Le volume informationnel dans la société post-industrielle
En évaluant le volume informationnel produit par la société post-industrielle dite « La société de l’information, des connaissances et du savoir (SICS) », Bontis (1999) avançait que « Jusqu’en 1930, l’information doublait au bout de 30 ans. A partir des années 1970 le volume d’informations doublait tous les 7 ans. En 2010 il doublera toutes les onze heures ». Qu’en est-il aujourd’hui de cette prévision face à l’obésité informationnelle et sa croissance vertigineuse ?
Carcassone (2011) , Directeur Marketing Business Analytics and Optimisation, IBM – France avançait que : « Selon des experts, l’humanité a créé plus d’informations au cours des deux dernières années (2010-2011) que pendant toute son histoire », Le Figaro-Economie (2011) avançait sur son site qu’un déluge d’informations est généré chaque seconde à travers la planète. L’explosion des technologies de l’information et des communications (TIC) a produit une masse gigantesque de données et d’informations numériques qui se multiplient à un rythme inouï au point que le secteur du high-tech développe aujourd’hui un nouveau concept appelé «big data» (le traitement des grandes données). Par ailleurs , le même site ajoute que le nombre de données augmente rapidement avec l’usage croissant des réseaux sociaux. Il souligne qu’à lui seul, Face-book compte chaque mois 30 milliards de documents supplémentaires. Même la quantité des messages courts SMS dont le nombre est estimé à environ 12 millions d’unités par minute en 2010, évolue et aurait atteint 20 millions d’unités par minute en 2013. La même source constate qu’à chaque nouvelle technologie émergente, le nombre d’utilisateurs se décuple et en conséquence la quantité des données produites augmente d’une façon faramineuse. Elle constate que : « Un Smartphone émet dix fois plus de données qu’un simple téléphone mobile. Sans compter que les tablettes gagnent du terrain, elles échangent, elles aussi, dix fois plus d’informations qu’un Smartphone. Ces développements s’accompagnent d’une quantité de courriers astronomiques: elle est estimée à 294 milliards par jour ». Elle note par ailleurs que : « Le prochain relais de croissance proviendra de l’Internet des objets. C’est-à-dire de la communication d’objets entre eux. Par exemple, un compteur électrique fournira au central des informations sur la consommation toutes les quinze minutes au lieu d’une fois par an, lors du relevé du compteur ».
Les défis de la Tunisie dans la société SICS
En plus du défi posé par la problématique de l’accès au rang des pays développés dans l’économie de l’information, des connaissances et du savoir; la Tunisie vient relever deux autres défis démarqués par la date de sa « Révolte du Jasmin » du 14 Janvier 2011 qui a constitué désormais un nouveau tournant dans son histoire et l’épicentre du séisme des révolutions du « Printemps Arabe » Dechaux (2011) .
En amont de sa révolution, la Tunisie releva le défi de la mondialisation imposée par la conjoncture internationale par l’ouverture et la libéralisation de son économie nationale. En adhérant à la mondialisation, la Tunisie avait signé en 1995 la convention de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et en 1996 la convention de la zone de libre échange avec l’Union Européenne (UE). L’année 2009 était fixée comme date décisive pour concrétiser définitivement la disparition du protectionnisme économique devant l’adoption du libre échange commercial dans un nouvel enjeu économique régi d’une part par la compétitivité et la concurrence et d’autre part par l’importance de l’information et de la culture informationnelle face à l’incertitude. En traitant l’historique de la mondialisation, Ferrandery (1996) signale que ce concept désigne de nos jours l’abolition volontaire par l’Etat du protectionnisme et l’ouverture des frontières aux libres échanges. Toutefois, ce dernier demeure selon Kadiri et al. (2003) l’acteur et le garant principal de l’ouverture international et le premier coordinateur pour le succès des missions confiées à ses organismes et institutions. Berthaud et Chanteau (2006) soulignent que la thèse de l’impuissance et la démission de l’état dans la mondialisation est à écarter et une plus vaste manœuvre des institutions et organismes publics doit être privilégiée. En aval de la date du 14 Janvier 2011, la Tunisie a relevé le défi de l’abolition des régimes autoritaires vécus depuis son indépendance et le développement de l’état de droit et de démocratie sous le titre : « De la Liberté et de la dignité ». L’un de ses objectifs primordiaux est la réduction du chômage et la croissance de l’emploi et le droit de travail pour tous. Les diplômés de l’enseignement supérieur sont les premiers concernés.
Indéniablement, ces défis évoluent dans la nouvelle typologie socio-économique qui s’instaure de par le monde. Elle est régie par la mondialisation et la société SICS, dont la qualité de la culture informationnelle forme la plaque tournante pour explorer l’environnement, traiter l’information qui en découle et en produire des connaissances actionnables. Celle-ci fait la différence avec autrui à un moment compétitif et concurrentiel. Elle se présente comme une caractéristique et une compétence décisive pour se positionner sur le marché d’emploi et de travail devenu à notre sens le « Marché d’employabilité » devant l’exigence des compétences. Selon l’American Scans Report (1991) la culture informationnelle (Information Literacy) se présente comme un ensemble d’habiletés nécessaires pour le 21ème siècle qui permettent d’identifier, de localiser, d’évaluer, de traiter et d’utiliser l’information trouvée dans une démarche de résolution de problème et de production des connaissances aboutissant à une communication de l’information retenue. Cette démarche s’annonce comme un ensemble de compétences permettant à l’individu d’évoluer et de se développer dans la mondialisation et la société de l’information, des connaissances et du savoir (SICS). Selon l’Unesco et sa déclaration de Prague (2003) « la culture informationnelle est créatrice de la force de travail compétitive ». Elle alloue à l’individu bien informé, une flexibilité pour survivre et réussir dans son environnement. Gazier (1990) souligne que l’individu qui présente des conditions de flexibilité suite à une formation multidisciplinaire ou l’actualisation de ses compétences ou son acceptation de nouvelles conditions de travail devient employable. Il constate que « Ces paramètres définissent son employabilité, c’est-à dire sa capacité à travailler ou à trouver un emploi ». Dés lors, en se référant au travail de Khenissi (2008a) portant sur la veille stratégique dans le cadre des organismes publics tunisiens, Khenissi et Gharbi (2010a) ont présenté un modèle d’évaluation de la culture informationnelle de la veille numérique sur Internet chez les cadres des organismes publics tunisiens, diplômés universitaires. Ce modèle a relevé un manque dans « La culture informationnelle de veille sur Internet (CIVI)» qui s’élève à un taux moyen de 66,46 % et un taux moyen du « Besoin de formation en culture informationnelle de veille sur Internet (CIVI) » qui s’élève à 65,62 % avec une indication de la liste des priorités en formation et une précision des champs d’action.
La Tunisie et la stratégie qualitative dans la société SICS
Un programme de mise à niveau de la qualité des organismes publics et privés a été lancé en Tunisie depuis 1996. Il est basé essentiellement sur la technologie de l’information et de la communication (TIC) qui a été généralisée sans réserve dans tous les domaines. Une nouvelle identité se dessine dans le pays. La tendance est à la privatisation. L’emploi contractualisé dans la fonction publique a fait son apparition. La place est au mérite et la parole est à la qualité et à la compétence professionnelle. En vue de la réduction des charges et la maximisation de la performance, beaucoup de services de ces organismes publics ont été concédés au secteur privé. Ces institutions publiques sont plus responsabilisées et tendent progressivement à une autonomie de gestion. Elles se trouvent ainsi en franche compétition avec des concurrents nationaux et internationaux. Jacob (2000) juge qu’au même titre que les organisations privées, les institutions et les organisations publiques sont confrontées pour leur pérennité à une réinvention de leur offre de services et de leurs modes de fonctionnement pour assurer la qualité de fonctionnement.
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Table des matières
Introduction générale
Chapitre-1 L’enseignement supérieur et les déterminants de la qualité et de l’employabilité des apprenants universitaires (APRU)
Introduction
Section-1 L’enseignement supérieur : une articulation avec l’éducation de base
1.1 Approche étymologique de l’enseignement
1.2 Définition et missions de l’enseignement supérieur
1.3 L’enseignement supérieur et le système LMD
1.4 L’éducation de base : fondement de la qualité de l’enseignement supérieur
1.5 L’enseignement supérieur : un aperçu sur le contexte tunisien
Section-2 Vers les déterminants de la qualité et de l’employabilité
des apprenants universitaires (APRU)
2.1 La culture informationnelle
2.2 La veille stratégique
2.2.1 Concept et fondements théoriques de la veille stratégique
2.2.2 La veille : un concept initialement culturel
2.2.3 Processus et matières de la veille stratégique
2.2.4 Intérêt pour la veille numérique et enjeu de son évaluation
2.3 Les types de veille stratégique
2.4 La veille pédagogique : composante de la veille stratégique
2.5 La qualité et l’employabilité des apprenants universitaires
2.6 L’orientation-marché de l’enseignement supérieur
Conclusion
Chapitre-2 Les compétences employables fondamentales (CEF) dans la société SICS1
Introduction
Section-1 la littératie initiale : un enracinement éducationnel
1.1 L’éducation : un droit au développement des compétences (CEF)
1.2 La littératie initiale: l’évolution du concept
1.3 Les compétences (CEF): le souci continuel d’évaluation
1.4 La résolution de problèmes : articulation des compétences clés
(SICS) Société de l’Information, des Connaissances et du Savoir du 21ème siècle
Section-2 Qualité des jeunes apprenants : évaluation chiffrée des compétences (CEF) et le classement tunisien
2.1 L’enquête OCDE/PISA : évaluation des compétences (CEF)
2.2 L’enquête TIMSS/IEA : évaluation des compétences (CEF)
Conclusion
Chapitre-3 Les compétences employables connexes (CEC) dans la société SICS
Introduction
Section-1 La littératie étendue ou les compétences employables connexes
européennes et de l’OCDE
1.1 L’Union Européenne et les compétences employables connexes (CEC)
1.1.1 La communication dans la langue maternelle
1.1.2 La communication en langues étrangères
1.1.3 La compétence mathématique et les compétences de base en sciences et technologies
1.1.4 La compétence numérique
1.1.5 Apprendre à apprendre
1.1.6 Les compétences sociales et civiques (CSC)
1.1.7 L’esprit d’initiative et d’entreprise
1.1.8 Sensibilité et expression culturelles
1.2 L’organisation OCDE et les compétences clés
1.2.1 La première catégorie: Se servir d’outils de manière interactive.
1.2.2 La deuxième catégorie: Interagir dans des groupes hétérogènes
1.2.3 La troisième catégorie: Agir de façon autonome
Section-2 La littératie étendue ou les compétences employables connexes américaines et celles de l’Unesco
2.1 Le rapport SCANS1 pour l’Amérique 2000
2.2 L’Unesco et la compétence de l’apprentissage à vie
Conclusion
Chapitre-4 Méthodologie de la recherche
Introduction
Section-1 Positionnement épistémologique
1.1 L’épistémologie
1.1.1 Le paradigme positiviste
SCANS Report for America 2000 (Rapport en vue de l’Amérique en l’an 2000) (1991). Secretary’s Commission on Achieving Necessary Skills.Washington, DC : US Department of Labor
1.1.2 Le paradigme interprétativiste
1.1.3 Le paradigme constructiviste et socio-constructiviste
1.1.3.1 Le constructivisme
1.1.3.2 Le socio-constructivisme : les fondements
1.2 Le socio-constructivisme : l’approche par compétence (APC)
1.2.1 Le concept de l’approche par compétence (APC)
1.2.2 L’approche par compétence (APC) dans l’enseignement
1.2.3 L’évaluation de l’approche par compétence (APC)
Section-2 L’épistémologie de la recherche
2.1 L’objet épistémologique de la recherche
2.2 Le choix épistémologique de la recherche
2.3 Démarche et approche épistémologique de la recherche
2.3.1 La démarche de la recherche
2.3.2 La méthode d’approche de la recherche
2.4 Recueil et collecte de données
2.4.1 L’échantillonnage
2.4.2 Echantillon de la recherche
2.4.3 Méthode d’analyse des données : Instrumentation
2.4.3.1 L’analyse de contenu
2.4.3.2 L’analyse lexicale ou « lexicométrie »
2.4.3.3 L’analyse thématique
2.4.3.4 Le logiciel NVIVO
Conclusion
Chapitre-5 Evaluation des diplômes ISCAE1 et des cadres universitaires: satisfaction et qualité des compétences de l’employabilité
Introduction
Section-1 Analyse et discussion de la satisfaction et de l’employabilité des diplômés ISCAE suite aux résultats de l’étude ISTIS2 (2OO9)
1.1 Présentation de l’étude ISTIS (2009)
1.2 Le traitement et l’analyse des données ISTIS (2009)
1.3 Présentation et discussion des résultats du rapport ISTIS (2009)
1.3.1 L’enjeu de la nature de conception de l’échelle de mesure
de la satisfaction sur les résultats
1.3.2 Présentation de l’échelle de mesure d’ISTIS (2009) de la satisfaction
des diplômés/ISCAE: discussion des résultats
1.3.3 Présentation des échelles de mesure d’ISTIS (2009) évaluant la satisfaction
du marché d’employabilité des diplômés/ISCAE: discussion des résultats
1.3.3.1 Présentation et discussion des résultats de la première échelle
de mesure d’ISTIS (2009) de l’évaluation de la satisfaction
ISCAE (Institut de Comptabilité et d’Administration d’entreprises – Université Manouba – Tunisie)
ISTIS : Institut de sondage et de traitement de l’information statistique (Tunisie), « Etude de l’insertion
professionnelle auprès des ressortissants de l’ISCAE » http://www.istis-tunisie.com/home-fr.htm
du marché d’employabilité de la maitrise des diplômés/ISCAE
1.3.3.2 Présentation et discussion des résultats de la deuxième échelle
de mesure d’ISTIS (2009) de l’évaluation de la satisfaction du
marché d’employabilité du niveau des diplômés de l’ISCAE
1.3.3.3 Discussion des résultats de la troisième échelle de mesure d’ISTIS (2009)
de l’évaluation de la satisfaction du marché d’employabilité de la capacité
d’insertion des diplômés/ISCAE dans le travail
Section-2 Evaluation de la culture informationnelle de veille sur Internet (CIVI)
des cadres universitaires dans les organismes publics tunisiens
2.1 Les dirigeants et leur perception de la culture CIVI des cadres
diplômés universitaires
2.2 Indicateurs de base de l’évaluation de la culture CIVI des cadres diplômés
universitaires dans les organismes publics tunisiens
2.3 Indicateurs de base de l’évaluation de la gestion des connaissances chez
les cadres diplômés universitaires dans les organismes publics : impact de
la qualité de la culture CIVI.
Conclusion générale
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