Variations intra-arbres
L’épinette noire (Picea mariana (mill) B.S.P) est l’un des conifères les plus répandus de la forêt boréale canadienne et constitue la plus importante espèce de bois à pâte au Canada tout en étant aussi largement recherchée par l’industrie du bois d’œuvre (Burns et Honkala, 1990). Les propriétés et l’abondance de cette essence à croissance lente, en moyenne 1,4 dm3 !ha annuellement, lui confèrent une importance économique considérable (Burns et Honkala, 1990). La dynamique de la forêt boréale est contrôlée en grande partie par les incendies forestiers (Weber et Flannigan, 1997; Fayette, 1992 et Johnson, 1992), qui sont généralement destructeurs et les responsables de la régénération forestière (Heinselman, 1981). Suite aux feux, les peuplements équiennes dits de première cohorte (ou stade des essences de lumière) dominent au départ et évoluent au fil des années vers des peuplements de deuxième cohorte (ou stade intermédiaire) et de troisième cohorte (stade de stabilité relative) (Harper et al., 2002). Lorsque l’intervalle entre les feux est long, certains peuplements peuvent devenir inéquiennes (Groot et Horton, 1994), où les nouveaux individus sont recrutés dans les trouées créées par le chablis des arbres âgés (Oliver et Larson 1996). Dans un contexte de développement durable, la dynamique naturelle des forêts est d’une grande importance pour la sylviculture (Bergeron et al., 2002; Seymour et Hunter, 1999) l’aménagement équienne avec principale pratique la coupe avec protection de la régénération et des sols (CPRS) ne permet pas de maintenir l’ ensemble de la composition et de la structure des peuplements des mosaïques forestiers naturelles (Bergeron et al., 200 1 et Harper et al., 2002). Au cours des dernières années, l’exploitation forestière en forêt boréale a atteint ses limites dans certaines régions. De plus, au Québec, la réduction des terres allouées à la production de fibre de bois (Coulombe, 2004) couplée à une augmentation globale de la compétition dans l’industrie forestière a mené au développement de nouvelles stratégies afin d’augmenter le volume de bois produit dans les forêts restantes (Vincent et al., 2009). Dans cette perspective, des traitements sylvicoles comme l’éclaircie commerciale (EC) et la coupe avec protection des petites tiges marchandes (CPPT~ représentent des interventions intéressantes à préconiser puisqu’elles favorisent un accroissement des tiges résiduelles ainsi qu’une récolte plus hâtive et plus productive des secteurs traités (Pamerleau-Couture, 20 10). Une solution envisageant une protection de la biodiversité consisterait à une action couplée de réduction du taux des coupes totales avec une augmentation de la pratique des coupes partielles (Harvey et al., 2002). Dans la pessière à mousses, les coupes partielles permettraient de créer et de maintenir des peuplements irréguliers en plus d’un couvert continu et relativement fermé à l’échelle du paysage. Les coupes partielles sont donc une pratique sylvicole qui permet de favoriser à la fois un approvisionnement en fibre et le maintien de la biodiversité.
Les coupes partielles ont pour but d’augmenter la croissance et la productivité des arbres résiduels à travers d’une réduction de la compétitivité entre les individus rémanents du peuplement. D’ailleurs, les effets des coupes partielles sur les propriétés de la fibre demeurent peu documentés. Les résultats trouvés dans la littérature sont à la fois ambigus et varient d’une espèce à l’autre. De plus, très peu d’études ont documenté l’évolution de ces propriétés à la suite des coupes partielles opérées dans des peuplements ayant atteint la maturité commerciale. En plus, on retrouve peu d’information dans la littérature (Alteyrac, 2005; Vincent et al. 2009 et Ourais. 2012) sur les effets des traitements sylvicoles sur la qualité et les propriétés du bois d’épinette noire.
La présente étude a eu pour but d’évaluer l’effet des coupes partielles sur la croissance radiale et quelques attributs de la qualité du bois chez l’épinette noire, à savoir la masse volumique du bois et les dimensions des trachéides .
La forêt boréale québécoise
Les forêts du Québec jouent un rôle de premier plan, tant du point de vue économique et social qu’environnemental. En effet, immenses et omniprésentes, les forêts du Québec représentent 20% des forêts canadiennes et 2% des forêts mondiales. Le Québec s’étend sur près de 1,7 million de km2 , où la zone de forêt dense couvre 760 000 km2 , dont la superficie se subdivise en trois parties soit, du sud au nord, la forêt feuillue, la forêt mélangée et la forêt boréale continue. Le territoire forestier productif, soit les forêts commerciales, compte pour 70% de cette superficie. La forêt boréale du Québec représente une superficie de 1 068 400 km2 dont 30% est destiné à la production forestière (MRNF, 20 10). D’après le Ministère des Ressources Naturelles et de la Faune du Québec (MRNF, 2010), les plus grandes étendues forestières sont situées dans la forêt boréale, région considérée comme l’un des principaux moteurs de l’économie du Québec. En effet, l’industrie forestière, notamment les secteurs de l’exploitation forestière, de la fabrication des produits du bois et de la fabrication du papier, représente une part majeure de l’économie québécoise. Le MRNF affirme qu’une vaste partie de cette forêt est exclue de la production forestière en raison de nombreuses particularités territoriales relatives entre autres aux superficies soustraites aux fins de protection de l’environnement et également de l’établissement de la limite nordique d’attribution défmie par le gouvernement du Québec en 2003. Toutes les superficies récoltées en forêt publique sont remises en production et la priorité est accordée à l’aménagement protégeant la régénération forestière déjà établie avant la récolte.
Épinette noire (Picea mariana (Mill.) B. S.P)
Taxonomie, écologie forestière et caractères botaniques
L’épinette noire appartient au geme Picea lequel comprend environ quarante essences dans le monde entier, dont sept d’entre elles se trouvent en Amérique du Nord, et parmi ces dernières, cinq se trouvent au Canada, dont l’épinette noire (Farrar, 1995). Le nom scientifique de l’épinette noire est Picea mariana (Mill.) Britton, Stems et Poggenb et son seul synonyme connu est Picea mariana var. brevifolia (Peck). L’épinette noire est connue par quelques noms vernaculaires, à savoir : épinette noire, épinette à bière, épinette de savanes, épinette de l’Est, épinette marial, épinette des tourbières, sapinette noire et, en anglais, black spruce (TheWoodExplorer.com, 2006).
L’épinette noire est l’un des conifères les plus répandus de la forêt canadienne et présente une répartition sur un vaste territoire sur tout le continent, étant une exclusivité de la forêt boréale nord-américaine (Figure 2.1). C’est en Ontario, au Québec et à Terre-Neuve que l’on trouve les grands massifs de pessières à épinette noire. Au Québec, cette bande de près de 300 km de largeur couvre 28 % de la superficie de la province, étant donc l’une des espèces les plus abondantes avec un volume de 1,084 milliard de m3 solide, tel que recensé au troisième inventaire décennal (Lessard et Boulfroy, 2010). Au nord de ce domaine de la pessière à épinette noire et à mousses, on trouve une autre ceinture de pessière, cette fois très ouverte : la pessière à épinette noire et lichens. Enfin, encore plus au nord, une dernière zone, la toundra forestière, présente la limite nord des arbres et est constituée de petites épinettes toutes rabougries et très éparses (Lessard et Boulfroy, 2010).
D’après Bruns et Honkala (1990), l’épinette noire constitue la plus importante espèce de bois à pâte au Canada tout en étant aussi largement recherchée par l’industrie du bois d’œuvre. Elle pousse sur différents sites et tolère plusieurs types de sol. Son habitat est généralement mal drainé au sud de son territoire, que ce soit dans des peuplements purs ou mixtes. Au nord, elle pousse d’habitude sur des sols humides et organiques dans de grands peuplements purs ou dans des peuplements mixtes. Sur l’ensemble de son territoire, l’épinette noire se trouve généralement à des altitudes comprises entre 100 et 850 m. Elle est une essence qui tolère l’ombre modérément et est souvent associée au pin gris (Pinus banksiana (Lamb.)), à l’épinette blanche (Picea glauca (Moench) Voss.), au sapin baumier (Abies balsamea (L.) Mill.), au peuplier faux-tremble (Populus tremuloides (Michx.)), au bouleau à papier (Betula papyrifera var. papyrifera) et au mélèze laricin (Larix laricina (Du Roi) K. Koch.) (Zhang et Koubaa, 2009). D’après Lessard et Boulfroy (2010), dû à son amplitude écologique, il n’est pas rare de trouver l’épinette noire au sud, même en massifs, où les conditions environnementales deviennent plus extrêmes, où les sommets sont froids, par exemple, ou encore dans les milieux très humides, telles les tourbières.
En ce qui concerne sa croissance, d’après Zhang et Koubaa (2009), dans des conditions sans aménagement et dans les bons sites, l’épinette noire atteint une hauteur moyenne de 12 à 20 rn et un diamètre à hauteur de poitrine (DHP) d’environ 20 cm. Les mêmes auteurs mentionnent que, dans les mauvaises conditions, la hauteur et le diamètre moyens seraient compris entre 8 et 12 rn et d’environ 13 cm, respectivement. Les propriétés et l’abondance de cette essence à croissance lente, en moyenne 1,4 m3 /ha annuellement, lui confèrent une importance économique considérable (Burns et Honkala, 1990).
Caractères botaniques
L’épinette noire est un arbre ou un arbuste conifère, au feuillage persistant, petit et dressé. Elle se caractérise par son port pyramidal et peut atteindre 20 rn et vivre de 175 à 200 ans (maximum 250 ans) (Lessard et Boulfroy, 20 10). Son tronc est droit avec un faible défilement et une cime pointue composée de petites branches compactes et tombantes. La partie supérieure de la cime est souvent très dense et comprend de nombreux cônes. Le système racinaire est peu profond et étalé; la plupart des racines se trouvent dans les 20 cm supérieurs des horizons pédologiques organiques (Viereck et Johnston, 1990). Elle présente une écorce mince (entre 6 et 13 mm), écailleuse ou déchiquetée et d’un brun grisâtre (Lessard et Boulfroy, 2010). Les branches d’épinette noire sont petites et les rameaux sont d’un orange-brun foncé ou d’un brun-jaunâtre, mats et ont une tache violacée foncée à la base de leur pédoncule (Elias et Sargent, 1980 et Farrar, 1995). Ses aiguilles sont courtes (de 6 à 15 mm), quadrangulaires (contrairement au sapin qui a des aiguilles plates) et disposées tout le tour du rameau (Lessard et Boulfroy, 2010). Ses cônes mâles sont petits, nombreux et cylindriques tandis que les cônes femelles ont une forme d’oblongue à cylindrique et sont produits au bout ou proche du bout des rameaux. Ses fiuits sont de petits cônes rigides, presque ronds ou ovoïdes, font de 2 à 4 cm de long; rouge foncé à violet lorsqu’ils sont jeunes et deviennent brun violacé foncé plus tard; leur bout émoussé décroît progressivement pour former une petite tige ammdie recouverte d’écailles. Les cônes restent attachés à l’rubre pendant plusieurs années et ses écailles sont minces et leurs bords dentés sont irréguliers. Les graines font environ 2 mm de long, et sont brun foncé et ailées (leurs ailes font à peu près le double de la longueur de la graine) (Zhang et Koubaa, 2009) .
Amélioration des arbres
L’épinette noire un arbre recherché et prisé pour la production de bois à pâte et de bois en billes à cause de la qualité de son bois et de sa fibre alliée à la résistance aux insectes et aux maladies (Beaulieu et al., 1989). En vertu de ses qualités, l’épinette noire est l’essence commerciale et de reboisement la plus importante dans 1 ‘Est du Canada, où on y trouve de nombreux programmes actifs visant son amélioration reposant sur la forme, la croissance et l’adaptation de l’arbre au site, et sa résistance aux insectes et aux maladies (Zhang et Koubaa, 2009).
Caractéristiques anatomiques du bois
Caractéristiques macroscopiques
Le bois de l’épinette noire est clair, allant d’un blanc presque parfait à un brun jaunâtre pâle, il ne présente ni odeur ni goût caractéristique. Le bois de cœur n’est pas distinct. Son bois varie de modérément léger et tendre à modérément tendre. Les cernes de croissance du bois de l’épinette noire sont marqués délimités par le contraste entre le bois fmal (fin et foncé) et le bois initial (plus clair et épais) du cerne suivant. Les zones du bois final sont nettes et peuvent être perçues à 1 ‘œil nu, par contre, elles ne sont généralement pas prononcées et sont bien plus foncées et minces que celles du bois initial (Zhang et Koubaa, 2009) .
Caractéristiques microscopiques
La coupe transversale du bois d’épinette noire est illustrée dans les Figures 2.3a et 2.3b, où on peut observer les trachéides du bois initial et fmal (à transition graduelle) et les canaux résinifères à parois épaisses. Les Figures 2.4a et 2.4b illustrent la coupe radiale du bois d’épinette noire, par lesquelles on voit, respectivement, les trachéides appartenant au bois initial aussi bien qu’au bois final et une trachéide transversale ainsi que le champ de croisement à l’intérieur duquel on voit les ponctuations picéoïdes. La coupe tangentielle du bois d’épinette noire est illustrée dans la Figure 2.5 où on note les rayons unisériés, ainsi que les rayons fusiformes.
Propriétés chimiques
Le bois de l’épinette noire a une teneur en lignine plus faible que l’épinette blanche ou le sapin baumier. Cependant, les données n’indiquent aucune différence appréciable de la teneur en lignine entre l’épinette noire et le pin gris (Zhang et Koubaa, 2009).
Propriétés physiques
Masse volumique
La masse volumique à l’état vert de l’épinette noire est de 762 kg/m3 (Pnevmaticos et al., 1972) et sa masse volumique basale est de 406 kg/m3 en moyenne (Jessome, 2000 et Barbour et al., 1996). Les masses volumiques du bois de cœur ( 430 kg/m3 ) et de l’aubier ( 438 kg/m3 ) de l’épinette noire ne sont pas statistiquement différentes (Hernandez et Lessard, 1997).
Propriétés mécaniques
Les propriétés mécaniques de l’épinette noire ont été étudiées par Alteyrac et al. (2005). Les auteurs ont analysé les propriétés de flexion de l’épinette noire par rapport à certaines de ses propriétés anatomiques et physiques. Ils ont observé une forte corrélation entre le module d’élasticité et le module de rupture, et entre le module d’élasticité et l’angle des microfibrilles. Aucune indication de relation linéaire entre les propriétés mécaniques et la masse volumique ou la largeur des cernes n’a été trouvée. Concernant le bois de dimension, Zhang et al., (2000) ont constaté chez l’épinette noire une augmentation du module d’élasticité (MOE) et du module de rupture (MOR) du bas vers le haut de l’arbre. D’ailleurs, ces variations du MOE et du MOR en fonction de la position en hauteur dans l’arbre montrent une diminution de la corrélation entre ces deux variables, où cette particularité s’explique par la variation en hauteur de la masse volumique du bois mais aussi par la présence plus importante des nœuds en hauteur. Le bois de l’épinette noire à l’état vert présente un MOE en flexion statique de 9 100 l\1Pa, un MOR en flexion statique de 40,5 l\1Pa (Jessome, 2000) et une dureté de 2 300 N et une résistance à l’écrasement de 41,1l\1Pa (Meier, 2012).
Usinage et usages
L’épinette noire est une espèce à croissance lente, par conséquent, ses fibres sont de bonne qualité pour la production de pâte et papier (Burns et Honkala, 1990). Les propriétés de son bois lui confèrent de la valeur due aux corrélations entre l’anatomie et la qualité du bois (Jvrukinen et al, 2002a). Le bois de 1 ‘épinette noire est normalement utilisé pour la production de pâte et papier, de bois d’œuvre, de bois de sciage et de caisses (Meier, 2012). Au Québec, il est de plus en plus utilisé pour la production de produits à valeur ajoutée, tels que les poutres, les panneaux MDF, le bois jointé et le lamellé-collé (Bustos, 2003). Concernant les propriétés technologiques, le bois de l’épinette noire est facile à usiner tant qu’il ne présente pas de nœuds. Il présente un bon collage et une finition facile, cependant, dû à sa structure à pores fermés, il donne de mauvais résultats lors du processus de coloration (des défauts comme des taches et irrégularité). Une couche de scellant, de teinture ou d’encre en gel est recommandée lorsque le bois de l’épinette noire est coloré (Meier, 20 12).
Dispositif expérimental
Il s’agit d’un dispositif expérimental composé de 3 blocs expérimentaux regroupant chacun des placettes permanentes établies selon les normes du Nlinistère des Ressources Naturelles du Québec (MRNQ, 2000) qui sont l’objet de recherche et d’étude. Trois blocs ont été sélectionnés aléatoirement: Cramolet, Villars et Muskuchii dont les caractéristiques se trouvent dans le Tableau 3.2. (Figure 3.1). Chaque bloc comporte trois parcelles d’une superficie minimale de 25 hectares. Les placettes à l’intérieur de parcelles sont un cercle dont le rayon horizontal est de 11,28 rn, son aire est de 400 m2 ou 1/25 d’hectare La première parcelle était traitée avec une coupe à faible rétention (coupe avec protection de la régénération et des sols ou CPRS), la deuxième, une coupe partielle et la troisième ne subissait aucune récolte et servait de témoin (Fenton et al., 2010). L’évaluation de l’impact des coupes partielles sur la qualité du bois et de la fibre d’épinette noire a été faite sur 4 classes de diamètre à la hauteur de poitrine (DHP) (5 à 9 cm; 9,1 à 15 cm; 15,1 à 20 cm et 2: 20,1 cm) par chacun des traitements suivants peuplement non traité (pas d’intervention sylvicole), traitement faible (coupes partielles avec une intensité de prélèvement de 0-50% de la surface terri ère originale), traitement modèré (coup es partielles avec une intensité de prélèvement de 50-75% de la surface terrière originale) et traitement fort (coupes partielles avec une intensité de prélèvement de 75-10 0 % de la surface terrière originale).
Échantillonnage
Un échantillonnage destructif a été entrepris à l’extérieur des placettes permanentes où 4 arbres par traitement par classe de diamètre ( 4 arbres x 4 classes de DHP x 4 traitements dispersés parmi les trois blocs = 64 arbres au total) ont été abattus puis des disques de bois de 10-12 cm en moyenne ont été extraits systématiquement à différentes hauteurs dans l’ arbre, à savoir: 0,5 rn; 1,3 rn; 4 rn; 8 rn et 12 rn (où le nombre de disques par arbre a varié en fonction de son diamètre et la hauteur de l’arbre) (Figure 3.2). Les disques de bois ont été préalablement séchés naturellement dans un entrepôt afin de réduire leur teneur en humidité puis séchés dans un séchoir conventionnel pendant 48 heures à 75 ± 3°C au laboratoire de biomatériaux de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) à La Sarre.
Analyses de laboratoire
Croissance annuelle et masse volumique
Préparation des échantillons pour l’analyse de la croissance annuelle et la masse volumique
La croissance et la masse volumique du bois ont été mesurées sur des sections de bois prélevées au centre des galettes dans le sens longitudinal des galettes à l’aide d’une scie circulaire. Ces échantillons contiennent l’écorce et la moelle (cœur) du bois de façon à mesurer toutes les années de croissance de l’arbre (Figure 3.3). Les dimensions de ces échantillons doivent respecter les dimensions requises pour l’analyse au densitomètre, à savoir une largeur maximale de 25 mm et une épaisseur comprise entre 1,6 et 2 mm. Avant d’être scannés au densitomètre, les échantillons doivent subir le traitement d’extraction. Ce traitement vise à enlever les extractibles du bois afin de que la densité mesurée soit celle du bois sans aucune interférence de ses extractibles. L’extraction est réalisée en suivant les étapes suivantes : l’immersion des échantillons dans un montage contenant un mélange de cyclohexane (C6H12) et d’alcool éthylique anhydre (C ~) à une proportion de 2:1; réchauffement du mélange d’acide à une température de 85-95°C pendant 24 heures; rinçage des échantillons pour enlever l’excédent du mélange d’acide; remplacement du mélange d’acide par de l’eau distillée dans le montage et immersion des échantillons; augmentation de la température à 85-90°C et traitement des échantillons dans l’eau distillée pendant 24 heure (cette étape est due afin d’éliminer la résine et les polysaccharides hydrosolubles (Grabner et al., 2005)); rinçage et séchage des échantillons pendant environ 72 h à l’air libre. Il est à noter qu’un poids a été placé sur les échantillons afin d’éviter qu’ils se déforment lors du séchage.
Densitomètre à rayon X
La détermination de la croissance annuelle et de la masse volumique du bois a été faite à l’aide du densitomètre à rayon X modèle QTRS-OJX Tree Analyser de Quintek Measurement System, !ne. (QMS) (Figure 3.4). Le principe de cet appareil se base sur l’atténuation d’un rayon X qui traverse l’échantillon avec une résolution linéaire de 0,02 mm. L’appareil est piloté par un logiciel dénommé Tree Ring Analyser qui permet de déterminer l’âge du peuplement à travers le calcul du nombre de cernes de la moelle vers l’écorce. À travers de la mesure de la largeur des cernes dans le bois initial et le bois final on peut connaître le taux de croissance de l’individu pendant une période de temps. Les cernes peuvent aussi nous fournir l’information sur la densité du bois et de chaque cerne. D’ après Koubaa et al. (2002), la transition du bois initial au bois final peut être déterminée en décomposant le profil de densité individuelle (le point d’inflexion de la courbe).
Propriétés morphologiques de la fibre
Préparation des échantillons pour l’analyse de la qualité de la fibre
Pour les propriétés de la fibre, on a utilisé des échantillons similaires à ceux utilisés pour les analyses au densitomètre (Figure 3.3). À partir des planchettes, on a extrait les 2 cernes avant et 5 cernes après l’année de réalisation des coupes partielles pour les échantillons issus des coupes partielles. Pour les placettes du peuplement non traité, on a extrait les 7 derniers cernes dans le bois mature. Par la suite, on a procédé avec le traitement de macération, qui consiste à séparer les cellules du bois par dissolution de la lamelle moyenne (Cloutier, 2005). La macération de chaque cerne individuel a été réalisée en suivant les étapes ci-dessous : déposition des échantillons dans des bouteilles de laboratoires individuelles contenant un mélange d’ acide acétique (CH3COOH) et de peroxyde d’hydrogène (H20 2) à une propottion de 1 : 1. Les bouteilles de laboratoires sont ensuite déposées dans un bain-marie à une température de 85-90°C durant 4-5 heures. Ce mélange étant un oxydant très puissant permettant la dissolution de la lignine et la séparation des fibres; rinçage des échantillons avec de l’eau distillée après les avoir enlevés du mélange oxydant; déplacement d’un échantillon à la fois dans un mélangeur de laboratoire sans couteau afin de désintégrer les fibres et ainsi obtenir une suspension en fibres prête à être analysée par l’analyseur de fibres.
CONCLUSION
Les variabilités intra-arbre et intra-cerne des composantes de la croissance radiale, de la masse volumique ainsi que de la longueur et de la largeur des trachéides furent étudiées. Dans une première partie des hypothèses de la présente étude, on a vérifié si les variations intra-arbres sont plus importantes dans le bois juvénile que dans le bois mature. L’analyse des patrons de variations des paramètres indicateurs de la qualité du bois chez l’épinette noire nous a relevé les conclusions suivantes :
./ Les variations radiales de la croissance radiale, la masse volumique et les dimensions des trachéides sont plus importantes que les variations longitudinales. En effet, les largeurs et les masses volumiques du cerne, du bois initial et le bois final ainsi que la longueur et la largeur des trachéides varient beaucoup plus avec l’âge cambial que de la base vers le sommet de l’arbre .
./ Les variations radiales sont plus importantes dans la phase juvénile du bois et tendent vers une constance dans le bois mature. Dans la deuxième partie des hypothèses de cette étude, seulement une partie a pu être validée qui stipule que les coupes partielles améliorent l’augmentation de la croissance des arbres et la largeur des trachéides mais réduit la masse volumique et la longueur des trachéides des arbres. Les résultats ont révélé que l’effet des coupes partielles sur la croissance radiale est positif sur la croissance radiale pour les arbres âgés de 35 ans et moins. Cependant, les coupes partielles appliquées ne nuisent pas à la qualité de la fibre et du bois de l’épinette noire. Cependant, les effets de cette pratique sylvicole sur ces propriétés ne sont pas constants et varient selon l’âge de l’arbre, la hauteur dans l’arbre et le temps après coupe. Les coupes partielles ont plutôt une application écologique, en étant utilisées afin de régulariser la structure des peuplements équiennes et réguliers.
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Table des matières
CHAPITRE 1 INTRODUCTION
CHAPITRE II REVUE DE LITTÉRATURE
2.1 La forêt boréale québécoise
2.2 Épinette noire (Picea mariana (Mill.) B. S.P)
2.2.1 Taxonomie, écologie forestière et caractères botaniques
2. 2. 2 Caractères botaniques
2.2.3 Amélioration des arbres
2.2.4 Caractéristiques anatomiques du bois
2.2.4.1 Caractéristiques macroscopiques
2.2.4.2 Caractéristiques microscopiques
2.2.5 Propriétés chimiques
2. 2. 6 Propriétés physiques
2.2.6.1 Masse volumique
2.2.6.2 Teneur en humidité à l’étatvert
2.2.6.3 Stabilité dimensionnelle et retrait
2.2.6.4 Durabilité et perméabilité
2. 2. 7 Propriétés mécaniques
2.2.8 Usinage et usages
2.3 Les systèmes sylvicoles
2.3.1 Densité des peuplements, espacement initial et élagage
2.3.2 Coupe totale
2.3.3 Coupes partielles
2.3.3.1 Coupe avec protection de petites tiges marchandes
2.3.3.2 Éclaircie
2.3.3.1.1 Éclaircie pré commerciale
2.3.3.1.2 Éclaircie commerciale
2.3.3.3 Coupes de jardinage
2.3.3.4 Coupes progressives
2.3.3.3.1 Méthode des coupes progressives uniformes
(Shelterwood method)
2.3.3.3.2 Méthode des coupes progressives par groupes
2.3.3.3.3 Méthode des coupes progressives par bandes ou en
lisières
2.3.3.3.4 Méthode des coupes progressives d’abri
2.3.3.3.5 Méthode des coupes progressives irrégulières
2.3.4 Importance des coupes partielles en aménagement écosystémique
2.4 Qualité du bois
2.4.1 Définition
2.4.2 Paramètres intrinsèques de la qualité du bois
2.4.2.1 Masse volumique
2.4.2.2 Périmètre et masse linéique des cellules
2.4.2.3 Angle des microfibrilles
2.4.2.4 Propriétés des trachéides
2.4.3 Paramètres extrinsèques de la qualité du bois
2.4.4 Relations entre la qualité du bois et la croissance de l’arbre
2.5 Impacts des interventions sylvicoles sur la qualité et les propriétés du bois
2.5.1 Croissance radiale
2.5.2 Masse volumique du bois
2.5.3 Propriétés mécaniques
2.5.4 Propriétés des trachéides
2.5.5 Attributs de la qualité du bois de l’épinette noire
2.5.6 Objectifs spécifiques et hypothèses d’étude
CHAPITRE III MATÉRIEL ET MÉTHODES
3.1 Aire d’étude
3.2 Dispositif expérimental
3.3 Échantillonnage
3. 4 Anal ys es de laboratoire
3.4.1 Croissance annuelle et masse volumique
3.4.1.1 Préparation des échantillons pour l’analyse de la croissance
annuelle et la masse volumique
3.4.1.2 Densitomètre à rayon X
3.4.1.3 Analyse de la croissance et de la densité du bois
3.4.2 Propriétés morphologiques de la fibre
3.4.2.1 Préparation des échantillons pour l’analyse de la qualité de la
fibre
3.4.2.2 Analyseur de la qualité de la fibre (FQA)
3.4.2.3 Analyse de la morphologie de la fibre
3.5 Analyse des variations intra-arbre
3.5.1 Effets des coupes partielles sur les propriétés étudiées
CHAPITRE IV RÉSULTATS ET DISCUSSIONS
4.1 Statistiques descriptives
4.2 Variations intra-arbres
4.2.1 Variation radiale et longitudinale de la croissance annuelle
4.2.2 Variation radiale et longitudinale de la masse volumique
4.2.3 Variation radiale et longitudinale des dimensions des trachéides
4.2.4 Conclusions sur les variations radiale et longitudinale
4.3 Effets des coupes partielles sur les propriétés du bois étudiées
4.3.1 Impacts des coupes partielles sur la croissance annuelle
4.3.2 Impacts des coupes partielles sur la masse volumique
4.3.3 Impacts des coupes partielles sur la morphologie des trachéides
4.4 Implications pratiques et industrielles
CHAPITRE V CONCLUSIONS
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