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Synthรจse des รฉtudes sur la Sbkha Ndghamcha
Les premiรจres รฉtudes qui ont รฉtรฉ consacrรฉes ร la Sebkha Ndghamcha se rapportent surtout ร lโexploration.
Les premiers renseignements dโordre gรฉologique sur la sebkha semblent รชtre ceux de PANET qui a fait un voyage de Saint-Louis du Sรฉnรฉgal ร Essouira au Maroc en passant par Chinguitti en Mauritanie, en 1850. Il mentionne des roches de lโInchiri et de lโAdrar et les sebkhas salรฉes de Nouakchott.
En 1908, CHUDEAU et GRUVEL effectuent, ร partir de Saint- Louis, la premiรจre traversรฉe scientifique de Nouakchott ร Nouadhibou, et confirment lโexistence dโun immense golfe quaternaire rรฉcent au Nord de Nouakchott.
DEREIMS est le premier, en 1911, ร dรฉcrire la ยซ plage ร Arca senilis ยป quโil reconnaรฎt tout le long du littoral, et les dรฉpรดts dโรฉvaporites (gypse, sel) dans les lagunes abandonnรฉes par la mer lors de son retrait : dans le Tafoli, le sol est formรฉ par du gypse tantรดt cristallisรฉ trรจs finement comme le sucre (ยซ tafrajit ยป des habitants) tantรดt cristallisรฉ en grandes lamelles de fer de lance (ยซ berraรฏk ยป). On trouve aussi dans le Tafoli du soufre sous forme de nodules provenant de la rรฉduction du gypse sous lโinfluence des matiรจres organiques. Dans les sebkhas, il est possible de trouver plusieurs couches de sel superposรฉes, sรฉparรฉes par des argiles noiresยป.
DOLLFUS (1911) รฉtudie les coquilles du Quaternaire marin rรฉcoltรฉes par DEREIMS et en Jreconnaรฎt 60 espรจces dont lโensemble est caractรฉristique dโune faune littorale peu profonde sur fond sableux.
MONOD (1945) publie un article sur la structure du Sahara atlantique oรน quelques coupes de puits effectuรฉes dans le Quaternaire marin sont donnรฉes ร Bou Lanouar et Nouakchott. Cette mise au point se termine par un croquis gรฉologique au 1/500 000 et un tableau des corrรฉlations.
CHARAVEL (1947) engage des travaux de prospection sur les indices du soufre connus depuis longtemps ร Kรฉbrit entre Toueila et Moutounsi. Les dรฉpรดts de gypse, dโune รฉpaisseur de 2 m environ, sont inter stratifiรฉs avec des dรฉpรดts vaseux et contiennent du soufre natif diffus ou en nodules. Des accidents trรจs graves, quelques-uns mortels, par asphyxie, arrรชtent les travaux. BESSAC (1951) remarque que le golfe quaternaire de Nouakchott, qui correspond ร lโimmense Sebkha Ndghamcha oรน se sont dรฉposรฉs des coquilles et du gypse, ne prรฉsente aucun matรฉriel nรฉolithique, ni de tumulus funรฉraires.
En 1955, ELOUARD relรจve la coupe du sondage de Moutounsi creusรฉ au milieu de la Sebkha Ndghamcha. Ce sondage, de 449 m de profondeur, traverse le Quaternaire reprรฉsentรฉ par du gypse, des coquilles marines, des grรฉs calcaires, le Continental terminal formรฉ de grรฉs hรฉtรฉromรฉtriques kaoliniques et lโEocรจne moyen constituรฉ de marno-calcaire.
MILLOT (1957) effectue les premiรจres analyses dโargiles salifรจres rรฉcoltรฉes dans la Sebkha Ndghamcha oรน il reconnaรฎt : kaolinite, illite, montmorillonite, dolomite.
En รฉtudiant les dรฉpรดts de gypse de la bordure sud de la sebkha, GOUZES et al. (1965) montrent la prรฉsence de dรฉpรดts gypsifรจres dโenviron 2 m dโรฉpaisseur reposant sur des niveaux coquilliers. Ils montrent aussi lโabsence de niveaux coquilliers intercalรฉs dans le gypse et dรฉcouvrent des dunes de gypse รฉolien.
ELOUARD (1966) dresse un inventaire des caractรจres de la plage ร Arca senilis connue en Mauritanie et au Sรฉnรฉgal. Il propose mรชme le Nouakchottien comme nom dโรฉtage local pour dรฉsigner cette transgression marine.
Aprรจs plusieurs observations de terrain, ELOUARD et FAURE (1967-1972) proposent une chronologie du Quaternaire supรฉrieur appuyรฉe sur les rรฉsultats de datations au radiocarbone. Dรฉsormais, le Nouakchottien et lโInchirien supรฉrieur sont distinguรฉs grรขce aux observations รฉcologiques. Cette distinction est confirmรฉe par les rรฉsultats de datations en รขges ยซย absolusย ยป. Au Nord de la Sebkha Ndghamcha, CHEVALLIER et HEBRARD (1967) datent de lโInchirien supรฉrieur (31 000 ans BP) un important affleurement de madrรฉporaires. En 1967, les participants au Congrรจs panafricain de prรฉhistoire et de lโรฉtude du Quaternaire visitent la rรฉgion de Nouakchott, le Tafoli et lโInchiri oรน ELOUARD et FAURE montrent les assises du golfe marin quaternaire disposรฉes en aurรฉoles concentriques. Pendant quโELOUARD sโattachait ร montrer les diffรฉrences รฉcologiques, FAURE faisait observer lโรฉvolution sรฉdimentologique correspondant ร la fermeture du golfe, sa transformation en lagune et son รฉvolution actuelle en sebkha sous le niveau de la mer.
FONTES et al. (1967) effectuent les premiรจres analyses isotopiques O16-O18 sur des coquilles et du gypse de la Sebkha Ndghamcha ; lโInchirien serait plus chaud et plus humide que le Nouakchottien.
En 1968, HEBRARD rรฉtablit la cartographie des limites de la Sebkha Ndghamcha et prรฉcise la stratigraphie du Quaternaire.
La thรจse de HEBRARD (1973) sur la Mauritanie atlantique entre Nouakchott et Nouadhibou (18ยฐ- 21ยฐ latitude Nord), permet dโรฉtablir une chronologie du Quaternaire marin mauritanien et dโapprรฉhender lโรฉvolution terrestre pendant cette รจre : lithosphรจre, atmosphรจre, hydrosphรจre et biosphรจre.
FAURE (1973) propose une remise en eau de ce grand bassin รฉvaporatoire en vue dโune accumulation de rรฉserves minรฉrales exploitables.
MAGLIONE et CARN (1976) publient des donnรฉes gรฉochimiques prรฉliminaires sur la nappe phrรฉatique des argiles gypsifรจres de la sebkha Ndghamcha ; ils remarquent un net gradient de concentration, pour les trois paramรจtres physico-chimiques รฉtudiรฉs (conductivitรฉ, pH, Eh), selon une transversale depuis la mer jusquโaux premiers affleurements de gypse varvรฉ (cโest-ร -dire de lโOuest vers lโEst).
CARUBA et DARS (1991) pensent que les sebkhas littorales (Ndghamcha et Nterert, etc.) constituent des entitรฉs hydrologiques et hydrogรฉologiques originales. En effet, les eaux rencontrรฉes dans ces dรฉpressions en surface ou ร faible profondeur appartiennent pour lโessentiel ร la nappe aquifรจre sous-jacente qui est subaffleurante et se concentre par รฉvaporation. Pour eux, la Sebkha Ndghamcha peut recevoir parfois des apports dโeau marine.
Avant de clore cet historique, prรฉcisons que la reconnaissance des formations gypsifรจres a รฉtรฉ entreprise depuis les annรฉes 1960 et se poursuit jusquโร nos jours avec, cependant, des phases dโexploitation sommaires ; cโest dans ce cadre quโen 1995-96, la SNIM ( Sociรฉtรฉ Nationale Industrielle et Miniรจre) effectue une campagne de sondages et de puits sur les diffรฉrentes variรฉtรฉs de gypse et le sel de la Sebkha Ndghamcha pour en รฉvaluer les rรฉserves (OULD WOYSSATTE, 1997).
Contexte gรฉologique de la Sebkha Ndghamcha
Contexte gรฉologique rรฉgional
Le littoral mauritanien appartient au bassin sรฉdimentaire secondaire-tertiaire sรฉnรฉgalo-mauritanien, dont la superficie est dโenviron 340 000 kmยฒ (Figure 3). La partie mauritanienne de ce bassin forme un triangle dont les limites sont lโOcรฉan Atlantique ร lโOuest, le fleuve Sรฉnรฉgal au Sud et, au Nord, la limite dโรฉrosion des formations sรฉdimentaires (ELOUARD, 1975). Cependant, les formations secondaires et tertiaires nโaffleurent pas dans les terrains รฉtudiรฉs dans le cadre de ce mรฉmoire. Elles sont masquรฉes par les dรฉpรดts du Quaternaire et ne sont connues que grรขce aux sondages. Cโest un aperรงu trรจs synthรฉtique de lโรฉvolution gรฉologique, lโesquisse de gรฉologie rรฉgionale est limitรฉe ร la partie la plus rรฉcente du bassin, cโest-ร -dire au Quaternaire.
Aprรจs les รฉpisodes secondaires et tertiaires dont les sรฉdiments forment le soubassement du bassin sรฉnรฉgaloโmauritanien, la cรดte a connu de nombreux mouvements eustatiques et oscillations climatiques, dโampleur variable au Quaternaire. Ceux-ci ont laissรฉ des tรฉmoins importants dans le paysage cรดtier de la Mauritanie.
ELOUARD (1973) distingue dans le Quaternaire marin de Mauritanie quatre รฉtages qui sont du plus ancien au plus rรฉcent :
* Le Tafaritien (du cap Tafarit,1 000 000-700 000 ans BP) qui sโรฉtend sur environ 150
kilomรจtres ร lโintรฉrieur des terres et dont le faciรจs est reprรฉsentรฉ par du sable trรจs fin et/ou du grรจs calcaire blanc ou vert glauconieux ร diatomites.
* LโAรฏoujien (du puits dโEl Aรฏouj, 500 000-200 000 ans BP) qui a formรฉ deux golfes ร Nouakchott et Nouadhibou, dont le faciรจs est formรฉ par un grรจs ร structure entrecroisรฉe ou un grรจs calcaire.
* LโInchirien (de lโInchiri plus de 30 000 ans BP) a donnรฉ un golfe dโenviron 100 kilomรจtres ร lโemplacement de la Sebkha Ndghamcha. Des lumachelles ร coquilles encroรปtรฉes caractรฉrisent son faciรจs.
* Le Nouakchottien (de Nouakchott 5 500 ans BP) a donnรฉ un falun ร coquilles souvent intactes. Aprรจs le retrait de la mer, des cordons littoraux sableux ont formรฉs les golfes du Nouakchottien et isolรฉ des lagunes (sebkhas). Peu ร peu, la cรดte a acquis sa morphologie actuelle.
Evolution gรฉomorphologique du quaternaire rรฉcent de Mauritanie a. Les formes et les dรฉpรดts du Quaternaire rรฉcent
La morphologie de la cรดte est tributaire de la nature des formations et de leurs horizons gรฉologiques. Les diffรฉrentes phases morphogรฉnรฉtiques ont laissรฉ des tรฉmoins importants dans le paysage cรดtier de la Mauritanie. Aux environs de Nouakchott, la cรดte nโoffre pas un cadre propice ร lโรฉtude des formations hรฉritรฉes du Quaternaire (Tableau 1).
Durant cette pรฉriode gรฉologique, le bassin connaรฎt quatre transgressions constituant le Quaternaire marin de Mauritanie (Figures 4 et 5), et qui sont de la plus ancienne ร la plus rรฉcente (ELOUARD et al, 1975).
Les formations gรฉologiques de la Sebkha Ndghamcha
La Sebkha Ndghamcha (Figure 6) est actuellement subdivisรฉ en deux zones principales (ELOUARD et FAURE, 1967-1972; ELOUARD et al., 1969; HรBRARD, 1973; MAGLIONE et CARN, 1976; CARITร, 1980; CARUBA et DARS, 1991; OULD SABAR et al., 1997; OULD WOYSSATTE, 1997; OULD SABAR, 2001) :
๏ une zone active et facilement inondable (ร un niveau infรฉrieur ร 0 m) formรฉe d’une croรปte gypso-argilo-salรฉe recouvrant, dans la partie ouest de la sebkha, une couche de boue noirรขtre et dans la partie nord, d’une alternance de sel et d’argile formant une sebkha actif noyรฉ dans un environnement de gypse varvรฉ saisonnier.
๏ une zone sรจche inactive ou fossile ร base de gypse sous divers faciรจs: varvรฉs, cristallins et saccharoรฏdes.
Une coupe gรฉologique synthรฉtique des formations de cette sebkha (Figure 7) permet de rรฉsumer l’รฉvolution gรฉologique de cette derniรจre depuis le Nouakchottien, de haut en bas:
1 – 2,40 ร 3,00 m: coquilles de Cardium ringens localement cimentรฉes par un grรจs calcaire beige …. 0,60 m.
2 – 1,80 ร 2,40 m : sable coquillier (falun) plus marin vers le bas …. 0,60 m
3 – 1,60 ร 1,80 m: coquilles de Cardium edule avec de gros cristaux de gypse autour des coquilles …. 0,20 m
4 – 0 ร 1,60 m: gypse recristallisรฉ et gypse varvรฉ ou saccharoรฏde …. 1,60 m
En fonction des รขges, cet affleurement peut รชtre rรฉsumรฉ comme suit :
๏ Inchirian 1 – 2,40 ร 3,00 m: coquilles cimentรฉes localement. … 0,60 m
๏ Nouakchottian 2 – 1,60 ร 2,40 m: sable Shelly (falun) …. 0,80 m
๏ Tafolian 3 – 0 ร 1,60 m: gypse …. 1,60 m
Cette coupe nous permet, en plus d’autres observations de terrain (dunes rouges, sรฉdiments argilo-calcaires ร diatomรฉes et gastรฉropodes lacustres), de rรฉsumer l’รฉvolution gรฉologique de cette sebkha depuis l’Inchirien (120 000 ร 30 000 ans BP):
– Entre 120 000 et 30 000 ans BP, pendant la transgression inchirienne, la mer recouvre toute la zone littorale et un vaste golfe dans le Tafoli (oรน se trouve la Sebkha Ndghamcha moderne), jusqu’ร 120 km ร l’intรฉrieur des terres. Des riviรจres cรดtiรจres coulaient (climat humide) dans ce golfe (5 ร 10 m de profondeur). Une riche faune de mollusques et un รฉchinoderme (Radiorotula orbiculus) y vivaient.
– Entre 30 000 et 10 000 ans BP, la mer a reculรฉ au-delร de -100 m et le climat est devenu aride.
– Cela a contribuรฉ ร la reconstitution de vastes massifs de dunes (ergs) dans l’ouest et le sud de la Mauritanie (Amoukrouz, Akchar, Azefal, etc.). Il s’agit de la rรฉgression Ogolian ou Ogolian.
– Entre 10 000 et 7 000 ans BP, la mer a lentement progressรฉ vers le littoral moderne. Une phase humide a influencรฉ tous les pays sahรฉliens: c’est le Tchadien pendant lequel il y a eu rubรฉfaction des dunes ogoliennes et recharge des nappes phrรฉatiques comme celle de Trarza.
– Vers 7 000 ans BP, la mer effectue une transgression de l’ouest vers l’est: c’est la Nouakchottian (7 000 ร 4 000 ans BP). Pendant le maximum de cette transgression (5.500 โ 5.000 ans BP), la mer forme plusieurs petits golfes entre les creux des dunes (Gouds et Aftouts) et deux larges golfes l’un au nord, le golfe de Tafoli (avec le site actuel de la Sebkha Ndghamcha), l’autre au sud, le golfe du delta du fleuve Sรฉnรฉgal.
Dans le golfe de Tafoli (90 km ร l’intรฉrieur des terres), l’apport d’eau douce du continent favorise l’installation d’une mangrove et la prolifรฉration de certaines espรจces (Crassostrea gasar, Tympanotonus fuscatus), tandis que l’abondance de nourriture, l’ensoleillement et les eaux peu profondes la profondeur soutiennent la floraison d’autres espรจces (Anadara senilis, Cerastoderma edule, etc.).
– Vers 4000 ans BP, la mer entame une rรฉgression appelรฉe le Tafolien (4000 ร 2000 ans BP) au cours de laquelle le golfe de Tafoli se transforme progressivement en lagune du fait de la construction, par la dรฉrive de sable Nord-Sud, d’une barriรจre de sable littorale.
Le climat continue son aridification et la sursaturation rapide en sel de la lagune entraรฎne la mort brutale de tous les mollusques, le dรฉpรดt de gypse saisonnier et la formation de la sebkha. La sรฉdimentation rythmique du gypse indique une succession rรฉguliรจre de pรฉriodes de forte รฉvaporation en saison sรจche avec dรฉpรดt de gypse et de pรฉriodes plus humides pendant lesquelles les argiles et les marnes se dรฉposent.
La Sebkha Ndghamcha a cessรฉ de fonctionner comme un bassin d’รฉvaporation lorsque la barriรจre sablonneuse l’avait bien isolรฉ de la mer. Les derniรจres saumures et les nappes phrรฉatiques salรฉes localisรฉes dans les parties ouest et nord-ouest sont responsables de certains dรฉpรดts de chlorure de sodium.
Actuellement, le vent provoque une dรฉflation dans la sebkha et on note des remaniements รฉoliens par la suite, c’est-ร -dire partant soit des anciennes dunes rouges ogoliennes (dunes rouges construites pendant l’aride ogolien: 30 000 ร 10 000 ans BP), soit du gypse (gypse dunes).
La nappe phrรฉatique des argiles gypsifรจres
Si dans la mise en place des รฉvaporites le climat reprรฉsente le moteur des phรฉnomรจnes, la nappe d’eau (affleurant ou souterraine) en constitue le vecteur. C’est en effet ร partir du vecteur aqueux que les sels dissous vont se concentrer jusqu’-ร former les roches salines.
๏ Relations de la nappe des argiles gypsifรจres avec la mer
A ce stade de nos recherches, les relations qui existent entre ces deux entitรฉs hydrologiques ne sont pas connues. Cette incertitude doit รชtre levรฉe par une prochaine campagne de reconnaissance gรฉophysique (prospection รฉlectrique) qui permettra de dรฉterminer l’extension de la lentille douce abrite dans le cordon littoral l’orientation et la pente du substratum inchirien sous ce mรชme cordon.
On saura alors s’il existe des infiltrations d’eau marine ร travers le cordon vers l’intรฉrieur de la sebkha ou bien si la nappe phrรฉatique reprรฉsente une masse d’eau marine, emprisonnรฉe lors de la fermeture du golfe nouakchottien et รฉventuellement rechargรฉe par des venues actuelles d’eaux continentales en provenance des systรจmes dunaires environnants.
Profondeur de la nappe
En l’absence de nivellement de prรฉcision. Seules sont connues les profondeurs relatives du niveau piรฉzomรฉtrique par rapport ร la surface du sol.
La profondeur de la nappe est comprise entre 50 et 240 cm. En contrebas du cordon littoral, sur le flanc ouest de la sebkha, les profondeurs oscillent entre 70 et 120 cm, la nappe se rapproche da la surface en allant vers l’Est (50 cm( et s’approfondit ensuite au contact de la sebkha morte (200 ร 400 cm). En fait ces diffรฉrences de profondeur sont dรฉterminรฉes par le modelรฉ de la surface de la sebkha.
Les formations calcaires de la Sebkha Ndghamcha
Dโaprรจs ELOUARD (1966) seules sont dรฉcrites les formations coquillรจres appartenant aux deux derniers รฉtages transgressifs du Quaternaire de Mauritanie.
La lumachelle ou ยซ falun de Moutounsi ยป de lโInchirien
ELOUARD (1966) La lumachelle de lโinchirien est constituรฉ principalement de calcaire grรฉseux, calcaires, argiles vertes. Cet ensemble complexe comprend des formations marines dรฉsignant un grand golfe ancien sโavanรงant de 130 Kilomรจtres dans les terres. Les formations les plus remarquables (falun de Moutounsi, ยซ beachโrock ยป de Nouakchott) appartiennent au dernier รฉpisode de sรฉdimentation de lโInchirien (ELOUARD, 1966).
Ce sont des niveaux riches en coquillages marins ringens, souvent indurรฉs par un ciment calcaire (grรฉs coquilliers de plage)
Le sable coquillier ou falun du Nouakchottien
Le faciรจs habituel de cet รฉpisode est un sable fin blanc correspondant ร la reprise dโun sable dunaire dรฉposรฉ antรฉrieurement. La faune est abondante et caractรฉristique de plages sableuses ร faune sรฉnรฉgalienne appauvrie. Lโรขge absolu de ces dรฉpรดts se situe autour de 5 000 ans BP. Cette nouvelle transgression sโest enfoncรฉe en doigt de gants ร lโintรฉrieur des terres en dรฉtruisant localement les alignements dunaires ogoliens et leurs formes hรฉritรฉes (ELOUARD et al, 1966).
Sediments et Sels.
En dehors des cristaux dโhalite [sel gemme] et de gypse aisรฉment identifiables, une รฉtude minรฉralogique de MILLOT in BLANCHOT (1957), a portรฉ sur quatre รฉchantillons d’argile salifรจre.
Au point de vue constitution, on retiendra :
. Sable (1,4 ร 6,6 %)
. Calcite (2 ร 6 %)
. Dolomite (6 ร 28 %)
. Sels solubles (3 ร 79 %)
. Argile (13 ร 39 %).
Les sels solubles sont constituรฉs par NaCl dominant (11 ร 71 %) et par du CaS04 (3 ร 42 %). Le spectre argileux qui montre l’association illite et montmorillonite, est bien reprรฉsentatif des milieux lagunaires ร sรฉdimentation chimique basique. Dans deux รฉchantillons on note la prรฉsence de kaolinite, hรฉritรฉe selon MILLOT (1957) du lessivage des formations des bassins versants.
Usages industriels, artisanaux ou agricoles du gypse
Le gypse est employรฉ dans la fabrication de plรขtre, de gypserie ou de stuc, de cimentโฆ
Le principal constituant entrant dans la fabrication du ciment est le clinker, obtenu par cuisson de mรฉlange de calcaire et dโargile dans un four industriel ร une tempรฉrature รฉlevรฉe, en gรฉnรฉral entre 1400 et 1500 ยฐC. Le sulfate de calcium mรฉlangรฉ au clinker a une action rรฉgulatrice sur la prise du ciment, avec un dosage compris entre 3 et 5 %.
Les รฉpandages de gypse broyรฉ sur terrain agricole peuvent prรฉsenter plusieurs avantages sur le plan organique. En effet le gypse apporte une correction des sols salins ou alcalins se trouvant en rรฉgion arides ou semi-arides et en bordure de mer.
Le gypse entre dans la composition des engrais sur-phosphatรฉs, et il permet de conserver la teneur en azote des fumures organiques en รฉliminant les bactรฉries dรฉnitrifiรขtes (MOKRANA, 2017).
Le gypse est aussi toujours utilisรฉ et depuis fort longtemps pour la purification des eaux de brasserie (Burtonizzing), il a รฉtรฉ aussi longtemps employรฉ en France pour rรฉduire la teneur en tartre et contrรดler la clartรฉ des vins (plรขtrage du vin).
Aujourdโhui, le gypse broyรฉ est รฉgalement utilisรฉ dans la prรฉparation de nourritures pour le bรฉtail, il combat le manque de soufre et รฉviter lโutilisation de matiรจres azotรฉs (telle lโurรฉe) pour amรฉliorer les fourrages de mauvaise qualitรฉ.
Dโune maniรจre gรฉnรฉrale, le gypse rรฉagit avec le carbonate dโammonium et tend ร former du carbonate de calcium et du sulfate dโammonium.
Gรฉnรฉralitรฉs sur le ciment
Origine et historique du ciment
Le ciment est un liant hydraulique et le constituant de base du bรฉton. Il permet d’agglomรฉrer entre eux les grains de sable et les granulats, en prรฉsence dโeau.
En 1817, le jeune ingรฉnieur Louis Vicat mรจne des travaux autour des phรฉnomรจnes d’hydraulicitรฉ du mรฉlange ยซ chaux – cendres volcaniques ยป. Louis Vicat est le premier ร dรฉterminer de maniรจre prรฉcise, artificielle et contrรดlรฉe, les proportions de calcaire et dโargile nรฉcessaires ร l’obtention du mรฉlange qui, aprรจs cuisson ร une tempรฉrature donnรฉe et aprรจs broyage, donne naissance ร un liant hydraulique industrialisable, le ciment. Mais il publie le rรฉsultat de ses recherches sans dรฉposer de brevet.
L’Ecossais Joseph Asdin affine la composition du ciment mis au point par Louis Vicat et dรฉpose en 1824 le brevet d’un ciment en prise lente il le baptise `’Portlandย ยป en raison de sa ressemblance avec une roche de la rรฉgion de Portland dans le Sud de l’Angleterre.
Fabrication du ciment
Le composรฉ de base du ciment est un mรฉlange de silicates et dโaluminates de calcium rรฉsultant de la combinaison selon des dosages prรฉรฉtablis de la chaux (65 % Cao) avec la silice (20 % SiO2), lโalumine (10 % Al2O3) et lโoxyde ferrique (5 % Fe2O3).
La chaux nรฉcessaire est apportรฉe par des roches calcaires ou marneuses, lโalumine, la silice et lโoxyde de fer par les argiles (Figure 11).
Il existe quatre grands procรฉdรฉs de fabrication du ciment (Figure 12) :
– la voie sรจche
– la voie semi-sรจche
– la voie semi-humide
– la voie humide.
๏ La voie sรจche
Dans la voie sรจche, les matiรจres premiรจres broyรฉes et sรฉchรฉe forment le cru ou farine qui a l’aspect d’une poudre fluide. Le cru est ensuite introduit dans le prรฉchauffeur ou prรฉcalcinateur puis dans un four tubulaire long et lรฉgรจrement inclinรฉ.
๏ La voie semi – sรจche
La farine mรฉlangรฉe ร de l’eau forme des granules qui sont introduits dans un prรฉchauffeur ร grilles situรฉ en amont du four long รฉquipรฉ de croisillons.
๏ La voie humide
Les matiรจres premiรจres, dont la teneur en eau est souvent รฉlevรฉe, sont broyรฉes pour former une pรขte pouvant รชtre pompรฉe. Elle est ensuite introduite directement dans le four ou peut passer auparavant dans un sรฉcheur.
๏ La voie semi – humide
La pรขte est d’abord dรฉbarrassรฉe de son eau dans des filtres – presses. Le gรขteau de filtre – presse est ensuite extrudรฉ sous forme de granules et introduit dans un prรฉchauffeur ร grille ou directement dans un sรฉchoir, puis enfin dans un four pour la fabrication du cru. Les opรฉrations suivantes sont communes ร tous les procรฉdรฉs :
– Extraction des matiรจres premiรจres
– Stockage et prรฉparation des matiรจres premiรจres
– Stockage et prรฉparation des combustibles
– Cuisson du clinker
– Broyage et stockage du ciment
– Conditionnement et expรฉdition
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GรNรRALE
CHAPITRE 1 : DESCRIPTION DE LA ZONE DโETUDE ET GENERALITES SUR LE GYPSE ET LE CIMENT
INTRODUCTION
I.1. Situation gรฉographique de la Sebkha Ndghamcha
I.2. Synthรจse des รฉtudes sur la sebkha Ndghamcha
I.3. Contexte gรฉologiques de la sebkha Ndghamcha
I.3.1. Contexte gรฉologique rรฉgional
I.3.2. Evolution gรฉomorphologique du quaternaire rรฉcent de Mauritanie
I.3.3. Les diffรฉrentes variรฉtรฉs de Gypse
I.3.2. La nappe phrรฉatique des argiles gypsifรจres
I.3.4. Les formations calcaires de la Sebkha Ndghamcha
I.3.5. Sediments et Sels.
I.4. Usages industriels, artisanaux ou agricoles du Gypse
I.5. Gรฉnรฉralitรฉs sur le ciment
I.5.1. Origine et historique du ciment
I.5.2. Fabrication du ciment
CONCLUSION
CHAPITRE 2 : EXPLOITATION DU GYPSE DE LA SEBKHA NDGHAMCHA POUR LA FABRICATION DU CIMENT PORTLAND ARTIFICIEL
INTRODUCTION
II.1. Prรฉsentation de Bsa ciment
II.2. Exploitation du gypse de la sebkha ndghamcha par ripage
II.2.1. Les secteurs de la cimenterie
II.2.2. Les objectifs de Bsa ciment
II.2.3. Laboratoire de contrรดle de Bsa ciment
II.3. Les essais de contrรดle de la qualitรฉ du ciment
II.3.1. Essais mรฉcaniques et physiques
II.3.2. Essais chimiques
II.3.3. Salle de contrรดle de Bsa ciment
CONCLUSION
CONCLUSION GรNรRALE ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
LISTE DES FIGURES
LISTE DE TABLEAUX
ANNEXES
TABLE DES MATIERES
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