Variations climatiques au Burkina Faso
L’un des défis majeurs que l’humanité est appelée à relever au cours du 21 e siècle, est de trouver des stratégies susceptibles de l’aider à s’adapter aux variations climatiques. Dans les pays de l’Afrique occidentale à dominance agricole notamment le Burkina Faso, les variations climatiques se posent en termes de sécheresse, de mauvaise répartition spatio-temporelle des pluies, d’inondations, d’élévation des températures, etc., (Ouédraogo et al. 2010 ; PANA, 2007). L’augmentation tendancielle des températures au Burkina Faso sera de l’ordre de 0,5 oC au SudOuest et de 0,7 oC au nord pour les maxima et respectivement pour les mêmes zones de l’ordre de 0,6 oC et 1,3 oC pour les minima à l’horizon 2025 (Ouédraogo, 2007). Selon plusieurs chercheurs (Cubasch et al., 1995 ; Mitchell, 1995), cité par Pereira (2007), la distribution des précipitations quotidiennes pourrait évoluer dans le sens d’une augmentation de la proportion des pluies diluviennes. Il y aurait par ailleurs une diminution du nombre de jours de pluie dans certaines régions. On pourrait dès lors assister à un allongement des poches de sécheresse (Vellinga et Verseveld, 2000).
Les variations climatiques font pour le moment l’objet d’études et de recherches scientifiques et leurs conséquences sont plus visibles au Burkina Faso dont l’économie, essentiellement agricole, est fortement tributaire de la pluviométrie. La forte vulnérabilité du Burkina Faso, aux effets des variations climatiques, est le plus souvent attribuée à certaines de ses caractéristiques physiques et socio-économiques (GWP/AO, 2010). Comme caractéristiques physiques il existe, un contraste très marqué entre zones humides et zones arides, une interdépendance avec d’autres pays en ce qui concerne les ressources en eau. Ces caractéristiques sodo-économiques sont: une extrême pauvreté, une dépendance des populations rurales à l’agriculture pluviale, des potentiels hydro-agricoles très peu exploités. Ces deux caractéristiques le prédisposent à être affecté de façon disproportionnée par les effets des variations climatiques.
Peu d’études et recherches ont été réalisées sur les variations climatiques à Bobo Dioulasso et dans sa banlieue. C’est dans cette perspective d’initier des activités de recherche, que le programme gestion des ressources naturelles et des systèmes de production (GRN/SP) à la station de recherches environnementales et agricoles de Farako-Ba, a entrepris de faire une étude prospective des variations climatiques à Bobo-Dioulasso et dans sa banlieue. Le programme GRNISP a donc initié une étude sur la perception des variations climatiques et stratégies d’adaptation des populations de Bobo-Dioulasso et de sa banlieue, en vue d’une gestion durable des ressources naturelles, notamment les ressources édaphiques et hydriques. De plus il se trouve que leur perception et leurs stratégies d’adaptation à ces variations ne sont pas suffisamment connues et valorisées. Si ces populations vivent au quotidien les variations climatiques, il n’est pas certain qu’elles aient une perception profonde de ces variations climatiques et surtout de leurs effets sur le développement durable de Bobo-Dioulasso et de sa banlieue. Les populations doivent donc aller au-delà du vécu quotidien des variations climatiques «il ne pleut pas assez, il fait plus chaud de nos jours qu’avant, les vents sont de plus en plus violents» pour se doter des véritables stratégies de gestion des ressources naturelles adaptées à ces variations climatiques.
Variabilité et changement climatiques
La variabilité climatique désigne des variations de l’état moyen et d’autres statistiques (écarts standards, phénomènes extrêmes, etc.) du climat, à toutes les échelles temporelles et spatiales au delà des phénomènes climatiques particuliers. Elle est due à des processus naturels au sein du système climatique (variabilité interne) ou à des variations des forçages externes anthropiques ou naturels (variabilité externe) (IPCC, 2001).
Selon la Convention Cadre des Nations unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), le changement climatique s’applique à un changement de climat attribué directement ou indirectement aux activités humaines qui modifient la composition de l’atmosphère mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat, observée au cours de périodes de temps comparables (GŒC, 2007). La CCNUCC fait donc une distinction entre «les changements climatiques» attribuables à l’activité humaine altérant la composition de l’atmosphère et la «variabilité du climat» imputable à des causes naturelles.
Il ressort donc que variabilité climatique et changements climatiques désignent des phénomènes tout à fait distincts. Ainsi, la variabilité climatique se réfère à la variation naturelle intra et interannuelle du climat, tandis que les changements climatiques désignent une variation statistiquement significative de l’état moyen du climat ou de sa variabilité, persistant pendant de longues périodes (des décennies ou plus). Ces changements climatiques peuvent être dus à des processus naturels ou à des changements anthropiques persistants, de la composition de l’atmosphère ou de l’affectation des terres (IPCC, 2001).
Toutefois, la difficulté de dissocier variabilité et changements climatiques, en particulier dans le contexte africain, peut conduire à des débats complexes et interminables (Dorsouma, et RequierDesjardins, 2009). Prenant en compte cette spécificité, (Niasse et al., 2004) proposent de considérer les changements climatiques, comme la modification ou la variation significative du climat, qu’elle soit naturelle ou due aux facteurs d’origine anthropique. Cette définition rejoint alors celle du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GlEC) qui utilise le terme « changement climatique » pour tout changement de climat dans le temps, qu’il soit dû à la variabilité naturelle ou aux activités humaines (GŒC, 2007).
La vie sur terre a toujours été sauvegardée par une couche de l’atmosphère qui la protège. Cette couche composée d’ozone, agit comme un bouclier et protège la terre contre les rayons ultraviolets nuisibles, émis par le soleil. En effet, l’ozone est une forme d’oxygène constituée de trois atomes au lieu de deux. 11 n’est pas un gaz stable et est particulièrement vulnérable aux attaques de composés naturels contenant de l’hydrogène (H), de l’azote (N) et du di chlore (Ch). Il forme un bouclier fragile mais efficace autour de la terre. La destruction de la couche d’ozone est due en partie à l’action de certains gaz comme le chlore (Cl), le dioxyde de carbone (C02), les chlorofluorocarbones (CFC), le méthane (CH4), la vapeur d’eau.
L’effet de serre est un phénomène naturel par lequel l’atmosphère terrestre « piège» à la surface de la terre la chaleur émise par la terre sous l’effet du rayonnement solaire (sans cette action, la température moyenne à la surface du globe serait de -18°C au lieu de 15°C). Dans une serre, le toit transparent laisse entrer la lumière du soleil mais empêche certains rayons infrarouges de s’échapper. Les gaz présents dans l’atmosphère terrestre qui exercent un effet semblable s’appellent des gaz à effet de serre (GES). Ces gaz sont la vapeur d’eau, le dioxyde de carbone(COz), le méthane (CH4), l’oxyde nitreux (NzO) et les CFC. Le réchauffement engendré par ces gaz augmente l’évaporation et permet à l’atmosphère de conserver davantage de vapeur d’eau. Ce mécanisme favorise le réchauffement et la modification du climat. Cette modification se manifeste par les dysfonctionnements des éléments climatiques comme la pluviométrie, la température, l’humidité, l’insolation, etc. Mais, le changement climatique n’est pas seulement que naturel, il est aussi provoqué par les actions des hommes à travers la combustion de houille (les gaz d’échappement des véhicules, des usines) qui fait augmenter la teneur en gaz carbonique dans l’atmosphère. On parle alors de réchauffement climatique.
L’Afrique est l’un des continents le plus vulnérable à la variabilité climatique du fait de diverses contraintes (pauvreté, fragil ité des écosystèmes. faible développement technologique et institutionnel) et de faibles capacités d’adaptation (Badolo, 2Üü8a). L’Afrique n’a joué presque aucun rôle dans le réchauffement de la planète qui est causé principalement par l’activité économique des pays industrialisés, mais elle est touchée le plus durement par les effets de la variation climatique, notamment par des sécheresses, des inondations intenses, des famines et des maladies. Les zones arides ou semi-arides dans l’Afrique du Nord, de l’Ouest, de l’Est et des parties de l’Afrique australe, deviennent plus sèches, alors que l’Afrique équatoriale et d’autres parties de l’Afrique australe deviennent plus humides (http://www.cop17-cmp7durban.com).
Le continent africain se réchauffe déjà plus vite que la moyenne mondiale et ses habitants peuvent s’attendre à des sécheresses plus intenses, des inondations et à des vents plus violents.
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Table des matières
Introduction
Chapitre 1: SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1. Variations climatiques au Burkina Faso
1.2. Variabilité et changement climatiques
1.3. Variations climatiques et ressources naturelles
1.3.1. Impacts des variations climatiques sur les sols
1.3.2. Impacts des variations climatiques sur l’eau
1.4. Les stratégies d’adaptation aux variations climatiques au Burkina Faso
Chapitre II: METHODOLOGIE
2.1. Choix des sites et localisation géographique
2.1.1. Choix des sites
2.1.2. Localisation géographique
2.2. Recherche documentaire
2.3. Échantillonnage
2.4. Outils de collecte des données
2.5. Mesures des paramètres climatiques
2.6. Mesures des débits hydrauliques
2.7. Traitement des données
Chapitre III : RESULTATS ET DISCUSSION
3.1. Résultats
3.1.1. Évolution des paramètres climatiques
3.1.2. Perception de la population enquêtée sur l’évolution du climat
3.1.3 Effets des variations climatiques sur les ressources naturelles
3.1.3.1. Effets des variations climatiques sur le sol
3.1.3.2. Effets des variations climatiques sur l’eau
3.1.3.3. État des lieux de la rivière Kou
3.1.4. Stratégies d’adaptation des populations aux variations climatiques
3.2. Discussion
Conclusion et recommandations
Références bibliographiques
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