Vaccination anti-HPV pour les jeunes garçons en France

« La ministre des Solidarités et de la santé Agnès Buzyn se félicite de la recommandation de la Haute autorité de santé publiée ce jour visant à étendre aux jeunes garçons la vaccination contre les papillomavirus humains et souhaite que cette recommandation soit intégrée dans le calendrier des vaccinations 2020 pour une mise en œuvre d’ici l’été. » (3) Par ce communiqué de presse rendu public le 16 décembre dernier, l’ancienne ministre de la santé Agnès Buzyn soutient la décision de la Haute autorité de santé (HAS) d’étendre la vaccination Human Papillomavirus (HPV) aux jeunes garçons en France, et ce, après de nombreuses années de débat. En effet, cette question est l’objet de nombreuses controverses, tant la politique vaccinale en France suscite de nombreuses réactions à chaque remaniement. Autrefois figurant parmi les champions de la vaccination, les Français sont désormais sceptiques à l’égard des vaccins. Leur méfiance face à la vaccination croît d’années en années et ce, à cause d’une conjonction particulière d’évènements médicaux dans notre pays, le dernier en date étant la crise du Médiator en 2019. Les réticences de la population, et notamment ses doutes quant à de possibles effets secondaires, représentent un frein au fait de se faire vacciner. Cette hésitation face à la vaccination a été identifiée par l’Organisation mondiale de la santé comme l’une des dix plus grandes menaces pour la santé mondiale en 2019. (5) C’est dans ce climat de tensions, que depuis plusieurs années, des mesures sont instaurées par les autorités sanitaires qui pourraient contribuer à améliorer la stratégie de santé publique et à diminuer la réticence des citoyens vis-à-vis des vaccins, à travers des améliorations de la transparence des laboratoires pharmaceutiques, une meilleure pharmacovigilance et une information du public plus claire notamment. Parmi ces résolutions, promouvoir la vaccination anti HPV en France est un des objectifs établis. (4) Les papillomavirus humains aussi appelés HPV sont des petits virus à ADN très ubiquitaires, c’est à dire présents dans de très nombreux tissus de l’organisme. On compte actuellement plus de 200 variétés dont 120 identifiés et séquencés. Ils infectent la peau et les muqueuses et on les retrouve le plus souvent au niveau des zones intimes et des voies aérodigestives supérieures (bouche et gorge).

Analyse et discussion 

Analyse de la controverse

Limite de l’étude

Les limites de l’étude tiennent essentiellement à la redondance des arguments au sujet d’une vaccination anti HPV des jeunes garçons en France. La recherche a été la plus étendue possible en essayant notamment de sortir des « sentiers battus » et d’aller vers des sources adressées au « grand public » afin de rassembler le maximum d’arguments. Néanmoins une fois les arguments principaux, favorables ou non à cette extension de la vaccination anti HPV aux hommes, identifiés lors du processus de recherche, il a été difficile de trouver de nouveaux arguments, et ce malgré la prise de position de l’HAS en décembre 2019.

Une limite supplémentaire a également été décelée lors de l’étude : en effet certains documents n’étant pas disponibles en ligne ou non soumis au prêt n’ont malheureusement pas pu être sélectionnés. De plus, l’exclusion des forums de discussions et des articles ne comportant pas de nom d’auteur a d’autant plus restreint, d’autant que les forums de discussions sont un endroit où le grand public peut s‘exprimer en toute liberté. Obtenir les témoignages de parents, de jeunes garçons, des usagers concernés par cette problématique, aurait pu enrichir le débat. Pour pallier ce manque et garantir le plus possible une hétérogénéité des arguments, les documents types presses généralistes, adressés à ce public, ont été très largement sélectionnés.

Interprétation et analyse des résultats

L’étude bibliographique a regroupé 53 articles, issus de 59 auteurs différents (ont été comptabilisés les auteurs des articles de communiqué de presse, d’associations, de communiqué de presse, d’émissions télévisées sans que l’auteur ne soit personnellement nommé).

Sur ces 59 auteurs :
– 36 ont apporté des arguments en faveur de l’extension de la vaccination
– 2 ont donné des arguments contre celle-ci
– 21 ont avancé des arguments pour chacune des positions

Dans la partie « résultats » ci-dessus les articles ont été analysés et triés selon la prise de positions des auteurs et leurs apports dans une des deux prises de positions de la controverse. Ainsi il est recensé 27 arguments en faveur d’une extension de la vaccination anti-HPV aux jeunes garçons et 27 en défaveur ; Ces chiffres sont non définitifs car il est possible de les modifier tant que la recherche bibliographique est poursuivie. Néanmoins ils permettent une première approche de la controverse : en termes de publication et de documentation, il y a un réel déséquilibre. La position la plus défendue est celle qui est favorable à l’extension de la vaccination chez les jeunes garçons. Si deux auteurs se sont clairement positionnés contre celle-ci, il est essentiel de noter que la plupart des auteurs sont ambivalents, avançant des arguments pour les deux parties. L’ambivalence face à cette question de controverse est donc complètement reflétée par ces chiffres, il n’y a pas une position plus reflétée que l’autre. Les arguments favorables à une vaccination systématiquement proposé aux hommes sont avancés par quelques gynécologues-obstétriciens, des spécialistes de l’immunologie tels que des biologistes, oncologues, immunologues, associations, journalistes et quelques documents officiels. Les plus actifs dans cette défense de l’extension du plan vaccinal étant les journalistes, les gynécologues-obstétriciens, les spécialistes de l’immunologie et les associations .

Ces arguments peuvent être triés selon plusieurs aspects :
❖ Médical : L’argument extrêmement développé est que les hommes sont aussi concernés par les infections HPV comme les condylomes et certains cancers, notamment de la sphère ORL et de l’anus. Ainsi vacciner les hommes permettrait de les protéger de ces pathologies. De plus, l’HPV étant sexuellement transmissible, vacciner les hommes permettrait aussi de protéger indirectement leurs partenaires ; cet aspect est non négligeable vu le faible taux de vaccination des jeunes filles et une incidence du cancer du col de l’utérus qui ne diminue pas ;
❖ Ethique : la vaccination étendue à tous les jeunes garçons est une décision scientifique et éthique qui permettra, quelle que soit l’orientation sexuelle de l’individu (souvent méconnue avant un certain âge) de bénéficier d’une protection individuelle. Ceci est d’autant plus vrai que les hommes n’ont pas à leur disposition de test de dépistage et que ces infections sont souvent silencieuses. De plus vacciner indifféremment les hommes et les femmes permettrait d’éviter d’engendrer un non respect de la vie privée et une stigmatisation liée à l’orientation sexuelle.
❖ Financière : si une double campagne de vaccination coûterait plus chère dans un premier temps, il a été démontré que les répercussions financières seraient significatives à terme. En effet s’il y a une baisse d’incidence des pathologies HPV, les coûts en imagerie, chimiothérapie, chirurgie, radiothérapie seraient moindre. Les infections HPV en France coûtent en soins près de 500 millions d’euros par an. Dans un contexte de couverture vaccinale basse chez les filles, comme c’est le cas en France, la vaccination des garçons apparaît coût-efficace si la couverture vaccinale masculine est élevée.
❖ Sécuritaire : Il est à noter que les premières études ont démontré que le vaccin ne présentait pas d’effets indésirables notoires chez les hommes.

Les aspects médicaux et éthiques sont prédominants comme arguments favorables à une extension de la vaccination HPV aux jeunes garçons en France. Les deux autres aspects, sécuritaire et financier sont plutôt utilisés comme des réponses face aux détracteurs de l’extension de la vaccination. Les arguments opposés à une vaccination systématiquement proposée aux hommes en France sont cités par des auteurs similaires, il y a moins de spécialistes en immunologie, moins d’associations, mais tout autant de biologistes, journaliste et gynécologues obstétriciens. Il y a donc une vraie scissure entre les professionnels de santé favorables à la vaccination des hommes et ceux qui y sont opposés, chacun n’hésitant pas à défendre son point de vue et à répondre aux arguments du camp adverse. Ces arguments en défaveur de la vaccination HPV pour les hommes peuvent être triés selon plusieurs aspects :

❖ Financier : une double vaccination serait synonyme d’un double coût. Or compte tenu de la couverture vaccinale basse chez les jeunes filles depuis de nombreuses années, il est peu probable que celle des hommes soit suffisamment élevée pour rentabiliser le coût de la mise en place d’une campagne vaccinale de telle ampleur. Une double vaccination coûterait donc trop chère pour le bénéfice apporté. Il serait donc, d’un point de vue financier, plus logique d’appuyer les campagnes de promotion du vaccin pour augmenter la vaccination féminine, ce qui serait beaucoup plus coût-efficace.
❖ Sécuritaire : il n’a pas encore été certifié que ce vaccin serait sans danger pour l’homme. Les études n’ont pas été assez poussées jusqu’ici pour affirmer son innocuité totale. Le vaccin présenterait des risques d’effets indésirables qui contre balancerait avec le bénéfice, notamment certaines maladies autoimmunes. Il a également été révélé que ce vaccin contiendrait de l’aluminium, néfaste pour l’Homme.
❖ Médical : L’équité s’apprécie à risque égal, ce qui n’est pas le cas pour les cancers liés à HPV. En effet, le risque de cancer lié à HPV est beaucoup plus élevé chez les filles que chez les garçons. Chez les hommes, les cancers liés à l’HPV tels que le cancer de l’anus restent très rares, sauf chez les hommes ayant eu ou ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH). Or, ils font déjà parti du schéma vaccinal puisqu’ils ont possibilité jusqu’à l’âge de 26 ans d’être vaccinés. De plus les lésions HPV ne se développent pas à la même fréquence chez les garçons que chez les filles. Pour certains, il parait alors évident que la priorité en termes de santé publique soit de promouvoir la vaccination féminine.
❖ Ethique : à plusieurs reprises, il a été souligné un manque d’intérêt de la part des hommes concernant ce vaccin ; le cancer du col de l’utérus touchant les femmes et étant la pathologie HPV la plus redoutée mais aussi la plus connue, elle ne concerne pas directement les hommes. Un manque de connaissance sur le virus peut être corrélé à ce désintérêt. Ce vaccin serait donc beaucoup moins accepté par la population masculine interrogée. En effet du fait de la rareté des pathologies HPV chez les hommes, ce vaccin ne les concerne pas. De plus le tabou de la sexualité autour de ce vaccin serait le même pour les filles que pour les garçons. Ainsi les familles n’accepteraient pas plus de vacciner leurs enfants garçons que leurs filles.

La majorité des arguments défavorables touche à l’aspect financier, médical et sécuritaire. L’aspect éthique vient surenchérir et appuyer les propos des auteurs sur le fait que la population masculine, de par la rareté des pathologies HPV chez les hommes mais aussi le tabou sexuel autour de ce vaccin, ne les incitent pas à se faire vacciner. Cette étude bibliographique met ainsi en évidence plusieurs points de discussions. Il existe quatre principaux types d’arguments, présents dans les deux camps : l’aspect financier, l’aspect médical, l’aspect sécuritaire et l’aspect éthique. La controverse s’articule donc autour de ces quatre axes principaux. Dans la partie Discussion, une synthèse rapide sur l’histoire des pathologies HPV en termes d’épidémiologie et de coût en santé mais aussi sur le schéma vaccinal en France sera présentée avant que chaque opinion de la controverse, repéré lors de l’analyse bibliographique ne soit détaillé. Même si l’étude faisant l’objet de ce mémoire se déroule en France, il paraît nécessaire de comparer notre politique vaccinale avec d’autres pays, notamment européens, qui vaccinent leurs jeunes garçons depuis plusieurs années, mais également d’observer leurs premiers résultats afin de documenter encore plus le débat. L’issue de cette discussion permettra de dégager des perspectives de résolutions de cette controverse, tout en restant ancrée dans l’actualité, car ce sujet est en plein cœur de changements.

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Table des matières

Introduction à l’étude
Matériels et Méthode
Résultats
Analyse et
Discussion
1. Analyse de la controverse
i. Limite de l’étude
ii. Interprétation et analyse des Résultats
2. Discussion
i. Vaccination anti- HPV en France : état des lieux
ii. Une extension de la vaccination HPV aux jeunes garçons : source de la controverse
iii. Quelles propositions et perspectives pour une résolution de cette controverse
Conclusion de l’étude
Bibliographie
Bibliographie de l’étude

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