Violence conjugale
Démarche de recherche bibliographique
Les mots clés qui ont été utilisés pour documenter la problématique sont : « violence conjugale », « domestic violence », « intimate partner violence », « enfant », « child », « parent », « perception », « conséquence », « consequence », « risque » « risk », « besoin » et « need ». Les bases de données documentaires et les plateformes de recherche qui ont permis d’identifier des articles pertinents pour la recherche sont PsycInfo, Social services abstract, Érudit, Proquest, JSTOR, EBSCO HOST, ScienceDirect, Google scholar et le site Internet de la bibliothèque de l’Université Laval. En plus d’avoir cherché des articles en ligne, la liste des références de différents articles liés au thème de recherche ainsi que la veille scientifique du Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale et la violence faite aux femmes (CRI-VIFF) ont été consultées. Depuis janvier 2013, cette veille scientifique compile mensuellement les nouvelles publications en lien avec la violence conjugale et une section de cette veille est consacrée aux publications qui portent sur l’exposition des enfants à la violence conjugale. La stratégie de recherche utilisée pour développer cette veille a été élaborée par le CRI-VIFF et une spécialiste en recherche documentaire afin de recenser de façon exhaustive les publications pertinentes dans plusieurs bases de données et plateformes de recherche1. Chaque veille scientifique du CRI-VIFF compile mensuellement une soixantaine de références.
Définition et prévalence de la violence conjugale
Différentes conceptualisations de la violence conjugale existent. Dans le cadre de la présente recherche, c’est celle proposée par Johnson (2006; 2008, 2014) qui est utilisée. Ce dernier a développé une typologie qui présente quatre dynamiques de violence conjugale : 1) le terrorisme intime, 2) la résistance violente, 3) la violence situationnelle et 4) le contrôle violent mutuel (Johnson, 2008). Pour faire la distinction entre ces quatre dynamiques de violence, la notion de contrôle coercitif est centrale. En effet, c’est en identifiant si un ou les deux membres du couple utilisent la violence comme un moyen de contrôle que l’on peut déterminer quelle dynamique de violence est vécue par le couple. Le contrôle coercitif se manifeste lorsqu’une personne utilise de façon récurrente plusieurs tactiques pour contrôler son partenaire. Il ne s’agit donc pas d’un acte isolé, mais d’un « pattern » qui se répète dans le temps ainsi que dans une variété de situations. Le contrôle coercitif installe un régime formel de domination et est utilisé pour affirmer son pouvoir sur son partenaire (Stark, 2014). Les tactiques de contrôle coercitif qui peuvent être utilisées sont les suivantes (Johnson, 2006; 2008; 2014) :
La dynamique du terrorisme intime survient lorsqu’un des deux partenaires utilise la violence pour contrôler l’autre : le contrôle s’installe à long terme et se manifeste de différentes manières. Selon Johnson (2014), l’homme est l’auteur de ce type de violence dans 97 % des situations qui impliquent un couple hétérosexuel. La deuxième dynamique identifiée par Johnson (2014) est la résistance violente. Elle survient lorsque l’un des deux partenaires, plus souvent l’homme, utilise la violence pour contrôler l’autre. Dans cette dynamique, le conjoint qui est victime se défend ou résiste à la violence de son partenaire en étant lui-même violent, bien que non contrôlant. Dans 96 % des cas de résistance violente, la victime est une femme (Johnson, 2014). Les couples qui vivent dans une dynamique de violence situationnelle, pour leur part, voient un ou les deux membres du couple être violent(s), sans pour autant être contrôlant(s). La violence est plutôt le résultat de conflits de couple qui escaladent en gravité jusqu’à l’usage de la violence. Dans la dynamique du contrôle mutuel violent, les deux partenaires usent de violence pour contrôler. Selon Johnson (2006), cette dynamique est plutôt rare. Katz (2016) rapporte que le vécu des enfants exposés à une dynamique de violence conjugale où le contrôle coercitif est présent prend une couleur particulière et qu’il est susceptible d’entraîner des besoins différents de ceux d’enfants exposés à une dynamique de violence situationnelle. Selon elle, les recherches futures doivent tenir compte de cette réalité afin d’être en mesure d’adapter les interventions en conséquence. C’est pour répondre à cette préoccupation que la typologie de Johnson a été choisie pour définir la violence conjugale dans la présente recherche.
La violence conjugale concerne les personnes de tous les âges, qu’ils vivent une relation maritale, extramaritale ou amoureuse (Gouvernement du Québec, 1995). Cette problématique peut affecter les personnes indépendamment de leur genre, de leur orientation sexuelle, de leur ethnie, de la religion à laquelle ils adhèrent ou de leur niveau socioéconomique (Fife & Schrager, 2012). Différentes formes de violence peuvent être vécues au sein d’un couple. Lorsqu’on considère uniquement la violence physique et sexuelle, la prévalence de la violence conjugale atteint 4 % au Canada entre 2009 et 2014 (Statistique Canada, 2016). Elle atteint 14 % lorsqu’on considère la violence psychologique et l’exploitation financière vécue au cours de la vie des Canadiens (Statistique Canada, 2016). Ces données sont probablement réductrices, car la violence conjugale réfère aussi à d’autres formes de violence, telles que la violence spirituelle, la violence sur les objets ou sur les animaux et le harcèlement criminel (Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale et la violence faite aux femmes, 2014). De plus, on sait que moins d’une victime de violence conjugale sur cinq (physique ou sexuelle) (19%) signale sa situation aux autorités (Statistique Canada, 2016).
Définition et prévalence de l’exposition des enfants à la violence conjugale
Selon Holden (2003), l’exposition des enfants à la violence conjugale peut être directe ou indirecte. Les enfants peuvent être exposés lors d’épisodes de violence prénatale, en entendant ou en voyant des actes violents, en vivant les conséquences de la violence et en entendant des récits d’actes subis. Les enfants peuvent aussi être impliqués directement dans la violence conjugale en étant directement violentés, en intervenant pour défendre le parent victime de violence conjugale ou en participant à la violence commise à l’égard du parent victime. Ces formes d’exposition peuvent être vécues en cooccurrence et peuvent changer ou évoluer en gravité avec le temps. Pour certains enfants, l’exposition à la violence conjugale est vécue conjointement avec d’autres formes de maltraitance (Bourassa, 2007; Chan, 2011; Estefan et al., 2013; Goddard & Bedi, 2010; Grasso et al., 2016; Institut de la statistique du Québec, 2013; Lamers-Winkelman, Willemen & Visser, 2012). Dans tous les cas, l’enfant n’est pas indépendant de la situation de violence conjugale, car la dynamique conjugale le place dans un climat constant de peur et de tension (Lessard, Damant, Brabant, Pépin-Gagné & Chamberland, 2009).
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Table des matières
Résumé
Table des matières
Liste des figures
Liste des abréviations
Remerciements
Introduction
Chapitre 1. Problématique
1.1 Démarche de recherche bibliographique
1.2 Définition et prévalence de la violence conjugale
1.3 Définition et prévalence de l’exposition des enfants à la violence conjugale
1.4 Conséquences de l’exposition des enfants à la violence conjugale
1.5 Facteurs de risque et facteurs de protection
1.5.1 Caractéristiques personnelles
1.5.2 Caractéristiques familiales
1.5.3 Caractéristiques environnementales
1.6 Forces et limites des études consultées
1.7 Objet d’étude
1.8 Pertinence scientifique et sociale
Chapitre 2. Cadre conceptuel
2.1 Paradigme épistémologique
2.2 Définition de la notion de besoin
2.3 Typologie des besoins des enfants
Chapitre 3. Méthodologie
3.1 Approche privilégiée et type de recherche
3.2 Échantillonnage
3.2.1 Recrutement des participants
3.3 Échantillon à l’étude
3.4 Modes de collecte des données
3.4.1 Outils de collecte des données
3.5 Analyse des données
Chapitre 4. Résultats : Besoins des enfants exposés à la violence conjugale
4.1 Besoin d’aide
4.2 Besoin d’une vie de famille
4.3 Besoins affectifs
4.4 Besoin de comprendre, de s’exprimer et d’être écouté
4.5 Besoin de sécurité et de stabilité
4.6 Synthèse des convergences de points de vue entre les mères et les pères
4.7 Liens entre les besoins des enfants exposés à la violence conjugale
Chapitre 5. Résultats : Variations des besoins perçus chez les enfants exposés à la violence conjugale selon le genre du parent et l’âge des enfants
5.1 Comparaison des points de vue des mères et des pères
5.1.1 Besoin d’une vie de famille
5.1.2 Besoins de comprendre, de s’exprimer et d’être écouté
5.1.3 Besoin de sécurité et de stabilité
5.1.4 Besoins prioritaires
5.1.5 Synthèse des différences de points de vue entre les mères et les pères
5.2 Variations des besoins des enfants en fonction de leur âge
Chapitre 6. Discussion
6.1 Liens entre les résultats, le cadre conceptuel et les écrits scientifiques
6.2 Différences entre les points de vue des mères et des pères
6.3 Résultats novateurs et recommandations associées
6.4 Forces et limites
Conclusion
Bibliographie
Annexes
Annexe A. Contact avec les gestionnaires
Annexe B. Premier contact en personne avec les intervenants
Annexe C. Document d’informations à remettre aux intervenants
Annexe D. Document d’information à remettre aux parents
Annexe E. Document d’information à remettre aux intervenants
Annexe F. Courriel à l’intention des parents
Annexe G. Premier contact téléphonique avec les parents
Annexe H. Formulaire d’engagement à la confidentialité
Annexe I. Formulaire de consentement
Annexe J. Guide d’entrevue
Annexe K. Questionnaire autoadministré
Annexe L. Exemples d’incohérences entre les résultats obtenus aux entretiens individuels et au questionnaire autoadministré
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