Urbanisme réglementaire

Longtemps les Alpes ont été un espace indompté, une zone symbolisée par l’isolement où seul des explorateurs et montagnards s’aventuraient. Jadis un espace hostile, l’homme à depuis colonisé l’espace alpin et l’a transformé en un espace de loisirs. La station de la Féclaz, appartenant au domaine « Savoie Grand Revard » et située au coeur du massif et du parc naturel régional des Bauges, est une de pionnière des stations des Alpes françaises. Aujourd’hui, il s’agit du premier site nordique Français sur le plan de la fréquentation (43.000 journées skieurs à l’année en 2014). Le domaine skiable doit aujourd’hui relever le défi du changement climatique dont les conséquences se font directement ressentir sur l’économie locale. Le dérèglement climatique menace mais offre aussi l’opportunité de changements dans nos pratiques. L’avenir de la station sera déterminé par sa capacité d’adaptation. Les Bauges, comme tout autre espace alpin de moyenne altitude, doit penser à redéfinir un modèle économique durable tout en maintenant ses espaces naturels qui apportent des biens et services à la société. Ce dossier plaide pour un espace alpin vivant, harmonieux et durable. Il encourage les acteurs à s’engager pour un développement du tourisme « toute saison » en diversifiant l’offre d’hébergement et en créant un observatoire du changement climatique. Au-delà du domaine Savoie Grand Revard, les implications de cette évaluation peuvent être extrapolées aux autres stations qui sont confrontées à un contexte similaire.

Coup de chaud sur le domaine: une économie à bout de souffle

Une économie à deux vitesses, dépendante du tourisme hivernal

Situé au coeur du massif des Bauges, le domaine de Savoie Grand Revard est circonscrit par des vallées densément urbanisées (agglomérations de Chambéry, Aix-les-Bains, Annecy, Albertville). L’accès se fait principalement à partir des villesportes de Chambéry ou d’Aix-Les-Bains. Les 400 000 habitants répartis au pied du massif génèrent une demande de loisirs importante. De plus, ces vallées sont parcourues par de grandes infrastructures routières et ferroviaires ce qui facilitent l’accès aux stations depuis les métropoles de Genève, Lyon et Grenoble. Situé dans la partie la plus occidentale des Alpes Françaises (qu’on appelle les Préalpes), Savoie Grand Revard est le domaine skiable français les plus proche de Paris et de Lyon. L’aéroport de Chambéry Savoie accueille plus de 225 000 passagers en hiver et joue un rôle considérable dans le paysage touristique de Savoie. Avec 80% de vols « charters », l’aéroport attire une clientèle venue du Royaume-Uni, d’Europe du Nord et de Scandinavie. La proximité des aéroports de Lyon Saint-Exupéry et de Genève augmentent également la capacité de clients dans les stations savoyardes.

Savoie Grand Revard bénéficie ainsi à la fois de la population urbaine qui habite à proximité mais est aussi une destination touristique de séjour pour une clientèle venant de territoires plus éloignés. Le massif des Bauges et le domaine skiable Savoie Grand Revard apparaissent ainsi comme un espace géostratégique de loisirs. Le tourisme d’hiver s’est développé dans le massif grâce au vaste domaine nordique, au domaine alpin et de toutes les infrastructures d’hôtellerie restauration qui font vivre les villages-stations en hiver.

Le domaine est centré sur la station familiale de la Féclaz. La station propose un accès au domaine de ski nordique long de 140 kilomètres, mais aussi à 25 kilomètres de pistes sur le domaine de ski alpin. C’est là que se situe l’office de tourisme, les bureaux administratifs de la station et la majorité des animations. C’est également dans cette station que se concentre la majorité des lits et services. L’école de ski propose un apprentissage de la pratique du ski pour tous les âges. En plus des activités traditionnelles, d’autres activités plus originales sont proposées au public telles quel le chien de traineau, le Ski-Joëring et de la motoneige. Enfin, depuis 2014, la station a inauguré un stade de biathlon. Cet équipement flambant neuf est dimensionné pour accueillir de grandes compétitions, comme cela a été le cas avec les Championnats de France 2015 de ski de fond et de biathlon.

Les retombées économiques directes du ski de fond pour Savoie Grand Revard sont estimées à 800.000 € de chiffre d’affaires (source: agence de tourisme de Savoie). Les retombées économiques du ski alpin sont inférieures à celles du ski nordique puisqu’elles sont estimées à 600.000 € de chiffre d’affaires en moyenne par an. Entre 2008 et 2014 le chiffre d’affaire moyen total du domaine s’élève à 1 280 000 euros. Ce chiffre d’affaire est en hausse depuis 2008, bien qu’il stagne depuis 2014 où les conditions d’enneigement particulièrement faibles ont rendu les dernières saisons difficiles pour l’ensemble des acteurs économiques.

Le domaine de Savoie Grand Revard est donc un véritable moteur de l’économie pour la communauté de communes du Coeur des Bauges et pour l’agglomération Chambérienne. C’est la société d’économie mixte de Savoie Grand Revard qui a pour compétence l’aménagement touristique du domaine. Chaque année elle décide d’un programme d’investissements, financé par ses membres: ses principaux investisseurs sont la communauté d’agglomérations de Chambéry (Chambéry Métropole) et la communauté de communes du lac du Bourget, puis la Communauté de communes des pays des Bauges et les communes des Déserts, de Saint Francois-de-Sales et d’Arith.

La société d’économie mixte gestionnaire de la station emploie près de 80 personnes la saison hivernale. Le tourisme est un véritable secteur créateur d’emploi puisqu’à cela s’ajoute les emplois générés par l’hôtellerie, la restauration et les services que l’on retrouve sur les stations du domaine et qui bénéficient principalement de la clientèle touristique. L’emploi touristique repose sur les deux activités essentielles que sont l’hôtellerie et la restauration. Il est estimé que 36% de l’emploi touristique se situe dans la restauration et que 50% de l’emploi touristique se trouve dans l’hébergement marchand (Observatoire Touristique du PNR des Bauges).

La station connait sur une année deux pics d’activité. A celui de l’hiver (février-mars principalement) s’ajoute celui de l’été, bien que moins prolifique. Les skieurs convergent l’hiver, les randonneurs l’été. Le relief du massif n’est pas uniquement propice aux activités hivernale, il l’est aussi aux activités de pleine nature en toute saison. La diversité des activités qui peuvent être proposées hiver comme été font des Bauges et du domaine une destination touristique a fort potentiel. Les nombreux sentiers de randonnée, le patrimoine et la géologie attirent de nombreux touristes en période estivale au sein du Parc Régional des Bauges. La diversité des activités est aussi riche en période estivale qu’elle l’est en période hivernale. Randonnée, VTT, parapente, via ferrata, escalade, spéléologie, accrobranche, course d’orientation et ski roue sont les activités qui composent l’offre complète hors saison hivernale. De nombreux aménagements qui valorisent les patrimoines ont vu le jour depuis 2008 sur le domaine. Le sentier de découverte des Creusates permet notamment de découvrir la formation géologique de la tourbière et l’activité pastorale traditionnelle. Le belvédère et skyview du Revard offrent des points de vue sur le Lac du Bourget et la chaîne des Alpes. Il est classé deuxième site le plus visité de Savoie et propose une lecture et compréhension du paysage environnant. À Saint-François-de-Sales, un observatoire astronomique propose la découverte du ciel. Aux abords de la station, d’autres aménagements tel que les maisons faune-flore du parc et la maison du patrimoine sont ouvertes à l’année. Au total, ce sont plus de vingt-cinq nouveaux aménagements qui ont été réalisés par le parc ces dernières années.

Cependant, la fréquentation touristique reste relativement discrète sur le domaine hors saison hivernale. Le domaine a bien des difficultés à assurer la pérennité économique de la station en été. Hors saison hivernale, La majorité des commerces restent fermés. Les villages-stations sont désertiques. Un sondage réalisé dans le cadre de ce projet étudiant auprès des hôteliers de la station confirme cette économie à deux vitesses entre saison hivernale et le reste de l’année. Plus des deux tiers des réservations se font entre décembre et mars (10 à 12 semaines de réservations en hiver en moyenne sur 15 à 17 semaines de réservations à l’année). Et ce malgré une réduction des tarifs de plus de 50% en été. Hors saison hivernale, les visiteurs viennent majoritairement profiter du domaine à la journée et non pour un séjour. La Féclaz et le domaine restent donc majoritairement tournés vers le tourisme hivernal, le ski étant l’activité reine sur laquelle repose l’économie de la station. Les données de l’Insee témoignent pourtant d’un tourisme d’été bien développé dans le reste du PNR des Bauges. Dans le Parc Naturel Régional, l’emploi lié au tourisme atteint même un pic en période estivale de 1700 emplois en juilletaoût contre 1000 emplois en hiver. Un millier de personnes sont à temps plein en moyenne sur l’année, soit 7,4% de l’emploi du territoire. Près d’un quart de la capacité d’hébergement touristique dans le PNR est d’ailleurs proposé par des campings ou autre hôtellerie plein air ( 11 000 places d’hébergement plein air sur les 40 300 lits touristiques que compte le PNR).

Sur la station de la Féclaz, l’hôtellerie plein air représente moins de 1% de l’offre d’hébergement touristique. Si La fréquentation touristique hors saison hivernale souffre, c’est véritablement à cause d’un déficit d’infrastructures d’hébergement adapté au tourisme 4 saisons sur le domaine.

Une offre d’hébergement touristique mal adaptée pour le développement d’un tourisme quatre saisons

Avec 1678 lits, La Féclaz possède le parc d’hébergements touristique s marchands le plus important du domaine Savoie Grand Revard (qui compte 2253 lits au total) . À côté des hébergements marchands traditionnels que sont les hôtels et les meublés (villas ou appartements) se sont développées de nouvelles catégories : résidences de tourisme et résidences hôtelières, villages de vacances, gîtes et chambres d’hôtes. Enfin les résidences secondaires, hébergements essentiellement non marchands, offrent 1956 lits. Les résidences de tourisme et résidences hôtelières constituent la première forme d’hébergement marchand en terme de capacité : les 3 résidences que compte la station offrent 1100 lits, soit les deux tiers de l’offre d’hébergement marchand. C’est la catégorie d’hébergement qui s’est le plus développée ces dernières années, avec l’implantation de deux résidences de grande capacité en 2009 et 2010.

Fin 2015, les 4 hôtels de tourisme de la station offrent plus de 200 lits. L’hôtellerie traditionnelle est la plus menacée de disparition progressive à cause de la trop forte saisonnalité de sa fréquentation et au poids des charges. Les villages vacances sont aussi assez présents sur la station de la Féclaz. Les cinq villages et centres de vacances que compte la station (plus de 230 lits) sont des centres dits « associatifs » (sont la propriété d’association comme la Fondation du Bocage, la Ligue de l’enseignement,…). Ces centres sont essentiels pour le tourisme social. Ils sont surtout fréquentés lors des vacances scolaires par une clientèle familiale ou par des colonies. Enfin, les meublés classés de tourisme (villas ou appartements), les gîtes et les chambres d’hôtes offrent plus de 113 lits.

L’hôtellerie plein air représente moins de 1% de l’offre d’hébergement marchand. L’aire de stationnement camping-car est la seule offre sur la station pour cette catégorie d’hébergement touristique. Peu adaptée au tourisme hivernal, ce type d’offre est pourtant largement plébiscité le reste de l’année par les touristes français, qui y réalisent 38 % de leurs nuitées (Insee, 2014). La diversité des modes d’hébergement à caractère commercial contribue à l’attractivité des destinations touristiques. Le secteur du plateau de la Leysse où se situe la commune de Les Déserts et la station de la Féclaz est le secteur du massif présentant la plus faible offre d’hébergement marchand plein air (cf Carte ci dessus). Cet important déficit de logement plein air sur la station est un des facteur qui explique que la clientèle choisit d’autres espaces pour passer ses séjours hors saison hivernale. Les visiteurs viennent sur le domaine pour la journée et non pour un séjour. Les commerces et services de la station ne bénéficient donc pas de cette clientèle envieuse de nuitées dans des hébergements plus ouverts sur la nature environnante. De plus, l’hébergement marchand doit faire face à un vieillissement d’une partie de son parc. La vétusté d’une partie des logements touristiques sur le marché n’est pas en la faveur de l’attractivité touristique. Le tourisme nécessite bien souvent des investissements importants dans le renouvellement de ses offres et services proposés. Ces dernières années, la Féclaz à ainsi accueilli des projets immobiliers importants pour renouveler une partie de son parc. En 2009, il a été implanté au coeur de la station 40 chalets traditionnels. Un an plus tard, en 2010, la résidence Les Balcons d’aix regroupant plus de 110 logements a à son tour ouvert. Ces deux résidences ont considérablement augmenté la capacité d’accueil de la station et ont apporté de nouveaux services, répondant ainsi à des exigences croissantes de qualité et de confort de la clientèle en saison hivernale. Ce renouvellement d’hébergements dans la station reste principalement destiné à la clientèle des sports d’hivers. Le reste du parc d’hébergement est lui vieillissant et ne connait pas  de réinvestissements suffisants pour répondre aux exigences croissantes de la clientèle, notamment hors saison des sports d’hivers.

Le vieillissement du parc d’hébergement et les difficultés de la station à développer des hébergements plein air est en partie due à l’augmentation régulière des prix du foncier de l’immobilier entre 1999 et 2006. Avec des niveaux de prix du mètre carré comparables à ceux des grandes villes (2254 euros le prix moyen du mètre carré sur la commune de Les Déserts, 2278 euros le prix moyen au mètre carré à Chambéry), les impacts de cette pression foncière et immobilière se font ressentir sur l’économie mais aussi sur la vie quotidienne des populations locales.

Ainsi, comme le montre l’étude réalisée par la Direction du tourisme sur les enjeux touristiques de la hausse du foncier et de l’immobilier, la spéculation qui résulte de cette situation a pour conséquence :
• les contraintes pour développer des activités touristiques de type hôtellerie de plein air, ce qui limite la diversité de l’offre et donc l’attractivité touristique;
• l’impossibilité pour des catégories importantes de la population d’accéder à la propriété dans ce lieu à forte fréquentation touristique, avec pour effet un risque d’expulsion d’une partie de la population active et une désertification de l’espace hors saison;
• les difficultés de logement pour les salariés permanents comme saisonniers, du fait des limites et du coût du marché locatif;
• le développement des créations ou des rachats de résidences secondaires largement sous-utilisées, qui favorisent l’accroissement d’une population inactive.

Cette pression foncière est accentuée par la raréfaction des espaces aménageables disponibles. La rareté du foncier disponible, les contraintes physiques liées aux reliefs et les risques naturels prévisibles, réduisent considérablement les espaces aménageables. L’offre en logements neufs reste alors relativement faible face à une demande en croissance constante.

Si le domaine ne bénéficie pas suffisamment du tourisme hors-saison hivernale, cela est donc en partie due à une offre de logement mal adaptée pour un tourisme quatre saisons. Le choix de la clientèle est limité à des logements inadaptés au tourisme toutes saisons ou vieillissants. L’offre de logement plein air est largement en déficit par rapport à l’offre que l’on peut retrouver dans les espaces alpins voisins. La raréfaction des espaces aménageables et le prix du foncier élevé sont deux des facteurs qui compliquent le développement de logements plus ouverts sur la nature. Le domaine doit actuellement espérer un hiver propice à la pratique du ski pour être rentable. Mais chaque année, la direction, commerçants et hôteliers du domaine craignent un hiver trop doux et un manque d’enneigement. L’évolution du changement climatique menace clairement l’économie des sports d’hivers.

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Table des matières

Introduction
A – Coup de chaud sur le domaine: une économie à bout de souffle
A-1 – Une économie à deux vitesses, dépendante du tourisme hivernal
A-2 Une offre d’hébergement touristique mal adaptée pour le développement d’un tourisme quatre saisons
B- Une évolution des conditions climatiques peu propice au développement hivernal du domaine
C – Des espaces naturels riches, fragiles et vulnérables
C-1 Le patrimoine géologique, marqueur territorial du parc
C-2 Des espaces naturels aux potentialités biologiques importantes menacés
C-3 La Tourbière des Creusates, un site particulièrement sensible à l’activité humaine
D- Enjeux
E – Le projet bâti
E.1 Urbanisme réglementaire
E.2 Caractéristiques et exploitation du terrain
E.3 Des constructions écologiques pour des logements atypiques
F . Un observatoire citoyen du changement climatique
G – Des acteurs prêt à s’engager
Conclusion
Bibliographie

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