Comme différentes études le constatent, (PISA-rapport 2009), le nombre de foyers européens qui possèdent un ordinateur a augmenté considérablement depuis une dizaine d’années. Selon les statistiques, 94 % des élèves âgés de quinze ans des pays OECD (Organisation de coopérations et de développement économiques) ont au moins un ordinateur chez eux. Pour la Suède le taux est de 99 %. De la même façon le nombre d’ordinateurs dans les écoles augmente progressivement. On ne peut pas rater le fait que les gens en général se servent des ordinateurs de plus en plus chaque jour. Le temps passé devant les écrans continue d’augmenter et je me demande quels seront les effets sur plusieurs domaines différents. Par exemple, dans le milieu scolaire on se demande souvent si l’utilisation des ordinateurs va entraîner une amélioration des résultats dans les épreuves et si l’enseignement va devenir vraiment plus efficace et intéressant. Sur le plan santé, on se demande comment le temps passé devant les ordinateurs va influencer celle-ci. Je pense surtout aux radiations électromagnétiques des écrans et aux soucis physiques comme les maux de dos et de cou entre autres. Des sujets qui semblent souvent être négligés à cause du grand enthousiasme que la technique moderne entraîne.
Il faut dire qu’avant de commencer à travailler sur ce mémoire, j’ai eu la chance de travailler dans un collège comme professeure remplaçante. J’ai toujours été intéressée par la technique comme complément de l’enseignement des langues et j’ai remarqué que l’attitude des professeurs dans cette école en ce qui a trait à l’utilisation des TICE (Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement) était, à quelques exceptions près, un peu indifférente. Dans ce collège le directeur avait décidé d’acheter des ordinateurs pour chaque élève de l’école. D’autres collèges dans les communes voisines avaient déjà pris les premiers pas vers cette nouvelle manière de travailler, c’est-à-dire, l’utilisation d’un ordinateur portatif par élève. Mais entre nous, c’est-à-dire, les professeurs, on se demandait ce que l’on attendait de nous concrètement. Est-ce qu’on allait être formés pour pouvoir utiliser les TICE ? Comment faire face aux problèmes pratiques? Par exemple, quand la technique ne marche pas ou quand les élèves en profitent pour utiliser facebook ou jouer des jeux quand le professeur ne les regarde pas. Personnellement, j’avais quelques idées, quelques liens d’Internet que j’avais rassemblés et sauvegardés dans mon ordinateur pour que les élèves puissent s’entraîner au vocabulaire. J’avais aussi créé un blogue pour la classe sans avoir eu un grand succès (les élèves n’avaient pas encore d’ordinateur portatif à ce temps-là). À part de cela, ma compétence digitale n’était pas très développée. Actuellement, je ne travaille plus dans ce collège mais je me demande comment cela s’est passé avec l’introduction des ordinateurs portatifs et la transition vers un nouveau système d’enseignement. J’ai encore beaucoup de questions auxquelles je vais essayer de trouver des réponses en écrivant ce mémoire. C’est ainsi, de cette expérience, qu’est née l’idée de faire ces recherches pour savoir quelle est la situation actuelle dans ce domaine . Plus précisément, mon étude s’est déroulée dans trois lycées municipaux avec une population de 1237, 700 et 210 élèves respectivement.
Les informations recueillies dans ce mémoire peuvent être intéressantes pour tous ceux qui travaillent dans des institutions éducatives, surtout parce que le gouvernement suédois vient de mettre sur pied en 2011 plusieurs réformes nationales. Ce sera donc intéressant de voir le rôle que vont jouer les TICE dans le nouveau programme d’enseignement Gy11. Pour mon étude j’ai choisi l’enseignement non obligatoire, c’est-à-dire le lycée, parce que c’est le niveau des élèves avec lequel je vais travailler dans le futur. Finalement, il est important de remarquer que, dans le monde industrialisé tous les écrits académiques et professionnels sont édités avec l’aide des ordinateurs et selon les prédictions, dans une vingtaine d’années, la lecture se fera pour la plupart sur les écrans. Il faut donc bien préparer les élèves pour ce monde toujours changeant qui les attend et leur fournir les outils qui les aideront à surmonter les futures épreuves.
BREF APERÇU HISTORIQUE
On peut dire que l’idée de mécanisation de l’enseignement a existé pendant tout le XXe siècle. Warschauer (2006). Larry Cuban (cité par Warschauer) est l’un des chercheurs qui a fait l’analyse la plus intéressante sur comment la technique était censée révolutionner l’enseignement. Pour commencer Cuban exprime comment Thomas Alva Edison, l’un des grands inventeurs de notre temps, a manifesté que le film changerait autant l’enseignement et que les livres auraient même disparus des écoles après quelques années. Des pensées similaires ont été exprimées quelque temps après lors de l’introduction de nouvelles techniques comme la radio, la télévision, le laboratoire de langues et le magnétoscope. Toutes ces nouvelles techniques étaient contemplées avec un grand enthousiasme. Elles semblaient si modernes et d’actualité qu’avec elles il serait possible de réorienter et d’individualiser l’enseignement. Cependant, selon Cuban, ces techniques n’ont pas eu le succès que l’on espérait. Elles ont trouvé leur place à l’école mais leur utilisation a décliné.
Cette idée de mécanisation de l’enseignement est reprise au cours des premiers jours de l’enseignement des langues assisté par ordinateur, Kenning (2007). Ces jours-là, il était souvent affirmé, que les ordinateurs pourraient remplacer les enseignants et que cela coûterait moins cher que d’avoir un professeur devant la classe. Mais après la phase d’enthousiasme initial, quand tous les calculs ont été faits, il s’est avéré que les calculs étaient plus compliqués qu’ils ne le paressaient. Le calcul total, après avoir pris en compte les coûts de matériel informatique, formation et bien d’autres, ne semblait plus mener aux hauts niveaux d’efficacité des coûts tant désirés. On continue donc ce parcours historique vers l’année 1990, où l’on peut tracer les tous premiers débuts des projets d’accès direct à l’ordinateur portatif, Warschauer (2006), et plus précisément à une école primaire de filles en Australie. Dans cette école, les directeurs ont décidé de distribuer des ordinateurs portatifs au niveau CM 2, et puis à d’autres niveaux de l’école. Après quelque temps, d’autres écoles privées en Australie ont décidé d’adopter le même programme. C’était les parents des élèves mêmes qui étaient en charge d’acheter ou louer les ordinateurs. Après quelques années, ces projets ont attiré l’attention de Microsoft qui a commencé à faire des voyages d’études dans ces écoles en ayant pour but de démarrer des projets similaires aux États-Unis. Une fois sur place, ils ont établi ces projets dans mille écoles à peu près en rencontrant des difficultés diverses lors de la mise en place du projet. Tous les élèves dans ces écoles n’étaient pas inclus dans les programmes et il y avait des problèmes économiques pour les financier proprement.
Warschauer (2006) raconte aussi que plusieurs écoles avaient choisi un autre système avant d’adopter les programmes d’un ordinateur par élève. Ces écoles ont commencé par acheter des unités mobiles d’ordinateurs portatifs, dont les professeurs pouvaient se servir en les réservant lorsqu’ils avaient besoin de les utiliser en classe. Warschauer mentionne une étude faite pour faire la comparaison entre les écoles qui avaient distribué un ordinateur portatif par élève et les écoles avec des unités mobiles et il révèle que dans ces dernières, les élèves n’utilisaient pas beaucoup les ordinateurs et que les élèves dans les programmes d’un ordinateur par élève rédigeaient beaucoup plus souvent des textes que dans les programmes mobiles. C’est important d’indiquer aussi les différences d’usage des ordinateurs chez les élèves. Ceux d’entre eux participant aux programmes d’un ordinateur par élève avaient le droit de les emporter chez eux. En faisant après la comparaison du temps d’utilisation à la maison, ces derniers passaient plus de temps à chercher des informations pour leurs travaux scolaires ou pour écrire des dissertations que les élèves de programmes mobiles. Ainsi, de très claires différences ont pu être notées (Warschauer 2006).
PERSPECTIVE SOCIOCULTURELLE ET CONSTRUCTIVISME
La plupart des travaux scientifiques sont souvent basés sur des théories différentes. Savarese (2006) dit que :
[…] aucun chercheur, même très imaginatif, ne démarre une enquête sans être nourri d’un corps de textes et de références théoriques. (p.99) .
Une de théories qui va être le point de démarrage pour mon mémoire sera la théorie de la perspective socioculturelle. C’est à travers de cette théorie que je vais étudier l’apprentissage et le savoir. Selon Säljö (2002) un des points de départ de cette perspective est comment les connaissances et compétences que l’on a subissent une transformation et continuent à exister après entrer en contact avec d’autres connaissances apportées par la collectivité. C’est-à-dire que ces connaissances et compétences changent selon les expériences que chaque personne possède. Cette perspective se centre surtout sur la communication et l’interaction entre les élèves. Ainsi, on peut dire que ceux-ci créent leurs propres connaissances en faisant une interprétation du milieu dans lequel ils se trouvent et en éprouvant davantage d’opportunités pour coopérer avec d’autres élèves et professeurs. Säljö (2002) déclare qu’un des aspects souvent négligés lorsque l’ parle de cette théorie est le développement et la création d’outils ou instruments. Dans cette perspective les outils occupent une place essentielle puisqu’ils font partie de notre culture et qu’ils constituent un moyen d’une valeur inestimable pour pouvoir communiquer avec le monde qui nous entoure. On peut donc voir les outils, et notamment les ordinateurs et les téléphones portables, comme des moyens indispensables qui vont nous aider dans la vie quotidienne. On ne peut pas nier le fait que ces nouveaux outils ont fait que la façon d’acquérir des connaissances change, ainsi que le type de connaissances que l’on doit acquérir. Les connaissances dans l`ère moderne ne vont pas être seulement dans nos têtes, mais elles vont se montrer lorsque l’on travaille avec ces outils mentionnés auparavant.
L’autre théorie sur laquelle mon étude va s’appuyer est le constructivisme piagétien. Cette théorie se base sur la pensée pédagogique exprimée par le célèbre pédagogue suisse Jean Piaget. Selon cette théorie, ce sont les enfants eux-mêmes qui activement créent leur propre savoir (Kratz 1977). À l’école toute activité doit provenir des enfants. Ils doivent avoir l’occasion d’expérimenter et d’être actifs. C’est l’enfant qui est au cœur de l’apprentissage. Il va acquérir de nouvelles connaissances au fil d’interactions avec les phénomènes qui se passent autour de lui. Selon Kratz, le rôle du professeur dans cette perspective est de ne pas fournir la bonne ou la mauvaise réponse. Le plus important c’est le processus de la pensée de l’élève. Le professeur doit donc guider l’élève en l’aidant à réfléchir sur la raison pour laquelle certaines réponses peuvent être utilisables ou pas.
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Table des matières
1 INTRODUCTION
1.1 OBJECTIFS ET QUESTIONS DE RECHERCHE
1.2 PLAN DU MÉMOIRE
2 CADRE THÉORIQUE
2.1 QUELQUES DÉFINITIONS
2.2 BREF APERÇU HISTORIQUE
2.3 PERSPECTIVE SOCIOCULTURELLE ET CONSTRUCTIVISME
2.4 LES PROGRAMMES PÉDAGOGIQUES SUÉDOIS
2.5 RECHERCHES ANTÉRIEURES
2.5.1 STRATÉGIES NATIONALES D’INTÉGRATION DES TICE AUX ÉCOLES SUÉDOISES
2.5.2 LES ASPECTS POSITIFS ET NÉGATIFS DES ORDINATEURS PORTATIFS
3 MÉTHODES ET MATÉRIAUX
4 RÉSULTATS
4.1 RÉPONSES DES ÉLÈVES
4.2 RÉPONSES DES PROFESSEURS
5 DISCUSSION
5.1 RÉPONSES DES ÉLÈVES
5.2 RÉPONSES DES PROFESSEURS
6 CONCLUSION
7 BIBLIOGRAPHIE