L’OMS estime que l’avortement constitue une des principales causes de mortalité maternelle. Selon les statistiques mondiales, 20 millions d’avortements à risque ont lieu chaque année et sont responsables de 70 000décès maternels [5]. Un décès sur 8 lié à la grossesse est dû à l’avortement à risque.[5]. Selon l’OMS, 15% de la mortalité maternelle liée aux grossesses dans le monde sont dus à l’avortement. Une grossesse sur dix se termine par un avortement à risque. Selon les estimations récentes, au moins 15% de toutes les grossesses se terminent en avortements spontanés. [19]. En Afrique, environ 5 millions d’avortements à risques sont enregistrés chaque année, soit 30 avortements à risque pour 1 000 femmes en âge de procréer. Au moins 34 000 femmes, qui ont eu un avortement, meurent de complications, soit 1 sur 150 [4].
Les complications liées aux avortements sont multiples et de gravité variable, tant à court, à moyen qu’à long termes. Ainsi pouvons-nous citer :
➤ l’infection ou la septicémie
➤ l’hémorragie
➤ les blessures de viscères
➤ l’empoisonnement ou autres complications causées par la méthode utilisée pour provoquer l’avortement
➤ le choc hypovolémique
➤ perforation utérine
➤ la stérilité secondaire
➤ les conséquences psychologiques liées au sentiment de culpabilité [2].
Au Mali, les avortements à risques constituent la cinquième cause de mortalité maternelle (464/100000 naissances vivantes). Ils sont favorisés par la conjugaison d’un indice de fécondité élevée et d’une prévalence contraceptive faible [8].
Ces avortements à risque ont des impacts énormes sur la mortalité maternelle : 9% des complications enregistrées dans les structures de SONU sont dues aux avortements à risque et 5% des décès maternels sont liés à ces complications (EDSM – V) [8].
Pour réduire le risque de maladie ou d’invalidité à long terme et de mortalité chez les femmes qui se présentent avec ou sans complications suite à un avortement incomplet, les structures sanitaires doivent offrir des soins de qualité après avortement qui sont facilement accessibles à tous les niveaux des services. La prise en charge adéquate de ces complications permet de réduire la mortalité maternelle. Cette prise en charge comporte des soins curatifs et préventifs. [15]. Afin de réduire la morbidité et la mortalité découlant des complications de l’avortement et d’améliorer l’accès des femmes aux services de Soins Après Avortement (SAA), l’Initiative Francophone de SAA a été lancée. Cette initiative a pour objectif de promouvoir les SAA à travers l’organisation de la conférence intitulée «Réduire la mortalité maternelle à travers les Soins Après Avortement : un atelier pour l’Afrique francophone » tenu à Dakar au Sénégal en Mars 2002. Cette conférence a rassemblé des représentants d’une douzaine de nations d’Afrique de l’Ouest pour mettre en exergue les questions liées aux complications de l’avortement et établir des stratégies sur les manières de réduire la mortalité maternelle par la fourniture de SAA [2]. La Direction Nationale de la Santé a introduit les Soins Après Avortements dans les politiques normes et procédures en santé de la reproduction en 2006 avec la prise en charge de l’avortement incomplet par l’Aspiration Manuelle Intra Utérine (AMIU) en respectant les cinq éléments des Soins Après Avortement qui sont :
➤ Traitement d’urgence des complications ;
➤ Counseling ;
➤ PF post abortum ;
➤ Liens avec les autres services de SR ;
➤ Implication des communautés.
Le kit de formation a été révisé pour inclure la prise en charge des avortements incomplets par le misoprostol en 2011. Des formations continues en cascade des professionnels de la santé ont été organisées pour la mise en œuvre des SAA. Ainsi des unités SAA ont été ouvertes dans les Structures SONU afin d’améliorer la qualité des soins offerts. Une expérimentation de l’utilisation du misoprostol a été faite afin de dresser un protocole de prise en charge.
Explication du cadre conceptuel
La prévention des maladies et de la mortalité liées à l’avortement dépend de la disponibilité des soins d’urgence après avortement à travers tout le système de santé. Ainsi plusieurs éléments interagissent sur le résultat de la prise en charge des avortements incomplets par le misoprostol. Leur connaissance et leur maîtrise jouent un rôle important dans le succès. Il s’agit de la disponibilité et la compétence des ressources humaines, de l’organisation et le fonctionnement des services et des caractéristiques socio-économiques et gynéco-obstétricales des femmes enceintes.
Disponibilité et compétence Ressources humaines
La disponibilité de ressources humaines qualifiées et formées sur l’utilisation du misoprostol dans la prise en charge des avortements incomplets est indispensable pour le respect de la procédure afin d’atteindre un bon résultat. Cependant la supervision et la motivation constituent un soutien pour le maintien de la performance. Les relations interpersonnelles contribuent à l’efficacité des conseils de santé et au bon déroulement de la prise en charge.[13].
Organisation et fonctionnement des services
Une bonne organisation et un bon fonctionnement des services créent un environnement favorable à l’exécution correcte de la procédure. Ils permettent la culture de l’esprit d’équipe et renforcent les relations interpersonnelles. Cependant la disponibilité, la compétence des ressources humaines qualifiées et formées agissent sur les services en les rendant plus accessibles, plus disponibles à travers une bonne organisation et un bon fonctionnement. [13].
Caractéristiques sociodémographiques et gynéco-obstétricales des parturientes.
Ils entravent de façon considérable à la qualité de la procédure de prise en charge. Car la crainte à l’humiliation dans la société ; l’abandon par les parents et le jeune âge de la fille peuvent amener ses femmes à cacher l’avortement surtout lorsqu’il est provoqué.[13].
Définition des concepts
• Avortement : :
Selon l’OMS, il s’agit de l’interruption d’une grossesse par l’expulsion spontanée ou provoquée de l’embryon ou du fœtus, avant que celui-ci n’ait atteint le seuil de viabilité c’està-dire avant 22 semaine d’aménorrhée ou pesant moins de 500g [2]
• Soins Après Avortement (SAA) :
Les soins après avortement consistent en une série d’interventions visant à prendre en charge les femmes qui ont subi un avortement spontané ou provoqué (avec ou sans complications). Les soins après avortement représentent un élément important de services complets de santé génésique car ils permettent de sauver la vie de nombreuses femmes et de réduire la morbidité. [13].
• Compétence technique :
C’est le degré d’exécution des tâches des SAA et des soins spécifiques par un agent de santé qualifié.
• La continuité des soins :
C’est l’intégration des SAA et d’autres soins spécifiques dont la femme enceinte a besoin.
• Les relations interpersonnelles :
C’est la communication et l’attitude qui caractérisent les rapports entre prestataires et parturientes d’une part et entre prestataires eux-mêmes d’autre part.
• L’innocuité des soins :
C’est l’application des mesures qui permettent de supprimer ou de réduire au minimum les risques d’effets secondaires pour la femme enceinte et d’infections ou de blessures pour la femme enceinte et le prestataire de soins.[13].
• Disponibilité du misoprostol :
C’est la présence du misoprostol pendant toute l’année sans rupture.
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Table des matières
I- INTRODUCTION
II- OBJECTIFS
III- GENERALITES
IV- METHODOLOGIE
V- RESULTATS
VI- COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VII- CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
VIII- REFERENCES
IX- ANNEXES
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