Vers la professionnalisation des enseignants par la formation continue

Depuis l’intention de réfléchir, en passant par la réflexion elle-même jusqu’à sa concrétisation à l’oral comme à l’écrit, l’homme a recours à un outil : la langue. Si l’on aspire à une bonne communication, il est capital et essentiel que les interlocuteurs se situent à un certain niveau de compétence linguistique qui leur permette de se comprendre et de se faire comprendre. Dans le domaine de l’enseignement en particulier où on a l’opportunité d’avoir un maximum d’interactions, le schéma est exactement le même : la réussite ou non du processus d’enseignement / apprentissage dépend en grande partie de la maîtrise ou non du langage verbal comme médiation dans l’apprentissage. C’est la raison pour laquelle nous pensons que le domaine de l’enseignement/ apprentissage d’une langue en tant que discipline n’est pas à prendre à la légère, particulièrement quand la langue en question a été également choisie comme langue d’enseignement des autres disciplines, ce qui a dicté notre choix de nous y intéresser.

LES PARAMETRES D’ANALYSE D’UNE FORMATION D’ENSEIGNANTS 

DEFINITIONS

Profession

« Activité régulière exercée pour gagner sa vie. » « Occupation déterminée dont on peut tirer ses moyens d’existence. » Ces deux premières définitions s’appliquent à la profession en général. Pour ce qui est de la profession d’enseignant, Lemosse la définit comme une activité :
« – intellectuelle qui engage la responsabilité individuelle de celui qui l’exerce
– savante, non routinière, mécanique ou répétitive
– pratique puisqu’elle se définit comme l’exercice d’un art plutôt que théorique et spéculative ;
– dont la technique s’apprend au terme d’une longue formation. » .

Un engagement personnel permanent est donc exigé tout au long de l’exercice d’une profession de la part de la personne qui l’exerce, un engagement à se plier à une activité intellectuelle de manière responsable, une activité intellectuelle qui consistera à trouver les moyens d’éviter la routine et la répétitivité afin de pouvoir faire face à toutes les situations, même les plus inhabituelles. En outre, la profession, que l’auteur a mise au même rang que l’art, s’attend à ce que celui qui l’exerce y apporte tout le soin qu’elle mérite et mette en œuvre toutes les compétences dont il dispose afin d’obtenir le meilleur résultat possible.

Enseignement

Enseigner, c’est aider à apprendre, c’est faire apprendre et c’est cette finalité d’apprentissage qui constitue la raison d’être de l’enseignement. Tardif en parle comme d’un « un travail interactif » et Marguerite ALTET le définit comme « un processus interpersonnel et intentionnel qui utilise essentiellement la communication verbale comme moyen pour provoquer, favoriser, faire réussir l’apprentissage dans une situation donnée. » :
– Interactif et interpersonnel dans la mesure où on constate effectivement et constamment au moins deux sortes d’interaction dans le processus d’enseignement/apprentissage : interaction élèves/professeur et interaction élèves/élèves.
– Intentionnel car l’intention d’apprendre et de faire apprendre est une des conditions essentielles pour déclencher le processus d’enseignement/apprentissage. Pour que l’enseignement soit véritablement un travail interactif et interpersonnel, la communication verbale utilisée dans ce travail doit s’effectuer dans les deux sens : de l’enseignant aux élèves et des élèves à l’enseignant. En d’autres termes, l’enseignant ne sera pas le seul à participer au cours. De cette manière, il s’agira d’un enseignement centré sur l’apprenant , un type d’enseignement dont l’enseignant doit connaître les caractéristiques afin de pouvoir le mettre en œuvre.

L’intention de faire apprendre se traduira par une disposition d’esprit consistant à chercher en permanence tous les moyens pour faire réussir l’enseignement. Pour ce faire, comme toute profession, l’enseignement a sa propre « technique » ainsi que les diverses formations relatives à son exercice. On pourrait même avancer que l’enseignement est une des professions où la formation, aussi bien initiale que continue, est très importante, voire indispensable et doit être aussi variée et aussi fréquente que possible. Mais l’enseignement est également un ensemble de tâches couvrant deux champs de pratique interdépendants :

– Le champ didactique où l’enseignant aura à gérer l’information et à structurer le savoir que les élèves vont s’approprier.
– Le champ pédagogique où il s’agit de traiter et de transformer l’information, de façon à ce qu’elle soit transmise en savoir chez l’élève et ce, par la mise en œuvre d’une pratique relationnelle et de conditions d’apprentissage adaptées.

Formation

« Ensemble de connaissances théoriques et pratiques dans une technique, un métier ; leur acquisition. » « Une action de formation vise à faire acquérir des connaissances, des savoirs- faire et des aptitudes indispensables à l’exercice d’une activité professionnelle ou préparant à suivre une formation professionnelle.».

André de Peretti quant à lui nous apprend que le terme « formation » est apparu dans le champ du développement personnel et professionnel des adultes. La formation est donc un ensemble de connaissances théoriques et pratiques et est destiné à un public adulte, se préparant ou ayant déjà une vie professionnelle ; l’enseignement quant à lui se déroule en milieu scolaire et s’adresse à un public plus jeune. Selon Chantal RAKOTOFIRINGA, citée par Luce RADAVIDA ,  » la formation se dispense dans le monde social et industriel, extra- scolaire, alors que l’enseignement concerne les écoles et les universités.  » .

Quand elle est dispensée afin de permettre aux personnes qui en bénéficient d’exercer une profession et dans ce cas, elle est dite initiale. Elle est également destinée aux gens déjà en plein exercice d’une profession afin d’améliorer leur pratique ; il s’agit alors de formation continue. Qu’elle soit initiale ou continue, la formation concerne un public adulte exerçant où se préparant à exercer une profession. Ce dernier sera alors personnellement et entièrement responsable de la formation qu’il recevra, en la mettant en œuvre autant que sa profession l’exige afin d’en tirer le meilleur résultat possible. Cette mise au point sur les outils conceptuels relatifs à la profession d’enseignant a déjà permis de conclure que celle-ci est un domaine dont la première caractéristique est d’être complexe. Cette complexité peut être analysée selon différents perspectives et niveaux d’analyse.

LA PROFESSION D’ENSEIGNANT

Les théories et méthodes pédagogiques qui se sont succédé ont donné à l’enseignant différents statuts et ces derniers constituent une première perspective d’analyse de la complexité de la profession d’enseignant.

Les différents statuts de l’enseignant 

Selon leur conception de ce que doit être l’enseignement, de la place et du rôle joué par l’enseignant, les théoriciens ont donné à ce dernier différents statuts.

Un guide

Selon Jean-Jacques Rousseau , le maître est un guide. Il veillera à la liberté de son élève et se contentera de l’accompagner dans sa quête du savoir. Il laissera l’élève apprendre à l’aide de ses propres essais et erreurs. Au plus, il lui fera une suggestion concernant ce qu’il doit chercher à connaître. Pestalozzi cherchera à mettre en pratique cette philosophie de Rousseau tout en veillant à garder l’équilibre entre l’initiative de l’enfant et les contraintes inhérentes à un processus d’enseignement / apprentissage. Montessori qui prône également la liberté de l’enfant dans l’apprentissage accorde davantage de place et d’importance aux matériels servant de support à l’enseignement. L’apprentissage par conditionnement où l’activité intellectuelle de l’élève est guidée de l’extérieur, voit également le maître comme un guide.

Un camarade

Dans la communauté scolaire de Hambourg entre 1925 et 1930, citée par Olivier Reboul et André de Peretti , il s’agit essentiellement de « laisser-faire » et de «laisser-croître ». Ce sont les élèves qui élaborent. Le maître est présent mais il se plie à la volonté de ses élèves et exauce tous leurs souhaits. Il n’existe aucune contrainte : ni cours, ni emploi du temps, ni programmes, ni sanctions. Olivier Reboul parle même d’ « anarchisme ».

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : Les paramètres d’analyse d’une formation d’enseignants
Introduction
I – Définitions
I – 1 – Profession
I – 2 – Enseignement
I – 3 – Formation
II – La profession d’enseignant
II – 1 – Les différents statuts de l’enseignant
II – 2 – Les différents modèles de professionnalité selon une analyse de Marguerite ALTET
II – 3 – Les pouvoirs de l’enseignant selon Olivier REBOUL
II – 4 – Profil d’un enseignant professionnel
II – 5 – La formation à la profession d’enseignant
III – Champs et moyens d’investigation
III – 1 – Le champ de la recherche
III – 2 – Les outils investis
DEUXIEME PARTIE : La formation continue des professeurs de français : état des lieux
Introduction
I – Le cadre législatif et réglementaire
II – Les différentes institutions de formation continue à Madagascar
II – 1 – Les sources : profils professionnels
II – 2 – Les institutions de formation
III – La formation continue des professeurs de français à Madagascar : un exemple de formation et un exemple d’évaluation
III – 1 – Un exemple d’analyse de formation : La formation sur la mise en place des CPIE
III – 2 – Un exemple d’évaluation : l’intégration de la formation dans le cadre du PRESEM
IV – La situation actuelle
V – Perspectives
VI – Suggestions
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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