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La banque mondiale (BM)
Comme le FMI, la Banque mondiale est née des suites de la Conférence de Bretton Woods. Elle est composée de plusieurs agences dont les deux principales sont la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement, la BIRD et l’IDA ou Association Internationale de Développement. La participation à cette institution suppose l’adhésion préalable au FMI.
Les principaux objectifs de la BIRD consistent à « participer à la reconstruction et au développement de ses pays membres en favorisant les investissements en capital pour stimuler la production, accorder des garanties et des crédits afin d’encourager les investissements privés à l’étranger, compléter ces derniers par des financements appropriés. Le groupe de la Banque mondiale compte aujourd’hui 185 États membres. Il travaille dans plus de 100 pays en voie de développement et accorde une moyenne 20 milliards US $ par an de prêts et de dons.
Les objectifs et les stratégies de la BIRD
A la différence d’une « Banque » commerciale classique, la Banque Mondiale est une Banque de Développement. Elle alloue des crédits aux pays membres qui ont besoin d’emprunter des ressources pour « réduire la pauvreté et améliorer les conditions de vie ». Parfois, elle accorde aussi des financements à des organismes publics ou privés présents dans le Pays où elle intervient en vue de financer des projets bien circonscrits : des investissements spécifiques en infrastructures (énergie, transports, télécommunications), des prêts d’ajustement structurel (PAS), des prêts d’assistance technique et des prêts de reconstruction d’urgence en cas de dommages consécutifs à des catastrophes naturelles. Toutes ces demandes de prêt font l’objet d’un examen préalable qui mesure le risque économique et politique conditionnant la capacité de remboursement de l’emprunteur34.
La Banque Mondiale n’a de cesse de travailler que pour un seul but : garantir que le crédit alloué sera utilisé à des fins productives. Les prêts, consentis sur une durée de 15 à 20 ans, sont assortis d’un taux d’intérêt relativement faible mais qui est aussi indexé sur les emprunts qu’elle a elle-même contractés sur des marchés financiers pour se procurer les fonds nécessaires. Les pays membres doivent dans tous les cas garantir le remboursement des crédits accordés à des organismes privés. À la suite de l’obtention du prêt, la banque exerce un contrôle sur l’utilisation des fonds prêtés et sur la réalisation effective du projet qui fait l’objet du financement.
Les fonds de la Banque Mondiale sont essentiellement alimentés par les contributions des États adhérant au capital de la banque. Le montant de celles-ci est déterminé pour chaque État membre en fonction du poids de son économie. Seuls 8,5% du montant de ces contributions sont immédiatement mis à disposition et constituent son encaisse de fonctionnement. Le solde, soit l’essentiel des fonds mis
sa disposition, constitue une créance que la Banque possède vis-à-vis de chaque État membre, qui peut être réclamée dès lors que la Banque n’est pas en mesure elle-même de faire face à ses engagements vis-à-vis de ses propres créanciers. Ce principe d’affectation du capital de la banque explique que la banque est constamment bénéficiaire depuis sa création.
De l’assistance des pays européens ruinés par la guerre à l’aide au PVD
Lors de sa création, les Pays européens ont été les principaux bénéficiaires des crédits accordés par la Banque Mondiale afin de répondre à l’impératif de la reconstruction des économies endommagées par la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, cette mission a été peu à peu assumée par l’Organisation de coopération
Quand on s’engage avec la banque mondiale, on est dans l’impossibilité de contracter d’autres formes de financements avec d’autres institutions financières sur le même projet. La BIRD exige en effet de la part des Etats membres que l’Etat emprunteur soit incapable de trouver un financement plus raisonnable que celui qui lui est proposé. Par ailleurs, il faut que le projet soit viable et a de l’impact sur le développement du pays. Cette situation a été maintes fois dénoncée par l’exécutif malgache dans les années 90 induisant l’affaire du financement parallèle, un scandale financier qui a ébranlé le microcosme politique de la grande et de développement économique (OCDE) dans le cadre du plan Marshall, de sorte que, depuis la fin des années 1960, la plupart des financements ont été accordés aux pays en voie de développement situés en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Puis au début des années 1990, le flux de financement s’est réorienté vers la Russie et les pays de l’ancien bloc soviétique (PECO-NEI).
En fait, on peut situer quatre grandes périodes dans l’évolution de cette institution qui démontrent les changements qui se sont opérés au sein de cette institution pour aboutir à l’image actuelle.
La période de l’après-guerre
De 1944 à 1962, les fonds alloués par la Banque mondiale sont presque exclusivement destinés aux infrastructures permettant de développer les exportations (minérales et agricoles). Ce mécanisme ne fait que favoriser la politique coloniale mise en place dès l’entre-deux-guerres : ce modèle profite en premier lieu aux pays les plus industrialisés car les PVD ne sont finalement que des réservoirs de matières premières ». Durant cette période, la BM n’accorde aucun prêt dans le domaine de la santé, de l’éducation, de l’approvisionnement en eau potable ou de l’assainissement des eaux usées…
Le Fonds spécial pour le développement économique (Special United Nations Fund for Economic Development, SUNFED) a été créé par les nations Unies en 1952. Il était destiné à fournir des prêts à des taux d’intérêt inférieurs à ceux de la Banque mondiale. Ce fonds est rapidement abandonné en raison du manque d’intérêt manifesté par les pays industrialisés.
Vers l’installation des appuis aux Pays nouvellement indépendants
La deuxième période de la mutation de la Banque Mondiale se situe entre les années 1962 et 1968. Elle fait le constat d’un manque d’épargne locale que les Pays du Tiers Monde doivent contrebalancer par un apport de financement extérieur. C’est à cette condition qu’ils pourront « décoller ». Il faut donc importer des capitaux, être attractifs pour les investissements étrangers. Ce leitmotiv reste encore valable aujourd’hui tant et si bien que l’on peut reprendre l’analyse d’E. TOUSSAINT36 au sujet de « La capacité à augmenter l’endettement devient l’aune à laquelle on mesure la volonté d’un pays de se développer. » Mais, derrière cette course à l’attraction des capitaux étrangers, c’est le piège de l’endettement qui prend forme car les Etats vont recourir de fait à l’endettement pour créer leur propre moyen de production.
La période entre 1968 et 1982 est donc marquée par cette course à l’endettement des Pays en Voie de Développement. R. Mc NAMARA, Président de la BM, s’est évertué à accroitre les prêts de manière exponentielle (multipliés par 12 sous sa présidence). Les banques privées et les gouvernements du Nord font de même. D’après les prévisions de la BM, les pays ne devraient avoir aucun problème à rembourser compte tenu du prix stables et élevés des matières premières et les taux d’intérêt sont relativement bas. En outre, ces prévisions estimaient que non seulement les pays du Tiers Monde vont pouvoir rembourser mais, avec les revenus d’exportation vont pouvoir acheter de la technologie et se développer avec les sommes en surplus. L’objectif annoncé est d’éradiquer la pauvreté. Pour mener bien cette politique libérale, sont créés les Prêts d’Ajustement Structurel ou PAS qui s’ajoutent aux prêts destinés à des projets précis. Mais, pour en bénéficier, il faut réaliser des réformes économiques visant à réduire le protectionnisme, le contrôle des changes et l’intervention de l’Etat. Ces mesures cadrent avec la lutte que les deux blocs de l’époque se livraient. Ces mesures visent donc à remettre les Par ailleurs, sous l’impact de la victoire de la révolution cubaine et afin d’éviter un effet de contagion, la Banque mondiale consent à donner du lest et à prendre en compte la dimension sociale du développement. Des prêts sont débloqués pour la création d’infrastructures comme des écoles, le développement de centres de santé, l’approvisionnement en eau potable ainsi que l’assainissement des eaux usées relative à l’urbanisation des NPI. De grands changements ont aussi eu lieu dans la course à la maîtrise de la révolution agricole qui découlait des premières dispositions prises par la Banque Mondiale. Ces réformes sont toujours actuellement et démontrent la capacité des institutions de Bretton Woods à se projeter dans de nouveaux défis quant aux programmes de développement d’un Pays. Le PAS et son évolution en témoigne.
L’AJUSTEMENT STRUCTUREL, UNE RESTRUCTURATION INSTITUTIONNELLE LOURDE POUR LA SITUATION SOCIALE
Parmi les rôles assignés aux institutions de Bretton Woods, il y a l’assainissement des finances des Pays en Voie de Développement. Depuis le début des années 1980, les ressources du FMI servent essentiellement à résorber la crise mondiale de l’endettement, due aux prêts excessifs octroyés aux pays en voie de développement laquelle s’est surimposée la crise énergétique et ses effets induits.
Un programme d’ajustement structurel, lié à une facilité d’ajustement structurel, est un programme de réformes économiques que le Fonds Monétaire International (FMI) ou la Banque mondiale mettent en place pour permettre aux pays touchés par de grandes difficultés économiques de sortir de leur crise économique. Il s’agit d’un ensemble de dispositions dont certaines agissent sur la conjoncture et d’autres sur les structures et qui résultent d’une négociation entre un pays endetté et le FMI pour améliorer son fonctionnement. Ces crédits sont dénommés, entre autres, prêts d’ajustement structurel ou des prêts d’ajustement sectoriel ; ils sont débloqués par tranches successives à mesure que le programme d’ajustement structurel se déroule. Les mesures attendent notamment, la mise en place :
de dispositions législatives favorisant l’initiative économique, le fonctionnement du marché et les investissements étrangers propices au développement, permettant entre autres l’ajustement spontané des agents économiques à la situation locale et à l’environnement mondial,
de dispositions de « gouvernance » contre la corruption, la bureaucratie et l’emprise de clans sur l’économie,
d’une meilleure diffusion du savoir et un encouragement de l’innovation,
de l’amélioration des infrastructures selon des modes évitant le clientélisme et limitant la constitution de monopoles,
d’un système fiscal plus incitatif aux initiatives et à la croissance économique.
Ainsi, un ajustement structurel, en tant qu’outil de transformation des modes de fonctionnement d’une économie se distingue d’une action de politique conjoncturelle, visant à lisser l’activité économique ou à faire face à des problèmes de déficit public à l’image d’une politique de rigueur ou de relance. Les problèmes conjoncturels supposent des réformes ponctuelles menées en un court laps de temps tandis que la réforme structurelle nécessite une remise en cause en profondeur des actions menées par le gouvernement « incriminé ». Celui-ci doit travailler avec la Banque Mondiale et le FMI.
Le triptyque de l’ajustement structurel repose sur un ensemble (l’Etat contractant – le FMI et la Banque mondiale, cf. fig.7) qui forme un tout et qui travaille de concert pour accompagner les actions menées dans un pays en mauvaise posture. Le détail des moyens à mettre en œuvre fait l’objet d’une négociation impliquant trois partenaires :
Les gouvernements des États en difficulté prennent en charge la préparation des plans pour sortir leurs pays de la crise ;
La BM finance des mesures nationales de restructuration et d’ajustement ;
Le FMI s’occupe de la restructuration de la dette extérieure et intérieure du pays.
Le programme économique qui sous-tend un accord, est formulé par le pays en consultation avec l’institution, puis soumis au Conseil d’administration du FMI dans une « lettre d’intentions ». Celle-ci reprend les engagements du pays concerné, qui constituent autant de conditions. Le FMI suit leur mise en place et accorde au pays des crédits pour poursuivre ces réformes. Mais les étapes de suivi du programme ont plusieurs conditionnalités.
Parmi ces conditions, certaines peuvent être considérées comme des actions proprement structurelles, il s’agit de la politique d’austérité, de la privatisation des entreprises d’État (le but est soit d’élaguer les entreprises qui pèsent sur le budget de l’Etat par leurs déficits chroniques, soit de réaliser l’actif pour diminuer l’endettement pour les entreprises rentables), du combat contre la corruption, de la non-discrimination de l’investissement (l’augmentation des droits des investisseurs étrangers) et des réformes visant à supprimer les entraves au développement économique.
LES CRITIQUES DES CONDITIONNALITES
Les réformes préconisées par le FMI ont suscitées des critiques, à la fois de la part des populations concernées que de certains économistes comme Joseph E. STIGLITZ, prix Nobel de l’économie en 2001. Les conséquences sociales ont parfois été douloureuses pour les populations. Les institutions de Bretton Woods ont même reconnu implicitement quelques erreurs et elles ont entamé des réformes. Si le FMI se défend de préconiser des politiques réduisant les dépenses sociales, la perception de la population est souvent bien différente. La dévaluation de la monnaie, autre mesure souvent préconisée par le FMI, est elle aussi souvent contestée.
Le FMI et la Banque Mondiale dans la tourmente de l’orthodoxie financière
Les politiques d’ajustement prônées par le FMI se caractérisent par une stricte orthodoxie en matière de finances publiques, laquelle s’exprime, en premier lieu, par des exigences très fortes en matière de politique budgétaire. Il s’agit, le plus souvent, d’accroître les recettes mais surtout de réduire les dépenses courantes (dépenses de personnel que l’on ne peut abaisser qu’en réduisant les salaires ou en diminuant le volume d’emploi) et de sélectionner plus sévèrement les dépenses d’investissements en les orientant vers des domaines d’activité susceptibles d’engendrer des revenus en devises étrangères fortes qui permettraient d’assurer le service de la dette. Cela se fait au détriment du tissu social du pays concerné. Dans cette optique, tout déséquilibre de la balance des paiements s’analyse comme le résultat inéluctable d’une gestion dispendieuse, une hypothèse devenue classique.
En plaçant l’austérité monétaire et budgétaire au centre des politiques d’ajustement, l’action du FMI a pu contribuer à amplifier les effets récessifs engendrés par un désordre boursier qui, à l’origine, n’est imputable qu’à la seule défaillance du marché des capitaux privés. Ainsi, en ignorant cette réalité ou du moins en minorant l’effet causal de ce type de comportement, et en imposant une conditionnalité macroéconomique très stricte, l’action du FMI ne laisse guère de place aux réflexions sur les conséquences sociales et politiques, souvent extrêmes, des politiques d’ajustement proposées38. La réforme de l’architecture financière mondiale reste plus que jamais le défi auquel le FMI doit s’atteler. Mais ce n’est pas seulement le FMI qui est sous les feux de la rampe ; la Banque mondiale est aussi concernée.
La Banque mondiale intervient dans le financement des restructurations économiques de secteurs ou d’administrations à problème dans les pays en voie de développement. Elle aide par des prêts les ajustements structurels en dehors des périodes de crise, dans une optique de prévention de celles-ci. Ainsi, les programmes d’ajustement des secteurs en difficultés sont-ils proposés, comme dans le cas du FMI, par les gouvernements et la société civile. Des conditionnalités sont édictées pour valider les étapes que se sont fixés les pays et débloquer les échéances d’aide. Enfin, la libéralisation des échanges est une réforme systématiquement prônée par la Banque mondiale afin d’améliorer la compétitivité des secteurs industriel, tertiaire ou agricole du pays et préparer son insertion dans le commerce international.
LES NOUVELLES TENDANCES DE L’AIDE INTERNATIONALE : DE L’URGENCE HUMANITAIRE A LA CONSCIENCE ECOLOGIQUE
Les nouvelles formes d’engagement dans l’aide internationale se sont diversifiées depuis la période de la décolonisation, de l’assistanat, on est passé à une forme d’aide plus volontariste au plus près des populations. Ces évolutions ont modifié la gestion des aides internationales. Et même si la répartition équitable des dividendes du développement n’est certes pas encore entrée dans les mœurs, il n’en est pas moins que les nouvelles préoccupations et impératifs s’imposent entre urgence humanitaire et conscience écologique.
L’URGENCE HUMANITAIRE, UNE AIDE PONCTUELLE
L’urgence humanitaire devient de plus en plus une partie intégrante des aides internationales. Elle concerne les aides mises en place suite à des catastrophes naturelles ou à des guerres. Ce sont autant les ONGs que les organismes rattachés aux Nations Unies qui s’en occupent. Dans la plupart des cas, les aides allouées dans les urgences humanitaires se font sous forme de dons. Un des exemples les plus marquants des aides humanitaires d’urgence est la levée de fonds qui s’est passée juste après le tsunami au large des côtes indonésiennes en 200447. L’élan de solidarité qui s’ensuivit a permis de récolter des fonds importants pour cette partie de l’Asie. Il faut dire que cette catastrophe naturelle d’une rare violence a été vécue comme un drame par la population des pays occidentaux témoins presque en direct des évènements avec la présence sur les lieux de plusieurs touristes qui ont vécu et raconté les horreurs produits par le raz-de-marée.
Le 26 décembre 2004, un séisme au sud-ouest des côtes de Sumatra (magnitude 9 sur l’échelle de Richter) engendre un tsunami d’une rare violence, qui se propage à près de 800 km/h. L’Asie du Sud-est (en particulier l’Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande, la Birmanie, l’Inde et le Sri Lanka) est submergée par deux vagues successives, qui atteignent même les côtes africaines (situées à plus de 6 000 km de l’épicentre). Le tsunami fait environ 300 000 victimes internationale pèse sur la réaction des décideurs internationaux. Mais, en ce domaine, les décisions semblent difficiles à prendre à cause des conflits d’intérêts entre les grandes nations qui paralysent parfois les actions menées.
Cependant ces aides d’urgence sont ponctuelles car elles répondent à une situation particulière. Leur fréquence est de plus en plus élevée alors que s’additionnent de nouvelles formes d’urgence tels les réfugiés écologiques, les victimes du changement climatique global…
LA CONSCIENCE ECOLOGIQUE : NAISSANCE DE LA NOTION DE DEVELOPPEMENT DURABLE DES BIENS PUBLICS MONDIAUX
Après des décennies de surexploitation des ressources naturelles, l’Objectif du Millénaire consacre cette prise de conscience. Même si elle semble tardive, plusieurs fonds pionniers travaillent maintenant de concert avec les Nations Unies pour la protection de l’environnement. Parmi les grands acteurs en ce domaine, on peut citer le WWF ou fonds mondial pour la nature qui fut créé en Suisse en 1961. Il se donne comme objectif « d’enrayer puis d’inverser le processus de dégradation de la planète. » Actuellement, cette ONG est présente dans 96 pays avec près de 3.000 collaborateurs et 5 millions de membres à travers le monde.
L’une des formes visibles de la protection de l’environnement est la création de sanctuaires, témoins de la richesse de la biodiversité à travers le monde, des biens publics mondiaux : les réserves naturelles. Mais au-delà, il faut aussi parler des actions connexes qui sont menées pour réduire la dépendance énergétique envers les énergies fossiles très polluantes ou encore les efforts accomplis pour réduire les pressions anthropiques sur les ressources naturelles. Ces actions concernent autant les pays riches que les PVD et elles revêtent plusieurs formes. Dans les PVD, elles consistent surtout à protéger les ressources naturelles et à les exploiter rationnellement. Cela passe forcément par l’éducation et le développement, car l’exploitation séculaire des ressources naturelles ne convient plus forcément à la réalité actuelle48. Cette prise de conscience écologique a mis en évidence toute l’importance des politiques territoriales et locales, ce qui se traduit par une autre forme de coopération qui fait intervenir des acteurs locaux bien loin des actions concertées au niveau mondial : la coopération décentralisée.
La coopération décentralisée concerne les relations qu’entretiennent les différentes collectivités territoriales locales et étrangères. Cela peut se manifester entre autres par le jumelage de villes. Ces collectivités décentralisées décident de commun accord d’échanger leurs expériences afin de partager mutuellement leur savoir-faire. Cette nouvelle manifestation de la coopération se développe tout en prenant en compte les actions locales, c’est à dire des considérations plus proches des milieux concernés. Toutefois ces formes de coopérations ont mis du temps avant d’être visibles mais les interactivités se sont amplifiées surtout depuis les années 1990.
Depuis les années 1950, la coopération internationale a donc beaucoup évoluée. Si au tout début elle répondait au besoin de la reconstruction après la seconde guerre mondiale, petit à petit, elle s’est orientée vers des aides ciblées pour les NPI. Ces aides ont grandement influé sur le développement économique de ces nouveaux Pays ; parmi ceux qui en ont bénéficiées, il y a Madagascar. Le chapitre que nous allons aborder ci-après décompose cette évolution.
LES DIRECTIVES DU PLAN DE LA PREMIERE REPUBLIQUE MALGACHE
Le dit plan a vu le jour en 1964, il faut cependant noter que juste avant l’indépendance, un autre plan décennal (1947-1957) avait été lancé par l’administration coloniale à la suite du plan Marshall en métropole.
Le plan Marshall des colonies
Comme les colonies devenaient de trop grandes charges pour la métropole, il convenait qu’elles soient de moins en moins dépendantes sur le plan économique. Pour Madagascar, on retrouve cet énoncé « Le but recherché est l’amélioration du niveau de vie des habitants de Madagascar qui ne peut être assurée que par le développement parallèle de sa production et du commerce. » 49 Plusieurs points qui grèvent l’essor de la grande-île ont ainsi été relevés. Au demeurant, ces constats sont encore d’actualités aujourd’hui comme si les actions menées depuis n’ont eu aucun effet. Il s’agit de la dispersion des centres producteurs, de la tendance à la polyculture, de l’éloignement et de l’enclavement des zones potentiellement exploitables et de la concentration des hommes dans les zones infertiles.
La politique préconisée pour faire décoller l’économie malgache, loin de s’appuyer sur la régionalisation, privilégie et s’appuie sur les zones à fortes potentialités. Ce choix a mis en exergue quatre grandes zones qui serviront de levier pour l’essor de l’économie malgache : il s’agit de la région du Nord-ouest, la Sakoa, le Mangoky et l’Alaotra.
Ce projet était financé à hauteur de 57 milliards de francs CFA 50 : la France investissait 29,5 milliards de francs CFA tandis que le reste était accordé sous forme de crédit. L’endettement du Pays commence ainsi bien avant son indépendance.
Une grande partie des fonds alloués pour ce plan concerne notamment le désenclavement par la construction de route (cf. fig.14) afin d’accéder aux zones de production qui sont dispersées. Si les investissements dans les moyens de communication atteignaient 68,4% des investissements globaux, il faut noter que 49% de tous les investissements concernent le secteur du transport terrestre.
L’IMPACT DES PLANS DANS LA REORGANISATION DE L’ESPACE NATIONAL
Les actions préconisées par le plan concernent tout le territoire national. Aussi, leur spatialisation permet-elle de comprendre les projets réellement effectués et leur localisation dans l’espace. Cette démarche répond en fait à une nouvelle donne jusque-là ignorée par le pouvoir colonial. Il s’agissait de voir l’espace national comme un tout et non plus comme des portions de territoire désarticulées qui peuvent exister indépendamment des uns et des autres.
UN PROGRAMME INTEGRANT L’INTERFACE VILLE-CAMPAGNE
Au lendemain de l’Indépendance, Madagascar était un pays immense et peu peuplé. Ceci ne facilitait pas forcément les actions devant être entreprises, on se retrouvait avec des îlots de peuplement morcelés. De plus, on dénombrait près de 5 millions de ruraux pour quelques 650.000 citadins dont une grande partie localisée dans la capitale. Il était alors fort normal que les actions s’orientent vers cette masse de population car pour le développement du Pays il était évident que les ruraux devaient intégrer le circuit monétaire afin de participer à la dynamisation de l’économie. Cette politique s’est traduite de trois façons : les opérations agricoles et industrielles, les travaux au ras du sol et les syndicats des communes.
Les opérations agricoles et industrielles
Madagascar a une singularité qu’il faut souligner : bien qu’il existe des espaces à fortes potentialités agricoles, une grande majorité de la population s’agglutine sur des espaces à faible vocation agricole mais qui sont empreints d’histoire. Ainsi, l’Ouest malgache est quasiment vide d’hommes alors qu’il recouvre des potentiels énormes grâce aux bassins sédimentaires du Boina et du Menabe. Au-delà de ces différences, quatre provinces – Antananarivo, Diégo-Suarez, Majunga, Tamatave – sortent renforcées dans les actions préconisées par le Plan car elles ont des prédispositions certaines pour le développement alors que les deux provinces du sud semblent relativement en pâtir.
Les opérations agricoles
La délimitation des zones agricoles fait suite aux études sur la potentialité des régions ; celles-ci vont mettre en évidence une nouvelle vision de l’espace malgache qui va générer des opérations agricoles d’envergure.
Parmi les formes singulières de l’intervention de l’Etat, on peut citer les fermes d’Etat qui sont érigées pour pallier l’absence du secteur privé dans des zones à forte capacité de production. Leurs champs d’action sont très variés allant de l’élevage porcin pour la ferme de Bellevue à la culture de pommier pour Soanindrariny en passant par l’élevage bovin à Ibaoka… Ces fermes, de véritables vitrines implantées un peu partout dans la Grande-île, doivent servir de catalyseur insufflant une nouvelle vision de l’espace économique : la population rurale, au contact de ces « nouveaux phénomènes », ne peut que se bonifier. Mais l’essentiel des actions du plan concerne les opérations entreprises dans les zones agricoles auxquelles on a attribué une spécialisation :
L’arrière-pays de l’Ouest malgache est ainsi devenue une zone dédiée à l’élevage tandis que les plaines côtières occidentales accueillent de grandes cultures sur baiboho 53 (coton, riz etc.). Ainsi, il est prévu d’investir respectivement près de 1.819 millions MGF et 2.560 millions de MGF à Mahajanga et à Antananarivo pour la construction d’une chaîne de production de viande, allant de l’élevage jusqu’à l’abattage et l’exportation, suivant la norme internationale. Les études faites ont en effet révélé que ces zones ont une forte potentialité en ce domaine.
L’Est malgache est le domaine de la culture riche de plantation avec l’amélioration entre autres des plants de café. Par ailleurs, d’autres opérations plus zonales ont été à l’ordre du jour comme la plantation de palmiers à huile et de bananiers dans la région de Toamasina et celle des cocotiers autour de Sambava.
Enfin, dans le Sud, les aménagements ont été concentrés autour des bras des grands fleuves de la région. Leur mise en valeur a été déléguée à des sociétés d’aménagement tel le SEDEFITA ou le SAMANGOKY.
Au total, avec les programmes d’investissements dans le domaine du monde agricole, plusieurs actions ont pu être menées donnant ainsi naissance à une réorganisation de l’espace. On peut ainsi noter des programmes qui ont été montés dans le moyen-ouest malgache, sur la côte ouest, sur la côte est et sur les hautes terres centrales. En somme, la vision de « développement harmonieux » des différentes régions de la grande île commence à faire son chemin. Cette politique de modernisation de l’agriculture a été accompagnée par la mise en place d’industries de transformation.
Les opérations industrielles
Les opérations industrielles concernent surtout les industries de transformations de matières premières. Cette politique a été élaborer pour freiner les importations des produits dont la transformation peut être faite sur place pour faire des économies de devises, ce qui permettrait dans une certaine mesure de rééquilibrer la balance commerciale.
Plusieurs industries ont ainsi vu le jour pendant cette période. Elles interviennent dans plusieurs domaines comme la papeterie, avec l’investissement de 540 millions de MGF pour la création de PAPMAD, dans la province d’Antananarivo, la création de la raffinerie SMR sur la côte Est et la construction d’un chantier naval dans le Nord avec la DCAN54
A travers ces projets mis en œuvre, on sentait une réelle prise en compte du territoire national dans son ensemble mais sans doute avec des moyens encore limités. L’Etat n’a pas pu faire mieux que de se concentrer sur ces quelques îlots à fortes potentialités car ses moyens sont limités. Dans les autres parties de l’île, le plan a imaginé d’autres façons afin de les développer en s’appuyant sur la communauté d’entraide qui existait déjà à Madagascar bien avant la colonisation au travers des syndicats des Communes.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I. LA COOPERATION INTERNATIONALE, INSTRUMENT DE LA MONDIALISATION ?
CHAPITRE I. LES MUTATIONS DE LA COOPERATION DANS LE MONDE
I. l’aide au développement : naissance et mutation
II. De la fin de la bipolarisation à l’apparition de nouveaux acteurs
CHAPITRE II. MADAGASCAR, MIROIR DES GRANDS BOULEVERSEMENTS MONDIAUX
I. Récapitulatifs des actions entamées durant les deux premières Républiques
II. La situation de la grande île sous la troisième république
III. le Madagascar action plan (MAP) ou la politique de l’ajustement structurel sous M
RAVALOMANANA
CONLUSION PARTIELLE
PARTIE II. VERS LA RECONSTRUCTION D’UN PAYS : L’APPROCHE REGIONALE ET LOCALE
CHAPITRE I. LA DIFFICILE RECHERCHE DE L’EQUILIBRE SPATIAL
I. La coopération internationale vue à travers la coopération occidentale
II. La coopération bilatérale
CHAPITRE II. LES NOUVELLES FORMES DE COOPERATION A MADAGASCAR
I. La coopération transnationale
II. Madagascar et la Communauté de l’Océan Indien
III. Les inconnus de la coopération
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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