La vertu du capital
Vision physiocrate du rôle du capital (F.Quesnay)
La physiocratie reflète la situation économique de la France dans la première moitié du XVIIIéme siècle, dominée encore au plan productif par l’agriculture. Les physiocrates ont basé leur analyse sur les hypothèses suivantes :
– L’ordre social naturel
– La loi naturelle
– Le libéralisme .
Selon les physiocrates, seule la terre qui est la source de la richesse et les autres activités ne sont que des activités de transformation. Ainsi, ils ont déduit la formule : Produit Net = Produit Brut – Avance Pour les physiocrates, le Produit Net est un don gratuit de la nature(terre) grâce à l’application du travail. Le Produit Net est le prix payé au propriétaire pour la permission que celui-ci a donné de se servir de son champ pour y établir une entreprise. Au sens restreint, il est à rapprocher de la rente, du fermage. Au sens large, il inclut les impôts . Pour cela, lorsque le Produit Net augmente, il y a une croissance économique, la variation du Produit Net détermine le niveau de la croissance économique. Les physiocrates ont introduit la notion de capital qui est assimilé à l’avance constituée par le prix de terre payé au propriétaire. François Quesnay a mis en exergue pour la première foi le rôle du capital. Analysant la production agricole, F.Quesnay distingue la petite culture sans emploi de capital et peu productive et la grande culture de fermier employant des capitaux et est très productive. De ce fait, le capital joue un rôle essentiel dans la production et le problème à résoudre est celui de la reconstitution du capital investi en vue de la production. Il distingue dans le capital :
• L’avance foncière.
• L’avance primitive.
• L’avance annuelle.
A Madagascar, la population rurale compose en majeure partie la population malgache et a comme activité principale l’agriculture et l’activité para-agricole. Ce qui fait que Madagascar est un pays à vocation agricole. Ainsi, la part du secteur agricole dans le PIB(Produit Intérieur Bruit) devrait être signifiante pour assurer la relance économique.
Capital : facteur mobilisateur de travail (A.Smith)
Dans ses hypothèses, A.Smith a décrit une société où il y a à la foi concurrence intérieure et extérieure. D’où les conditions de la concurrence pure et parfaite. De plus, A.Smith a posé l’hypothèse de rationalité des agents et le libéralisme. Dans son ouvrage « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations », A.Smith a souligné l’importance du capital en tant que cause de la richesse. En effet, le capital permet de mobiliser le travail et de développer la division du travail. Il a précisé que l’augmentation de richesse repose sur l’accumulation de capital. Le capital disponible parfait(K/L) est une variable importante pour la réalisation de la croissance économique. La disponibilité des mains d’œuvre ne suffit pas pour relancer l’économie, il faut des moyens de production. Dans l’activité agricole, l’introduction de la mécanisation favorise la création des emplois non agricoles, telle les activités de réparation mécanique(réparation des tracteurs, des équipements agricoles etc.). En outre, lors de l’extension des activités agricoles, on a besoin de mains d’œuvre pour effectuer des taches qui doivent être faites à la main (désherbage, épandage des insecticides etc. ). Dans la mesure où les paysans ont accès au crédit, ils pourront adopter des techniques nouvelles ( exemple l’application du Système de Riziculture Intensive) qui leur permettent d’améliorer les rendements agricoles. Ce qui n’est pas le cas pour le paysannat malgache où les méthodes culturales sont encore archaïques.
Capital : facteur de production (Néoclassique)
Les néoclassiques ont introduit pour la première foi la formalisation de la fonction de production. Pour eux, le capital est aussi un facteur de production de même ordre que le facteur travail. Ainsi, les néoclassiques ont formulé l’hypothèse de substitution des facteurs.
Fonction de production
Une fonction de production montre la relation entre le volume ou la quantité de biens et les moyens ayant permis de réaliser cette production. Ces moyens sont appelés « facteurs de production ». En général, on distingue trois facteurs de production : facteur travail (L), facteur capital (C) et le facteur terre (T), d’où la relation : P=f(K,L,T). Les théoriciens néoclassiques ont émis les hypothèses selon lesquelles les facteurs de production sont substituables et la loi de rendement décroissant. Ce qui permet de formuler le Taux de Substitution Technique(TST). C’est une notion qui est assimilable au Taux Marginal de Substitution (TMS). Il mesure la condition dans laquelle les producteurs vont accepter de substituer le capital K par le travail L à condition de maintenir le même niveau de production. La substitution du facteur capital au facteur travail permet de maintenir le niveau de production en diminuant le volume des mains d’œuvre et en augmentant le volume du capital technique. A Madagascar, à cause de manque de capital technique, les paysans pratiquent la culture extensive.
Le choix intertemporel du producteur
Comme dans le modèle d’équilibre général, on peut supposer que la richesse des individus provient des activités productives : revenus du travail et revenus de la propriété. Si on considère ainsi que les entreprises appartiennent entièrement aux ménages, cela revient pratiquement à poser que toute l’économie se résume aux seuls ménages et que la richesse globale est celle des ménages. L’enrichissement des entreprises se confond avec celui des ménages. Cela dit, les activités productives nécessitent la constitution d’un capital par la réalisation d’investissements et par conséquent la formation d’une épargne. On retrouve ici le rôle premier du marché des capitaux qui est de répondre aux besoins de financement des firmes (demandeurs de capitaux) par les ressources d’épargne des individus (offreurs de capitaux). Soit la fonction de production Q(K) avec Q'(K) > 0 et Q » (K) < 0 pour tenir compte de la loi de la productivité marginale décroissante. L’individu a le choix quant à l’emploi de son épargne K entre un investissement productif et un placement financier. Supposons que le stock initial de capital est nul : K = I(investissement). La décision investissement / placement dépend de la comparaison entre le résultat futur de l’investissement mesuré par Q(K) et le produit futur du placement mesuré par K(1+r) si r est le taux d’intérêt. On voit que l’investissement est le bon choix tant que la quantité K d’épargne investie est inférieure à l’abscisse du point de concours entre la courbe Q(K) et le rayon de pente (1+r) puisque la rentabilité de l’investissement est alors supérieure à ce que rapporterait le placement de K sur le marché. A droite de ce point, le bon choix est au contraire celui du prêt. Ce raisonnement amène à considérer que le taux d’intérêt mesure le coût d’opportunité de l’investissement productif.
Deux autres façons de raisonner sont possibles :
1- On peut considérer que (1+r) représente le coût du financement de l’investissement K. Le choix de l’investissement se justifie alors tant que ce coût est inférieur à la production que permet de réaliser cet investissement.
2- Sur la lancée du raisonnement précédent, on peut dire que l’investissement productif est rentable quand son taux de rentabilité interne (TIR) est supérieur au taux d’intérêt du marché. Le TIR est le taux d’actualisation t qui égalise la valeur actualisée à ce taux des revenus futurs de l’investissement et le coût de son acquisition (en ne tenant pas compte de l’éventuelle valeur de revente du capital) : Le TIR est donc la valeur de t telle que Q(K) (1+t) -1 = K. On peut dire aussi que le TIR est la valeur de t telle que Q(K) (1+t) -1 – K = 0, différence souvent appelée valeur actualisée nette (VAN). Ainsi, le TIR est la valeur de t qui annule la VAN. Quand t > r, l’investissement est profitable ; il ne l’est pas quand t < r.
Remarques :
• Quand le taux d’intérêt réel r augmente, les opportunités d’investissement se réduisent.
• Le TIR correspond à ce que Keynes appelle l’efficacité marginale du capital.
Dualisme sectoriel (A. LEWIS)
Le modèle « dynamique » d’économie duale qui a exercé la plus grande influence est le modèle élaboré par A.Lewis. Comme Rostow, A.Lewis soutenait que la clé de développement économique résidait dans une accumulation rapide du capital et que le problème central de la théorie du développement est de comprendre comment une économie passe de 5% à 15% d’investissement. Pour cela, il se concentre sur les relations intersectorielles. Le modèle de Lewis comprend 2 secteurs :
• Le secteur capitaliste ou secteur moderne
• Le secteur de subsistance ou secteur traditionnel .
Selon le raisonnement de A.Lewis, le secteur de subsistance dispose des mains d’œuvre excédentaires par rapport au secteur moderne . Par contre, dans le secteur moderne, il y a une accumulation de capital suffisant pour mobiliser des nouvelles mains d’œuvre. Ce qui entraîne le déplacement des mains d’œuvre excédentaires du secteur traditionnel vers le secteur moderne. La faible accumulation de capital dans le secteur traditionnel ne permet à ce dernier d’étendre ses activités donc d’absorber des mains d’œuvre. Le monde rural malgache est caractérisé par la faible intensification agricole due à l’absence d’accès au crédit, ce qui favorise l’exode rurale. Or, le secteur industriel à Madagascar n’a pas encore la capacité d’absorber la totalité des mains d’œuvre éjectées du secteur rural. A la limite, on assiste à l’amplification du chômage urbain.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE DU ROLE DU CAPITAL
Chapitre I : La vertu du capital
1-Vision physiocrate du rôle du capital
2-Capital : facteur mobilisateur de travail(A.Smith)
3-Capital : facteur de production(Néoclassiques)
4-Dualisme sectoriel(A.Lewis)
5-Théorie de cercles vicieux : pauvreté auto-entretenue(Ragnar Nurkse)
Chapitre II : les obstacles au développement du marché financier rural
1-Théorie de taux d’intérêt
1.1 Approche néoclassique
1.2 Approche keynésienne
1.3 Taux d’intérêt et taux d’inflation
2- Déterminants du rationnement du crédit
3- théorie de coût de transaction
3-1 théorie de R.Coase
3-2 L’approche néo-institutionnelle
4-théorie d’arbitrage financier en environnement incertain(R.Lucas)
5-Equilibre de Nash
6-Théorie de Marc LABIE
PARTIE II : IMPORTANCE DU FINANCEMENT DU MONDE RURAL
Chapitre I : Etat des lieux du financement rural
1- Caractéristiques
2- Services financiers informels
3- Services financiers formels
3-1 la microfinance
3-1-1définition
3-1-2 les formes organisationnelles en microfinance
3-1-2-1 les mutuelles d’épargne et de crédit
3-1-2-2 les caisses villageoises d’épargne et de crédit autogérés
3-1-3 cadre juridique
3-1-4 Remarques générales sur le système actuel de financement rural
3-1-4-1 Les forces et les faiblesses du système actuel de financement rural
3-1-4-2 Evolution de crédit accordé
3-2 les projets de développement
3-3 Banque agricole : BTM/BOA
3-4 les autres acteurs en finances rurales
Chapitre II : Monde rural, levier du développement
1-Développement du secteur privé
2- Source de revenu
3-Produit alimentaire
4-Importance de la croissance agricole pour la réduction de la pauvreté
5-Débouché industriel
PARTIE III : ENJEUX DU FINANCEMENT RURAL
Chapitre I : Défaillance des marchés financiers ruraux
1-les risques liés aux activités de microfinance
1.1 les risques du portefeuille
1.2 le risque de crédit
1.3 Le risque de taux et le risque de change
2-Echecs des projets de crédit agricole
3-Faible taux de recouvrement
4-Manque de garantie
5-Non disponibilité de fonds de contrepartie
6-Imprfection des marchés des emprunts
7-Faible utilisation des intrants agricoles
8-Déterioration de l’environnement
9- Dépenses publiques pour l’agriculture
10-Faiblesse du marché financier
Chapitre II : Défis à relever pour le développement de la finance rurale
1-Accès des pauvres au crédit
2-Mobilisation de l’épargne rurale
2-1 Système bancaire
2-2 Coopérative d’épargne et de crédit
3-Facteurs déterminants de la mobilisation de l’épargne
4-Politique monétaire adéquate
5-Intervention efficace de l’Etat
6-Environnement macroéconomique
7-Impact de la pression fiscale sur l’épargne
Conclusion
ANNEXES