La Chine a commencé à s’ouvrir aux échanges avec l’extérieur en 1979 (Lemoine ; 2004). Depuis, cette politique d’ouverture s’est affirmée et amplifiée et a abouti à l’entrée de la Chine à l’organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre 2001. La progression des échanges extérieurs chinois a été rapide dès les années quatre-vingt, et s’est accélérée dans la décennie suivante. Ainsi, la Chine est devenue un acteur majeur de la globalisation. En effet, la taille de la Chine, son taux de croissance soutenu et les perspectives d’évolution de la demande intérieure en font désormais un des acteurs essentiels dans l’économie mondiale et sans doute l’un des rares pays en développement à avoir réussi un processus de rattrapage.
Les aspects les plus remarquables des changements de l’économie chinoise est son ouverture internationale ainsi que son taux de croissance caractérisé par un accroissement exponentiel. La Chine fonctionnait pratiquement en autarcie avant 1979. Par cette ouverture, elle est devenue en 2003 le troisième exportateur mondial, derrière les États-Unis et l’Allemagne, et devant le Japon et la France. Elle est le cinquième importateur mondial (Lemoine ; 2004). Ces exportations ont été tirées dans les années 1980 par le textile et dans les années 1990 par les articles électriques et électroniques (Lemoine et Ünal-Kesenci ; 2002).
LES DETERMINANTS DU COMMERCE INTERNATIONAL
Les débats autour des échanges et politique monétaire internationale occupent une place majeure et sont les idées de base de l’analyse économique moderne. Ils émergent autour du 18 au 19 è siècle. Par l’économie internationale et les flux internationaux de monnaie, il y a une relation étroite des économies des différents pays. La matière d’économie internationale en particulier traite les problèmes qui peuvent résulter de cette relation entre ces Etats souverains. La relation dont il est question ici concerne exclusivement le commerce. Qu’est ce qui détermine commerce ? La réponse à cette question suit des théories. Généralement, les théories du commerce international se subdivisent en deux : les théories traditionnelles et les nouvelles théories. L’objet de ce présent chapitre est d’exposer ces différentes théories.
Une revue théorique du commerce international: de la théorie des avantages absolus à la théorie gravitationnelle
Toutes les analyses du commerce international sont basées sur la théorie classique fondée par Smith (1776) et Ricardo (1817). Ils ont insisté sur l’importance du développement à l’économie international.
Théorie de l’avantage absolu d’A. SMITH
Les pays font des échanges entre eux parce qu’il est impossible de produire tous les biens et services. Plus précisément, les pays sont tous différents en termes de capacité productive. L’échange peut aussi être généré par l’envie de faire une économie d’échelle, ce qui sera analysé plu tard.
Selon Smith, celui qui détermine cette différence c’est l’avantage absolu. Un pays a un avantage absolu quand il est plus productif par rapport aux autres pays, c’est-à-dire a un coût de production le plus bas. Ainsi, il a intérêt à se spécialiser aux biens auxquels il a une productivité élevé. Les autres pays, ayant des coûts nettement plus élevés, vont se spécialiser dans la production des biens où ils ont un avantage absolu. S’il y a une spécialisation réciproque, il va y avoir forcement une échange. Bref, la théorie de l’avantage absolu stipule que chaque pays a intérêt à produire et à exporter les biens pour lesquels il a un avantage absolu. Smith cherche à défendre l’idée du libre échange, c’est-à-dire sans intervention de l’Etat. Il montre à la fin du18è siècle que c’est la loi du marché, la « main invisible » , qui assure l’équilibre interne des marchés dans les différentes branches de production. Pour cet auteur, l’égalité entre la valeur du produit et la quantité de travail commandé se réalise automatiquement sans intervention de l’Etat. Ainsi, la valeur d’un bien correspond à la valeur de travail incorporé à ce bien. Le pays, en se spécialisant dans la production d’un bien, approfondit la division du travail et ainsi la liberté des échanges va accroitre le bien-être des pays. Cette division du travail va s’internationaliser et va donc devenir la division international du travail (DIT). Le passage de la division nationale du travail à la division internationale du travail représente une forme de la manifestation du « main invisible ».
Les Etats-Unis ont un avantage absolu dans la production de blé car un ouvrier américain peut produire 6 sacs par semaine. En France 2 sacs par semaine. Cependant, la France a un avantage absolu dans la production de tissu. Donc les Etats-Unis ont intérêt à se spécialiser dans la production de blé, et la France dans la production de Tissu. Si la spécialisation se réalise dans les deux pays, il va y avoir une augmentation de la production de blé aux Etats-Unis et avec une qualité plus améliorée. Le blé devient un des produits le plus important dans l’économie des Etats-Unis. Il en est de même pour la France avec le tissu. En ce spécialisant et en s’échangeant, la production totale des deux pays en blé et en tissu va augmenter. Pour les Etats-Unis, la consommation en tissu peut s’accroitre et pareil pour la France vis avis du blé. En gardant leur niveau de consommation initiale pour les deux biens, il va y avoir un surplus. Ce surplus est indicateur de croissance dans le sens où il y a effectivement une augmentation de production. Il indique aussi un accroissement du bien être dans le sens où les ouvriers peuvent travailler moins, c’est donc un temps de loisir. Dans le cas où seul la France à l’avantage absolu des deux biens, il ne peut y avoir échange entre les deux pays, ce que Ricardo (1817) a critiqué. En effet, cet auteur souligne que l’échange est toujours possible même en situation de désavantage absolu.
Ricardo : Avantage comparatif (1817)
L’avantage comparatif de Ricardo (1817) peut être appréhendé comme un prolongement de l’avantage absolu de Smith (1776). Les deux diffèrent dans le sens où, pour la première, même si un pays est en désavantage absolu il peut tirer des gains à l’échange. En effet, le pays peut tirer des gains dans la spécialisation des biens où son désavantage est le plus faible. Le calcul de ce désavantage se fait par le coût d’opportunité (CO). Ce coût se définit comme le prix de ce à quoi on renonce. Par exemple le CO de tissu en termes de vin est la quantité de vin qui aurait pu être produite avec les ressources pour produire un tissu. Le CO résulte des différences de technique de production (qualité des machines ou habilité des ouvriers). Par ce théorème du coût comparatif, Ricardo montre que chaque nation trouve avantage à se spécialiser et exporter des biens où elle dispose du plus fort avantage comparatif. Ricardo explique la pertinence de sa théorie à partir d’un exemple. Soient deux pays, le Portugal et l’Angleterre. Au Portugal les technologies ont permis de produire annuellement par 80 hommes une unité de vin et 90 hommes pour une unité de drap. En Angleterre ces données sont respectivement 120 pour le vin et 100 pour le drap. Au vue de ces données, le Portugal possède un avantage absolu (Smith, 1776) et aucun échange n’est possible. Pour Ricardo, l’échange est possible et bénéfique. En effet, après calcul du CO pour chaque bien, le Portugal a un désavantage plus faible dans la production du vin et l’Angleterre dans la production du drap. Ainsi, même en désavantage absolu selon Ricardo, l’Angleterre a intérêt à se spécialiser dans la production du drap et à exporter. Les tableaux suivants expliquent ce gain.
En ne produisant que du drap, l’Angleterre a une quantité annuelle de 2,2 unités de drap et le Portugal, en ne produisant que du vin, a une quantité annuelle de 2,125 unités de vin. En s’ouvrant aux échanges, les deux pays sont gagnants. La production de vin annuelle du Portugal étant 2,15 en conservant sa consommation durant une année (1 unité), il va pouvoir échanger l’excédent (1,125) contre du drap provenant de l’Angleterre. Quant à l’Angleterre, sa production annuelle de drap est de 2,2 unités. Avec la même consommation annuelle (1 unité), il va pouvoir échanger l’excédent (1,2) du vin provenant du Portugal. Cependant, le Portugal ne peut exporter que 1,125 unités de vin. Ainsi, l’Angleterre est contrainte de n’exporter que 1,125 unités de drap. Au final, sa consommation annuelle pour les deux biens est respectivement de 1,075 unité de drap et 1,125 unité de vin. Même si l’Angleterre est en situation de désavantage absolu, elle trouve toujours des gains à l’ouverture commerciale en se spécialisant là où le désavantage est plus faible. Sa situation en autarcie est plus défavorable que s’il entre dans le monde du commerce.
Ainsi, avec une hypothèse où les deux pays après échanges décident de garder leur consommation initiale, il va y avoir des surplus de production. En effet, ils peuvent travailler moins pour avoir le même niveau de production qu’en autarcie.
Les différences de dotation en facteur de production
Cette théorie appelée théorie HOS a été initiée par Heckscher (1919), Ohlin (1933) et Samuelson (1949). Généralement, cette théorie est la reformulation de la théorie Ricardienne. Sauf que dans l’ancienne théorie (avantage comparatif de Ricardo ; 1817) les marchandises ont été exprimées par leur valeur travail. La différence était en termes de CO. Dans cette nouvelle théorie, les marchandises sont exprimées par ses valeurs monétaires. Il n’y a plus de valeur travail, il est question de prix et de ressource c’est à dire dotation en facteur de production. En effet, la dotation de chaque pays en facteur de production est différente. Plus clairement, la différence de prix relatif ou coût peut résulter de l’abondance ou de la rareté relative des facteurs de production. En réalité, à travers les biens, les pays échangent des facteurs rares contre des facteurs abondants. L’échange est donc fondé sur ces différences de dotation relatives de facteur de production. Dans le modèle HOS, un pays doit se spécialiser dans la fabrication et l’exportation des biens dont la production utilise, de façon intensive, le facteur qui est relativement plus abondant dans le pays. En retour, importer les biens dont la production est intensif dans les facteurs rares. Le théorème de Rybzynski (1955) explique cet échange. Selon lui, la spécialisation dans un facteur (abondant) entraine une croissance de ce facteur. Ainsi, la production des biens intensifs dans ce facteur augmente et ceux des biens intensifs dans les autres facteurs (rares) diminuent.
Soient deux pays, Australie et Angleterre. Tous les deux ont deux facteurs de production dont la terre et la main d’œuvre. Les produits intensifs qui y découlent sont respectivement les produits agricoles et les produits industriels. Les prix des biens sont mesurés par le prix par unité pour les produits agricoles et le salaire pour les produits industriels.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I. LES DETERMINANTS DU COMMERCE INTERNATIONAL
Introduction du chapitre premier
Section 1. Une revue théorique du commerce international: de la théorie des avantages absolus à la théorie gravitationnelle
I.1.1 Théorie de l’avantage absolu d’A. SMITH
I.1.2. Ricardo : Avantage comparatif (1817)
I.1.3. Les différences de dotation en facteur de production
I.1.4. La taille des marchés
Les économies d’échelle externe et les échanges
Les économies d’échelle interne et les échanges
I.1.5. Taille des pays et distance
La taille des pays
Distance des pays
Section 2. Historique et évolution récente du commerce international
I.2.1. Le poids de l’histoire
Les effets permanents de choc
Les différences dans les conditions initiales de production
Patrimoine technologique et activité de R&D
I.2.2. Les effets d’agglomération
I.2.3. L’innovation
I.2.4. Cycle de vie du produit
I.2.5. Les différentiations des produits
Différentiation verticale et commerce international
Différenciation horizontale et commerce international
I.2.6. Interdépendance stratégique
I.2.7. L’intégration des firmes multinationales dans l’analyse
Pourquoi une entreprise décide de contrôler une filiale à l’étranger ?
Comment choisir entre investir et exporter ?
L’externalisation de la production
Conclusion du premier chapitre
CHAPITRE 2. ANALYSE THEORIQUE ET VERIFICATION EMPIRIQUE DU LIEN ENTRE COMMERCE EXTERIEUR ET CROISSANCE ECONOMIQUE : LE CAS DE LA CHINE
Introduction du deuxième chapitre
Section 1. Les liens entre le commerce extérieur et la croissance
II.1.1. De la conception exogène à une vision endogène de la croissance
La croissance exogène des anciennes théories
Le modèle déséquilibré d’Harrod (1948)
Le modèle équilibré de Solow (1957)
La croissance endogène des nouvelles théories
Le capital physique
Le capital humain
Le capital technologique
Le capital public
II.1.2. Comment le commerce influence ces facteurs déterminants de la croissance de long terme ?
Une étude théorique sur la contribution du commerce à la croissance de long terme
Le capital physique et le commerce
Le capital humain et le commerce
Le capital technologique et commerce
Le capital public et le commerce
Une étude empirique sur la contribution du commerce à la croissance de long terme
Etudes des exportations
Etudes du degré d’ouverture
Etudes des IDE
Etudes des échanges intra-branches
Section 2. Contribution du commerce à la croissance de long terme Chinoise
II.2.1. Structure du commerce extérieur chinois
Les exportations : du Textile à l’électronique
Les importations dictées par la demande intérieure et par celles des industries exportatrices
Les importations pour la demande intérieure
Les importations pour l’assemblage
Evolution du commerce chinois
II.2.2. Le commerce comme stimulant de la croissance
Investissement direct étranger : moteur de la croissance
Investissement direct étranger entrant comme moteur de la croissance
Investissement direct étranger sortant comme stimulant de la croissance
Les investissements en recherche et développement
Une rapide augmentation des dépenses de recherche et développement
Reforme du système éducatif
Conclusion du deuxième chapitre
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE