VILLES ET AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

LA VILLE : ELEMENT STRATEGIQUE D’AMENAGEMENT DE L’ESPACE

       La ville a fait l’objet d’une importante recherche en géographie soit du point de vue de l’analyse descriptive, soit par des tentatives d’approche théorique. La démarche géographique s’est toujours inscrite dans le paradigme déterministe. La géographie urbaine n’a pas échappé à cette vision pour laquelle les faits de site et de situation sont des données de base pour l’étude des villes. « Pendant longtemps, la géographie s’en est tenue à la description des faits observés : il lui manquait la capacité d’expliquer une science. De ses observations, elle n’a pas tenté d’inférer une théorie ». (ISNARD.H; RACINE.J.B et REYMOND.H,1981). Les travaux de recherche du géographe Allemand CHRISTALLER.W sur la théorie des places centrales ont beaucoup contribué au renouvellement des concepts en géographie. Il ne s’agit pas de faire une synthèse générale des courants de pensée sur les réseaux urbains, mais de rappeler uniquement ceux qui jalonnent le discours sur le réseau urbain : la théorie des places centrales de CHRISTALLER.W, la théorie des pôles de développement, et l’analyse hiérarchique des fonctions tertiaires des villes. A propos de la distribution des établissements humains HAGGETT.P (1973) écrit que « l’aspect de la répartition des populations humaines à la surface de la terre est comparable à un ciel étoilé : on y distingue aisément des galaxies et des constellations formées de groupements de populations d’importance très inégale. Les quelques grands centres métropolitains ressortent nettement, tandis qu’à l’autre extrémité de l’échelle une myriade de petites communautés rurales se trouve à l’extrême limite de notre capacité de discernement statistique ». Il s’agit ici d’étudier les « localisations respectives des centres, leurs dimensions et leur insertion au sein d’une hiérarchie » (CLAVAL.P, 1981). Déjà, dès 1929 REILLY.W.J, dans une étude sur les aires d’attraction commerciales des villes américaines allait ouvrir une voie féconde dans l’analyse des réseaux et hiérarchies urbains. La question fondamentale posée par CHRISTALLER.W en 1933 demeure d’actualité : « y-at-il des lois qui déterminent la taille, le nombre et la distribution des lieux centraux ». Les modèles théoriques de CHRISTALLER.W apportent une réponse qui met en évidence l’importance non seulement des forces des champs spatiaux, mais aussi leur stabilité dans le temps.

La région humaine

       A cette conception naturaliste de la région s’ajoutent les notions de région historique et humaine qui sont des forces d’organisation de l’espace résultant des actions de l’homme et de faits géographiques. Selon BRUNHES.J (1910), les régions naturelles sont hiérarchisées par leur homogénéité naturelle alors que les régions historiques sont des régions hétérogènes façonnées par les vouloirs humains, par une histoire commune. La prise en compte de la dimension humaine a été consacrée par l’approche de la géographie comme science du paysage (SCHLÜTER.O, 1872-1959). La notion de paysage peut signifier espace au sens large ou région. L’approche part d’une description du paysage à travers ses composantes physiques, naturelles puis les activités humaines qui s’y superposent. Il s’agit du paysage culturel. Le paysage naturel, original est antérieur à l’entrée sur scène de l’homme. La géographie du paysage intéresse à la fois des faits naturels et de culture à la différence de la conception écologique.

L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET LA PRODUCTION DE DONNEES

      La production de données (études thématiques, rapport de synthèse, création de base de données, réalisation de carte thématique), est un élément fondamental dans la prise de décision en matière d’aménagement du territoire au Sénégal. C’est ainsi qu’aussi bien pour la réalisation de certaines opérations spécifiques d’aménagement, que pour la réalisation du PNAT, beaucoup de documents ont été produits. De 1959 à 1969 la CINAM CERESA qui faisait office de bureau d’études pour le Bureau d’Aménagement des Terroirs avait réalisé de nombreuses enquêtes qui, bien que destinées à la structuration du monde rural, étaient aussi des études préalables à tout travail d’aménagement. L’intérêt de la DAT, pour la collecte d’une importante documentation pour la réalisation de sa mission, s’est révélé quand la décision a été prise de réaliser le schéma 95 d’aménagement du territoire. C’est à partir de ce moment que des réflexions ont été menées :
– sur l’inventaire des ressources et les méthodologies de collecte et de traitement de l’information ;
– sur l’exploitation de la documentation existante portant sur de nombreuses études relativement récentes ;
– sur la présentation des fiches documentaires et sur les fichiers à élaborer pour l’exploitation des sources d’informations.
Ces réflexions ont abouti à l’utilisation des documents CINAM et d’autres informations qui ont permis l’élaboration par la DAT de nombreuses études qui ont jalonné le processus qui a abouti à la réalisation du PNAT. Il s’agit notamment :
ƒ des études et enquêtes pour la mise en œuvre de la loi sur le domaine national en rapport avec les décrets n° 64-573 et n° 64-574 du 30 Juillet 1964 et n° 66-858 du 7 Novembre 1966 relatifs à l’application de loi sur le domaine national.
ƒ des études sur la mise en oeuvre de la réforme administrative territoriale et locale en 1972 ;
ƒ les études sur la décongestion du bassin arachidier et le projet de colonisation des terres neuves ;
ƒ du Schéma National d’Aménagement du Territoire qui contient des propositions générales pour un schéma 1995 d’aménagement du territoire (DAT 1968) en insistant sur une meilleure répartition dans l’espace des activités et des hommes pour obtenir un niveau de production plus important, une redistribution plus équitable des revenus et une atténuation de la dépendance vis à vis de l’extérieur.
ƒ du schéma national d’aménagement du territoire horizon 2000 (DAT 1972), reconduit les objectifs définis par le « schéma 1995 » en y ajoutant notamment : le décongestionnement du bassin arachidier par une politique de colonisation des terres neuves, la protection de l’environnement et la mise en œuvre de la loi sur le domaine national, parallèlement à la réforme administrative.
ƒ du Schéma National d’Aménagement du Territoire en 1984 (Secrétariat d’état à la décentralisation, PNUD-DTCD, Dakar 1984) qui synthétise l’ensemble des documents recueillis sur l’espace sénégalais. L’occupation et sur les perspectives démographiques à long terme, sont mises en évidence, constituant ainsi une référence indispensable pour la connaissance globale du pays et de ses mécanismes d’évolution ;
ƒ de l’Atlas pour servir à l’aménagement du territoire – DAT/ 1977 ;
ƒ de la Définition d’une politique urbaine – DAT / PNUD / 1987 ;
ƒ de l’Esquisse du PNAT, (DAT/ Ministère de l’Intérieur, PNUD/DTCD, Dakar 1989) ;
ƒ de la réalisation des enjeux et mécanismes démographiques pour les dix (10) régions du Sénégal à travers le projet Sen 88/P05 « Population et aménagement régional » financé par le FNUAP ;
ƒ enfin du PNAT adopté en janvier 1997 le Conseil Interministériel sur l’Aménagement du Territoire et qui comprend un Plan Général d’Aménagement du Territoire et dix (10) schémas régionaux d’aménagement du territoire.
L’ensemble de ces études et rapports fournissent des informations intéressantes et font ressortir les cadrages territoriaux dont les villes sont des éléments clés. Parmi ceux-là on peut retenir : les documents du PNAT et SRAT et les divers documents de planification urbaine. Dans ce lot, les Schémas d’Urbanisme Intégrés tels qu’ils sont conçus aujourd’hui, sont de véritables outils pour confirmer les solidarités dynamiques existant entre la ville et le territoire (notion d’externalité). Ils constituent, de ce fait, le cadre de moyen et long termes pour optimiser les décisions relatives à la structuration souhaitable de l’espace, compte tenu des perspectives démographiques, sociales et économiques contenues dans les plans de développement régionaux et nationaux. Ainsi les schémas d’urbanisme intégré, en tant qu’instrument de planification stratégique, ont pour objet l’organisation de l’espace à l’échelle de la nation, de la région ou de l’ensemble constitué par une agglomération urbaine et sa zone d’influence (territoire complémentaire). Il s’agit de faire le point sur tout ce qui permet, aujourd’hui, de donner des éclairages plus précis des réalités ville et aménagement du territoire. Autrement dit, quels sont les éléments d’information disponibles, capables de documenter une réflexion approfondie sur les concepts : ville et aménagement du territoire. La première opération de collecte de données démographiques du Sénégal indépendant remonte en 1960. Les pouvoirs publics avaient décidé de lancer une enquête démographique nationale dans le but de disposer d’une connaissance suffisante de la population, pour permettre l’élaboration d’un plan de développement économique et social adapté aux ressources humaines. Cette opération exécutée par la Direction de la Statistique a été financée par le Fonds d’Aide et de Coopération (FAC).

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
I. Position de recherche et considérations conceptuelles
II. Problématique
III. Considérations méthodologiques
PREMIERE PARTIE : PROCESSUS D’URBANISATION AU SENEGAL
I. Genèse du réseau urbain au Sénégal
II. Dynamique urbaine
III. Mobilité et croissance urbaine
DEUXIEME PARTIE : RESEAU URBAIN ET ORGANISATION DE L’ESPACE
I. La hiérarchie des villes selon la taille
II. La hiérarchie des villes selon leur niveau d’équipement
III. Base économique et financière des villes
IV. Fonctionnalités et attractivités des villes
V. Essai de synthèse des aires d’attraction des villes
TROISIEME PARTIE : AMENAGEMENT DU TERRITOIRE, INTÉGRATION RÉGIONALE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE
I. Etat des lieux
II. Dynamiques des conceptions de l’aménagement du territoire
III. Une nouvelle politique d’aménagement du territoire pour accompagner la décentralisation
IV. Préparer les territoires aux nouvelles dimensions sous- régionales et mondiales
CONCLUSION GENERALE
Bibliographie

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