Valorisation des tubercules de manioc (manihot utilissima) a madagascar

Le manioc est la deuxième source énergétique à Madagascar après le riz. Il est cultivé dans toutes les régions de Madagascar et en particulier dans les provinces de Fianarantsoa et de Tuléar qui fournissent plus de 65% de la production nationale. Il sert de denrée de substitution et de réserve en cas de famine et de disette. Le manioc a de multiples usages. Les tiges sont utilisées comme boutures à planter et de combustible. Les feuilles sont riches en protéines et pilées fraîches ou séchées et constituent un plat malagasy renommé le ravitoto. Le manioc frais ou sec, riche en glucides est utilisé en alimentation humaine et animale. Les produits dérivés du manioc sont les provendes, l’amidon et la fécule. La provende sert à l’alimentation du bétail, des volailles et essentiellement à l’engraissement des porcs. L’amidon extrait de la farine est utilisé dans les industries alimentaires : produits sucrés, fabrication du tapioca, charcuterie, confiserie, biscuiterie et pour la fabrication du papier. La fécule est utilisée en industrie textile pour l’encolure de tissus et en industrie chimique pour la fabrication de colle (MAEP, 2004).

Cependant, les tubercules de manioc sont facilement périssables et les pertes après récolte sont aussi considérables. Et à part la fabrication de fécule et de tapioca, les autres usages sont marginaux, voire inexistants, à Madagascar (Dabat et Ranaivoson, 2001). En plus l’industrie de transformation du manioc n’est pas développée à Madagascar comme l’industrie à Marovitsika qui transforme seulement 0,8% de la production en fécule. Face à cette situation, l’interrogation se porte sur l’existence d’éventuels moyens pour pallier aux pertes et en même temps apporter une valeur ajoutée à ce produit. C’est dans cette optique que se place la présente étude intitulée : « Valorisation des tubercules de manioc à Madagascar ».

Collecte d’informations

La présente étude est surtout basée sur des revues de littérature qui ont été menées tout au long de la recherche. Il s’agit de faire une consultation des ouvrages, articles ou rapports concernant le thème dans les différentes bibliothèques (bibliothèque de FOFIFA, bibliothèque de l’IRD) ou sur internet mais aussi auprès du Ministère du Commerce et Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage, de la Pêche (MAEP). Dans le cas de la détermination des différentes valorisations des tubercules de manioc (Gari, farine de manioc, bioéthanol, bioplastique, tapioca), la recherche documentaire s’étale sur une large liste d’informations de bases :

– Les littératures (magazines, rapports, articles ou ouvrages, mémoires) liées au domaine de transformation de manioc.
– Les supports de cours en matière de fabrication de bioplastique et bioéthanol
– Guide pratique à la fabrication de farine de manioc de haute qualité comme celle de la collection guide pratique du CTA
– Ainsi que les autres sources de données disponibles.

Analyse et rédaction des données 

L’analyse des données nous a permis de déterminer tous les facteurs de développement de l’agriculture biologique pour en faire sortir les facteurs bloquants de l’agriculture biologique à Madagascar en analysant ces facteurs de développement pour le cas de Madagascar. Après avoir recueilli toutes les données nécessaires, nous avons sélectionné et rassemblé puis avons procédé à l’analyse des données collectées selon leur source et selon leurs années de publication. L’analyse a été basée sur les différentes valorisations de tubercules de manioc. Les informations issues des mémoires de fin d’étude et des rapports du ministère, FAO, sont comparées afin de voir la fiabilité de ces informations. L’analyse des données nous permet d’énumérer les différentes valorisations des tubercules de manioc à Madagascar et nous avons pu voir les différents produits dérivés des tubercules de manioc.

GENERALITES SUR LE MANIOC A MADAGASCAR 

La production de manioc

La culture de manioc s’effectue le plus souvent sur les tanety, des zones en hauteur ou versants des collines. Le manioc peut aussi être cultivé sur les baiboho (terres de décrue). Ces sols sont plus riches en éléments minéraux et azote, entraînant un développement végétatif plus important, au détriment du développement racinaire. Les cultures sur baiboho sont des cultures de 18 mois (Wattiez, 2012).

Les différentes variétés de manioc cultivées à Madagascar
Parmi les 300 variétés connues, les variétés locales comme le Madarasy, Fotsy, Rantsan’akoho, Valencia sont les plus cultivées dans différentes régions de Madagascar (Razafindrafara, 2010).

– La variété « Madarasy »
C’est une variété très douce à liège brun et rugueux, à phelloderme rose violée. Cette variété est la plus appréciée des consommateurs malgaches. On en trouve principalement sur les Hautes Terres de Madagascar.
– La variété « Rantsan’akoho »
Appelée ainsi à cause de la forme fasciculée de ses racines imitant la position des doigts des pattes d’une poule. C’est une variété à liège brun, clair, mince, à phelloderme rose, épais, se détachant facilement à l’épluchage.
– La variété « Valencia »
C’est une variété douce à liège brun foncé, à phelloderme rose violacée. Cette variété est cultivée sur la partie Est de Madagascar.

Des variétés hybrides existent aussi tels que H41 (Sao Pedro X Singapour) (Anonyme, 1952) qui est une variété améliorée pour l’usage des tubercules en féculerie, H45 et H53 qui sont destinées pour la consommation (Ministère de la coopération et du développement, 1991). Par ailleurs, les cultivars de manioc sont classés aussi en deux grands groupes : (i) les variétés amères dans lesquelles les glucosides cyanogénétiques se répartissent à forte dose dans tout le tubercule et (ii) les variétés douces avec des glucosides cyanogénétiques à faible dose surtout au niveau de la peau des tubercules (Asiedu, 1989 ; Hounhouigan et al., 2003).

En considérant la teneur en acide cyanogénétique (HCN), le manioc peut être classé en quatre catégories (Ministère de la coopération et du développement, 1991) :
– Les variétés très douces : Taux d’HCN < 0,010 %
– Les variétés douces : 0,010 % < Taux d’HCN < 0,012 %
– Les variétés amères : 0,012 % < Taux d’HCN < 0,014 %
– Les variétés très amères : Taux d’HCN > 0,014 % .

Les variétés douces sont destinées à la consommation humaine puisqu’elles produisent des tubercules de saveur appréciée et généralement peu chargé en acide cyanhydrique ou acide cyanogénétique. Les variétés plus ou moins riches en acide cyanhydrique sont utilisées à l’extraction de fécules (Ceriighelli, 1995).

Production nationale de manioc
Le manioc entre dans l’alimentation d’un malgache sur trois. Après le riz, le manioc se trouve en 2éme rang parmi les cultures vivrières en termes de superficie (soit 352 345 ha) et de tonnage de produit (Randrianarison, 2011).

Le manioc est principalement cultivé pour la consommation humaine (trois quarts de la production nationale) et animale (un quart de la production). Faisant partie des rares plantes à tubercule qui subissent des transformations, la valorisation du manioc sous d’autres formes reste peu exploitée à part le séchage des produits (30% de la consommation humaine). Il sert depuis toujours de produit de substitution du riz notamment en période de soudure et plus particulièrement pour la région sud de l’île. Environ 59% du stock de denrée de base dans cette région sont constituées par le manioc (Dabat et Ranaivoson, 2001). Cependant, les pertes après récolte sont considérables. Elles constituent 20% de la production de manioc (Ibrahima et Rakotonirainy, 2016).

Mode de stockage des tubercules de manioc

Dû à leur caractère périssable, le stockage des tubercules de manioc frais est fortement déconseillé. Ainsi, les paysans préfèrent laisser le manioc aux champs jusqu’au moment où ils en auront besoin. Et pour une conservation améliorée, différentes modes de stockage peuvent être pratiquées, comme :

– Le stockage dans des silos-fosses recouvert d’un toit de chaume
– Le stockage dans de la sciure humide
– Le stockage réfrigéré
– Le stockage sous bâche en plastique de racines .

La méthode de stockage des tubercules sous bâches en plastique développée par l’institut anglais NRI (Natural Resources Institute) semble être la plus adaptée dans le contexte africain, permettant de stocker les tubercules de manioc pendant une semaine. Cette méthode consiste à : (i) sélectionner les tubercules de bonne qualité et pourvues de leur pédoncule, (ii) tremper les tubercules dans l’eau, (iii) stocker les tubercules mouillés dans des sacs à jute, (iv) stocker les sacs sur des caillebotis de bois dans un hangar à l’abri des rongeurs, (v) couvrir les sacs avec une bâche plastique (Bell et al., 2000).

Toxicité et détoxication du manioc 

Toxicité du manioc
Les tissus du manioc ont la propriété de contenir de l’acide cyanhydrique (HCN) dans leurs vacuoles. Il s’agit de substances à groupe nitrile (-CN). Les deux principaux glucosides cyanogénétiques sont la linamarine, qui est la plus abondante, et la lotaustraline (figure 2). Leur toxicité est due à la libération d’acide cyanhydrique (HCN) suite à une réaction chimique appelée hydrolyse (figure 3). L’hydrolyse de la linamarine est catalysée par l’enzyme linamarase, contenue dans les parois cellulaires. Cette réaction a lieu uniquement après la destruction de la compartimentation subcellulaire par altération des tissus (Bell et al., 2000).

Détoxication du manioc
4 méthodes de détoxication sont généralement utilisées (Randrianatoandro, 2004) :
– Détoxication microbienne par fermentation
– Décomposition des glucosides en les chauffant à plus de 150°C
– Séchage au soleil
– Epluchage de la peau des tubercules enlevant environ 80 % du poison (acide cyanogénétique) (Bencini et Walston, 1991) .

Différents types de transformations du manioc 

Nombreuses sont les utilisations possibles du manioc frais ou transformé : fabrication de cossettes, tapioca, farines pour l’alimentation humaine ; farines infantiles constituées de mélanges de farine de manioc et de diverses céréales. L’amidon est destiné aux pâtissiers, biscuitiers, charcutiers. Le glucose est utilisé dans des fabricants de sirops et boissons, confiseurs, chocolatiers et biscuitiers, etc.
Le manioc est aussi une matière première utilisée dans les industries non alimentaires. La basse teneur en amylose et la haute teneur en amylopectine de l’amidon de manioc lui confère une viscosité. Le manioc peut être aussi utilisé dans les industries du papier, du textile grâce à ses propriétés adhésives. Cet amidon intervient aussi dans la production de dextrines pour la fabrication des colles ordinaires. Des produits pharmaceutiques (émollient ou excipient) et de l’alcool éthylique (éthanol) peuvent également obtenus à partir du manioc. L’emploi du glucose et du dextrose dans l’industrie de la confiserie a pour objet d’empêcher la cristallisation du saccharose. En boulangerie-pâtisserie, leur rôle est de fournir des hydrates de carbone se prêtant à la fermentation. Pour la fabrication des crèmes glacées et dans les conserves de fruits, ils permettent d’augmenter le pourcentage de produits solides sans entraîner une édulcoration trop importante, d’où accentuation de la saveur naturelle du fruit. Les glucoses et dextroses empêchent aussi la formation de grands cristaux de glace qui détruisent la texture crémeuse des produits. De manière générale, le glucose et le dextrose remplacent partiellement ou complémentent le saccharose dans les industries alimentaires (Dabat et Ranaivoson, 2001).

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Table des matières

1. INTRODUCTION
2. METHODOLOGIE
2.1. Collecte d’informations
2.2. Analyse et rédaction des données
3. RESULTATS
3.1. GENERALITES SUR LE MANIOC A MADAGASCAR
3.1.1. La production de manioc
3.1.2. Utilisations du manioc
3.2. PRODUITS POUR LA CONSOMMATION HUMAINE
3.2.1. Produits alimentaires à fabrication artisanale
3.2.2. Produits alimentaires à fabrication industriellement
3.3. AUTRES PRODUITS INDUSTRIELS ET PRODUITS POUR LA CONSOMMATION ANIMALE
3.3.1. Autres produits industriels
3.3.2. Produits de la consommation animale
4. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
4.1. DISCUSSIONS
4.1.1. Contribution des produits dérivés de manioc à la sécurité alimentaire
4.1.2. Atouts de la filière manioc
4.1.3. Contraintes pour la filière manioc
4.1.4. Opportunités à venir pour cette filière
4.1.5. Facteurs menaçant la filière manioc
4.2. RECOMMANDATIONS
4.2.1. Rôles du gouvernement
4.2.2. Augmenter la production et améliorer la technique de stockage
4.2.3. Développer l’utilisation industrielle des tubercules de manioc
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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