Valorisation de l’espace public et de la vie de quartier : Création d’un jardin partagé Angers, Maine et Loire, 49

Les villes en perpétuelle mutation, laissent à voir des quartiers sans vie, sans bruit et sans couleur. La ville est devenue le symbole de l’individualisme et de l’indifférence. Dans notre société qui va toujours plus vite, rares sont ceux qui prennent le temps de contempler la beauté de la nature. La nature, elle‐même, a disparue de nos villes où bien souvent tout n’est plus que béton à perte de vue. Aujourd’hui la majeure partie de la population est absorbée par les zones urbaines. Ses zones sont confrontées à des problèmes majeurs tels que la densité, la mobilité et l’étalement urbain. Pour ses multiples raisons, inhérentes au mode de vie actuel, les citadins vivent mal en ville. Face à cette situation se dégage deux grands enjeux : d’abord la question de la réappropriation de la ville par ces habitants puis celle de la préservation et de l’amplification de la biodiversité en milieu urbain : puisqu’on ne peut plus dire où s’arrête la ville. Notre projet de jardin partagé vise donc à enraciner les habitants dans leur quartier autour de valeurs fortes telles que le partage, l’entraide, et la construction de soi à travers l’ouverture à l’autre, au quartier et donc au monde. On cherche à créer des liens, des passerelles entre les cultures là où les conditions d’existence ont contribué à distendre les mailles de la vie sociale et du dialogue. C’est aussi avec cette initiative, permettre l’appropriation du cadre de vie, de l’espace public avec en toile de fond la possibilité de l’enrichir. Jardiner, ce n’est plus une pratique archaïque et solitaire : c’est devenu le symbole d’une nouvelle citoyenneté. Ainsi je vous invite au fil de ses pages à découvrir l’univers des jardins partagés, à vous investir dans cette aventure humaine qui pourrait bien se révéler être une autre façon d’habiter et de vivre la ville. Nous verrons d’abord en détail ce qu’est un jardin partagé, et comment se monte un tel projet, ce qui nous permettra d’enchainer ensuite sur la création d’un modèle général de prospection de terrain à destination de ce type de projet : applicable partout en France. Enfin nous appliquerons ce modèle à la réalisation d’un jardin d’abondance sur la ville d’Angers, dans le quartier du Lac de Maine.

Semer

Les différentes modalités d’un jardin partagé 

Historique et définition
Les racines des jardins partagés se trouvent de l’autre côté de l’atlantique, dans le modèle des community gardens des villes nord‐américaines, en particulier New York et Montréal. Ces jardins de quartier fonctionnent à la fois comme des espaces publics et de cultures. Le premier jardin communautaire de New York est né à Manhattan, au début des années 1970. La ville connait alors une grave crise urbaine et financière : le nombre de friches explose entrainant alors des problèmes d’hygiène et de sécurité. C’est ainsi que Liz CHRISTY après avoir créé ce premier jardin communautaire fonde en 1974 l’association Green Guérillas pour aider les gens à en créer d’autres. Enfin en 1978 la municipalité ouvre le programme Green Thumb pour contribuer à l’essor de ces jardins.

En France, dès le milieu des années 1980, quelques animateurs sociaux s’intéressent à ces pratiques d’appropriation collective. La Fondation de France voit là l’opportunité de développer le lien social, tout en prenant en compte, même partiellement, les préoccupations d’autosuffisance alimentaire. Avec son aide, plusieurs séjours sont organisés afin d’étudier les conditions d’émergence de telles initiatives et d’adapter les pratiques nord‐américaines à nos données urbaines et sociologiques. En 1997 à Lilles et en 1999 à Nantes, ont lieu deux colloques réunissant plusieurs centaines de personnes impliquées dans ces initiatives ou désireuses de les développer. On y met en place un réseau informel : le JARDIN DANS TOUS SES ÉTATS (JTSE), qui vise à améliorer la concertation entre les différents acteurs dans le but de créer de nouveaux jardins partagés. En 2003 on assiste à l’évolution des textes de loi, avec la création de nouvelles formes de jardins collectifs. On définit alors trois types de jardins : les jardins familiaux, les jardins d’insertion (« créés ou utilisés en vue de favoriser la réintégration des personnes en situation d’exclusion ou en difficulté sociale ou professionnelle ») et les jardins partagés. Le texte de loi définit les jardins partagés comme « des jardins créés ou animés collectivement, ayant pour objet de développer les liens sociaux de proximité par le biais d’activités sociales, culturelles ou éducatives, et étant accessibles au public».

Ces jardins conjuguent l’envie de se rapprocher de la nature, de manger mieux et de se retrouver ensemble. On y privilégie la dynamique de groupe, plutôt que le jardinage. Le jardin partagé est avant tout un lieu de vie ouvert sur le quartier qui favorise les rencontres entre générations et cultures : C’est un lieu de mixité sociale. C’est aussi un espace collectif, semi public, soumis à un cahier des charges, favorisant l’émergence de la création individuelle et permettant le travail de groupe. Il existe beaucoup de façons d’envisager le jardin partagé : on peut soit jardiner ensemble à partir d’un seul projet couvrant la totalité du terrain à disposition ‐ symbole fort de cohésion ; soit diviser la surface en autant de parcelles qu’il y a de jardiniers, chacun y développant le projet de son choix ‐ ce jardin reflétera alors la diversité des savoirs faire ; soit par le biais de très grandes parcelles maraîchères reliées entre elles par des espaces collectifs : verger, compost, abri convivial, aires de jeux, … Soit enfin de minuscules surfaces de quelques mètres carrés insérées au sein de squares ou de jardins publics. La pluralité de ses formes d’aménagements et de fonctionnements provient du fait qu’ils sont construits collectivement, en fonction des potentialités, des attentes des habitants d’un lieu : ils peuvent être réalisés de manière temporaire sur des terrains en attente de leur destination finale, ou bien de manière pérenne, sur des espaces publics, dans des cœurs d’îlots. Bien que divers, ils portent tous des valeurs communes : le partage, la créativité, la solidarité, l’aide aux personnes en difficultés, le lien retrouvé avec la nature, le respect de l’environnement. Enfin pour qu’il soit « partagé », il faut les jardiniers s’impliquent réellement dans la conception de leur site ainsi que dans les modalités de son fonctionnement, il en va de la pérennité d’un tel projet.

Le jardin partagé est donc d’abord un lieu de parole, d’apprentissage, de construction et de consolidation de la démocratie participative ; un lieu d’écoute et de partage ; un lien social indispensable.

Les objectifs

Un jardin, c’est avant tout un projet. Ce projet doit être issue d’une concertation impliquant à la fois les habitants, les futurs usagers et les intervenants sociaux, les élus, les techniciens, les associations.

Ce projet doit être souple et évolutif afin de garantir sa pérennité et sa cohérence avec le contexte social, culturel, environnemental, économique et éducatif. Parallèlement à ses objectifs théoriques, un jardin partagé a aussi des objectifs plus liés à la pratique : ils se répartissent en trois groupes :

➢ L’aspect social :
Il favorise les relations de bon voisinage, facilite la rencontre des habitants de tous âges et de toutes origines à travers des rapports conviviaux d’entraide, et d’échanges de savoirs, de pratiques. Il permet l’appropriation de l’espace public obtenue par une forte implication des habitants, créant ainsi des espaces d’initiatives citoyennes autogérés. Il contribue aussi à la valorisation des ressources locales en tissant des relations avec d’autres structures et institutions (associations de riverains, écoles, collèges et lycées, maisons de retraite, hôpitaux, centres sociaux, commerces de proximité). Il est à la portée de tous, accordant une attention plus particulière aux personnes isolées et fragilisées : il ne doit en aucun cas devenir un projet élitiste. Il nécessite enfin une compétence d’animation, gérée par des personnes à l’écoute qui savent s’adapter à chaque situation.

➢ L’aspect économique :
Il favorise le plaisir de produire, de goûter et de partager le fruit de ses efforts, quelles que soient les ressources financières dont dispose l’adhérent. Il permet aussi à moindre coût une alimentation de qualité, saine et diverse.

➢ L’aspect environnemental :
Il représente un support concret d’éducation à l’environnement. Il participe à la diversité et à l’amélioration des paysages urbains. Il s’inscrit dans la continuité de la trame verte, créant des continuités écologiques ou corridors au sein du tissu urbain. Il optimise et embellit les espaces vacants, petits ou grands, grâce à la créativité des habitants. On peut alors parler d’un véritable projet du développement durable. Il prend aussi en compte le respect de l’environnement en mettant en œuvre de modes de gestion et de pratiques écoresponsables favorisant la biodiversité (choix d’essences adaptées au sol et au climat), la gestion écologique des cycles naturels de l’eau (récupérateur d’eau) et des déchets.

Il rend enfin plusieurs services écosytémiques en participant à l’amélioration des sols (enrichissement par la décomposition de la matière organique), en favorisant la création de niches écologiques (amélioration de la biodiversité; refuge pour les insectes pollinisateurs), en contribuant à l’amélioration de la qualité de l’air urbain. Etant basé sur des fondements écologistes forts il utilise l’eau avec parcimonie et sans gaspillage. Le jardin permet la récolte de nourriture (légumes, fruits,…), il peut aussi fournir des plantes médicinales à vertus thérapeutiques, et également des ressources d’ornement (fleurs par exemple). Il permet de contrôler l’érosion grâce à la couverture végétale du sol. Enfin il rend des services culturels et sociaux, participant ainsi à la conservation du jardin potager français.

Les étapes de création du projet

Avant tout, le porteur de projet doit identifier une parcelle propice à la mise en place d’un jardin partagé : une friche urbaine, un bout d’espace vert collectif, etc. Pour repérer un terrain, plusieurs possibilités s’offrent au porteur du projet : certaines collectivités ont mis en place des politiques publiques facilitant l’accès à ces terrains, certains parcs peuvent accueillir des jardins partagés. On peut aussi prendre contact avec des organismes de logements sociaux ainsi qu’avec d’autres propriétaires fonciers (par ex : installation d’un jardin partagé sur les toits, sur des terrasses). Le principal est de définir un périmètre de recherche : le jardin doit être facile d’accès que ce soit à pied ou en vélo. Ensuite, les habitants souhaitant créer le jardin partagé doivent se regrouper en association. Les personnes intéressées (les habitants ressources) doivent s’informer sur les dispositifs d’aide à la création et au financement de ce type de projet. Le mode associatif permet de satisfaire aux exigences de certaines mairies en termes d’assurance, de compte en banque, de signature d’une convention. On passe alors à la phase de concertation, impliquant d’aller rencontrer les élus, les services techniques et d’élaborer le projet dont les thèmes récurrents sont : l’aménagement, la répartition de l’espace entre les jardiniers (collectif/individuel), la diversité des cultures, les activités proposées, le budget, … Pour s’aider les habitants ressources peuvent aller voir des jardins partagés existants. Finalement si le projet est mis en œuvre, la phase suivante est d’informer les autres habitants. Il faut définir un périmètre d’influence du jardin et de recrutement. Celui‐ci peut se faire sous forme de réunion publique, par la présence d’informations sur les marchés, auprès du comité ou du conseil de quartier, auprès du conseil de la jeunesse, ou de manière plus ludique par des pique‐niques. La ville quant à elle peut mettre en place plusieurs types d’accompagnements en fonction des caractéristiques du projet : à savoir des aides pour la préparation du terrain (apport de terre, de plantes, arrivées d’eau, …) et des aides pour l’animation du projet (financement d’associations professionnelles) .

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Table des matières

Introduction
Sommaire
Partie 1 : Semer ‐ Les différentes modalités d’un jardin partagé
i. Historique et définition
ii. Les objectifs
iii. Les étapes de création du projet
Partie 2 : Repiquer ‐ Prospection généralisée d’un jardin partagé
i. Compte rendu des visites des expériences effectuées à Paris et à Bordeaux
La ville de Paris
La ville de Bordeaux
ii. Ce qu’il faut retenir
iii. Elaboration des critères de choix d’un terrain
Partie 3 : Tuteurer ‐ Angers et sa politique de jardins partagés
i. Angers, ville nature : présentation succincte de la ville
Données géographiques
Accessibilité
Statuts administratifs
Création d’un jardin partagé
Patrimoine historique
Données démographiques et évolutions
Emploi, Chômage
Données économiques dominantes
Données géologiques et pédologiques
Etude du climat
Patrimoine naturel : faune et flore endémiques
Les particularités paysagères d’Angers
Les autres particularités
ii. La politique d’Angers en matière d’environnement et en matière de jardins partagés
Partie 4 : Floraison et apparition des premiers fruits ‐ Prospection des terrains potentiellement utilisables pour un jardin partagé sur le quartier du lac de Maine
i. Présentation du quartier de lac de Maine
Biodiversité
Données géologiques et pédologiques
Hydrographie
ii. Retour sur la prospection des terrains
Les tableaux de critères
Partie 5 : Fructification ‐ Réalisation du projet dans le Parc du Vallon
i. Retour sur le terrain choisi
ii. Une Proposition et son évolution
Les objectifs
Création d’un jardin partagé
Les idées et les matériaux que nous pourrions utiliser
L’état actuel du projet
L’évolution du jardin dans le temps
Perspectives
Conclusion
Bibliographie
Index des sigles
Les annexes

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