Vision différenciée des statuts et rôles des femmes

À Madagascar, les femmes représentent un peu plus da la moitié de la population. Au sein du foyer, elles sont au centre des décisions qui concernent la gestion et fa survie de la famille. Dans les milieux défavorisés, elles constituent souvent le seul soutien de la famille (au plan national, environ 20 % des ménages sont dirigés par une femme, et ces ménages sont le plus souvent monoparentaux).

Conscient de cette situation de la femme malgache, l’État a décidé de faire de la promotion de celle-ci une priorité :
– en reconnaissant dans la Constitution l’égalité des droits à tous les citoyens ;
– en ratifiant en 1988, la convention des Nations Unies pour l’élimination de toute forme de discrimination à I égard des femmes (CEDAW) ;
– en adoptant en Septembre 1995 le programme d’action mondial pour la promotion de la femme et en Septembre 2000, la Déclaration du Millénaire qui réaffirme la volonté des gouvernants de « promouvoir l’égalité des sexes et I’autonomisation des femmes, en tant que moyen efficace de combattre la pauvreté, la faim et la maladie et de promouvoir un développement réellement durable » ;
– en adoptant en 2004, le Plan d’Action National Genre et Développement (PANAGED) ayant pour but de fournir à l’État et à ses différents partenaires un instrument d’exécution, de coordination et de suivi de la Politique Nationale de la Promotion de la Femme dont la mise en œuvre va contribuer à l’amélioration du statut social, économique, juridique et politique de la femme dans la perspective d’un développement qui soit durable parce qu’il aura été équitablement réalisé.

LE CONCEPT « GENRE » 

Selon la conférence nationale sur les problèmes du genre à Madagascar, les 04 et 06 Mars 1997 :

La notion de genre a été éclairée à travers l’existence de trois approches concernant les relations entre hommes et femmes ainsi que l’importance de leur rôle dans la société. Il s’agit du déterminisme biologique, du point de vue existentiel, et de l’approche genre et développement.

Dans le premier cas, le légitimité des différences de genre est justifiée par ses partisans par les différences biologiques naturelles (le sexe).

Dans le deuxième cas, les différences biologiques sont à la base des caractères essentielles et éternels de chaque type de genre : la femme est qualifiée comme étant faite pour élever les enfants, faire le ménage, pour être douce, compréhensive…

Ainsi ces deux tendances tentent de justifier la légitimité des inégalités de droit et de devoir de l’homme et de la femme dans la société ; tandis que la troisième tendance, la plus progressiste, est « l’approche genre et développement » qui, d’une manière dialectique, tout en acceptant l’existence des différences biologiques, considère que les différences et les inégalités refusent ainsi leur légitimité. L’approche genre et développement qu’en termes de partenariat de l’homme et de la femme, qui constituent les deux types de force productive humaine.

Anthropologiquement, le terme « genre » a été conventionnellement adopté pour désigner les élaborations culturelles (s’il y en a) sur les différences hommes-femmes. Il remplaçait le mot « sexe » qui était dorénavant réservé pour désigner les « fonctions physiologiques et attributs anatomiques ». On peut définir le «genre» comme « l’analyse des interrelations entre des hommes et des femmes et le rôle du genre pour structurer les sociétés humaines, leurs histoires, leurs idéologies, leur systèmes économiques et les institutions politiques ».

VISION DIFFERENCIEE DES STATUTS ET ROLES DES FEMMES

La femme vouée à la subordination universelle 

Vision chrétienne

Une religion, comme le souligne Émile Durkheim dans son introduction aux formes élémentaires de la vie religieuse, n’est pas seulement « une spéculation sur le divin». On trouve aussi dans les traditions religieuses « les premiers systèmes de représentations que l’homme s’est fait du monde et de lui-même ». Ces représentations ont des implications pratiques. Dire comment l’homme et la femme sont apparus ou comment ils se sont différenciés, c’est définir en même temps, explicitement ou non, les normes qui doivent régir leur comportement et leur place dans le champ social.

Par ses deux variantes que sont le protestantisme et le catholicisme, la doctrine chrétienne introduit à Madagascar une notion totalement étrangère à la culture traditionnelle malgache qui est le notion essentielle de « péché originel » dont « Ève (la femme) fut le principal instrument, produit dérivé de l’homme en ce qu’elle aurait été créée après lui et à partir d’une de ses côtés., pécheresse notaire à l’origine de toutes les souffrances humaines, la femme a toutes les raisons pour se sentir inférieure et pour être traitée comme telle. Ce complexe de conceptions et de croyances devient progressivement la base de l’idéologie courante selon laquelle l’infériorité féminine et la supériorité masculine sont naturelles, instaurées et consacrées par la volonté divine elle-même. L’état subordonné de la femme sera généralisé par ses relations avec l’homme dans tous les domaines de la vie : domestique, publique, professionnelle…

Bref, l’œuvre de missionnaires au XIXe siècle a instauré la plupart des normes, des images et des règles de conduite qui « infériorisent » la femme et qui régissent fortement la société malgache actuelle.

Toutefois, l’œuvre missionnaire fut également à l’origine de nouvelles images positives de la femme et des actions sur le plan juridique menées en sa faveur. Élève modèle des missionnaires protestants et première reine chrétienne, Ranavolana II apporta un certain nombre d’améliorations juridiques en faveur de la femme dans les rapports matrimoniaux. Sous la forme de décisions royales consignées dans le fameux CODE DES 305 ARTICLES annoncé au peuple le 29 Mars 1881 , ces améliorations portaient sur l’interdiction de la polygamie, la suppression juridique des différentes formes de mariage de convenance, la suppression du lévirat, l’interdiction de la répudiation unilatérale de l’épouse par son mari et l’égalité des droits de l’homme et de la femme dans rengagement des premières plaintes en vue de la séparation.

En ligne droite de l’Encyclique PACEM IN TERRIS du Pape Jean XXIII, « le 3eme congrès mondial pour l’apostolat des laïcs à Rome » en Octobre 1967 consacre plusieurs recommandations sur la promotion féminine, d’accorder aux femmes tous les droits et toutes les responsabilités du chrétien au sein de l’Église catholique, d’ouvrir aux femmes compétentes et qualifiées toutes les portes des commissions pontificales et de les consulter sur la révision du droit canon.

Vision des chercheurs 

Le domaine culturel 

Le concept d’une seule et unique femme malgache est le résultat des mouvements féministes des années 70 qui supposaient que « la femme » formerait une catégorie naturelle, évidente, qui allait de soi. Au cours des années 80, ce concept de « femme » a été examiné et rejeté puis remplacé par le concept de « genre ». De nombreuses nouvelles études ont démontré que les définitions de «la femme» (comme celle de « l’homme ») ne sont pas universelles, mais relatives. Elles sont multiples et varient d’une société à une autre, à travers l’espace et le temps. Bref, une femme universelle ne peut pas exister, pas qu’une femme générique malgache.

Subordination universelle 

Quelques chercheurs entreprirent l’étude approfondie d’une société particulière mais la plupart de ces premières études tentaient des comparaisons globales pour tester des théories de « subordination ». Les deux modèles majeurs étaient celui du « public-privé » et de « nature-culture ». La théorie du « public-privé » (ou public-domestique) proposée par Michelle Rosaldo (1974) considérait que la dévaluation universelle des activités féminines est due au fait qu’il y a une opposition universelle entre Je monde privé (domestique) et le monde public. La femme est associée à un monde domestique à cause de son rôle de mère qui la rend « individualiste et particulariste ». Les activités masculines, par contre, notamment la guerre et le commerce à distance, se tiennent dans l’espace public et dépendant des réseaux sociaux. En fin de compte, le monde public mâle entoure et domine le domaine féminin privé.

La théorie de la nature-culture de Sherry Ortner (1974) expliquait que les femmes sont universellement associées à la nature à cause de leurs attributs corporels (la menstruation, la grossesse, la lactation), leurs rôles sociaux (maternels, le contexte domestique) et à cause de leur psychologie spéciale (dépendante, educatrice). Pourtant les femmes ne représentent pas « la nature pure et simple » parce qu’elles font aussi des activités valorisées, elles occupent des places intermédiaires entre la nature et la culture. C’est en fonction de l’évaluation que fait une société sur ce rôle intermédiaire que les femmes auront un statut « élevé » ou « bas ».

Dans son ouvrage « La domination masculine », Pierre Bourdieu analyse cette domination comme une violence symbolique. Le détour par l’ethnologie et notamment l’étude des rites Kabyles lui permet de mettre à jour une « sociodicée masculine » construite autour d’une série d’oppositions fondamentales : femme/homme ; nature/ culture ; intérieur/extérieur; bas/haut; courbe/droit; humide/sec… oppositions qui valorisent le pôle masculin et dévalorisent de manière concomitante le pôle féminin. Ces oppositions, que l’on retrouve dans nombre de sociétés, sont ancrées dans les structures cognitives et fonctionnent comme des schèmes de pensée, de perception et d’action.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CADRE D’ETUDE
Chapitre-I- Vision différenciée des statuts et rôles des femmes
Chapitre-Il- État des lieux du genre à Madagascar : une vision historique plus généralisée
Chapitre-lIl- Présentation du milieu d’enquête : Caractéristiques générales d’Ankadinondry Sakay
DEUXIEME PARTIE : QUELQUES ASPECTS SUR LES CONDITIONS DE VIE DES FEMMES
Chapitre-IV- Étude de cas analyses et interprétations des résultats d’enquête
Chapitre-V- Résultats et Interprétations des données d’étude
TROISIEME PARTIE : APPROCHES PROSPECTIVES
Chapitre-VI- L’application de l’approche genre dans le cadre institutionnel à Madagascar
Chapitre-VII- Bilan général de l’étude : causes de la pérennité des inégalités fondées sur le genre
Chapitre-VIlI- Approche prospective en terme spécifique (essai de projet relatif au cas de la commune rurale d’Ankadinondry Sakay)
CONCLUSION

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