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Effet d’orientation de Keesom
C’est une orientation de type « dipôle permanent – dipôle permanent ». Elle s’effectue entre molécules polaires, c’est-à-dire possédant un moment dipolaire non nul et entraîne l’orientation des molécules. Sauf pour des dipôles très forts ou très proches, l’interaction ne provoque pas l’alignement complet des molécules, qui restent libres de s’orienter sous l’action de l’agitation thermique. Il en résulte une énergie d’interaction moyenne attractive, qui décroît 1 en 6 .
Dans le cas d’auto-assemblages, le mouvement des dipôles est restreint. Ceux-ci sont bloqués. Puisqu’ils sont orientés, ces dipôles ne se comportent pas comme dans le cas des gaz. On sort donc de l’effet d’orientation de Keesom au sens premier. En conséquence, l’énergie de la liaison n’est plus en 1 mais en 1 . On parlera alors d’interaction dipôle-dipôle, puisqu’elle r 6 r 3 peut-être répulsive ou attractive.
Effet d’induction de Debye
C’est une orientation de type « dipôle permanent – dipôle induit ». Elle s’effectue entre une molécule polaire et une molécule apolaire qui se polarise sous l’effet du champ électrique créé par la molécule polaire.
Effet de dispersion de London
C’est une orientation de type « dipôle instantané – dipôle induit » ou « dipôle instantané – dipôle instantané ». Elle s’effectue entre deux molécules apolaires : une molécule apolaire a un moment dipolaire moyen nul, mais à chaque instant, elle a un moment dipolaire non nul (dû aux déplacements des électrons). Elle peut donc interagir avec une autre molécule possédant un moment dipolaire instantané, ou elle peut créer un moment dipolaire induit sur une molécule proche et donc interagir avec elle.
Précisons que le dipôle instantané provient de fluctuations quantiques du nuage électronique. Les forces de London sont très importantes, car toujours présentes (contrairement aux forces de Keesom et Debye). De plus, l’amplitude des dipôles instantanés est généralement comparable, voire supérieure à celle des dipôles permanents des molécules polaires. Les forces de London représentent donc généralement la contribution principale aux interactions de van der Waals.
Répulsion de cœur dur (forces de Born)
Il s’agit d’une répulsion à courte portée lorsque les nuages électroniques s’interpénètrent. Le potentiel de répulsion prend une forme exponentielle, mais pour simplifier certains calculs on l’approxime souvent par un potentiel algébrique en 112 . On obtient ainsi le potentiel dit de r Lennard-Jones, avec une contribution attractive en 16 qui représente les interactions de van r der Waals, et une contribution répulsive de cœur dur en 1 .
Liaison hydrogène
D’une autre nature que les liaisons de van der Waals, la liaison hydrogène est d’intensité supérieure. Elle est attractive et intervient pour des molécules portant un atome d’hydrogène qui, lié à un atome fortement électronégatif, va interagir avec un doublet non liant d’un atome électronégatif (souvent O ou N). Cette liaison est ainsi impliquée dans la structure spatiale de l’ADN et dans beaucoup d’auto-assemblages faisant interagir des acides carboxyliques5.
Interactions aromatiques π-π ou arène-arène
Ces interactions ont lieu entre composés organiques aromatiques. Elles sont attractives et causées par le recouvrement de type π, d’orbitales atomiques p de systèmes π-conjugués et sont d’autant plus importantes que le nombre d’électrons π mis en jeu est élevé. Les molécules aromatiques polycycliques planes, comme le coronène ou le triphénylène, ayant un nombre important d’électrons π délocalisés, interagissent fortement entre elles par l’intermédiaire de ce type d’interaction. Ajoutons que la structure en double hélice de l’ADN profite de ce type d’interaction entre ses bases consécutives.
Exemples d’auto-assemblages en volume (3D)
Pour illustrer comment les interactions décrites ci-dessus peuvent intervenir pour structurer des auto-assemblages 3D, deux exemples très différents seront détaillés. Le premier, d’origine naturelle, est celui de l’ADN dont la structure repose à la fois sur des interactions covalentes, mais également sur des liaisons hydrogène et arène-arène. Une autre architecture supramoléculaire, fondée sur des interactions arène-arène sera présentée : les cristaux liquides colonnaires.
L’ADN, un exemple d’auto-assemblage biologique
Présentes dans les systèmes biologiques, liaisons faibles et liaisons fortes sont essentielles aux êtres vivants. Un exemple qui illustre leur rôle est l’ADN. Porteur de l’information génétique de presque tous les organismes vivants, ce complexe macromoléculaire est en forme de double hélice (Figure 2) (structure établie par J. Watson, F. Crick, M. Wilkins et R. Franklin en 19536-9, grâce à la technique de diffraction des rayons X). On dit qu’il est bicaténaire, car constitué de deux brins.
Les cristaux liquides colonnaires
Découverts il y a plus d’un siècle, les cristaux liquides ont présenté pendant longtemps un intérêt purement académique. C’est dans les années soixante-dix que leur étude a connu un développement rapide pour répondre aux critères de qualité et de coût des afficheurs à cristaux liquides (LCD). Aujourd’hui, ceux-ci sont intégrés à de nombreux produits issus des nouvelles technologies.
Les cristaux liquides sont une classe particulière de matériaux organiques car ils ne passent pas directement de l’état liquide à l’état solide. La transition de l’un à l’autre des états fait intervenir des phases dont les propriétés structurelles sont intermédiaires entre celles d’un liquide et d’un cristal. On parle de phases cristal liquide ou phases mésomorphes. On peut observer des transitions cristal liquide en fonction de la nature des molécules et des paramètres extérieurs (tels la température, la concentration, le solvant ou l’application d’un champ électrique ou magnétique).
Il existe les phases nématiques, smectiques et colonnaires. Les deux premières phases sont généralement obtenues pour des molécules de forme oblongue, alors que les phases colonnaires sont obtenues pour des molécules en forme de disque10.
Les cristaux liquides colonnaires ont étés découverts en 1977 par Chandrasekhar et al.11. Les molécules discotiques sont composées d’un cœur aromatique et de chaînes aliphatiques périphériques (Figure 5).
Auto-assemblages bidimensionnels
La chimie supramoléculaire a tout d’abord établi les bases nécessaires pour générer des architectures moléculaires contrôlées en 3D. En effet, connaître le type d’interaction entre différentes briques moléculaires bien choisies, rendait possible la génération des auto-assemblages désirés. Ces édifices ont été révélés et caractérisés, en particulier par les techniques de diffraction.
Le développement des techniques de sondes locales, il y a une trentaine d’année, en rendant possible l’observation des auto-assemblages 2D, en a permis l’essor. Parmi ces techniques, la microscopie à effet tunnel offre une résolution à l’échelle moléculaire de monocouches auto-organisées sur des surfaces atomiquement planes.
Cette technique de microscopie sera détaillée dans la première partie de ce paragraphe. Puis seront abordés quelques points importants concernant les monocouches 2D et leur conception ainsi que leurs avantages par rapport aux systèmes 3D.
Les éléments théoriques et expérimentaux nécessaires à la compréhension du principe et de l’utilisation d’un microscope à effet tunnel (STM pour Scanning Tunneling Microscope) sont brièvement introduits dans ce paragraphe. (On se référera à l’annexe pour une description plus approfondie.) La deuxième partie du paragraphe est consacrée à cette technique à l’interface liquide-solide.
Genèse et principe du microscope à effet tunnel
Le concept d’effet tunnel est apparu dès les fondements de la théorie quantique et il a rapidement servi à interpréter des phénomènes variés (émission de champ, radioactivité α, …). Cependant, la première observation d’un courant tunnel n’est rapportée qu’en 1958 dans des jonctions p – n de germanium12. On note ensuite quelques études expérimentales, à la fin des années 1960 : Young et ses collaborateurs13 mettent au point une sorte de microscope à émission de champ, appelé le Topografiner. L’idée de base, très proche de celle du microscope à effet tunnel, est simple : si on approche un émetteur d’électrons assez près d’une surface métallique et que l’on mesure le courant généré par l’émission de champ, pour une haute tension donnée, on aura accès à la distance émetteur-surface, puisque le courant en dépend. Avec une référence de hauteur pour l’émetteur, on peut ainsi calibrer la hauteur de la surface, et en déplaçant l’émetteur le long de la surface, on peut obtenir une cartographie de celle-ci.
Pourtant, ce n’est qu’en 1982 que G. Binnig et H. Rohrer mettent au point le microscope à effet tunnel (STM), permettant d’obtenir l’image de la surface d’un matériau conducteur14-16. Ceci leur vaut le prix Nobel de physique en 1986.
Avec l’invention du microscope à effet tunnel, naissaient de nouvelles perspectives concernant l’étude des auto-assemblages en 2D à l’échelle moléculaire. En effet, pour la première fois, il était possible d’obtenir une image directe d’une surface avec la résolution quasi atomique, sans avoir à passer par le réseau réciproque (comme c’est le cas avec les techniques de diffraction).
Le microscope à effet tunnel (STM) comporte une pointe métallique qui est approchée à quelques angströms d’une surface conductrice ou semi-conductrice. Une différence de potentiel est appliquée entre ces deux électrodes. Le courant tunnel mesuré entre celles-ci, pendant que la pointe balaye la surface, varie de manière exponentielle en fonction de la distance entre les deux électrodes. Il est alors possible de reconstruire l’image topographique ou plutôt l’image des densités d’états électroniques de la surface et de l’observer à l’échelle quasi atomique et en temps réel. Puisque le courant dépend de manière exponentielle de la distance entre pointe et substrat, avec des constantes de l’ordre de 10 nm-1, l’interaction entre l’échantillon et la pointe est limitée aux atomes à l’extrémité de la pointe (l’apex). Il en résulte une grande sensibilité qui permet, pour des échantillons ayant une rugosité inférieure à l’angström, d’atteindre une résolution atomique. Toute la difficulté de la mise en œuvre de la microscopie à effet tunnel réside dans :
• la mesure du courant tunnel, extrêmement faible (moins de 50 nA), sur des durées compatibles avec la vitesse de balayage (typiquement 0,1 ms).
• la précision et la stabilité mécanique du positionnement de la pointe (au centième d’angström près).
La maîtrise de ces aspects influe sur les caractéristiques de la jonction et par conséquent sur la qualité des images réalisées.
Interface liquide-solide
Les premières observations de monocouches à l’interface liquide-solide ont débuté à la fin des années 8018,19 et les auto-assemblages à cet interface font depuis l’objet d’intenses et nombreuses recherches académiques. En effet, le microscope à effet tunnel s’est révélé un outil de choix pour étudier non seulement la structure des monocouches, mais aussi les phénomènes dynamiques ayant lieu à l’interface, à l’échelle moléculaire.
Dans le cadre de cette étude, nous avons travaillé à l’interface liquide-solide. Les paragraphes suivants reprennent un descriptif du dispositif expérimental et quelques spécificités propres à cet environnement.
Aspects spécifiques des systèmes 2D par rapport aux systèmes 3D
Reprenons l’exemple des cristaux liquides colonnaires, abordé précédemment, pour illustrer certaines différences entre auto-assemblages 3D et 2D. En volume, les molécules sont arrangées en colonnes. Le confinement sur la surface ne laisse plus observer les colonnes : les molécules forment une monocouche sur la surface. Les différentes parties de la molécule (cœurs et chaînes aliphatiques) interagissent alors avec la surface. Le travail de Charra et al.28, avec des molécules discotiques ayant des cœurs triphénylène, montre également que les molécules tendent à former l’arrangement le plus dense possible sur la surface, afin de rendre maximale l’énergie d’adsorption par unité de surface. Ainsi, les considérations géométriques liées à la forme des molécules sont un premier guide pour expliquer les structures observées. Cependant, d’autres types d’interactions sont à prendre en compte.
Organisation dans le plan : Epitaxie/ Influence du substrat
Comme mentionné précédemment, on peut expliquer en partie la formation d’auto-assemblages sur une surface par des considérations stériques. Cependant, d’autres facteurs influent et sont à prendre en compte comme les interactions latérales entre molécules et la nature du substrat. Tout d’abord, l’interaction molécules-substrat doit permettre à celles-ci de se mouvoir latéralement sur la surface lors de leur dépôt pour « rencontrer » d’autres molécules et interagir. Si les interactions molécules substrats sont trop importantes, les mouvements latéraux des molécules sur la surface seront bloqués et l’auto assemblage ne pourra pas se produire car la reconnaissance par chimie supramoléculaire sera limitée. Dans le cas inverse, la cristallisation 2D ne pourra se produire car les molécules auront une mobilité trop importante sur la surface.
La stabilité de l’auto-assemblage 2D dépend donc d’une compétition entre les interactions intermoléculaires, mais aussi des interactions molécules-substrat.
Le cas des alcanes et des chaînes aliphatiques sur le graphite est un bon exemple. Pour observer en microscopie à effet tunnel des molécules organiques, il n’est pas rare qu’on leur greffe des chaînes aliphatiques périphériques afin de favoriser leur ancrage sur le graphite27. Cela s’explique d’une part, car la barrière de désorption des molécules est plus élevée lorsque celles-ci portent des chaînes aliphatiques, et d’autre part à cause des interactions entre chaînes. Les chaînes alkyles périphériques vont avoir tendance à se positionner sur le graphite HOPG comme les alcanes selon le modèle de Groszek29 (Figure 11), c’est-à-dire qu’elles forment des lamelles bidimensionnelles compactes, constituées de chaînes rectilignes orientées dans la direction <100> du graphite HOPG30-32.
• Interactions molécules-substrat : Dans sa configuration trans, le zigzag plan du squelette carboné de la molécule d’alcane est aligné parallèlement à la surface de sorte que les atomes d’hydrogène les plus proches du graphite, occupent à peu près le centre d’un motif hexagonal de celui-ci. Cette adsorption épitaxiale conduit à une énergie stabilisatrice de 64 meV par groupement méthylène33.
• Interactions molécules-molécules : Les chaînes étant adsorbées parallèlement les unes aux autres, à une distance a 0,426 nm imposée par le graphite, il existe une interaction entre elles. L’énergie de cristallisation 2D peut être évaluée à environ 20-25 meV par paire de groupements méthylènes en regard l’un de l’autre34. L’interaction inter-chaînes est donc d’autant plus forte que le nombre de groupements méthylènes se faisant face est élevé. conformément au modèle de Groszek. La distance entre chaînes aliphatiques est notée a=0,426 nm, celle entre motifs de graphite successifs b=0,246 nm et la longueur du motif C-C-C est notée c=0,251 nm. Adapté d’après 35.
• Effet de la commensurabilité : Cet effet est lié à la longueur des chaînes : il y a une longueur au delà de laquelle deux structures ne peuvent plus s’ajuster car leurs périodicités sont différentes. En observant les longueurs caractéristiques des motifs associés aux deux constituants du système alcane-graphite (la longueur du motif C-C-C notée c = 0,251 nm et celle entre motifs de graphite successifs notée b = 0,246 nm), on constate que le système est caractérisé par un paramètre critique : sa période de commensurabilitéT calculée ci-dessous. T = c × b c − b = 12,35 nm.
Auto-assemblages 2D nanoporeux
Les réseaux en nid d’abeilles, étudiés dans le cadre de ce travail de thèse, font partie des nombreux réseaux bidimensionnels observés à l’interface liquide-solide grâce au microscope à effet tunnel (STM). Les études réalisées grâce à cet outil, dans un premier temps très descriptives, sont progressivement devenues plus prédictives et les structures fonctionnalisant les surfaces de plus en plus complexes.
Parmi les réseaux étudiés, les arrangements nanoporeux46-48 constituent un cas particulièrement intéressant permettant d’envisager des systèmes hôtes-invités49. Nous allons dans un premier temps présenter les différents types de matrice nanoporeuse qui ont été développés, résultant d’interactions covalentes ou non.
Ces structures ont fait l’objet de nombreuses études visant à tirer profit des cavités formées sur la surface. Néanmoins, les paramètres régissant l’obtention des différents assemblages ne sont encore pas parfaitement connus et font l’objet de nombreuses études. (En effet, on comprend aisément l’importance de contrôler précisément le type d’assemblage que l’on souhaite obtenir.) Nous verrons ensuite les résultats de travaux sur des structures nanoporeuses réalisés avec des molécules de tristilbène. Ceci permettra d’introduire le contexte et les objectifs de cette thèse.
Contrôle thermodynamique ? Pas toujours !
Dans le paragraphe précédent, la Figure 35 montre que, pour une même concentration, il est possible de former deux réseaux différents (réseau en nid d’abeilles et réseau linéaire). Selon les conditions de dépôt et alors que le système a été laissé dans des conditions favorables à son évolution vers l’équilibre thermodynamique, deux états finaux différents sont observés. Le fait que l’historique du système influe sur le résultat final indique qu’au moins un des deux états n’est pas l’état thermodynamique stable. L’état du système n’est donc pas sous contrôle thermodynamique. Le réseau qui n’est pas thermodynamiquement stable mais bloqué cinétiquement (état dit métastable, ici, le réseau en nid d’abeilles) est celui qui, perturbé par une impulsion de tension, évolue spontanément vers la formation du réseau plus dense. On peut également perturber le réseau en délogeant avec la pointe les molécules positionnées sur une petite zone de la surface.
Une évolution aux frontières de domaine
Au cours des différentes expériences réalisées avec notre système, nous avons pu observer :
• qu’il n’y avait pas d’évolution des arrangements ne comprenant pas de joints de grain.
• qu’il n’y avait pas non plus formation spontanée, au cœur de domaines existants, de domaine de nature différente.
• qu’une manière de déclencher une évolution était de créer des défauts au cœur d’un domaine étendu.
Ces constatations nous permettent de proposer que l’évolution du système a lieu aux frontières de domaines. Ainsi, pour que le réseau thermodynamiquement stable puisse être observé, il faut se placer dans des conditions de température et de concentration thermodynamiquement favorables, mais également veiller à la présence initiale de joints entre domaines, sans quoi le système restera bloqué dans un état métastable.
Loi d’action de masse ou transition de phase?
L’expérience dont les résultats sont présentés dans la Figure 35 n’est pas la seule à appuyer l’argument d’une évolution du système tributaire de la présence de frontières entre domaines. Le fait que les molécules qui participent à l’évolution soient celles présentes aux joints de grains est également étayé par des résultats antérieurs, obtenus dans le cadre de l’étude des réseaux en nid d’abeilles formés par les TSB3,5 C1082. En utilisant des molécules marquées (cœur pyridine), il a été mis en évidence qu’il n’y a :
• pas de diffusion de molécules au sein de la matrice 2D.
• pas d’échange de molécules entre surface et solution au sein des domaines.
Ainsi, les molécules formant le cœur du domaine ne peuvent se déplacer vers les bords de domaines où, on l’a vu, se situe l’évolution. Cette évolution ne peut donc dépendre, directement ou indirectement, de l’état de la monocouche à une distance du bord de domaine supérieure à une ou deux mailles de réseau.
Ceci appuie l’idée d’une évolution à long terme du système, à partir des molécules présentes aux joints.
Pourtant, une approche très différente est proposée dans la littérature pour un système similaire75. Elle s’appuie sur une analogie avec une loi d’action de masse qui autoriserait n’importe quelle molécule adsorbée à se désorber pour aller enrichir un autre domaine. Ce type d’approche, est-il applicable dans notre cas ? Si l’évolution se fait en bord de domaines, celle-ci est indépendante de la proportion de surface déjà occupée par l’un ou l’autre des réseaux. Le phénomène s’apparente plutôt à une transition de phase.
Pour s’en convaincre, reprenons l’expérience relative à la Figure 34. Des solutions de concentrations différentes ont été déposées sur un substrat à 12°C, pour permettre la formation d’une mosaïque de domaines et donc assurer la présence de nombreux joints de grain, puis la température a ensuite été élevée à 57°C. Cette procédure optimise la cinétique de transition entre domaines, et assure l’obtention, après plusieurs heures, de l’état thermodynamiquement stable (le système est sous contrôle thermodynamique). La morphologie des auto-assemblages ainsi obtenus pour chaque concentration a été comparée. Nous avons observé que l’état thermodynamiquement stable du système dépend de la concentration de la solution déposée. Pour les faibles concentrations, le réseau en nid d’abeilles était observé, pour les concentrations les plus élevées, le réseau le plus dense couvrait la surface. En quoi ces observations invalident-elles l’hypothèse d’un équilibre de type « loi d’action de masse » ?
Reprenons l’équation proposée dans le cadre du travail de Lei et al.75. Ceux-ci aboutissent, en faisant l’analogie entre concentrations et fractions d’aire occupée par les réseaux, à l’Équation 1 présentée ci-dessous : Y K[TSB] 1− l Équation 1 : h h l Yl h.
Caractérisation de la molécule TSBG2 par résonance magnétique nucléaire (RMN)
Nous avons caractérisé la molécule TSBG2 par résonance magnétique nucléaire (RMN) du proton. La mesure a été réalisée à une température de 45°C. En effet, à des températures inférieures, la résolution du spectre est médiocre, probablement à cause d’un faible phénomène d’agrégation des molécules déjà observé pour des molécules π-conjuguées très similaires111.
La stéréochimie pour les doubles liaisons (trans) est confirmée par la constante de couplage (15Hz) des protons vinyliques sur le spectre 1H RMN.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : BIBLIOGRAPHIE, SYSTEME ETUDIE ET OBJECTIFS
I. CHIMIE SUPRAMOLECULAIRE ET PHENOMENES D’AUTO-ASSEMBLAGE
A. Interactions intervenant dans les auto-assemblages
B. Exemples d’auto-assemblages en volume (3D)
II. AUTO-ASSEMBLAGES BIDIMENSIONNELS
A. Le microscope à effet tunnel (STM) : un outil de choix pour la caractérisation de monocouches physisorbées
B. Monocouches auto-assemblées sur une surface, observées par microscopie à effet tunnel
III. AUTO-ASSEMBLAGES 2D NANOPOREUX
A. Définitions : Systèmes multi-composants et hôte-invité
B. Différentes stratégies de conception de réseaux nanoporeux
C. Cas particulier des auto-assemblages à base de molécules de type tristilbène (TSB)
OBJET DE LA THESE
CHAPITRE 2 : CONTROLE DE LA FORMATION DE LA STRUCTURE EN NID D’ABEILLES
INTRODUCTION
I. CONTEXTE
II. METHODE
III. RESULTATS
A. Effet de la concentration
B. Effet de la température et du temps
IV. DISCUSSION
A. Contrôle thermodynamique ? Pas toujours !
B. Comment former un domaine métastable ? (contrôle cinétique)
PERSPECTIVES
CHAPITRE 3 : VARIATION DE LA TAILLE DES CAVITES
INTRODUCTION
I. MODULATION DE LA TAILLE DES CAVITES DE LA STRUCTURE EN NID D’ABEILLES GRACE A LA MODIFICATION DE LA LONGUEUR DES CHAINES ALIPHATIQUES PERIPHERIQUES DES MOLECULES DE TSB3,5
A. Méthode
B. Résultats
C. Discussion
D. Conclusion
II. EXTENSION DU COEUR
A. Méthode
B. Résultats
C. Caractérisation du réseau nanoporeux : modèle théorique
D. Conclusion
III. CO-DEPOTS, SYSTEMES MULTI-COMPOSANTS
A. Auto-assemblages nanoporeux bi-composants
B. Possibilité de former des auto-assemblages bi-composants fondés sur des clips ?
C. Discussion
D. Conclusion
CONCLUSION
CHAPITRE 4 : MODIFICATION DE LA GEOMETRIE DES CAVITES (EFFET LIES A LA PARITE ET FORMATION D’UN NOUVEAU RESEAU NANOPOREUX)
INTRODUCTION
I. SYNTHESE CHIMIQUE
A. Molécules ayant des chaînes comportant un nombre impair d’atomes de carbone
B. Molécules dissymétriques
II. EFFET DE LA PARITE SUR LA FORMATION DE RESEAUX DE TSB3,5
A. Conditions d’obtention du réseau en nid d’abeilles
B. Caractéristiques des réseaux en nid d’abeilles obtenus
C. Observation d’un nouveau réseau : réseau II
III. AJOUT DE MOLECULES INVITEES
A. Matériel et méthode
B. Utilisation de molécules invitées pour sonder les propriétés des réseaux en nid d’abeilles
C. Réorganisation induite par l’introduction de molécules dans le milieu (diversité constitutionnelle dynamique)
CONCLUSION
CHAPITRE 5 : VERS DES CAVITES D’AFFINITE CHIMIQUE SPECIFIQUE
INTRODUCTION
I. CONCEPTION DES MOLECULES
II. SYNTHESE CHIMIQUE
A. Schémas rétrosynthétiques
B. Synthèse des synthons clés
C. Réaction de Wittig Horner
III. FORMATION DES RESEAUX AVEC DES MOLECULES FONCTIONNALISEES
A. Molécule de TSB3,5 C11-OH
B. Molécules dissymétriques portant des fonctions hydroxyles
IV. AJOUT DE MOLECULES INVITEES
A. Choix des molécules invitées
B. Effet de l’ajout de molécules invitées
CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE
ANNEXES
I. MICROSCOPIE A EFFET TUNNEL (STM)
A. Compléments sur la microscopie à effet tunnel (STM)
B. Description du dispositif expérimental et méthode
II. SYNTHÈSE
A. Remarques générales
B. Modes opératoires
REFERENCES
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