Utilisation des pesticides et perception de leurs risques

selon la toxicité

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) classe les pesticides principalement selon leur toxicité aigue. Elle montre que la classification finale de tout pesticide peut être basée sur la formulation plutôt que sur la matière active [OMS, 1989].
La dose létale 50 (DL50) exprimée en mg de matière active par kg de poids vif (mg/kg) est la dose capable de tuer, après administration unique d’un produit toxique, la moitié des animaux d’une expérience. Ces animaux sont testés pendant une période d’observation.
Il faut noter aussi que la concentration létale 50(CL 50) est la valeur qui précise la toxicité aiguë quand le produit est présent dans le milieu ou évoluent les animaux (dans l’air ou dans l’eau) et après un temps déterminé et constant.
Ainsi l’OMS recommande une classification des pesticides selon leur toxicité telle que décrite dans le tableau I

BONNES PRATIQUES AGRICOLES ET RESIDUS

Les Bonnes Pratiques Agricoles (BPA) représentent le mode d’emploi autorisé, à l’échelle nationale, pour une utilisation sans danger des pesticides(quantité, méthode, moment de l’application, etc.), dans les conditions effectivement présentes, de manière à laisser une quantité minimale de résidu acceptable au plan toxicologique.

Principes des BPA

Le concept de bonnes pratiques agricoles a évolué ces dernières années dans un contexte économique et alimentaire qui change et se mondialise rapidement.
Cette évolution est également liée aux préoccupations et engagements de nombreuses parties prenantes pour assurer production et sécurité alimentaires, sûreté et qualité des aliments, et un environnement durable. Les bonnes pratiques agricoles s’appuient sur les recommandations et les connaissances disponibles pour favoriser une production de l’exploitation agricole et des processus qui s’en suivent en termes environnemental, économique et social, tout en générant des produits agricoles alimentaires et non alimentaires sains et sûrs. Une approche largement acceptée utilisant les pratiques et principes généraux de « bonnes pratiques agricoles » guide le débat sur les politiques et actions nationales. En outre, cette approche favorise des stratégies permettant à toutes les parties prenantes de participer à l’application de bonnes pratiques agricoles dans la chaîne alimentaire, tout en y bénéficiant [Comité de l’agriculture de la FAO, 2003].

Les Bonnes Pratiques Phytosanitaires (BPP)

Lorsqu’il manipule un pesticide, l’agriculteur doit respecter un code de bonne conduite. Ainsi, dans le cadre des démarches de progrès, l’UIPP ( Union des Industries de Protection des Plantes) s’engage à fournir à ses clients le meilleur service et met à leur disposition un guide des bonnes pratiques d’utilisation des produits de protection des plantes. Ces Bonnes Pratiques Phytosanitaires permettent d’optimiser la production agricole tout en respectant l’environnement.
Elles permettent, en outre, d’apporter les recommandations pour une bonne protection des applicateurs. Elles s’appliquent avant, pendant et après l’utilisation des produits.

Avant l’application

Il s’agit entre autre de:
-stocker les produits dans un local phytosanitaire conforme et fermé à clé ;
-bien lire l’étiquette et les précautions d’emploi avant utilisation ;
-se protéger efficacement (gants, lunettes, masque, combinaison, bottes) ;
-vérifier régulièrement et maintenir le bon état et le réglage du matériel d’application ;
-surveiller le remplissage de la cuve du pulvérisateur et ajuster le volume de bouillie (clapet anti-retour, dispositif de surverse) ;
-rincer les emballages trois fois, vider l’eau de rinçage dans la cuve, ou utiliser l’incorporateur.

Pendant l’application

Ne pas traiter les cours d’eau et fossés. Appliquer la bouillie dans les cultures par temps calme, sans vent fort pour éviter toute dérive de pulvérisation vers les fossés, les cours d’eau,les chemins, les abords de ferme ou de bâtiments.

Après l’application

Il faut :
-appliquer après dilution les fonds de cuve et les eaux de rinçage sur la parcelle ;
-nettoyer les équipements de protection et se laver les mains ;
-prendre une douche ;
-recycler les emballages vides par l’intermédiaire d’organismes s’activant dans ce domaine pour éviter une réutilisation de ces derniers [UIPP, 2007].

Formation des résidus

La formation de résidus dans les produits agricoles nécessite un processus comprenant trois phénomènes que sont :
-Phénomène de dégression : les dépôts subissent les actions physiques et mécaniques de l’air (vents, frictions entre les feuilles, volatilisation) et surtout de l’eau (entraînement par la pluie, co distillation). En outre, la pluie induit une redistribution du produit sur la surface végétale et depuis les parties hautes vers les organes situés plus prés du sol.
-Phénomène de dilution : en cours de croissance, les plantes acquièrent des masses plus élevées, les organes augmentent, non seulement de volume mais aussi de surface notamment les feuilles. Ces accroissements correspondent à un phénomène de dilution des dépôts.
-Phénomène de dégradation : sous l’effet d’agents chimiques et enzymatiques les dépôts sont susceptibles de se dégrader progressivement en formant des métabolites (plus ou moins actifs que le produit initial ou totalement inactif).
Les résidus à la récolte constituent le passif du traitement phytosanitaire. Ils créent un risque potentiel pour la consommation, risque qu’il convient d’atténuer au maximum en fixant des limites maximales de résidus.

Les limites maximales de résidu

La définition de la commission du codex alimentaire est : la concentration maximale du résidu de pesticide (exprimée en mg/kg) que la commission du codex recommande d’autoriser officiellement dans ou sur des produits alimentaires ou des aliments pour animaux. Les LMR sont fondées sur des données concernant les Bonnes Pratiques Agricoles (BPA), et les aliments obtenus à partir des produits qui répondent aux LMR applicables sont réputésacceptables sur le plan toxicologique [FAO/OMS, 1999].

Etablissement d’une limite maximale de résidus

La limite maximale de résidu est une norme réglementaire et sa détermination est complexe. On peut établir une relation entre les DJA (Doses Journalières Admissibles) et les LMR. Les DJA sont elles mêmes fonctions desDoses Sans Effet (DES) affectés d’un facteur de sécurité d’au moins 100. .DSE : c’est la dose sans effet pour l’espèce animale considérée que l’on exprime en mg/kg de poids corporel. L’extrapolation de l’animal à l’homme est réalisée en divisant la DES obtenue sur l’animal le plus sensible par le coefficient de sécurité, en général, de 100, pour tenir compte de différents cas entre espèces, de l’ingestion de la substance par des sujets fragiles porteurs de déficiences, d’éventuelles interactions avec d’autres substances. Ce coefficient de sécurité peut être plus important (500 ou 1000) si des doutes persistent sur l’absence réelle de manifestations toxiques mineures aux plus faibles concentrations exprimées. Le résultat de cette division s’appelle la DJA. .DJA : consommation par jour qui, au cours d’une vie entière, apparaît comme comportant le moins de risque pour la santé du consommateur. La DJAest fondée sur tous les faits connus au moment de l’évaluation du produit par laréunion conjointe FAO/OMS sur les résidus de pesticides. Elle est exprimée enmg/kg de poids corporel par jour.
Cette relation prend en compte la consommation journalière moyenne de la ration alimentaire susceptible de contenir des résidus du pesticide considéré (en g/kg) selon l’équation mentionnée par Mestres (1989): LMR = (1000 W/a).DJA« W » représentant le poids du sujet (en kg) et « a » la quantité d’aliment consommé quotidiennement (en g) selon les statistiques de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique).
Cette formule souligne que les LMR ne sont pas forcément identiques partout : la quantité d’aliment consommé quotidiennement, établie selon les données statistiques, varie énormément selon les habitudes alimentaires.
On peut également relier les LMR aux pratiques agricoles. Elle se calcule sur la base d’une bonne pratique agricole (BPA) «critique », qui correspond pour une substance active et une culture précise à la pratique agricole qui conduit au risque agricole de résidus le plus important. Cette BPA « critique » est fonction de trois facteurs qui sont par ordre d’importance: le délai avant récolte (DAR) le plus court ; la dose de pesticide par hectare la plus élevée ; le nombre maximum d’application par saison.
La DJA est une exigence toxicologique, tandis que la LMR apparaît comme une « norme agronomique » et non toxicologique, un dépassement de LMR devant être interprété « comme un non-respect d’une pratique agricole (en général un non-respect du délai avant récolte) »[Conso et al, 2003].
La LMR est donc fixée à la valeur sans risque pour le consommateur correspondant aux résidus trouvés dans le produit agricole frais lorsque la production est effectuée selon les BPA. Cette valeur est évaluée sur la base des données scientifiques et techniques issues d’expérimentation contrôlées et après estimation des risques pour le consommateur. Pour garantir l’efficacité du traitement et l’innocuité du produit pour les consommateurs, l’agriculteur doit utiliser la dose préconisée par le fabriquant et respecter simultanément le délai de carence fixé par le législateur.
Le niveau de résidu dans/sur une denrée alimentaire sera influencé notamment par :
* les propriétés physicochimiques de la (des) matière (s) (rémanence, photo labilité, volatilité, solubilité, etc.) ;
* le respect de la dose recommandée ;
* le type de formulation utilisé (EC ou GR) ;
* la qualité (performance) des applications ;
* le respect du délai de carence ;
* les conditions agro écologiques qui prévalent (nature du sol, microbiologie du sol, conditions atmosphériques…);
* la croissance et la physiologie des plantes.

RISQUE LIES A L’UTILISATION DES PESTICIDES

Pesticides et santé humaine

Intoxication aiguë

Les intoxications aiguës par les pesticides sont celles où, quelques heures après exposition importante, des symptômes apparaissent rapidement. Ce sont les affections causées par les pesticides les mieux connus.
Les personnes les plus fréquemment victimes d’intoxications aiguës sont les agriculteurs et les travailleurs des usines de formulation, qui manipulent et appliquent ces pesticides sur leurs cultures. L’organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé qu’il ya chaque année dans le monde un million de graves cas d’empoisonnements par les pesticides, avec quelques 220000 décès [WHO/UNEP, 1989].
La pénétration se fait essentiellement par voie cutanée et par inhalation, la voie d’exposition orale concernerait d’avantage la population générale par ingestion accidentelle ou intentionnelle de pesticides. Les répercutions sur la santé sont facilement identifiées quand elles sont consécutives à une intoxication massive, le lien étant objectivable entre exposition et effets. Les jeunes enfants sont, aussi, très fréquemment victimes d’empoisonnement par les pesticides, habituellement suite à des ingestions accidentelles ou à des atteintes dermatologiques. Les pesticides organophosphorés et les carbamates sont à l’origine des cas d’empoisonnement aigu par les pesticides les plus fréquents.
Les différents travaux réalisés sur les effets aigus des pesticides retiennent principalement [Dewailly, 2000] :
 les brûlures chimiques au niveau des yeux ;
 les lésions cutanées ;
 les effets neurologiques ;
 les troubles hépatiques.
Il serait important de faire la distinction entre « effets locaux » et « effets généraux » d’intoxication aiguë due aux pesticides.
-Les effets locaux aigus n’affectent que les parties du corps avec lesquelles le pesticide a été directement en contact. Ils peuvent être des effets irritatifs comme la sécheresse, la brûlure, la rougeur, les démangeaisons au niveau des yeux, du nez, de la gorge et de la peau, le larmoiement et la toux. Ils peuvent aussi être cutanés sous forme de rougeur, démangeaisons, brûlure, éruptions, ampoules ou décoloration.
-Les effets généraux d’intoxication aux pesticides sont constatés lorsque le pesticide pénètre dans l’organisme et affecte tout le système. Le sang transporte le pesticide dans toutes les parties du corps et peut affecter les yeux, le cœur, les poumons, l’estomac, les intestins, le foie, les reins, les muscles, le cerveau et les nerfs. Les symptômes d’intoxication générale et la rapidité du processus d’intoxication au pesticide dépend du type de produit, de la durée d’exposition au pesticide et de l’intensité de la toxicité [PAN, 2006].

Effets chroniques des pesticides sur la santé

En attendant qu’il soit possible de procéder à une expérimentation humaine, la plupart des faits connus concernant l’incidence des pesticides sur la santé humaine proviennent de données recueillies auprès de travailleurs industriels atteints de maladies. Comme cercle de personnes exposées de manière chronique aux pesticides, il faut compter les ouvriers qui les fabriquent, les utilisateurs et les travailleurs dans les champs ainsi que leurs familles si elles habitent à proximité des champs traités [PAN/CTA, 1993].
Il n’existe pas à ce jour de statistiques convaincantes sur les effets sanitaires retardés imputables aux pesticides. Aucune estimation n’a encore été faite concernant les pesticides. Il est vrai que les effets retardés des pesticides recouvrent une réalité de troubles hétérogènes (cancer, problèmes de reproduction, atteintes des systèmes endocrinien et nerveux) souvent mal identifiés et qui apparaissent, par définition, à distance des expositions soulevant ainsi de nombreuses incertitudes au moment d’évaluer les risques [Baldi et al.1998].
Ainsi les pesticides peuvent avoir des effets neurologiques, des effets sur le système endocrinien, des effets sur la reproduction etc.

Effets neurologiques

Les effets neurologiques constituent l’une des manifestations les plus fréquentes des intoxications aiguës aux pesticides. La possibilité d’effets neurologiques retardés à la suite d’expositions chroniques et répétées a donc constitué également une voie logique d’investigation.
Certaines manifestations retardées peuvent se produire suite à un épisode d’intoxication unique et aiguë. Il s’agit de l’apparition d’un syndrome qualifiée « d’intermédiaire» et caractérisé dans un premier temps par une paralysie des nerfs crâniens, une faiblesse musculaire proximale et une faiblesse musculaire respiratoire. Plus tard, c’est l’installation d’une poly-neuropathie. Cependant, la plupart des effets chroniques ou retardés des pesticides vont apparaître à la suite d’expositions d’intensité plus faibles mais répétées et se caractérisent par des manifestations neuropsychiques et comportementales ou par des atteintes du système nerveux central à l’origine d’atteintes neuro -dégénératives (maladie de parkinson) [Regnault/Coord, 2005].

Troubles comportementaux et psychiques

Plusieurs études suggèrent que l’exposition professionnelle à des pesticides, principalement organochlorés ou organophosphorés, est associée à une diminution progressive des capacités neuro-comportementales et à l’apparition de troubles neuro-psychologiques tels que difficultés de concentration, troubles de la mémoire ou anxiété [Stephens et al, 1995]. Une étude conduite aux EtatsUnis parmi plus de 700 agriculteurs, a montré que l’exposition à desorganophosphorés à des niveaux relativement élevés conduisait à l’apparition desymptômes dépressifs indépendamment d’autres facteurs de risque connus[Stallones et Beseler, 2002].
En France, une enquête épidémiologique réalisée en Gironde, a mis en évidence que l’exposition chronique aux pesticides chez des ouvriers viticoles altère leurs performances neuro-psychologiques évaluées par une batterie de test neuro-comportementaux. Selon les auteurs, les effets seraient attribuables aux fongicides du fait qu’ils sont les pesticides les plus fréquemment employés pa r les viticulteurs. [Baldi et al, 2001].
Une autre étude récente réalisée en Espagne a montré une associationsignificative entre exposition périnatale au DDE et un retard mental etpsychomoteur mesuré à 13 mois [Ribas et al, 2003].

maladies neuro-dégénératives

Parmi les nombreuses maladies neuro-dégénératives, la maladie de Parkinson a fait l’objet d’un très grand nombre de travaux qui ont exploré le rôle des pesticides comme cause de la maladie. En France, dans le cadre d’une cohorte prospective d’agriculteurs suivis dans la région du Sud-Ouest depuis 1992, il a été montré que l’exposition professionnelle à des pesticides entraînait une augmentation significative de l’apparition de la maladie de Parkinson [Baldi et al, 2003a]. Ces observations ont été confirmées par une étude de type castémoins réalisée dans la même région, et corroborent les conclusions de plusieurs études internationales. Néanmoins, ces travaux n’ont pas permis de mettre clairement en évidence une relation dose-réponse et aucune matière active précise n’a pu être identifiée [Baldi et al, 2003b].
Bien que la maladie de Parkinson soit associée à un âge avancé, l’hypothèse que la mort progressive des neurones dopaminergiques pourrait être la conséquence d’événements initiés durant le développement intra-utérin a été récemment soulevée [Thiruchelvam et al, 2002]. Si cela est confirmé, les expositions maternelles préconceptionnelles à des pesticides pourraient alors constituer un risque important.

Effet sur le système endocrinien

Depuis la publication de quelques articles précurseurs dans les années 70 montrant les effets oestrogéniques du DDT ou encore une féminisation d’embryons de mouettes par le DDT, il est apparu de nombreuses publications sur l’importance des risques sanitaires attribuables à des substances possédant des caractéristiques hormonales. Ces substances ont été regroupées sous le terme générique de « perturbateurs endocriniens » mais aussi « xéno-hormones », « xéno œstrogènes» ou « hormones environnementales ». Un perturbateur endocrinien peut donc être défini comme une substance exogène à l’organisme qui interférent sur la synthèse, l’excrétion, le transport, les liaisons, l’action ou l’élimination d’hormones naturelles. Celles-ci régulent, entre autre,
l’homéostasie des milieux intérieurs et des fonctions telles que celle de la reproduction [Colborn, 1998].
Les perturbateurs endocriniens englobent une gamme très large et diversifiée de molécules comprenant des substances plastiques, des déchets industriels, des métaux lourds mais aussi les pesticides. Parmi ces derniers, outre le DDT et son métabolite le DDE, qui s’est révélé être un antagoniste des androgènes, de nombreuses autres matières actives sont concernées telles que le chlordécone (antagoniste des œstrogènes), le chlordane, la dieldrine, l’endosulfan, le toxaphène ou la vinchlozoline. Il n’existe pas de liste consensuelle communément admise par la communauté scientifique internationale des substances classées comme perturbateurs endocriniens [BKH, 2000].
Sur le plan épidémiologique, il n’existe, pas encore d’études convaincantes et encore moins de preuves irréfutables, que l’exposition à des pesticides de type perturbateurs endocriniens pourraient être à l’origine de désordres de lareproduction de l’homme. Cependant, compte tenu de l’augmentation du nombre des programmes de recherche sur ce thème dans le monde, nous devrions voir apparaître des progrès significatifs dans les années à venir et de nouvelles méthodes permettant d’évaluer les risques encourus par lespopulations.

Effets sur la reproduction

La reproduction comprend l’ensemble des étapes qui vont depuis la production des gamètes conditionnant la fertilité jusqu’à la maturité sexuelle des individus en passant par la fécondation et nidation de l’œuf puis le développement embryonnaire et fœtal. Toutes ces étapes se caractérisent par de nombreuses divisions cellulaires extrêmement sensibles aux agents environnementaux. De nombreuses observations effectuées au cours des dernières décennies du XXe siècle nous ont appris que les pesticides, comme de nombreuses xénobiotiques pouvaient être à l’origine de troubles de la reproduction chez l’homme. A ce jour, deux domaines ont été principalement explorés, la fertilité d’une part, et le développement embryonnaire et fœtal d’autre part.

Effets sur la fertilité

Le potentiel toxique de certains pesticides sur la fonction de reproduction a été pris sérieusement en considération à la suite des conséquences dramatiques liées à l’emploi du dibromochloropropane (DBCP). Ce nématicide développé aux Etats-Unis à la fin des années 50, a été commercialisé dans de nombreux pays d’Amérique centrale et d’Asie du Sud-Est. Son principal domaine d’application fut la culture de banane, et son utilisation a perduré jusqu’ à la fin des années 80. Les essais de toxicité animale avant enregistrement aux EtatsUnis avaient clairement montré que le DBCP réduisait la production despermatozoïdes et conduisait à l’atrophie des testicules. Malheureusement, cesinformations ne furent jamais transmises aux autorités gouvernementales, et le DBCP reçut l’autorisation en 1964. C’est en 1977, parmi les ouvriers travaillant dans les usines de production du DBCP aux Etats-Unis que furent signalés les premiers cas d’infertilité [Whorton et al, 1979]. Néanmoins son exportation dans les pays producteurs de banane s’est poursuivie et ce n’est que quelques années plus tard que les conséquences dramatiques sur la fertilité des ouvriers agricoles furent mises en évidence. A ce jour, ce sont plusieurs dizaines de milliers d’ouvriers agricoles de sexe masculin dont l’infertilité a été imputée, sans aucune ambiguïté, à l’utilisation du DBCP [Slutsky et al, 1999].
C’est également en 1977 qu’on a découvert les effets sur la fertilité masculine d’un insecticide organochloré, le chlordécone. Une centaine d’ouvriers fabriquant cette molécule aux Etats-Unis ont présenté, à divers degrés, un syndrome toxique associant des symptômes neurologiques et une atteinte de leur fertilité [Taylor, 1982]. La toxicité du chlordécone semble être reliée à ses propriétés hormonales anti-oestrogènique et, à ce titre, elle est l’une des premières substances à avoir été classée comme perturbateur endocrinien.Sans toutes égaler la gravité associée à l’emploi du DBCP, des anomalies du sperme ont été également rapportées chez des ouvriers agricoles utilisant des molécules telles que le dibromure d’éthylène [Schrader et al, 1988].
Plus récemment, plusieurs études, réalisées en Europe et s’intéressant à la fertilité des applicateurs de pesticides, ont généré des conclusions discordantes.
Ainsi au Danemark, il a été observé chez des agriculteurs travaillant en serre une relation inverse entre le nombre de spermatozoïdes et l’intensité de l’exposition à des pesticides [Albell et al, 2000], alors qu’aucune différence de qualité du sperme n’a été observée entre un groupe d’agriculteurs «bio» (non applicateurs de pesticides) et des agriculteurs conventionnels utilisant ces produits [Larsen et al, 1999].
Les études réalisées auprès de population d’hommes consultant pour infertilité, montrent de manière concordante, que l’exposition professionnelle à des pesticides constitue un facteur de risque significatif pour des caractéristiques du sperme situées en dessous des seuils considérés comme limite pour une capacité procréatrice adéquate [Bigelow et al, 1998 ; Olivia et al, 2001]. Ces exemples montrent bien qu’il reste encore beaucoup à explorer en matièred’impact des pesticides sur la fertilité masculine, et qu’il est nécessaire d’identifier la où les molécules qui seraient à l’origine de ces problèmes. Notons finalement que l’impact éventuel des pesticides sur la fertilité féminine a été peuétudié.

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Table des matières

Introduction générale
Première partie : Généralités sur les pesticides
I-Définition et historique
I.1- Définition
I.2-Historique
II-Classification
II.1-Selon la cible
II.2-Selon la formulation
II.3-Selon la toxicité
II.4-Selon la famille chimique
III-les Bonnes Pratiques Agricoles (BPA) et Résidus
III.1-Principes des BPA
III.2-Bonnes Pratiques Phytosanitaires (BPP)
III.3-Problématiques des résidus de pesticides dans les aliments
III.3.1-Définition d’un résidu de pesticide
III.3.2-Formation d’un résidu de pesticide
III.3.3-Les limites maximales de résidu
IV-Risques liés à l’utilisation des pesticides
IV.1.pesticides et santé humaine
IV.1.1-Toxicité aiguë
IV.1.2-Intoxication chronique
IV.1.2.1.1-Effets neurologiques
IV.1.2.1.2-Effets sur le système endocrinien
IV.1.2.1.3-Effets sur la reproduction
IV.1.2.1.4-Effets sur le système immunitaire
IV.1.2.1.5-Effets cancérigènes des pesticides
IV.2-Pesticides et environnement
IV.2.1-Contaminations des milieux
IV.2.1.1-Contamination de l’air
IV.2.1.2-Contamination des eaux de surface
IV.2.1.3-Contamination du sol et des eaux souterraines
IV.2.2-Devenir des pesticides dans l’environnement
IV.2.2.1-Dégradation
IV.2.2.2-Persistance ou Rémanence
IV.2.2.3-Bioconcentration
IV.2.2.4-Bioamplification
IV.2.3-Impact des pesticides sur l’environnement
IV.2.3.1-Apparition de résistances aux pesticides
IV.2.3.2-Destruction des ennemis naturels des ravageurs
V-Réglementation des pesticides au Sénégal
V.1-Composition, attribution et fonctionnement du Comité Sahélien des Pesticides
V.2-Conditions d’homologation
V.3- Procédure d’homologation
V.4-Composition du dossier
V.5-Etiquetage des produits phytosanitaires
V.6-Contrôle
V.7-Comité National de Gestion des Produits Chimiques et Dangereux (CNGPCD)
Deuxième partie : Utilisation des pesticides et perception de leurs risques
I-Objectifs
I.1-Objectif général
I.2-Objectifs spécifiques
II-Cadre de l’étude
II.1-Situation géographique
II.2-Démographie
III-Matériel et méthode
III.1-Type et période d’étude
III.2- Population d’étude et échantillonnage
III.2.1-Critères d’inclusion
III.2.2-Critères d’exclusion
III.3-Technique et outil de collecte des données
III.4-Saisie et analyse des données
III.5-Difficultés rencontrées
IV-Résultats
IV.1-Données sociodémographiques
IV.2-Données relatives à l’activité
IV.3-Données sur les pesticides utilisés
IV.3.1-Répartition des pesticides utilisés selon la cible et la famille chimique
IV.3.2-Etiquetage des produits utilisés
IV.3.3-Source d’approvisionnement et d’information
IV.3.4-Modalités d’utilisation des pesticides
IV.3.4.1-Période de traitement et doses appliquées
IV.3.4.2-Matériel de dosage
IV.3.4.3-Matériel de protection
IV.3.4.4-Mesures d’hygiène
IV.3.3.5-Lavage des vêtements
IV. 3.5-Connaissance des risques liés à l’usage des pesticides
IV.3.5.1-Attitudes des enquêtés lors de l’application des pesticides
IV.3.5.2-Respect du délai de carence
IV.3.5.3-Toxicité des pesticides
IV.3.5.4-Pesticides et santé
IV.4-Pesticides et environnement
IV.5-Alternatives aux pesticides
Discussion
Conclusion
Références bibliographiques
Annexe

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