Utilisations en médecine traditionnelle d’eucalyptus camaldulensis

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Intérêts thérapeutique, écologique et économique

Les huiles essentielles possèdent de nombreuses activités biologiques. En phytothérapie, elles sont utilisées pour leurs propriétés antiseptiques contre les maladies infectieuses d’origine bactérienne [9] et fongique [10] . Cependant, elles possèdent des propriétés cytotoxiques [11] qui les rapprochent donc des antiseptiques et désinfectants en tant qu’agents antimicrobiens à large spectre. Dans les domaines phytosanitaires et agroalimentaires, les huiles essentielles ou leurs composés actifs sont également employés comme agents de protection contre les champignons phytopathogènes [12] et les microorganismes envahissant les denrées alimentaires.
Les huiles essentielles jouent un rôle écologique dans les interactions végétales, végétale-animales et pourraient même constituer des supports de communication par des transferts de messages biologiques sélectifs [13]. En effet, elles contribuent à l’équilibre des écosystèmes, attirent les abeilles et les insectes responsables de la pollinisation, protègent les végétaux contre les herbivores et les rongeurs, possèdent des propriétés antifongiques, antibactériennes, allopathiques (dans les régions arides) et peuvent servir de solvants bioactifs des composés lipophiles [14].
Traditionnellement, les huiles essentielles sont présentes dans le processus de fabrication de nombreux produits finis destinés aux consommateurs. Ainsi, elles sont utilisées dans l’industrie agroalimentaire, dans la parfumerie et la cosmétique. L’homéopathie et l’aromathérapie sont des exemples courants d’usage d’huiles essentielles en médecine douce, et leur popularité s’est accrue d’une façon considérable ces dernières années [15].
En 2016 la production mondiale d’huiles essentielles a récemment été estimée à plus de 110 000 tonnes. Néanmoins, les trois huiles essentielles les plus vendues dans le monde représentent près de 90 % de ce volume total, avec deux grands groupes : les agrumes et les menthes. Le Brésil est le premier producteur mondial d’huiles essentielles en termes de volumes, le deuxième étant vraisemblablement l’Inde pour sa production d’huile essentielle de menthe développée notamment au nord de Delhi. L’Inde a d’ailleurs repris le leadership de cette production au détriment de la Chine. Elles représentent un gros chiffre d’affaire, même si l’écart des prix entre huiles essentielles reste très important. Si le prix d’une huile essentielle d’orange est estimé approximativement à 6 €/kg, le prix de l’huile essentielle de rose varie actuellement entre 6 000 et 7 000 €/kg [16].

Toxicité

Les huiles essentielles sont des substances très actives. A ce titre, elles doivent être utilisées avec vigilance, et toujours sur la base de connaissances fiables et suffisantes. Lorsqu’elle est utilisée pour traiter des malades, l’aromathérapie est une thérapeutique qui comporte, comme toute thérapeutique efficace, des risques, et implique une responsabilité professionnelle. Même si un grand nombre de molécules aromatiques ne présente aucune toxicité à dose physiologique et pharmacologique, certaines présentent une dangerosité pour le patient à des degrés bien différents. C’est le cas des furocoumarines contenues dans les huiles essentielles de Citrus.
Sur le plan général, la toxicité des molécules aromatiques est liée à la présence de certains sites fonctionnels oxygénés comme les cétones ou encore les aldéhydes. De plus les composés polyinsaturés (ayant des doubles liaisons C = C dans leur structure moléculaire) sont plus toxiques que les autres. Ainsi, nous pouvons énumérer les principales propriétés toxiques des huiles essentielles qui peuvent être vésicantes et nécrosantes; allergisantes [17] et hypersensibilisantes; photosensibilisantes [18]; hépatotoxiques [19] et carcinogéniques [20].

Méthodes d’analyse

Méthodes d’obtention

 Hydrodistillation
L’hydrodistillation est la méthode la plus couramment employée pour la préparation d’une huile essentielle [21]; dans son principe, elle correspond à une distillation hétérogène. Le procédé consiste à immerger la matière végétale dans un bain d’eau ; l’ensemble est ensuite porté à ébullition, à pression atmosphérique. Sous l’effet de la chaleur, les molécules odorantes contenues dans les glandes sécrétrices des végétaux sont libérées sous forme d’un mélange azéotropique. Les constituants ont des températures d’ébullition supérieures à 100°C. Ils sont entraînés mécaniquement avec la vapeur d’eau. Le refroidissement par condensation conduit à la séparation du mélange eau-huile essentielle par décantation. Le système « Clevenger », préconisé par la pharmacopée européenne [22], permet le recyclage de la phase aqueuse du distillat dans le bouilleur par cohobage [23]. Ainsi, l’eau et les molécules volatiles sont séparées, par leurs différences de densité, dans l’essencier en une phase aqueuse (hydrolat) et une phase organique surnageant (huile essentielle). La durée d’hydrodistillation, de trois à six heures en fonction de la matière végétale à traiter, peut avoir une influence sur le rendement en huile essentielle et sur sa composition chimique.
 Distillation par entraînement à la vapeur d’eau
Le principe de la distillation à vapeur saturée est analogue à l’hydrodistillation. Toutefois, le matériel végétal n’est pas en contact direct avec l’eau ; il est placé sur une grille perforée au-dessus de la base de l’alambic. Les composés volatils sont entraînés par la vapeur d’eau qui traverse le végétal ; ils sont ensuite séparés par décantation du distillat refroidi [21].
 Expression ou pressage à froid
L’expression à froid est la méthode la plus utilisée pour l’extraction des huiles essentielles de Citrus [25]. Le procédé d’expression à froid est utilisé uniquement pour l’obtention des huiles essentielles contenues dans les zestes d’agrumes [26]. Il s’agit d’un processus physique dans lequel les glandes à huile essentielle de la peau du fruit sont percées, broyées ou concassées mécaniquement afin de libérer l’essence. Cette méthode est économiquement plus rentable que l’hydrodistillation et permet d’éviter d’éventuelles dégradations hydro thermiques.
 Enfleurage
Ce processus d’extraction, très sophistiqué est réservé aux huiles florales de très grande qualité. Les pétales fraichement cueillies sont étalées sur la graisse abordant sur des châssis de verre qui, après quelques jours sera saturée en essence. Le composé obtenu, appelé « pommade », est lavé avec de l’alcool qui, après évaporation, produit l’huile parfumée [28].

Méthodes d’analyse, d’identification et de quantification

 Chromatographie en Phase Gazeuse
La CPG est une méthode d’analyse par séparation qui s’applique aux composés gazeux ou susceptibles d’être vaporisés par chauffage sans décomposition [30]. Cette technique de séparation permet d’effectuer l’individualisation des constituants à partir d’échantillons de l’ordre du milligramme voire du microgramme. Les progrès technologiques réalisés dans le domaine des colonnes capillaires, des phases stationnaires et des détecteurs ont contribué à rendre la CPG incontournable pour l’analyse des composés volatils [31].
La CPG associée à un détecteur à ionisation de flamme (CPG-DIF) permet une analyse quantitative sur la base de l’aire de chaque pic chromatographique par rapport à l’aire totale des signaux et une analyse qualitative sur la base des temps de rétention. Ces derniers, bien que spécifiques d’un composé, ont tendance à varier d’une analyse à l’autre en fonction des conditions expérimentales et notamment du fait du vieillissement des colonnes. Ainsi, pour une colonne donnée, chaque composé est caractérisé par des indices calculés à partir d’une gamme d’alcanes ou plus rarement d’esters méthyliques linéaires, à température constante (indice de Kovàts) [32] ou en programmation de température (indices de rétention) [33]. Cependant, une reproductibilité parfaite des indices de rétention est difficile à obtenir et ne peut être observée que sur des chromatogrammes réalisés sur une période courte avec des conditions expérimentales rigoureusement identiques.
 Chromatographie en Phase Gazeuse / Spectrométrie de Masse
La chromatographie en phase gazeuse couplée en ligne à un spectromètre de masse (CPG/SM) a été mise au point dans les années 1950. L’apparition des colonnes capillaires dans les années 1980 a conduit à un développement rapide des appareils de CPG/SM dans les laboratoires de recherche [34]. Depuis, cette méthode n’a cessé d’évoluer et a trouvé de nombreuses applications dans les domaines de l’agroalimentaire, des produits pétroliers, des produits naturels (parfumerie, cosmétique, médecine), etc.
Les constructeurs proposent plusieurs types d’analyseurs de masse ; les plus usités pour l’analyse des volatils sont le quadripôle et le piège à ions (« ion trap »). Les analyseurs quadripolaires sont les plus répandus ; ils utilisent la stabilité des trajectoires pour séparer les ions selon le rapport masse sur charge (m/z) [35].
Il existe deux modes principaux d’ionisation en spectrométrie de masse : l’ionisation par impact électronique (IE) et l’ionisation chimique (IC). La méthode d’ionisation par impact électronique est la plus couramment utilisée ; l’ionisation des substances se fait par bombardement à l’aide d’un faisceau d’électrons d’énergie de 70 eV provenant d’un filament chauffé. Les fragments ioniques positifs obtenus, dont éventuellement l’ion moléculaire, forment un spectre de masse caractéristique pour chaque composé. Cette méthode d’ionisation est utilisée de façon systématique dans notre laboratoire pour l’analyse des composés volatils [36,37]. Quel que soit l’appareillage utilisé, le principal avantage de l’impact électronique réside dans la bonne reproductibilité des spectres de masse, ce qui permet l’utilisation raisonnée de bibliothèques commerciales spécifiques à un domaine de recherche [38,39] ou plus généralistes [40,41].

Origine et répartition géographique

L’aire naturelle d’E. camaldulensis couvre la majeure partie du continent australien, depuis le territoire du Nord tropical jusqu’à la région fraîche et tempérée du Victoria. Il est planté dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux, étant probablement l’arbre le plus planté dans les zones arides et semi-arides du monde, et il s’est naturalisé dans un grand nombre de régions. Planté en Afrique depuis 1900, il est désormais très largement cultivé en Afrique tropicale, où il est vraisemblablement l’arbre le plus commun que l’on puisse trouver dans les petits peuplements, en rideaux-abris et sur les parcelles destinées au bois de feu, mais d’une moindre importance sur les plantations à grande échelle. Au Sénégal, il a été planté dans plusieurs régions pour lutter contre la sècheresse et la salinisation des sols [2].

Description botanique [2]

Il est un arbre sempervirent, de taille moyenne à parfois grande, atteignant habituellement 20 m de haut, parfois 50 m. Le fût est dépourvu de branches jusqu’à une hauteur de 20 m, atteignant 100 (–200) cm de diamètre. La surface de l’écorce est lisse, blanche, grise, jaune-vert, gris-vert ou gris rosé, se détachant en bandes ou en écailles irrégulières.
Les feuilles sont alternes, pendantes, simples et entières ; les stipules sont absentes ; le pétiole est arrondi ou sillonné, de 1–1,5(–3) cm de long ; le limbe est étroitement lancéolé à lancéolé, souvent falciforme, de 8–30 cm × 0,5–2(–2,5) cm, aigu à l’apex, dur et rigide, glabre, pennatinervé, aromatique lorsqu’on le froisse.
Les fleurs sont bisexuées, régulières, de couleur ivoire à blanchâtres ; la pédicelle est mince, de 5–12(–14) mm de long ; les boutons floraux sont pourvus d’un bec globuleux ou ovoïdes-coniques, divisés en un hypanthium (partie inférieure) hémisphérique de 2–3 mm × 3–6 mm, et un opercule (partie supérieure) pourvu d’un bec ou conique de 4–6 mm de long qui se détache à l’anthèse ; les étamines sont nombreuses ; l’ovaire est infère, 3– 5-loculaire.
Le fruit est une capsule à paroi fine, hémisphérique ou ovoïde, de 3–10 mm × 4–10 mm, incluse dans un hypanthium ligneux, s’ouvrant par 3–5 valves fortement exsertes, brun rougeâtre à brune, contenant de nombreuses graines.

Utilisations en médecine traditionnelle d’eucalyptus camaldulensis

En médecine traditionnelle africaine, l’infusion ou la décoction de feuilles est utilisée en usage externe et interne dans le bain, en lotion ou en lavement, contre l’asthme, la bronchite, l’amygdalite, les rhumes, les troubles urinaires et les hémorragies.
Au Sénégal, la décoction de feuilles édulcorée sert à traiter les maux d’estomac et la dysménorrhée et elles sont aussi utilisées sous forme de tisane pour le rhume.
Au Soudan, les feuilles fraîches sont appliquées en cas de rhumatismes, et on inhale la fumée de feuilles brûlées pour soigner les problèmes respiratoires. La gomme est employée en médecine pour soigner la diarrhée et les inflammations du pharynx, et comme astringent.
Au Nigeria, on tire des bâtons à mâcher de l’arbre. La fumée de feuilles brûlées sert à éloigner les insectes. On inhale la vapeur des feuilles séchées et bouillies en cas d’asthme, de toux, de grippe, de croup et de diphtérie.
Au Kenya, la décoction de feuilles est utilisée dans l’eau du bain pour traiter la varicelle chez les enfants.
En Ethiopie, on fait des gargarismes à base d’extrait de feuilles en cas de méningite.
En Afrique australe, on utilise les feuilles contre les maux d’estomac. La résine gommeuse de la plante est utilisée contre la diarrhée. Diverses préparations à base de feuilles sont utilisées comme insectifuge.
L’huile essentielle d’eucalyptus commercialisée est obtenue à partir des feuilles de provenance essentiellement tropicale. Elle est utilisée à des fins médicinales, notamment comme antitussif et expectorant, mais elle a également des propriétés fébrifuges, toniques, astringentes, antiseptiques, hémostatiques et vermifuges [2].

Compositions chimiques des huiles essentielles

La composition chimique des huiles essentielles d’E. camaldulensis a fait l’objet de plusieurs études ; portant en majeure partie sur les feuilles. Cette composition présente une variabilité chimique aussi bien qualitative que quantitative.
Le composé majoritaire était le 1,8-cinéole dans la plupart de ces études.
Au Maroc, trois chémotypes ont été rapportés :
– 1,8-cinéole (45,0 à 49,9%) et p-cymène (33,8 à 34,9%) [45] ;
– huiles essentielles de deux espèces (parentales et hybrides) constituées respectivement par le 1,8-cinéole (42,35% et 84,92%) et le terpinèn-4-ol (22,30% et 2,5%) [46] ;
– 1,8-cinéole (42,30 %), α-pinène (28,30 %), γ-terpinène (7,30 %) et p-cymène (6,50%)[47].
L’huile essentielle d’E. camaldulensis en provenance du Cameroun ont comme composés majoritaire le 1,8-cinéole (54,29 %), le p-cymène (14,59 %), le γ-terpinène (14,80 %) et l’α-pinène (12,13 %) [48].
Au Mozambique, l’huile étudiée avait comme composés majoritaires le 1,8-cinéole ( 43%), l’α-pinène (5,5%) le β-pinène (3,4%) et le p-cymène (4,1%) [49].
Ndiaye et al. (2017) ont rapporté la composition chimique des huiles essentielle d’E. camaldulensis en provenance du Sénégal. Elles étaient dominées par le 1,8-cinéole (47,54 à 52,47%), le limonène (16,5 à 19,1%), l’α-pinène (7,3 à 11,2%) et le p-cymène (6,0 à 8,8%) [50].
Au Burkina Faso, deux composition chimiques différentes ont été rapportées :
– 1,8-cinéole ( 59,55%), limonène ( 8,76%) et α-pinène (9,17%)[51] ;
– phéllandrène (24,8%), 1,8-cinéole (19,3%), α-pinène (12,8%) et – terpinène (11,8%) [52].
Au Bénin, la teneur en 1,8-cinéole de l’huile essentielle pouvait varier entre 47 et 71% [53].
Le 1,8-cinéole (16,2%) était le composé majoritaire de l’huile étudiée au Kenya suivie de près de l’α-pinène (15,6%). Les autres constituants était l’α-phellandrène (10%) et le p-cymène (8,1%) [54].
L’huile en provenance du Mali avait comme composés majoritaires le 1,8-cinéole (42,6 à 64,2%) et le p-cymène (11,6 à 2,8%) [55].
En 2000, au Nigéria, Oyedeji et al. ont rapporté une huile essentielle très riche en 1,8-cinéole (32,8% à 70,4%). Les autres composés étaient le -pinène (9,0% à 17,5%), le -ocymène (11,6%) et l’α-pinène (8,8%) [56].
En Egypte, le 1,8-cinéole (21,75%), le -pinène (20,51%) et le méthyl-eugénol (6,10%) ont été les composés dominants de l’huile essentielle [57].
En Europe, deux chemotypes différents ont été rapporté. En Italie, les huiles essentielles d’E. camaldulensis étaient dominées par le p-cymène (27,8 à 42,7%), le 1,8-cinéole (4,1 à 39,5%) et le -phéllandrène (3,9 à 23,8%) [58]. En Turquie, Sahim Basak et al ont rapporté le p-cymène comme composé majoritaire (68,43%) et le 1,8-cinéole ne représentait que 13,92% [59]. Cependant, en Espagne, l’huile essentielle étudiée par l’équipe de Verdeguer avait un chémotype dominé par le spathulénol (41,46 %), le p-cymène (21,92 %) et la cryptone (7,76%), alors que la teneur du 1,8-cinéole était faible (1,92 %) [60].
Au Pakistan, l’étude de la composition chimique a été réalisée sur deux zones (saline et non saline). Les composés majoritaires étaient le 1,8-cinéole (34,42% et 40,05%, respectivement) et l’α-pinène (14,08 et 12,43%, respectivement) [61].
A Taïwan deux chémotypes ont était rapporté : le premier était caractérisé par la prédominance du 1,8-cinéole (29,6 %)[62], alors que le second est marqué par la codominance de l’α-pinène (22,52 %), du p-cymène (21,69 %) et de l’α-phéllandrène (20,08 %) [63].
En Chypre, un chmotype particulier a été rapporté, l’ethanone (25,36 %) et du 1,8-cinéole (13,73 %) [64].
L’huile essentielle d’originaire de la Malaisie avait comme constituant majoritaire le -terpinène (57,4 à 72,5%). Les autres composés étaient le p-cymène ( 14,6 à 26,3%) et le terpinèn-4-ol (6,6 à 16,2%) [65].

Activités biologiques des huiles essentielles

L’évaluation des activités biologiques de l’huile essentielle d’E.camaldulensis a fait l’objet de quelques d’études.
 Activités antifongiques
Moghimipour et al. ont étudié l’activité antifongique de l’huile essentielle (phénol, 1,8 cinéole, limonène, alcool, pinène et terpinène) d’E. camaldulensis contre Microsporum canis, M. gypseum, Trichophyton rubrum et T. verrucosum, en utilisant la méthode de diffusion sur puits. Les résultats ont montré que le volume inhibiteur minimal de l’huile essentielle était de 0,125 ml et que 95 ± 0,57% de l’huile essentielle étaient piégés avec succès dans les liposomes. Aucune thixotropie significative n’a été observée dans la rhéogramme du gel liposomal formulé. La formulation de l’huile essentielle en gel liposomal peut entraîner une amélioration de l’activité antifongique [66]. En 2017 Gakuubi et al. ont tenté d’évaluer l’activité antifongique de l’huile essentielle d’Eucalyptus camaldulensis (1,8-cineole 16,2%, α-pinène 15,6%, α-phéllandrène 10,0% et p-cymène 8,1%) contre Fusarium spp. généralement associée au maïs. La technique alimentaire empoisonnée a été utilisée pour déterminer le pourcentage d’inhibition de la croissance mycélienne, la concentration minimale inhibitrice et la concentration minimale fongicide de l’huile essentielle sur les agents pathogènes testés. L’activité antifongique de différentes concentrations de l’huile essentielle évaluée par la méthode de diffusion sur disque a produit une inhibition complète de la croissance mycélienne chez tous les agents pathogènes testés à une concentration de 7 à 8 µL/mL après cinq jours d’incubation. La concentration minimale inhibitrice et la concentration minimale fongicide de l’huile sur les champignons testés étaient respectivement comprises entre 7 et 8 µL/mL et entre 8 et 10 µL/mL. L’étude confirme donc le caractère fongicide de Eucalyptus camaldulensis et l’utilisation potentielle de cette huile comme alternative de luttes chimiques aux champignons ou comme matrice pour la synthèse de nouveaux fongicides plus efficaces pour la gestion des espèces de phytopathogènes [54].
 Activités antioxydante et antidiabétique
En 2015, Ashraf et al. Ont mis en évidence l’activité antioxydante de l’huile essentielle d’Eucalyptus camaldulensis (pathulénol, 1,8-cinéole et ρ-cymène) L’activité antioxydante a été évaluée par le biais d’un dosage du piégeage des radicaux libres à l’aide de DPPH (2,2-diphényl-1-picrylhydrazyle). L’IC50 était de 342 ± 2,5 μg/ml [67].
Sahin Basak et al (2010) ont évalué les activités antioxydante et antidiabétique in vitro de l’huile essentielle d’E. camaldulensis constituée de p-cymène (68,43%), 1,8-cinéole (13,92%), α-pinène (3,45%) et limonène (2,84%). L’activité antioxydante de l’huile essentielle a été évaluée en utilisant l’inhibition des radicaux 2,2-diphényl-1-picrylhydrazyle (DPPH), hydroxyle et superoxyde, l’inhibition des tests de peroxyde d’hydrogène et de peroxydation lipidique. Ils avaient également étudié l’inhibition de l’α-amylase et de l’α-glucosidase in vitro pour évaluer l’activité antidiabétique de l’huile essentielle. L’α-amylase et l’α-glucosidase ont été inhibées par un mécanisme non compétitif [59].
 Activité insecticide
Medhi et al. (2010) ont évalué l’activité larvicide de l’huile d’Eucalyptus camaldulensis riche en 1,8-cinéole (69,46%), le γ –térpinène (15,10%), l’α–pinène (5,47%) et le globulol (2%) contre Anopheles stephensi. L’huile essentielle présentait une activité larvicide significative. Les propriétés larvicides de cette huile suggèrent que l’huile essentielle de plante est une source potentielle de composés larvicides précieux contre le vecteur du paludisme et peut être utilisée comme alternative aux insecticides synthétiques [68].
 Activité antibactérienne
Chaves et al. (2018) ont évalué la composition chimique des huiles essentielles d’E. camaldulensis et son potentiel en tant qu’agent antimicrobien, ainsi que son potentiel en tant que modificateur de la résistance des souches productrices de β-lactamases et de Staphylococcus aureus (SARM) productrices de β-lactamases. L’huile essentielle était dominée par le 1,8 cinéole (76,93%), le β-pinène (11,49%) et l’α-pinène (7,15%). Le test de microdilution a été réalisé afin de déterminer la concentration minimale inhibitrice (CMI) et la modulation de la résistance bactérienne de l’huile essentielle. L’huile présente une activité antimicrobienne sur les souches de S. aureus 29 et de SARM (CI50 = 1000 μg.mL−1). Des mélanges d’huile essentielle et d’antibiotiques ont entraîné des effets synergiques, principalement avec l’amoxicilline et l’ampicilline pour S. aureus 29 et le SARM, et la céphalexine et la céfuroxime pour E. coli. L’huile essentielle a présenté un potentiel d’optimisation antimicrobien contre les souches résistantes, constituant ainsi une nouvelle ressource thérapeutique contre les souches bactériennes résistantes [69].
 Activité Antinociceptive
A New York, Liapi et al. (2007) ont évalué l’activité antinociceptive du 1,8-cinéole et du β-pinène de l’huile d’E. camaldulensis Dehn. Les méthodes du coup de la queue et de la plaque chauffante, reflétant les niveaux spinal et supra spinal, respectivement, ont été utilisées chez des souris et / ou des rats en utilisant la morphine et la naloxone à des fins de comparaison. Le cinéole a présenté une activité anti nociceptive comparable à celle de la morphine, dans les deux stimuli algésiques. Une synergie significative entre le cinéole et la morphine a été observée, mais la naloxone n’a pas antagonisé l’effet du cinéole. Le β-pinène n’exerçait que des effets antinociceptifs supraspinaux chez le rat et inverse l’effet anti nociceptif de la morphine à un degré équivalent à celui de la naloxone, agissant probablement comme un agoniste partiel des récepteurs opioïdes μ. A partir des relations structure-activité des couples morphine + cinéole et naloxone + β-pinène, il a été montré que des similitudes existent dans la stéréochimie et dans les charges atomiques respectives de ces molécules [70].

 

Méthodologie d’analyse au laboratoire

Chromatographie en Phase Gazeuse (CPG)

Les analyses ont été réalisées à l’aide d’un chromatographe Perkin Elmer Autosystem GC, équipé de deux détecteurs à ionisation de flamme (DIF) permettant la détection des composés, d’un injecteur diviseur et de deux colonnes (60 m × 0.22mm d.i ; épaisseur du film : 0,25µm) respectivement polaire (Rtx-Wax, polyéthylène glycol) et apolaire (Rtx-1, polydiméthyl-siloxane). Pour chacun des composés, les indices de rétention polaires et apolaires sont calculés à partir des temps de rétention d’une gamme d’étalon d’alcanes de C5 à C30. Le gaz vecteur est l’hydrogène (1ml/mn) avec une pression en tête de colonne de 25 psi. La température de l’injecteur est de 250°C. La programmation de la température consiste en une élévation de 60 à 230°C (2°C/mn) puis à un palier de 35 mn à 230°C. L’injection se fait par mode split avec un rapport de division de 1/50. La quantité d’huile essentielle injectée est de 0,2 µl.

Chromatographie en Phase Gazeuse/Spectrométrie de Masse (CPG/SM)

Les analyses ont été réalisées à l’aide d’un chromatographe Perkin Elmer Autosystem XL, couplé à un détecteur de masse Perkin Elmer TurboMass (analyseur quadripolaire). Les molécules sont bombardées par un faisceau électronique de 70eV. L’injection se fait par mode split avec un rapport de division de 1/80. La quantité d’huile essentielle injectée est de 0,1 µl. Les spectres de masse obtenus par impact électronique ont été acquis sur la gamme de masse 35-350 Da. La température de la source est de 150°C. Les conditions chromatographiques (colonne, programmation de température, gaz vecteur, etc.) sont identiques à celles décrites précédemment.

Identification des constituants chimiques

La méthodologie du laboratoire pour l’identification des constituants chimiques en mélange est basée sur l’utilisation conjointe de :
– la CPG-DIF qui permet le calcul des indices de rétention sur colonne polaire et apolaire ainsi que la quantification relative des composés ;
– la CPG/SM qui permet d’obtenir le spectre de masse des composés individualisés.
Une identification sans ambigüité se fait par comparaison informatisée des données d’un constituant du mélange analysé avec celles des composés de référence de notre bibliothèque. La bibliothèque de références « Arômes » créée il y a une vingtaine d’années à partir de standards, compte, aujourd’hui, plus de 1000 composés référencés par leur spectre de masse et leurs indices de rétention (polaire/ apolaire).
Dans le cas de composés absents de la bibliothèque « Arômes » nous procédons à des analyses complémentaires. Si une structure est proposée par les bibliothèques commerciales spécifiques (Adams, Joulain) avec une note de concordance au moins égale à 95% et que les notes des autres structures proposées sont nettement inférieures, alors, nous pouvons raisonnablement conclure à l’identification.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE REVUE DE LA LITTERATURE
I. Généralités sur les huiles essentielles
I.1. Définition
I.2. Propriétés physico-chimiques
I.3. Composition chimique
I.3.1. Monoterpènes (C10)
I.3.2. Sesquiterpènes (C15)
I.3.3. Composés aromatiques
I.4. Intérêts thérapeutique, écologique et économique
I.5. Toxicité
I.6. Méthodes d’analyse
I.6.1. Méthodes d’obtention
I.6.2. Méthodes d’analyse, d’identification et de quantification
II. Travaux antérieurs sur l’Eucalyptus camaldulensis
II.1. Botanique
II.1.1.Classification botanique [2]
II.1.2. Origine et répartition géographique
II.1.3. Description botanique [2]
II.2. Utilisations en médecine traditionnelle d’eucalyptus camaldulensis
II.3. Compositions chimiques des huiles essentielles
II.4. Activités biologiques des huiles essentielles
DEUXIEME PARTIE TRAVAIL EXPERIMENTAL
I. Cadre d’étude
II. Matériels et méthodes
II.1. Echantillonnage
II.2. Extraction de l’HE
II.3. Méthodologie d’analyse au laboratoire
II.3.1. Chromatographie en Phase Gazeuse (CPG)
II.3.2. Chromatographie en Phase Gazeuse/Spectrométrie de Masse (CPG/SM)
II.3.3. Identification des constituants chimiques
III. Résultats et discussion
III.1. Rendements
III.2. Composition chimique
CONCLUSION
REFERENCES

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