique d’endochitinase, d’exochitinase, d’acetylhexosaminidase, et de β-1,3-glucanase, dont la présence est corrélée avec les stress biotiques et abiotiques, et traduit l’induction de résistances de la vigne (Botelho et al., 2016). (Botelho et al., 2016).

Impact environnemental

L’intérêt environnemental recherché en agriculture biodynamique réside principalement dans la réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires.
En effet, si l’usage du soufre en viticulture biodynamique n’est pas plafonnée, l’utilisation du cuivre est limitée à 3 kg/ha/an (Masson, 2012). La dose moyenne (sur les années 2012, 2013 et 2014) de cuivre employée en viticulture biologique en Gironde étant de 4,35 kg/ha/an (Aveline, 2015), l’indice de fréquence de traitement pour le cuivre serait réduit en moyenne de plus de 30 %.
A terme, les sols conduits en biodynamie permettent d’apporter moins de nutriments et d’engrais au sol, car leur fonctionnement en relation avec l’assimilation par la plante est optimisé. Cela est potentiellement meilleur pour l’environnement (Granstedt, 1991).
La consommation énergétique des systèmes biodynamiques est jusqu’à 50 % plus basse qu’en conventionnel, en lien avec la baisse de l’utilisation d’intrants, engrais et pesticides. Bien que le rendement en soit souvent diminué, l’efficacité énergétique resterai 20 % à 56 % meilleure en agriculture biodynamique qu’en agriculture conventionnelle, en consommation d’énergie par unité de matière sèche (Turinek et al., 2009).
De façon moins visible, la réserve en carbone organique dans le sol contribue à la réduction du taux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. D’après l’essai du DOC, la conduite en biodynamie est la seule qui assure le maintien voir l’augmentation du taux de matière organique, indicateur du carbone organique stocké dans le sol (FIBL, 2001; Turinek et al., 2009).

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Table des matières

Introduction 
Partie 1 : Contexte et problématique 
Partie 2 : Viticulture biologique et biodynamique : principes et état de l’art 
2.1. Viticulture biologique
2.1.1. Historique et situation actuelle
2.1.2. Stratégies de protection phytosanitaire
2.1.3. Entretien des sols
2.2. Viticulture biodynamique 
2.2.1. Les fondements de la pensée biodynamique
2.2.2. Préparations biodynamiques
2.2.3. Travail selon les rythmes de la nature et du cosmos
2.3. Etat des lieux des travaux de recherche comparatifs existants 
2.3.1. Etat du sol
2.3.2. Physiologie de la plante
2.3.3. Etat sanitaire
2.3.4. Rendement
2.3.5. Qualité
2.3.6. Impact environnemental
2.3.7. Impact technique et économique
Partie 3 : Matériel et méthodes 
3.1. Mise en place de l’expérimentation 
3.1.1. Choix des blocs d’essai
3.1.2. Positionnement des placettes
3.2. Protocole de l’essai
3.3. Mesures comparatives 
3.3.1. Analyses de sol
3.3.2. Mesures physiologiques
3.3.3. Suivi des maladies cryptogamiques
3.3.4. Mesures de rendement
3.3.5. Qualité
3.3.6. Eléments de comparaison environnementale
3.3.7. Eléments de comparaison technique et économique
3.4. Tests statistiques 
Partie 4 : Résultats et discussion 
4.1. Bilan climatique du millésime
4.2. Vie du sol 
4.3. Physiologie
4.3.1. Phénologie
4.3.2. Croissance végétative
4.3.3. Vigueur végétative
4.3.4. Etat hydrique
4.3.5. Nutrition minérale
4.4. Maladies cryptogamiques
4.4.1. Symptômes sur feuilles
4.4.2. Symptômes sur grappes
4.5. Rendement 
4.6. Qualité 
4.7. Impact environnemental 
4.8. Eléments de comparaison technico-économique 
Partie 5 : Conclusion et perspectives

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