Valeurs mystique et esthetique de l’amour

DE LA VERTU A LA MYSTIQUE DE L’AMOUR

Fondement philosophique de l’amour de la vertu

Les diverses fonctions de l’âme sont liées à l’aspect esthétique de l’amour exprimé par la beauté et la santé. Cet aspect rend ainsi possible une disposition bien réglée de l’âme où l’ordre et l’harmonie forment les éléments constitutifs de la vertu divine. PLATON expose clairement cela dans un passage du Banquet où il écrit :

 » Tous les hommes, Socrate, sont féconds, selon le corps et selon l’âme, et arrivés à un certain âge, éprouvent naturellement un besoin d’enfanter ; or, il n’est pas possible d’enfanter dans la laideur, mais uniquement dans la beauté. L’union de l’homme et de la femme est un enfantement, et cet acte a quelque chose de divin, car fécondité et procréation sont en l’homme, vivant et mortel, la part d’immortalité. Mais ces actes postulent une harmonie, et tout ce qui est laid est en désharmonie avec le divin, seule la Beauté s’harmonisant avec lui. Ainsi, la Beauté est pareille à la Parque et à l’lythie qui président à toute naissance. C’est pourquoi l’être fécond que son approche apaise, fascine, épanouit, peut enfanter et procréer ; tandis que devant la laideur, brusquement sombre et chagrin, il se rétracte, se détourne et se replie sur lui-même sans procréer, portant à grand mal le fardeau de sa fécondité : d’où vient que l’être fécond, déjà gonflé de sève, éprouve de si violents transports pour la beauté qui le délivrera d’une pareille charge « .

Ordre et harmonie engendrent de la vertu, objet essentiel de l’élan amoureux, celui qui se rattache immédiatement à sa nature primitive. Etant désir d’immortalité, l’amour demeure le seul moyen que possède l’être mortel pour parvenir à l’immortalité et, cela, par la procréation. Etant donné que la vertu constitue une disposition de l’âme, celle-ci pousse l’homme vers le Bien. Selon PLATON, le pressentiment du Bien impulse l’union de l’amour et de la vertu. Dans une perspective platonicienne, seul l’homme vertueux peut vivre dans l’amitié et dans l’amour. Si pour Héraclite,  » La vertu est la route la plus courte vers la gloire « , c’est que l’homme ne doit pas déserter l’amour de la vertu. Car cette vertu sert à faire régner l’ordre et l’harmonie dans l’âme. Aux yeux de PLATON, la génération selon le corps est une image trompeuse et s’effectue par la relation de l’homme à la femme. Cette génération conduit évidemment à l’immortalité, grâce à laquelle les hommes sont prêts aux plus grands sacrifices. Par le désir d’engendrer, l’âme humaine aspire au divin et cherche la beauté. Un passage du Banquet illustre l’objectif que se fixe l’amour platonicien :

 » Ceux qui sont féconds dans leur corps […], se tournent de préférence vers les femmes, et leur amour consiste à procréer afin de s’assurer l’immortalité, la survivance de leur nom et leur bonheur, pour un avenir qu’ils s’imaginent éternel. Quant à ceux qui sont féconds selon l’âme (car il est vrai qu’il est des êtres dont l’âme est plus féconde que le corps) dans son domaine particulier, celui de l’intelligence et de toute forme de vertu, ce sont, entre autre, les poètes créateur, et tous les gens de métiers auxquels on reconnaît le génie de l’invention ; mais de toutes les formes de l’intelligence, la plus haute, et de beaucoup, la plus belle est celle qui s’emploie à donner les cités et les maisons, et dont le nom est Prudence et Justice « .

Ce passage exprime la fonction essentielle de la procréation de la femme. Et le rôle du philosophe est de chercher à découvrir, dans un corps beau, une belle âme, ce dont l’homme de bien doit s’occuper. L’œuvre de l’amour consiste donc précisément en ceci : que l’aimé fasse éclore les germes que l’amant portait sur lui, cela demeure essentiel. De leur union naissent des enfants plus beaux et plus immortels que ceux des hommes. Selon PLATON, le rôle de l’amour est de provoquer en soi cette éclosion dont la détermination est liée à l’attrait de la beauté de l’âme. Les vertus dont l’âme possède le germe reposent sur ce qui fait la véritable raison d’être de l’amour. Cet amour se traduit par le désir de produire, dans l’âme, des discours propres à rendre meilleurs les jeunes citoyens. Portant sur l’amour, ce discours lui procure la connaissance nécessaire à la contemplation du Beau absolu. Dans la perspective de SOCRATE, cette contemplation permet d’engendrer et de nourrir, non pas l’image de la vertu, mais les vertus réelles : l’image fluente des objets n’exprime pas leur réalité véritable, saisie par  » l’œil de l’âme  » du philosophe qui la contemple, ce par quoi seul le réel est visible sur la base de l’activité dialectique.

 » La méthode dialectique est donc la seule qui, rejetant les hypothèses, s’élève jusqu’au principe même pour établir solidement ses conclusions, et qui, vraiment, tire peu à peu l’œil de l’âme de la fange grossière où il est plongé,…  »  .

Il y a ici une opposition radicale entre la connaissance sensible du particulier [multiple et mouvant] et la connaissance rationnelle de l’universel, un et immuable. L’Idée n’est donc pas une simple représentation mentale comme nous aurions tendance à le croire aujourd’hui, mais une réalité, la vérité que l’esprit doit saisir pour la contempler. Si ce que PLATON nous enseigne ici garde sa valeur logique, c’est que la vérité ne nous est pas donnée dans les apparences : celles-ci sont trompeuses et nous en éloignent parfois. C’est pourquoi les yeux de l’esprit sont toujours supérieurs à ceux du corps pour voir le vrai. C’est ainsi que la puissance érotique que possède l’âme l’élève à la vertu, exprimée par la nature essentielle de notre être. Semblable à l’objet qu’elle connaît, l’âme la saisit par une sorte d’enthousiasme divin. C’est, du moins, ce que PLATON expose dans le Phèdre où il écrit :

 » Chacun passe sa vie à honorer et à imiter, autant qu’il peut, le dieu dont il a suivi le chœur. Aussi longtemps qu’il n’est pas corrompu et qu’il en est à sa première génération ici-bas, c’est de cette manière qu’il se comporte et qu’il se conduit avec ses bien-aimés et avec les autres. Ainsi donc, en ce qui concerne l’amour des beaux garçons, chacun choisit selon ses dispositions et comme s’il s’en faisait un dieu, il lui élève une statue qu’il orne, pour honorer et célébrer son mystère. Ceux-là donc, dis-je, qui dépendent de Zeus, cherchent, pour bien-aimé, quelqu’un dont l’âme serait celle d’un Zeus. Aussi examinent-ils si, par nature, il aspire au savoir et s’il a le goût du commandement ; et, quand, l’ayant trouvé, ils en sont épris, ils font tout pour qu’il soit conforme à ce modèle « .

L’amour est présenté comme quelque chose que l’âme s’efforce d’atteindre. L’âme amoureuse cherche son répondant par son ascèse érotique s’élevant à la divinité. Cette ascèse permet d’amener le bien-aimé à s’approcher du disciple de Zeus. Par là, il est à la recherche d’une âme qui lui ressemble. Il s’agit là d’une âme philosophe, aspirant au savoir pour mieux commander en régularisant toutes les tendances de notre nature humaine de mortel. Pourtant, l’autorité dont il est investi, c’est précisément celle que le philosophe nous permet de prendre sur nos passions. C’est grâce à l’âme, liée au corps, que l’amour devient un moyen de se dégager de ce corps. De ce fait, elle peut réaliser la perfection de son essence et atteindre, par là, les réalités absolues. C’est seulement en ce sens que l’amour consolide, chez PLATON, la Beauté qui lui assigne sa valeur éthique. Ce que SOCRATE désigne par  » l’amour bien réglé « . Dans la théorie platonicienne, l’amour, se présente sous un aspect particulier. De l’avis de SOCRATE, personnage central du dialogue, l’aspect sensible de l’amour est assimilé à l’Eros, caractérisé par son intrépidité et son humeur changeante. Dans cette même perspective, un passage du Banquet éclaire tout ceci :

 » Vous avez pu constater par vous-même la passion de Socrate pour les beaux garçons : toujours à leur tourner autour, il semble leur être fort sensible, avec ça, si l’on en croit les apparences, monsieur ignore tout, monsieur ne sait rien ! Cela n’est-il pas très sélénique ? Et comment ! Ce sont les dehors dont il s’enveloppe à l’instar des silènes sculptés ; mais quand il s’ouvre, messieurs les convives, vous n’avez pas l’idée de la sagesse qui déborde de lui ! Sachez-le : pas plus qu’il se soucie de la beauté d’un homme, pour laquelle son mépris est à peine croyable, il ne s’inquiète de sa richesse ou d’aucun de ces honneurs dont rêve le vulgaire, considérant que tous ces biens n’ont aucune valeur et que nous même ne sommes rien : tenez-vous-le pour dit ! Il passe son temps à faire le naïf et le gamin avec les gens ; mais quand il s’ouvre et devient grave, je ne sais si personne a jamais vu les statuettes cachées dedans ; moi je les ai vues, un jour, et elles m’ont semblé si précieuses, si divines, si parfaitement belles et si merveilleuses que, du coup, j’en ai perdu le pouvoir de m’opposer dès lors un seul instant à aucune de ses volontés!  »  .

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : VALEURS MYSTIQUE ET ESTHETIQUE DE L’AMOUR
CHAPITRE I : DE LA VERTU A LA MYSTIQUE DE L’AMOUR
I.1.1. Fondement philosophique de l’amour de la vertu
I.1.2. De la spiritualité de l’amour à l’âme amoureuse du divin
I.1.3. Du principe de la connaissance vraie à la valeur esthétique de l’amour
CHAPITRE II: L’AIMABLE COMME CONSEQUENCE DU RAPPORT DE L’AMOUR ET DE LA BEAUTE
I.2.1. L’amitié, l’idéal du Beau
I.2.2. Le Beau: objet de recherche pour l’âme
I.2.3. Le vrai et le Bien comme détermination fondamentale du Beau
CHAPITRE III: LE DUALISME PLATONIQUE ET L’EMULATION VERS LES BELLES ACTIONS
I.3.1. L’âme amoureuse, fondement de la connaissance
I.3.2. Le connaître comme moteur principal de l’action chez PLATON
I.3.3. L’amour est philosophe
DEUXIEME PARTIE : PLAN PROVISOIRE DE LA FUTURE THESE
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES CONCEPTS FONDAMENTAUX DE L’AUTEUR ET BIBLIOGRAPHIE COMMENTEE
III.1. ANALYSE DE QUELQUES CONCEPTS FONDAMENTAUX DE L’AUTEUR
III.2. BIBLIOGRAPHIE COMMENTEE
III.2.1. Œuvres de PLATON
III.2. 2. Etudes platoniciennes
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE LISTEE

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