Usage du sol et distribution spatiale du paludisme

Dรฉterminants gรฉnรฉraux du paludisme

ย  ย Les dรฉterminants du paludisme sont lโ€™ensemble des facteurs qui interviennent dans la transmission de parasite et dans le dรฉveloppement de ses manifestations cliniques (Mouchet et al., 2004). Il est quasiment impossible dโ€™isoler chaque dรฉterminent et leur prise en compte globale est indispensable pour envisager lโ€™ensemble des รฉvรฉnements dans lโ€™expression du paludisme. Les facteurs couvrent principalement les secteurs suivants (Mouchet et al., 2004) :
ยท facteurs biologiques intrinsรจques liรฉs au parasite et ร  son cycle.
ยท Facteurs de transmission liรฉs au comportement du parasite chez son vecteur.
ยท Facteurs biogรฉographiques liรฉs ร  la rรฉpartition des vecteurs et รฉventuellement ร  des parasites.
ยท Facteurs climatiques : variation de la prรฉcipitation et de la tempรฉrature. En effet, la prรฉcipitation permet de crรฉer les sites de reproduction des moustiques. Mais la quantitรฉ et la frรฉquence des prรฉcipitations doivent รชtre considรฉrรฉes. Les changements dynamiques de lโ€™hydrologie des fleuves ou des riviรจres peuvent crรฉer des gรฎtes de larves dans une certaine mesure, ou les dรฉtruire par le lessivage. La tempรฉrature influence รฉgalement le dรฉveloppement du moustique et sa durรฉe de la vie. Le cycle aquatique dans le cycle du dรฉveloppement du moustique (Figure I-2) dure moins de huit jours en pays tropical (plus chaud) mais peut durer un mois en pays tempรฉrรฉ (moins chaud).
ยท Facteurs humains : dรฉmographiques, occupationnels / migratoires.
ยท Facteurs opรฉrationnels : dรฉveloppement de la lutte antipaludique.
ยท Facteurs environnementaux : dรฉforestation, canalisation des eaux de surface (barrage, bassins dโ€™arrosage, citernes etc.), urbanisation, pratiques culturales et รฉlevage, orpaillage, etc.

Stratรฉgies de lutte

ย  ย  Actuellement, il nโ€™existe aucun vaccin homologuรฉ contre le paludisme ou autre parasite de lโ€™homme. La stratรฉgie technique mondiale de lutte contre le paludisme pour les annรฉes 2016-2030, adoptรฉe par lโ€™Assemblรฉe mondiale de la Santรฉ en mai 2015, constitue un cadre technique pour tous les pays endรฉmique. Elle oriente et soutient les programmes rรฉgionaux et nationaux qui sโ€™efforcent de combattre et dโ€™รฉliminer le paludisme. Cette stratรฉgie fixe des buts ambitieux mais rรฉalistes ร  lโ€™รฉchelle mondiale : 1) rรฉduire de 90% lโ€™incidence du paludisme au plan mondial par rapport dโ€™ici ร  2030 ; 2) rรฉduire de 90% les taux de mortalitรฉ palustre au plan mondial dโ€™ici ร  2030 ; 3) รฉliminer le paludisme dans au moins 35 pays dโ€™ici ร  2030 ; et 4) empรชcher la rรฉapparition du paludisme dans tous les pays exempts. Dโ€™aprรจs lโ€™Organisation mondiale de la Santรฉ (OMS), la lutte anti-vectorielle est le principal moyen de rรฉduire la transmission du paludisme. La pulvรฉrisation intradomiciliaire (PID) et les moustiquaires imprรฉgnรฉes dโ€™insecticide (MII) sont deux formes de lutte antivectorielle les plus efficaces pour protรฉger lโ€™homme contre les piqรปres de vecteurs du paludisme. Dans certains cas, ces deux mesures peuvent รชtre combinรฉes pour protรฉger les personnes exposรฉes au paludisme. La PID est un moyen ร  rรฉduire rapidement la transmission du paludisme en rรฉduisant le temps de survie des moustiques qui pรฉnรจtrent ร  lโ€™intรฉrieur des habitations. Pour obtenir un rรฉsultat optimal, il faut pulvรฉriser au moins 80% des habitations dans les zones ciblรฉes, sur les surfaces intรฉrieures des murs oรน les moustiques se posent aprรจs leur repas sanguin. La MII, barriรจre physique rรฉduit les contacts entre lโ€™homme et les moustiques. Cependant, ces mesures ne sont pas suffisantes pour interrompre la transmission du paludisme. La rรฉsistance des moustiques aux insecticides est un problรจme rรฉcurrent.

Diagnostic et traitement

ย  ย Accรจs palustre : il se dรฉfinit par une fiรจvre ou une histoire de fiรจvre dans les 48 heures prรฉcรฉdant la consultation associรฉe ร  la prรฉsence du parasite dans le sang. Il existe plusieurs techniques (directs / indirects) de diagnostics. La microscopie classique est une mรฉthode directe qui permet d’รฉtablir un diagnostic d’espรจce en ne nรฉcessitant qu’un microscope optique et des colorants d’un coรปt modรฉrรฉ. La goutte รฉpaisse (GE) a une grande sensibilitรฉ car elle permet la dรฉtection des trรจs faibles charges parasitaires, tandis que le frottis mince (FM) est lui trรจs spรฉcifique car il permet de prรฉciser lโ€™espรจce. Les techniques indirectes peuvent รชtre classรฉes en plusieurs catรฉgories : sรฉrologie, microscopie de fluorescence, recherche d’antigรจnes (bandelettes) et biologie molรฉculaire (PCR). Le traitement antipaludรฉen sera adressรฉ au patient en fonction de plusieurs facteurs : accรจs grave / simple, espรจces du Plasmodium, รขge, sexe et zone concernรฉe du patient, femme enceinte / allaitante.

Consรฉquence รฉconomique

ย  ย Le paludisme contribue ร  renforcer la pauvretรฉ dans les pays concernรฉs. L’รฉcart se creuse sans cesse entre la richesse des pays avec ou sans le paludisme, particuliรจrement en Afrique. Le dรฉficit annuel de croissance imputable au paludisme est estimรฉ ร  1,3% dans certains pays d’Afrique. On estime que chaque annรฉe, le paludisme coรปte plus de 12 milliards de US$ en perte du produit intรฉrieur brut. Le tribut payรฉ par les pays touchรฉs par le paludisme est รฉconomiquement et socialement extrรชmement lourd. Les dรฉpenses directes imputables au paludisme peuvent reprรฉsenter jusqu’ร  40% des dรฉpenses de santรฉ publique, 30-50% des admissions hospitaliรจres et jusqu’ร  50% des consultations externes.

Transmission du Paludisme en Amazonie

ย  ย En Guyane, environ deux tiers des paludismes dรฉclarรฉs ร  la surveillance รฉpidรฉmiologiques sont dus ร  Plasmodium vivax et un tiers ร  Plasmodium falciparum. La transmission du paludisme est essentiellement assurรฉe par le moustique Anophรจles darlingi. Cette espรจce prรฉsente une large distribution sur le territoire. Une carte de la qualitรฉ dโ€™habitat dโ€™An. darlingi en Guyane franรงaise prรฉdite ร  partir des donnรฉes de captures entre 2000 et 2013 prรฉsente la qualitรฉ dโ€™habitat รฉlevรฉe pour une grande partie du dรฉpartement (Figure I-4) (Moua et al., 2016). Lโ€™รฉquipe de lโ€™Unitรฉ dโ€™Entomologie Mรฉdicale (UEM) de lโ€™Institut Pasteur de Guyane (IPG) a trouvรฉ rรฉcemment trois autres espรจces infectรฉes par P. falciparum : An. Nuneztovari, An. Intermedius et An. Oswaldoi. Des femelles porteuses de P. falciparum ont รฉtรฉ collectรฉes dans les rรฉgions de Saint Georges de lโ€™Oyapock et de Cacao (ARS / Plan de lutte contre le Paludisme 2015-2018). Dans lโ€™Est du territoire la transmissio est saisonniรจre avec un pic qui dรฉbute en milieu de la grande saison sรจche, alors que dans lโ€™Ouest ce pic apparait en fin de grande saison des pluies. En forรชt, sur les sites dโ€™orpaillages elle sโ€™effectue tout au long de lโ€™annรฉe. Au Brรฉsil, 99 % des cas diagnostiquรฉs sont localisรฉs dans les neuf Etats de la ยซย rรฉgion amazonienne lรฉgale : Acre, Amapa, Amazonas, Maranhรฃo (partie occidentale), Mato Grosso (partie septentrionale), Para, Rondรดnia, Roraima, et Tocantins. Lโ€™intensitรฉ de la transmission varie dโ€™une municipalitรฉ ร  lโ€™autre, mais elle est plus รฉlevรฉe dans les zones de production miniรจre, dโ€™exploitation forestiรจre et de colonisation rurale crรฉรฉes depuis moins de cinq ans, Les parasites responsables du paludisme au Brรฉsil sont Plasmodium falciparum (13%) et P. vivax (87%), ce dernier รฉtant lโ€™espรจce dominante depuis 2008. Le vecteur principal est An. darlingi, mais dโ€™autres espรจces sont aussi impliquรฉes dans la transmission (Manguin 2008).

Liens entre occupation du sol amazonienne et paludisme

ย  ย Stรฉfani et al. (2013) ont rรฉalisรฉ une revue systรฉmatique de la littรฉrature sur les liens entre la transmission du paludisme et les diffรฉrents types dโ€™occupation dโ€™usage du sol en Amazonie. La plupart des 17 รฉtudes sur lesquelles porte cette revue ont รฉtรฉ rรฉalisรฉes ร  lโ€™รฉchelle locale7 et se sont appuyรฉes sur des images satellites optiques avec une rรฉsolution spatiale de 30 m (Landsat 5 et 7) et 10 m (SPOT 5). Les diffรฉrents types dโ€™occupation du sol ayant un lien plus ou moins dans le cadre de la transmission du paludisme vont รชtre maintenant dรฉcrits.
ยท Forรชts primaire / secondaire : La forรชt procure les sites de repos privilรฉgiรฉs pour les anophรจles adultes aprรจs un repas de sang (Tadei et al., 1998). Elle contribue ainsi ร  constituer un habitat favorable aux vecteurs du paludisme, et ร  favoriser la transmission du paludisme (Rosa-Freitas et al., 2007; Zeilhofer et al., 2007). Deux รฉtudes lient le caractรจre protecteur de la forรชt avec les caractรฉristiques spรฉcifiques des zones รฉtudiรฉes. La forรชt secondaire9 prรฉsente รฉgalement une relation positive avec la transmission du paludisme (Vittor et al., 2006; Vittor et al., 2009).
ยท Orpaillage : Lโ€™orpaillage correspond la recherche et l’exploitation artisanales lรฉgalement ou illรฉgalement dโ€™alluvions aurifรจres. Cette activitรฉ est corrรฉlรฉe positivement avec la transmission du paludisme (Barbieri et al., 2005; Pommier de Santi et al., 2016).
Forรชt : la forรชt tropicale situรฉe dans la zone amazonienne qui nโ€™a jamais influencรฉe par lโ€™homme qui comporte cinq classes : Terrasse alluviale, terre basse (5 ร  100 m), submontagne (100 ร  600 m), montage (600 ร  2 000 m) et haute montage (> 2 000 m).
Forรชt secondaire : la forรชt repoussรฉe de maniรจre anthropique ou spontanรฉe naturelle aprรจs la dรฉforestation (environ 5-15 ans) avec une hauteur de 5-15 mรจtres. entraine un changement du paysage qui favorise la reproduction et le repos des moustiques et qui se traduit par une dรฉforestation localisรฉe et la crรฉation de bassins de rรฉtention dโ€™eau. Le fort degrรฉ dโ€™interactions des orpailleurs avec les vecteurs du paludisme rend les orpailleurs trรจs vulnรฉrables. De plus, ces populations mobiles et souvent clandestines sont considรฉrรฉes รฉgalement comme des hรดtes importants du parasite.
ยท Savane / savane roche : La savane et la savane roche 10 prรฉsentent une grande diversitรฉ de types de vรฉgรฉtation et de densitรฉs : herbacรฉe (non-ligneuse) et ligneuse dense (Stefani et al., 2013). Elles affectent positivement la transmission du paludisme. Ce type dโ€™occupation du sol peut favoriser lโ€™abondance des vecteurs aux stades adultes et / ou larvaires. Les zones de savane rรฉguliรจrement inondรฉes en saison des pluies, favorisent la crรฉation des gรฎtes larvaires (Vezenegho et al., 2015).
ยท Zones agricoles : Les zones agricoles amazoniennes peuvent prรฉsenter des paysages diffรฉrents : agriculture typique sur brรปlis, fermes dโ€™รฉlevage, agriculture industrielle ร  grande รฉchelle, etc. Elles prรฉsentent des relations diffรฉrentes avec la transmission du paludisme suivant les รฉtudes (Stefani et al., 2013). Une relation positive a รฉtรฉ constatรฉe entre le risque de transmission du paludisme et lโ€™agriculture sur brรปlis (Vittor et al., 2006; Vittor et al., 2009) par rapport ร  lโ€™agriculture ou lโ€™รฉlevage ร  grande รฉchelle (Zeilhofer et al., 2007).
ยท Sol nu : Les sols nus ne sont gรฉnรฉralement pas favorables au dรฉveloppement des vecteurs (Vasconcelos et al., 2006; Castro and Singer 2012) et par consรฉquent ร  la transmission du paludisme. Nรฉanmoins, dans certaines zones dโ€™รฉtude, il peut รชtre รฉgalement considรฉrรฉ comme un proxy de lโ€™existence et de lโ€™intensitรฉ des activitรฉs humaines en interaction plus ou moins importante avec la vรฉgรฉtation environnante, propice ร  la prรฉsence des vecteurs : forรชt, forรชt secondaire, vรฉgรฉtation basse, zones agricoles, etc. (Vittor et al., 2006; Vittor et al., 2009).
ยท Urbain : Les zones urbaines influent de plusieurs faรงons sur la transmission du paludisme. Lโ€™urbanisation peut rรฉduire le nombre des habitats des moustiques en remplaรงant la vรฉgรฉtation par lโ€™asphalte et le bรฉton (Johnson et al., 2008). En revanche, une association positive entre les zones urbaines et le risque de paludisme a รฉtรฉ confirmรฉe parce que elles peuvent รชtre considรฉrรฉes comme un proxy des activitรฉs humaines dans certaines zones dโ€™รฉtude spรฉcifiques (Vittor et al., 2006; Vittor et al., 2009). En effet, la vรฉgรฉtation (arbre / jardin) prรฉsente dans de nombreux milieux urbains fournit des sites de repos pour les vecteurs adultes. Les zones en eaux dโ€™origine anthropiques, telles que les zones agricoles urbaines et les รฉtangs ร  pisciculture fournissent des habitats aquatiques potentiels (Robert et al., 2003; Takken et al., 2005; Maheu-Giroux et al., 2010). De plus, le type, le nombre et la localisation de bรขtiments influent รฉgalement significativement sur la transmission du paludisme (Leandro-Reguillo et al., 2015).
ยท Dรฉforestation : La dรฉforestation correspond au phรฉnomรจne de rรฉgression des surfaces couvertes par la forรชt sur une courte pรฉriode de temps, pour lโ€™obtention des terres agricoles, lโ€™exploitation des ressources miniรจres du sous-sol, lโ€™urbanisation, etc. La relation entre la dรฉforestation et le risque de transmission du paludisme est un problรจme diachronique : les zones dรฉboisรฉes prรฉsentent un risque รฉlevรฉ de transmission du paludisme aprรจs la dรฉforestation, puis ce risque dรฉcroรฎt avec lโ€™รฉventuelle urbanisation (Barbieri et al., 2005; de Castro et al., 2006). En considรฉrant lโ€™impact des diffรฉrents types de lโ€™occupation du sol sur la transmission du paludisme en Amazonie, un modรจle de connaissance gรฉnรฉrique, faisant consensus parmi les diffรฉrents travaux รฉtudiรฉs par Stefani et al. (2013), a รฉtรฉ proposรฉ afin de formaliser les liens entre le processus de dรฉforestation la transmission du paludisme. D’un point de vue รฉcologique, il spรฉcifie que (Figure I-6) (Tadei et al., 1998; Stefani et al., 2013) :
-Les zones dรฉboisรฉes crรฉent des conditions favorables pour la reproduction et lโ€™alimentation des moustiques parce quโ€™elles sโ€™accompagnent de la prรฉsence et dโ€™activitรฉs humaines ;
-La forรชt et la forรชt secondaire correspondent ร  des sites de repos pour les moustiques adultes, qui retournent ร  la forรชt et ร  la forรชt secondaire aprรจs leur repas de sang. Dโ€™aprรจs ce modรจle, plus le degrรฉ dโ€™interaction entre les zones forestiรจres (forรชt et forรชt secondaire) et les patchs dรฉboisรฉes (milieux non-forestiers) est รฉlevรฉ, plus le paysage est favorable ร  la rencontre entre lโ€™homme et les moustiques adultes, et plus le risque de transmission du paludisme est รฉlevรฉ. En effet, ce paysage tend ร  maximiser ร  la fois la disponibilitรฉ des sites de reproduction et de repos des moustiques et lโ€™interaction entre milieux forestiers et non-forestiers, en diminuant la distance entre les sites de repos et lโ€™homme. Ce modรจle dรฉcrit donc les mรฉcanismes expliquant la contribution de la surface et de la structure spatiale des zones dรฉforestรฉes au risque de transmission du paludisme en Amazonie.
ยท Zones en eau libre et humides : Les zones en eau libre et humides forment des sites potentiels de reproduction des vecteurs (Singer and De Castro 2001; Zeilhofer et al., 2007; Olson et al., 2009; Vittor et al., 2009). Elles incluent une grande variรฉtรฉ de milieux : eaux profondes ou non, ombragรฉe ou non, stagnantes ou soumises ร  des courants plus ou moins fortes, riches ou non en matiรจres organiques, dโ€™origine anthropique ou naturelle, bassin de pisciculture, etc. De plus, les zones humides sont associรฉes ร  des contextes gรฉomorphologiques et environnementaux variรฉs : hauts plateaux latรฉritiques qui peuvent prรฉsenter des nappes affleurantes ou sub-affleurantes, en particulier en dรฉbut de saison des pluies ; zones temporairement inondรฉes en bord de fleuve et de ses affluents. Enfin, les propriรฉtรฉs physiques et chimiques des eaux influencent la reproduction des moustiques (Barros et al., 2011; Girod et al., 2011; Stefani et al., 2011b).
ยท Synthรจse des relations entre occupation du sol et transmission du paludisme

Elรฉments participant ร  la construction du risque de paludisme

ย  ย De maniรจre trรจs gรฉnรฉrale, le risque est considรฉrรฉ comme une mesure (une probabilitรฉ) de la situation dangereuse qui rรฉsulte de la confrontation de lโ€™alรฉa et de la vulnรฉrabilitรฉ. Lโ€™รฉquation du risque est : risque = alรฉa * vulnรฉrabilitรฉ. La prรฉvention vise lโ€™annulation ou la rรฉduction dโ€™un / deux รฉlรฉments participant ร  la construction du risque. Dans le cas du paludisme, nous pouvons diviser le risque du paludisme en deux types en fonction de lโ€™alรฉa :
ยท le risque dโ€™exposition au vecteur (risque dโ€™anophรจlien) construit dans la rencontre dโ€™un alรฉa associรฉ avec le danger de lโ€™abondance des vecteurs et dโ€™une vulnรฉrabilitรฉ correspondant ร  lโ€™exposition aux piqรปres des vecteurs du paludisme ;
ยท le risque liรฉ au Plasmodium construit par rapport ร  la rencontre dโ€™un alรฉa liรฉ aux propriรฉtรฉs du Plasmodium et dโ€™une vulnรฉrabilitรฉ correspondant ร  lโ€™incidence du paludisme.
Le calcul de ces risques sโ€™appuie sur les :
ยท donnรฉes entomologiques : prรฉsence / persistance des gรฎtes larvaires dโ€™anophรจle, densitรฉ larvaire, agressivitรฉ sur homme (Human Biting Rate ou HBR), prรฉvalence des moustiques infectรฉs par le Plasmodium, taux dโ€™inoculation entomologiques (Entomological Inoculation Rate ou EIR) ;
ยท donnรฉes รฉpidรฉmiologiques dans la population humaine : prรฉvalence, incidence, morbiditรฉ, mortalitรฉ. Leur localisation est lโ€™un des points critiques du recueil des donnรฉes. Il est gรฉnรฉralement difficile de connaรฎtre prรฉcisรฉment le lieu dโ€™exposition du fait de la mobilitรฉ des individus. Cette difficultรฉ est plus marquรฉe pour les รฉtudes ร  lโ€™รฉchelle fine. Ainsi, il est souvent nรฉcessaire de poser lโ€™hypothรจse que les individus les plus exposรฉs vivent ร  proximitรฉ dโ€™un environnement ร  risque. Ces donnรฉes peuvent รชtre gรฉorรฉfรฉrencรฉes et spatialisรฉes pour pouvoir รชtre comparรฉes aux donnรฉes de la tรฉlรฉdรฉtection. Elles sont utilisรฉes pour valider des indicateurs du risque de transmission du paludisme. Lโ€™intรฉrรชt portรฉ ร  la tรฉlรฉdรฉtection pour lโ€™รฉtude des problรฉmatiques de santรฉ et des maladies vectorielles en particulier nโ€™est pas rรฉcent. Les possibilitรฉs dโ€™application sont multiples comme en atteste un grand nombre dโ€™articles descriptifs (Cline 1970; Jovanovic 1987; Hughjones 1989; Barnes 1991; Connor et al., 1998; Beck et al., 2000; Stefani et al., 2011a; Stefani et al., 2011b; Roux et al., 2012). Lโ€™application de la tรฉlรฉdรฉtection en รฉpidรฉmiologie pose comme hypothรจse que : la distribution dโ€™une maladie est liรฉe ร  son environnement qui peut รชtre caractรฉrisรฉ par cet outil (Curran et al., 2000; Emmanuel et al.,2011). Les donnรฉes de tรฉlรฉdรฉtection permettent dโ€™รฉtudier les รฉlรฉments biotiques et abiotiques ร  la surface de la terre. Parmi ces รฉlรฉments, certains peuvent avoir des rapports directs et/ou indirects pour le suivi des maladies vectorielles (agents pathogรจnes, vecteurs, rรฉservoirs, et hรดtes). La tรฉlรฉdรฉtection est souvent appliquรฉe ร  lโ€™รฉtude des maladies parasitaires (59% des รฉtudes) dont le paludisme (16%) (Herbreteau et al., 2007). Hebreteau et al. (2007) ont รฉtablit รฉgalement un bilan qui montre une utilisation de la donnรฉe satellite plus contrastรฉe, avec une sous-exploitation des donnรฉes disponibles, et parfois, lโ€™inadรฉquation entre les donnรฉes utilisรฉes et les problรฉmatiques sanitaires abordรฉes. En effet, les auteurs dรฉmontrent que l’imagerie haute rรฉsolution n’est utilisรฉe que dans 10% des รฉtudes et que l’imagerie hyperspectrale est pratiquement absente. De plus, la tรฉlรฉdรฉtection est souvent utilisรฉe afin de rรฉgionaliser des rรฉsultats obtenus localement, mais le passage ร  plus grande รฉchelle est souvent realisable (Wu and Li 2009). Alors que les problรฉmatiques sanitaires devraient รชtre abordรฉes par une approche multi-scalaire, les รฉtudes considรฉrรฉes dans cette revue nโ€™adoptent pas une telle dรฉmarche. Enfin, les auteurs concluent par la nรฉcessitรฉ dโ€™une plus grande interdisciplinaritรฉ. Depuis le milieu des annรฉes 2000, de nouvelles approches et de nouveaux concepts ont cependant contribuรฉ ร  mieux exploiter la tรฉlรฉdรฉtection pour rรฉpondre aux problรฉmatiques de santรฉ et des maladies vectorielles en particulier. Lโ€™approche รฉco-รฉpidรฉmiologique, intรฉgrant les concepts, mรฉthodes et outils de lโ€™รฉcologie et de lโ€™รฉpidรฉmiologie, a รฉgalement permis de faire รฉmerger des approches nouvelles, notamment au travers des concepts et des mรฉthodes dรฉveloppรฉes dans le cadre de lโ€™รฉcologie du paysage, exploitant une caractรฉrisation de lโ€™environnement des points de vue compositionnel et structurel. Ostfeld et al. (2005) prรฉcise ainsi que la caractรฉrisation de l’environnement immรฉdiat d’un cas de maladie, d’une donnรฉe entomologique ou de toute autre observation ne suffit pas. Il convient de caractรฉriser le ยซ contexte paysager ยป dans lequel ces observations s’insรจrent. Ce contexte est dรฉcrit, par exemple, par les types, les tailles, les positions relatives des diffรฉrents รฉlรฉments du paysage (Ostfeld et al., 2005). Toutefois, les รฉtudes pour une meilleure caractรฉrisation des paysages (anthropiques ou naturels) par tรฉlรฉdรฉtection restent rares. En effet, en compilant 438 articles de recherche publiรฉs entre 2004 et 2008 dans la revue Landscape Ecology, Newton et al. (2009) soulignent que seulement 36% des รฉtudes mentionnent explicitement la tรฉlรฉdรฉtection. Parmi ces รฉtudes, 5% seulement sont menรฉes ร  diffรฉrentes รฉchelles, 3% utilisent la tรฉlรฉdรฉtection pour dรฉvelopper de nouvelles approches dโ€™analyse de paysage ou amรฉliorer des classifications, 2% exploitent des donnรฉes multi-sources et 0,5 % seulement des donnรฉes de trรจs haute rรฉsolution et radar. Plus rรฉcemment, Aurรฉlia Stรฉfani et al. ont retenu en 2013, 17 articles sur les 40 recensรฉs pour rรฉaliser un รฉtat de lโ€™art des รฉtudes utilisant la tรฉlรฉdรฉtection pour les impacts en santรฉ (paludisme) pour le bassin amazonien (cf. 1.2.2).

Fusion de donnรฉes optiques / radar

ย  ย La multiplication des capteurs, aussi bien radar qu’optique, de donnรฉes externes comme les donnรฉes de systรจme modial de positionnement (Global Position System ou GPS), ou contenues dans un systรจme dโ€™information gรฉographique (SIG), appelle au dรฉveloppement de mรฉthodes permettant d’exploiter conjointement les diffรฉrentes sources. La fusion dโ€™images correspond ร  la combinaison dโ€™images issues de diffรฉrentes sources. Elle a pour but de fournir une nouvelle image plus riche en information. En gรฉnรฉral, la fusion des images peut รชtre rรฉalisรฉe au niveau du pixel, au niveau desattributs et au niveau de dรฉcisions oรน l’extraction de l’information est effectuรฉe de haut en bas dans les trois schรฉmas de fusion, qui se diffรฉrencient par le niveau auquel intervient la fusion (Figure II-1) (Pohl and Van Genderen 1998). La fusion au niveau du pixel est la fusion de niveau le plus bas qui se rรฉfรจre ร  la fusion des paramรจtres physiques. La fusion au niveau des attributs exige lโ€™extraction des caractรฉristiques des images sources. Les caractรฉristiques ne sont pas localisรฉes au niveau du pixel, mais mettent en jeu les critรจres complexes des objets tels que les contours, ou la forme qui dรฉfinissent des rรฉgions. Ces objets similaires sont ensuite fusionnรฉs pour รชtre รฉvaluer en utilisant des approches statistiques. Pour ce dernier niveau de la fusion il est nรฉcessaire que les images soient traitรฉes individuellement pour l’extraction des informations. Les informations obtenues sont ensuite combinรฉes par application des rรจgles de dรฉcision. L’avantage de la fusion de pixels sur les deux autres types de fusion est d’รฉviter toute perte d’information liรฉe ร  l’extraction d’attributs. Cependant fusionner au niveau du pixel nรฉcessite un recalage gรฉomรฉtrique prรฉcis entre les images. La comparaison de pixels hรฉtรฉrogรจnes (par exemple optique et radar) peut รฉgalement se rรฉvรฉler difficile et le temps de calcul important. Le recalage gรฉomรฉtrique est moins critique pour la fusion d’attributs, qui peut faire appel ร  des critรจres gรฉomรฉtriques ou de relations entre les attributs. Le recalage n’est pas nรฉcessaire ร  la fusion de dรฉcision, qui permet de traiter des images non corrรฉlรฉes dans lโ€™espace. Cependant, la fusion de dรฉcisions n’est pas optimale dans le sens oรน elle optimise chaque traitement mono-image individuellement, mais ne recherche pas la solution globalement optimale. Quelle que soit la technique de fusion utilisรฉe, la diversitรฉ des capteurs, des rรฉponses spectrales et des objets ร  caractรฉriser, que ce soit en optique ou en radar, offre un รฉventail de possibilitรฉ trรจs intรฉressant dans lโ€™optique de caractรฉriser lโ€™occupation du sol via des chaines de traitements, surtout si les informations issues des capteurs optique et radar sont utilisรฉes conjointement. Ainsi, dans le cadre des travaux qui pourront รชtre menรฉs dans cette thรจse, les travaux de (Bourgeau-Chavez et al., 2009), ont montrรฉ que la fusion des donnรฉes optiques et radars offre la possibilitรฉ de rรฉaliser une carte dโ€™occupation sol prรฉcise en zones en eau libre et humides, les propriรฉtรฉs des capteurs optique et radar รฉtant complรฉmentaires pour ce type dโ€™objets. Ces mรฉthodes sont รฉgalement particuliรจrement efficaces en domaine urbain (Corbane et al., 2011).

Le rapport de stage ou le pfe est un document dโ€™analyse, de synthรจse et dโ€™รฉvaluation de votre apprentissage, cโ€™est pour cela chatpfe.com propose le tรฉlรฉchargement des modรจles complet de projet de fin dโ€™รฉtude, rapport de stage, mรฉmoire, pfe, thรจse, pour connaรฎtre la mรฉthodologie ร  avoir et savoir comment construire les parties dโ€™un projet de fin dโ€™รฉtude.

Table des matiรจres

INTRODUCTION GENERALE
I. Paludisme
1.1. Gรฉnรฉralitรฉs sur le paludismeย 
1.1.1. Dรฉfinition et rรฉpartition gรฉographique
1.1.2. Vecteurs
1.1.3. Dรฉterminants gรฉnรฉraux du paludisme
1.1.4. Stratรฉgies de lutte
1.1.5. Diagnostic et traitement
1.1.6. Consรฉquence รฉconomique
1.1.7. Contexte transfrontaliรจre et paludisme
1.2. Transmission du Paludisme en Amazonie
1.2.1. Anophรจles darlingi, vecteur principal
1.2.2. Liens entre occupation du sol amazonienne et paludisme
II. Potentiel de la tรฉlรฉdรฉtection pour lโ€™รฉtude du paludismeย 
2.1. Elรฉments participant ร  la construction du risque de paludismeย 
2.2. Apport de la tรฉlรฉdรฉtection pour lโ€™รฉtude du paludismeย 
2.2.1. Apports des donnรฉes optiques
2.2.2. Complรฉmentaritรฉ des donnรฉes radars avec les donnรฉes optiques
2.2.3. Fusion de donnรฉes optiques / radar
2.3. Caractรฉrisation du paysage pour lโ€™รฉtude du paludismeย 
2.3.1. Quโ€™est-ce que le paysage et les mรฉtriques paysagรจres ?
2.3.2. Apports de mรฉtriques paysagรจres pour lโ€™รฉtude paludisme
2.4. Mรฉthodologie de cartographie du risque du paludisme
2.4.1. Cartographie des risques fondรฉe sur les donnรฉes
2.4.2. Cartographie des risques fondรฉe sur la connaissance
III. Cas particulier de la zone transfrontaliรจre franco-brรฉsilienne
3.1. Prรฉsentation de la zone dโ€™รฉtudeย 
3.2. Echelles adaptรฉes ร  la caractรฉrisation de lโ€™environnementย 
3.2.1. Echelles spatiales
3.2.2. Echelles temporelles
3.3. Prรฉsentation des donnรฉes disponiblesย 
3.3.1. Donnรฉes mise ร  disposition
3.3.2. Donnรฉes collectรฉes
3.4. Synthรจse des images disponibles, dโ€™รฉchelles dโ€™รฉtude et des objectifs
IV. Occupation du sol et vecteurs adultes ยท
4.1. Introductionย 
4.2. Caractรฉristiques gรฉnรฉrales de lโ€™indicateur dโ€™alรฉa
4.3. Classification forรชt / non-forรชtย 
4.4. Caractรฉrisation du paysage forรชt / non-forรชtย 
4.5. Construction de lโ€™indicateur dโ€™alรฉa
4.6. Validationย 
4.6.1. Evaluation qualitative
4.6.2. Evaluation quantitative
4.7. Rรฉsultatsย 
4.7.1. Etude comparative du contenue informationnel des mรฉtriques
4.7.2. Comportements empiriques des mรฉtriques et des indicateurs candidats
4.7.3. Relations entre indicateurs candidats et taux dโ€™incidence
4.7.4. Choix dรฉfinitif du NLHI
4.8. Discussionย 
4.9. Conclusionย 
V. Identification des gรฎtes larvaires potentielsย 
5.1. Introductionย 
5.2. Occupation du solย 
5.2.1. Exploitation de donnรฉes optique ร  haute rรฉsolution
5.2.2. Apports des donnรฉes radars en complรฉment des donnรฉes optiques
5.2.3. Typologie des zones humides ร  partir du radar en band L
5.2.4. Exploitation de donnรฉes radar ร  haute rรฉsolution
5.2.5. Contribution de la fusion optique / radar
5.3. Topographie, typologie des sols et distribution des gรฎtes larvaires potentielsย 
5.3.1. Modรจle conceptuel de lโ€™รฉvolution des sols
5.3.2. Cartographie de bassins versants et de la typologie des sols
5.3.3. Combinaison RADAR / MNT
5.4. Rรฉsultatsย 
5.4.1. Occupation du sol optique
5.4.2. Zones en eau libre et humides
5.4.3. Typologie des formes de modelรฉ des sols
5.5. Discussionย 
5.5.1. Identification des gรฎtes larvaires potentiels
5.5.2. Topographie, typologie des sols et gรฎtes larvaires potentiels
5.6. Conclusionย 
VI. Du local au rรฉgional : vers la spatialisation du NLHI ร  lโ€™รฉchelle de lโ€™Amazonieย 
6.1. Introduction
6.2. Impact de la rรฉsolution spatiale sur lโ€™indicateur NLHI
6.2.1. Simulation du NLHI ร  30 m
6.2.2. Etude comparative
6.3. Mise en ล“uvre de NLHI ร  lโ€™รฉchelle rรฉgionaleย 
6.4. Rรฉsultatsย 
6.4.1. Etude comparative entre NLHIsim et NLHIval
6.4.2. Relation entre NLHI simulรฉ et taux dโ€™incidence actuels
6.5. Discussion
6.6. Conclusionย 
Discussion gรฉnรฉrale et perspectives
CONCLUSION GENERALE

Rapport PFE, mรฉmoire et thรจse PDFTรฉlรฉcharger le rapport complet

Tรฉlรฉcharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiรฉe. Les champs obligatoires sont indiquรฉs avec *