L’Espagne en fête
L’Espagne est le pays d’Europe où les diverti ssements et les fêtes sont les plus répandus. Le pays est divisé en 17 communautés autonomes possédant chacune leur propre langage, leurs propres rites et coutumes mais notamment leur propre culture. Ainsi les jours de fêtes varient selon les communautés, la localisati on géographique et la croyance religieuse. Splendeur, allégresse et imaginati on populaire sont les caractères essenti els des fêtes espagnoles. Les grandes festi vités, ponctuant l’année, ont comme protagonistes et comme spectateurs les gens du peuple, conscients de leur double rôle simultané. Les fêtes, phénomène propre de notre vitalité, se succèdent dans l’espace et dans le temps presque sans interrupti on. Les voyageurs trouveront un moment propice pour assister à l’un ou l’autre de ces évènements magiques et spectaculaires ; altérant ainsi le rythme quoti dien de la société espagnole.
La ville de Séville
Situation
Séville, ville du Sud de l’Espagne, est également la capitale de la province de Séville et de la communauté autonome d’Andalousie. Située au cœur économique, politi que et culturel de l’Andalousie, Séville consti tue l’une des plus importantes villes du pays, mais aussi de l’Europe du Sud. Le nombre conséquent d’habitants (700 000 habitants) témoigne également de l’importance de la capitale au sein de l’Espagne. Située dans la vallée du Guadalquivir, Séville bénéficie d’un emplacement privilégié ; défi ni par deux caractéristiques géographiques majeures. D’une part, la ville est traversée par le fleuve du Guadalquivir ; offrant ainsi un accès à la mer et par conséquent une voie essentielle au développement du commerce fluvial. D’autre part, dominant la plaine du Guadalquivir, la ville exploite, depuis des siècles, les plaines légèrement ondulées, pour leur fertilité. Desservie par un réseau dense de communication, la ville se trouve à 125 km de Cadix, 140 km de Cordoue, 219 km de Málaga, 250 km de Grenade, 541 km de Madrid et 1046 km de Barcelone.
Historique
Séville fut édifi ée au VIIIème siècle, tout d’abord par les Ibères, puis devint en 45 avant JC, une colonie romaine. Au cours des siècles suivants, elle fut envahie, tour à tour, par les Vandales puis les Wisigoths. Séville fut, par la suite, occupée par les Maures en 712. S’en suivit une longue période de colonisati on arabo-musulmane. En 1023, elle subit la dominati on des Abbadides, en 1091, celle des Almoravides et enfin, celle des Almohades en 1147. Cett e dernière dynasti e a laissé à la capitale andalouse des vesti ges somptueux. Conquit en 1948 par les Chréti ens, la ville de Séville connu alors un important développement commercial. Elle connue son apogée lors de la découverte de l’Amérique en 1492. Celui-ci eu une durée relati vement éphémère suite à l’occupati on Napoléonienne (1808-1812). Il fallut att endre les années 1980-1990 pour que la ville de Séville connaisse à nouveau un nouvel essor ; notamment suite à l’expositi on universelle de 1992. Sa notoriété fut ainsi reconnue à l’échelle internati onale.
Urbanisme
En tant que ville de plaine, Séville n’a pas connue de réelles diffi cultés en terme d’urbanisme. L’horizontalité de la ville est accentuée par la faible élévati on de la plupart des bâti ments ; surtout dans le centreville. En dépit des nouvelles constructi ons d’immeubles d’une hauteur relati vement importante, dans les quarti ers modernes ; les immeubles du type gratt e-ciel sont quasiment absents. Ceci étant dû à l’applicati on d’une règle implicite d’urbanisme proscrivant de dépasser la hauteur de la Giralda soit une hauteur de 98m. La cité vieille de plus de deux mille ans, conserve les traces du passage des diff érents peuples qui l’ont occupée. De ce fait, des parcs, de larges avenues et de vastes places entourent un secteur historique immense, qui conserve un habitat local à la personnalité marquée.
Caractérisé par une trame urbaine héritée de l’époque médiévale; le centre historique de Séville consti tue le cœur de la ville. La plupart des quarti ers du centre a conservé les rues et ruelles escarpées, de largeur réduite pour préserver du soleil. L’habitat traditi onnel, très resserré, ainsi que la présence imposante de monuments historiques d’époques variées infl uence profondément la morphologie de la ville. Ville moderne de part le percement d’avenues et l’aménagement de grandes places aux XIXème et XXème siècles, Séville resta néanmoins longtemps retenue dans le périmètre de l’ancienne muraille. Ce fut seulement au XXème que la ville s’ouvrir vers l’extérieur de la muraille. Le trafi c y demeure cependant diffi cile ; en raison de l’étroitesse des rues en centre-ville. Parcs et jardins parsemés au sein de la ville, créent un réel dialogue en parallèle des rues étroites. Deux projets majeurs d’aménagement urbain dominèrent la deuxième moiti é du XXème siècle. Tout d’abord l’édifi cati on à parti r des années 1960 de grandes cités dont l’objet était d’absorber l’accroissement de la populati on. Puis le projet de l’expositi on universelle de 1992 qui permis la constructi on de nouvelles infrastructures de transport, de nouveaux quarti ers, le réaménagement des quais, la restaurati on et réhabilitati on d’un nombre important d’espaces et monuments situés dans le cœur historique de la ville.
Les quartiers
Souvent développés autour des anciennes paroisses dans le centre historique, les quartiers ont évolué avec le temps et la transformati on de la ville. Le senti ment d’appartenance des habitants influe également sur la limite des quarti ers de la ville. Si les aménagements urbains des dernières décennies ont, dès la créati on des nouveaux logements, délimités les nouveaux quarti ers, la structure du centre historique est plus diffi cile à défi nir. On y disti ngue de grands ensembles ou zones (Macarena, Santa Cruz,…), eux-mêmes divisés en sous-unités, sans que ce ne soit réellement défi ni d’un point de vue légal. On trouvera ainsi à la Macarena, les quarti ers de Santa Marina ou San Julián, ou encore le quarti er de Santa Ana ‘appartenant’ à Triana, autour des églises éponymes.
L’habitat
Un habitat traditi onnel relati vement semblable à celui du reste de l’Andalousie, existe encore au sein de la ville. La demeure populaire sévillane, que l’on retrouve principalement dans les quarti ers tels que la Macarena ou San Vicente se caractérise par sa faible élévati on. Organisée autour d’un peti t pati o, la demeure est principalement composée de peti tes pièces sombres. Elle comprend rarement plus d’un ou deux étages. Celle ci est surmontée d’un toit en terrasse légèrement incliné, du fait de la faible pluviométrie locale. Une autre typologie de logement est également représentée par des immeubles collecti fs. Ceux-ci sont organisés autour d’un vaste pati o intérieur, sur lequel s’ouvrent plusieurs appartements. Parmi cet habitat populaire, se sont multi pliés les édifi ces cossus, plus élevés, et à l’architecture plus ostentatoire, à base de moulures, balcons à consoles ou en encorbellement (oriels), … Ces maisons sont souvent très colorées et situées dans les zones les plus opulentes de Séville, aménagées dans le centre (zone de la Plaza Nueva et de l’Avenue de la Consituti on, Plaza de San Bernardo,…) aux XIXe et XXe siècles. Des éléments fondamentaux dans l’architecture Sévillane sont incontournables. A l’exemple du pati o souvent agrémenté d’une fontaine; des façades en chaux assurant ainsi une blancheur éclatante à celles-ci ; mais également les fenêtres de taille réduite limitant de ce fait la pénétrati on de la chaleur. Suite à l’accélérati on de la constructi on de logements depuis quelques décennies au sein des nouveaux quarti ers, l’habitat traditi onnel de la ville a tendance à s’eff acer, au profi t de bâti ments foncti onnels d’une grande capacité d’accueil. Néanmoins, les façades restent souvent peintes de blanc, pour préserver une certaine unité urbaine. Dans le centre, les constructi ons nouvelles s’intègrent en règle générale au bâti déjà existant.
La semaine Sainte
Les origines
Au XIème siècle, après la conquête chréti enne de l’Andalousie, la prati que de la mortifi cati on se rependit. C’est pourquoi, des confréries de disciples se consti tuèrent par quarti er ou par corporati on. Lors du vendredi saint, elles avaient coutume de défi ler dans les rues en se fl agellant avec des cordes nouées ou des chardons. La prati que fut interdite au XIVème siècle par le pape Clément VI. De ce fait, les confréries des pénitents remplacèrent les mortifi cati ons par le port de la croix et par la représentati on graphique puis sculptée des scènes de la Passion du Christ. Au XVIIème siècle, les brancards transportant les ensembles statuaires furent remplacées par les actuels pasos (autels) en bois, portés de l’intérieur par une cinquantaine d’hommes, les costaleros (porteurs).
Le déroulement des processions
La semaine Sainte de Séville est la célébrati on religieuse la plus importante de la ville et l’une des plus célèbres d’Espagne. Elle est devenue un rituel récurrent chaque année ; pendant la semaine qui précède Pâques (à l’approche du printemps) ; au cours de laquelle la traditi on conserve des traces indélébiles. Ce rituel est composé de rites, soit de séquences et d’actes précis, répétiti fs et codifiés. Du dimanche des rameaux au dimanche de Pâques, une soixantaine de confréries (Hermandades y Cofradías) venant de leur quarti er, sillonnent la ville en procession afi n de conclure leur stati on de pénitence à la Cathédrale ; avant de retourner à leur point de départ. Elles empruntent chaque année des iti néraires qui leur sont propres, avec des horaires précis. L’iti néraire et les horaires sont à l’avance proclamés dans le Chapitre de la Prise d’Heure (Cabildo de Toma de Horas, insti tué à la suite du Synode de 1604 qui visait à réglementer le déroulement de la Semaine sainte) par le président des représentants du Prélat et le maire de Séville.
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Table des matières
PROLOGUE
1. L’Espagne en fête
2. La ville de Séville
2.1 Situation
2.2 Historique
2.3 Urbanisme
2.4 Les quartiers
2.5 L’habitat
3 La semaine Sainte
3.1 Les origines
3.2 Le déroulement des processions
3.3 Signifi cation des scènes de la semaine Sainte
3.4 La composition des cortèges
INTRODUCTION
I EPHEMERE URBAIN
1.1. La scène – la théâtralisation
1.1.1. Comme au théâtre ?
1.1.2. L’espace urbain – La perception du lieu
1.2. La déambulation dans la ville
1.2.1. Le mouvement
1.2.2. L’arrêt
1.2.3. Les processions
1.3. Privé/public
1.3.1. Le Dehors/dedans
1.3.2. L’individu et l’espace public
1.3.3. Public comme liberté de circulation?
1.3.4. L’occupation
II L’ECHANGE THEATRAL
2.1. Les acteurs
2.1.1. La pluralité de l’intervention
2.1.2. Une mission dans la dévotion
2.1.3. Un espace dédié
2.2. Les machinistes
2.2.1. Un devoir
2.3. Les spectateurs
2.3.1. Acteur ou spectateur?
2.3.2. Un voyage
2.3.3. Une émotion à partager
2.3.4. Nouvelle perception
2.3.5. Le dialogue
2.3.5.1. L’échange interacti f
2.3.5.2. L’échange complice
2.3.5.3. La rencontre de trois mondes
III L’EMOI PERSONNEL
3.1. Voir
3.1.1. L’apparition du soleil
3.1.2. L’obscurité
3.1.3. Les repères de la promenade urbaine
3.2. Entendre et écouter
3.2.1. Son urbain-son culturel
3.2.2. Le silence
3.2.3. La diff usion
3.3. Sentir
3.3.1. L’émotion
3.3.2. Les souvenirs
3.3.3. Invisible
3.4. Toucher
3.4.1 La ville d’ordinaire
3.4.2. La ville en fête
3.4.3. La peau
3.5. Le goût
3.5.1. Les saveurs
3.5.2. Le gout de l’éphémère
VI CONCLUSION
V MEDIAGRAPHIE