Urbanisme des campus de Nantes et de Rennes

L’รฉtat de l’universitรฉ au lendemain de la Seconde Guerre mondiale

En France

Aprรจs la Seconde Guerre mondiale, les universitรฉs franรงaises restaient encore organisรฉes sur le plan de celles construites au XIXรจme siรจcle, voire sur celles de structures bien plus anciennes, remontant parfois jusqu’au XIIIรจme siรจcle pour Paris. Ces universitรฉs รฉtaient caractรฉrisรฉes par un hรฉritage dit ยซ latin ยป8, opposรฉ au modรจle anglo-saxon, qui voyait les locaux des universitรฉs intรฉgrรฉs au tissus urbain des villes, bien souvent en centre-ville ou en proche pรฉriphรฉrie. Toutefois, des problรจmes commenรงaient dรฉjร  ร  surgir, liรฉs notamment ร  la dรฉmographie รฉtudiante. En effet, si les locaux du XIXรจme siรจcle avaient รฉtรฉ surdimensionnรฉs dรจs le dรฉpart et restaient confortables avant la guerre, ils vont trรจs vite devenir insuffisants au sortir du conflit pour deux raisons qui seront dรฉtaillรฉes ci-aprรจs.
Avant toute chose, ces bรขtiments rรฉsultent d’un hรฉritage administratif que nous allons relater ici. Structurellement, les universitรฉs d’avant 1950 ne sont pas les institutions et entitรฉs organisรฉes telles que nous les connaissons ร  lโ€™heure actuelle. On parle alors de facultรฉs, Nรฉes de la volontรฉ de Napolรฉon, qui ne sont pas nรฉcessairement regroupรฉes au sein d’une universitรฉ (aussi bien lโ€™institution que le bรขtiment), mais sont bien souvent placรฉes sous la tutelle d’un doyen et du recteur d’acadรฉmie. Ce systรจme puise son origine au Siรจcle des Lumiรจres, oรน les humanistes et les officiels dรฉsavouent les universitรฉs, respectivement parce quโ€™elles sont prisonniรจres d’enseignements eux-mรชmes reliquats des universitรฉs mรฉdiรฉvales et parce qu’elles peuvent รชtre des foyers d’idรฉaux antimonarchistes. C’est pourquoi, jusqu’ร  la Rรฉvolution franรงaise, les universitรฉs nationales vont stagner et prodiguer des enseignements dรฉpassรฉs. Elles seront totalement supprimรฉes par la Convention du 15 septembre 1793. Seules persisteront quelques รฉcoles parisiennes (Collรจge de France, lโ€™ร‰cole Nationale des Mines, lโ€™ร‰cole Polytechnique etc.), et quelques facultรฉs de mรฉdecines ressuscitรฉes, notamment ร  Montpellier. Les universitรฉs survivront alors sous forme d’รฉcoles municipales ou dรฉpartementales, toujours dรฉnommรฉes facultรฉs, mais avec une frรฉquentation nettement moindre que par le passรฉ. Plus รฉlitistes, elles se mettront ร  accueillir de jeunes bourgeois et ยซ oisifs ยปvenus parfaire une culture ยซ mondaine ยป. La recherche est alors quasiment inexistante jusqu’en 1860, รฉpoque oรน Napolรฉon III essaiera de les rรฉformer en autorisant ร  nouveau le regroupement des facultรฉs au sein de vรฉritables structures universitaires, avec une ยซ diversification, une expansion et une professionnalisation ยป de l’enseignement supรฉrieur. Cette rรฉforme est motivรฉe par la concurrence avec l’Allemagne, alors en avance dans bien des domaines sur le plan universitaire. Cela se traduit par des budgets accrus (d’un peu plus de 7 000 000 de francs en 1875 on passe ร  23 200 000 en 1913). Une politique de modernisation, via la construction de nouveaux locaux plus modernes dans beaucoup de villes de province (par les municipalitรฉs) et ร  Paris avec la nouvelle Sorbonne (1901), oeuvre de lโ€™architecte Nรฉnot. La formation des cadres pour l’administration explique รฉgalement ces investissements massifs. En effet, la politique menรฉe sous la seconde Rรฉpublique, puis l’Empire a besoin de cadres compรฉtents, en nombre suffisant pour couvrir le territoire. Cette politique mรจne ร  une absence de diversitรฉ sociale, en effet cโ€™est majoritairement des enfants issus de la bourgeoisie marchande qui accรจdent ร  lโ€™universitรฉ, vois des enfants dโ€™anciennes familles nobles. ร€ Toulouse, pour reprendre l’exemple de Jacques Verger, seuls 3 % des รฉtudiants en droit sont issus de familles d’ouvriers.
Quant aux locaux des anciennes universitรฉs et รฉcoles, ces diffรฉrentes institutions รฉtaient logรฉes dans des bรขtiments situรฉs en centre-ville, mais souvent vรฉtustes, rรฉcupรฉrรฉs sur les biens du clergรฉ pour la rรฉvolution franรงaise. D’autres institutions, comme la Sorbonne, se verront dotรฉes de nouveaux locaux datant de la fin du XIXรจme, dรฉbut XXรฉme siรจcle. C’est รฉgalement le cas dans de nombreuses villes de province, profitant du despotisme รฉclairรฉ de l’ร‰tat. Mais, comme nous le signalions plus haut, ces locaux sont alors trop spacieux pour lโ€™usage qui devait en รชtre fait. Le prestige de l’Empire puis celui de la Rรฉpublique devaient รชtre rehaussรฉs par le gigantisme de ces รฉdifices, suffisants pour accueillir une population d’รฉtudiants alors anecdotique mais cependant en lรฉgรจre augmentation. Il faudra attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les effets du baby boom pour que le nombre dโ€™รฉtudiants augmente de maniรจre vertigineuse.
Il convient ร  prรฉsent de faire un rapide รฉtat des lieux institutionnel du monde universitaire franรงais aprรจs la seconde guerre mondiale.
Avant la crรฉation du ministรจre de l’Enseignement supรฉrieur et de la recherche en 1993, les universitรฉs sont totalement intรฉgrรฉes au ministรจre de lโ€™ร‰ducation national (MEN). Elles dรฉpendent donc du recteur, garant du MEN pour l’acadรฉmie qu’il administre. Cependant les universitรฉs ne sont alors que de petites structures censรฉes regrouper les facultรฉs, plus puissantes et plus renommรฉes qu’elles. En France ces derniรจres sont quasiment autonomes et ne dialoguaient que trรจs peu entre-elles avant cette reconstruction. Il existe dรฉjร  une forte scission entre les sciences dures et les sciences humaines. Toutefois, elles doivent rendre compte au prรฉsident du Conseil d’universitรฉ, nommรฉ parmi les doyens des facultรฉs. Parfois le recteur occupait ce poste, ce qui engendrait une certaine confusion entre la mission du recteur et celle du prรฉsident du Conseil.
Pour ce qui est des constructions universitaires, elles commencent ร  รชtre prises en compte par les pouvoirs publics avec la loi-cadre du 7 aoรปt 1957. Cette loi qui matรฉrialise l’engagement de l’ร‰tat ร  poursuivre les constructions de logements et d’รฉquipements en France, ร  Paris et en rรฉgion, va permettre dโ€™apporter des rรฉponses aux facultรฉs qui souhaitent s’รฉtendre, notamment en quittant les centre-villes devenus trop รฉtroits. On notera l’importance de la crรฉation du campus de Saclay en 1947, oรน sera installรฉ le Centre d’ร‰tude Atomique. Ce site se veut influencรฉ par les campus amรฉricains, qui ont marquรฉ les scientifiques exilรฉs aux ร‰tats-Unis au cours de la Seconde Guerre mondiale.
C’est sans doute sous leur influence que le ministรจre de la Reconstruction et de l’urbanisme dรฉcide de donner au site de Saclay une organisation similaire. C’est le dรฉbut de la construction de campus de tradition anglo-saxonne, voulus de la sorte par lโ€™ร‰tat pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, les centre-villes sont saturรฉs et il est trรจs difficile d’y construire de nouveaux bรขtiments : souvent le tissus urbain est trรจs resserrรฉ et composรฉ dโ€™รฉdifices anciens, ce qui impliquerait des destructions importantes. Et lorsque des nouveaux quartiers sont rรฉamรฉnagรฉs ce nโ€™est pas pour autant que les facultรฉs y trouvent leur place.
On peut tout de mรชme noter l’exception que constitue le site de Jussieu (arch. ร‰douard Albert, 1962-1972, inachevรฉ) pour l’universitรฉ de Paris โ€“ futur campus des Universitรฉs Paris VI et Paris VII, aujourd’hui rรฉservรฉ ร  l’universitรฉ Pierre et Marie Curie โ€“ qui vient prendre la place des anciennes halles aux vins de la capitale. Le campus de Caen, cโ€™est รฉgalement une exception car le site est implantรฉ ร  proximitรฉ du centre-ville lors de lโ€™รฉlaboration du projet de reconstruction. Gรฉnรฉralement, l’administration choisit de regrouper les facultรฉs et de les implanter en pรฉriphรฉrie des centres urbains. C’est le cas de Dijon, de Grenoble, de Nantes, de Rennes ainsi que de nombreuses universitรฉs Parisiennes.
Par ailleurs, l’explosion de la dรฉmographie รฉtudiante entraรฎne la saturation des locaux.
Le pic de natalitรฉ survenu ร  lโ€™issue de la guerre (le baby boom), a pour effet dโ€™accroรฎtre lโ€™exode rural tout en menaรงant dโ€™engorger les รฉtablissements dโ€™enseignement supรฉrieurs. Par exemple, lโ€™acadรฉmie de Bretagne, regroupant alors sept dรฉpartements (jusqu’en 1962), voit sa population รฉtudiante passer de 1 609 en 1900 ร  11 618 en 196023. La France entiรจre suit le mรชme schรฉma, le nombre dโ€™รฉtudiants ne fait que croรฎtre, passant de 148 000 รฉtudiants en 1956 ร  340 000 รฉtudiants en 1965 et 761 000 en 1975. L’ร‰tat va donc tenter d’anticiper cette explosion dรฉmographique en proposant des locaux plus vastes.
Le coรปt est donc la troisiรจme cause du choix des campus pour les universitรฉs franรงaises.
En effet, les terrains รฉtant chers et rares en centre-ville, ce sont des terrains pรฉriphรฉriques qui seront mis ร  disposition du ministรจre afin de construire ces nouvelles universitรฉs. La taille des locaux est aussi dimensionnรฉe en fonction des รฉquipements universitaires (comme ร  Saclay, le premier campus projetรฉ en France). Les outils nรฉcessaires ร  la recherche sont alors parfois gigantesques et nรฉcessitent des locaux adaptรฉs. Cela va engendrer, subsรฉquemment, une forte demande auprรจs des professions du BTP, et le ministรจre de lโ€™ร‰ducation nationale va tenter de mettre en place des modรจles et des rรจgles afin de limiter le coรปt de constructions.
Le dernier grand intรฉrรชt pour cette dรฉlocalisation hors des centres-villes est de regrouper toutes les facultรฉs sur un mรชme site. Ceci permet par la mรชme occasion de concentrer les services aux รฉtudiants, tels que les citรฉs universitaires et les restaurants, dans une logique de dรฉmocratisation de lโ€™enseignement supรฉrieur. Cette politique doit notamment favoriser les enfants dโ€™ouvriers qui nโ€™ont pas forcรฉment les finances nรฉcessaires pour louer des appartements en ville et faire le trajet jusquโ€™au campus. Ces terrains sont nรฉanmoins moins bien desservis, ce qui va crรฉer des tensions au sein de la communautรฉ universitaire, en particulier avec Nantes et Rennes, qui ne souhaite pas abandonner le confort dโ€™un emplacement en central. Toutefois, nous pouvons noter quelques exceptions : plusieurs รฉcoles de mรฉdecine, comme celle de Nantes, sera ainsi transformรฉe en facultรฉ en 1961 (arch. Michel Roux-Spitz, ca. 1957), ร  proximitรฉ du CHR, construit simultanรฉment. C’est aussi le cas de la facultรฉ de droit de l’universitรฉ de Rennes (arch. Raymond Cornon, 1961-1963) qui va rester en centre-ville. Cette dรฉcision date d’avant la construction des campus de Villejean et de Beaulieu, qui sโ€™est effectuรฉe dans une relative urgence au vu de l’insalubritรฉ des anciens locaux. Elle a รฉtรฉ permise grรขce ร  l’anticipation de la ville qui possรฉdait des terrains inaffectรฉs.

ร€ Nantes

Pour dรฉcrire les locaux occupรฉs par l’universitรฉ de Nantes et plus largement par l’enseignement supรฉrieur ร  Nantes, nous avons choisi un classement chronologique (Fig. 1) et non pas uniquement disciplinaire. Deux mรฉthodes diffรฉrentes ont รฉtรฉ utilisรฉes pour expliquer la rรฉpartition des anciens locaux de Rennes et de Nantes. Les sources relatives aux รฉcoles de Nantes permettent un classement chronologique de lโ€™apparition et de la disparition des institutions ainsi que de leur localisation dans la ville, tandis quโ€™ร  Rennes les sources permettent un classement par institution.
L’universitรฉ de Nantes est crรฉรฉe en 1460 par la bulle du pape Pie II sous Franรงois II de Bretagne. L’enseignement รฉtant majoritairement donnรฉ par le corps religieux de la ville, il se situait dans des รฉdifices catholiques, notamment dans la chapelle de l’Oratoire. Au XVIIรจme siรจcle, on y donnait les cours de thรฉologie qui composaient alors la majoritรฉ de l’enseignement universitaire avant le Siรจcle des Lumiรจres. Le droit canon et civil est enseignรฉ au couvent des Carmes, au nord de l’รฉglise Sainte-Croix, avant son transfert ร  Rennes en 1735, signant ainsi la fin de lโ€™universitรฉ ร  Nantes.
Entre 1720 et 1729, le maire Gรฉrard Mellier ne semblait pas s’intรฉresser ร  l’universitรฉ, et aux รฉcoles (notamment celle dโ€™hydrographie) qui gravitaient autour et souhaitait la voir transfรฉrรฉe ร  Rennes, laissant ainsi ร  Nantes le monopole du commerce au dรฉtriment de l’enseignement.
Mais ce commerce entraรฎne une nouvelle catรฉgorie professionnelle ร  Nantes, que sont les chirurgiens et les mรฉdecins. En effet, la prรฉsence dโ€™un chirurgien รฉtait alors obligatoire ร  bord de tous les navires marchands. Cette lรฉgislation est ร  lโ€™origine de la crรฉation de l’รฉcole de chirurgie en 1741, qui changera rรฉguliรจrement de lieu jusqu’ร  s’installer, en 1793, ร  l’Hรดtel-Dieu (emplacement actuel du CHU, sur l’รฎle Gloriette).
Ces bรขtiments resteront en place jusqu’ร  la Rรฉvolution, ร  partir de laquelle des ยซ initiatives locales ยป prennent le relais des universitรฉs de l’Ancien Rรฉgime. Les premiรจres รฉcoles nantaises font leur apparition et inscrivent la ville dans un mouvement de recherche important. La ville va en effet clairement s’orienter vers l’enseignement en ingรฉnierie et en sciences dures. Cette prise de position des รฉlus commence avec M. Giraud, maire en 1792, qui prendra des dรฉcisions en faveur dโ€™un enseignement inspirรฉ de la philosophie des Lumiรจres. Cette volontรฉ politique anti-monarchique va entraรฎner la crรฉation de l’ร‰cole Centrale quatre ans plus tard, sous le mandat de Gilbert Beaufranchet. Cette derniรจre remplacera l’รฉquivalent nantais de l’Institut National, mis en place sous le mandat Noyer en septembre 1792. Mais lโ€˜ร‰cole disparaรฎt dรจs 1806, sans doute par manque de moyens et dโ€™usagers.
Parallรจlement, un Institut dรฉpartemental des arts et des sciences fait son apparition. Il fait figure d’acadรฉmie ร  Nantes, ville qui en est alors dรฉpourvue. De nombreux professeurs y enseignent et le nombre d’รฉlรจves, de fait, augmente. Les domaines sont regroupรฉs en trois classes : physiques et mathรฉmatiques pour la premiรจre, sciences morales et politiques pour la deuxiรจme, littรฉratures et beaux-arts pour la derniรจre. Ces classes se substituent aux facultรฉs de l’universitรฉ de Nantes qui n’existent alors plus. Il faudra attendre 1961 pour quโ€™une universitรฉ renaisse ร  Nantes avec ses facultรฉs propres.
Au XIXรจme siรจcle, la ville de Nantes connaรฎt un deuxiรจme souffle qui relance la crรฉation dโ€™รฉcoles, crรฉation qui avait dรฉbutรฉe au XVIIIรจme siรจcle. La ville va attirer une รฉlite qui prendra une large part aux affaires publiques. Lโ€™exemple Arsรจne Leloup (1803-1876)36, qui deviendra mรชme maire de la ville, est rรฉvรฉlateur de cette tendance. Fusionnรฉe avec l’ร‰cole de la marine marchande et militaire, l’ร‰cole hydrographique, notamment, est rรฉformรฉe pour mieux correspondre aux principes de l’enseignement du XIXรจme siรจcle. Elle est aussi une sorte de lien entre l’ancien et le nouveau systรจme. On peut citer l’ร‰cole polytechnique ainsi que les รฉcoles prรฉparatoires aux sciences et ร  la mรฉdecine, qui vont permettre aux รฉtudiants de Nantes dโ€™accรฉder ร  l’universitรฉ, qui se trouve alors ร  Rennes. Plusieurs facteurs vont initier des rรฉflexions sur l’implantation d’une universitรฉ ร  Nantes dรจs les annรฉes 1870 . En premier lieu, la perte de l’Alsace-Lorraine oblige la France ร  recrรฉer ces universitรฉs dans la limite des nouvelles frontiรจres. Les facultรฉs de mรฉdecines et pharmacie sont donc rapatriรฉ et Nantes se porte candidate pour les accueillir, toutefois cโ€™est Montpellier et Paris qui vont accueillir les รฉtudiants ne souhaitant pas rester ร  Strasbourg. Cependant, ils nโ€™obtiendront pas satisfaction, et le rรฉseau dโ€™รฉcoles restera inchangรฉ jusquโ€™ร  la Seconde Guerre mondiale.
Les bombardements de 1943 qui ravageront la ville de Nantes vont d’ailleurs gravement endommager les locaux de plusieurs รฉcoles, notamment celle de mรฉdecine, de droit, commerce et lettres. Ces bombardements entraรฎneront la dispersion des cours dans des locaux provisoires (l’hรดpital Saint-Jacques pour la mรฉdecine, le Palais de justice pour le droit…). En 1947 est organisรฉe une exposition universitaire dans le palais du Champ-de-Mars. Celle-ci prรฉsente les diffรฉrentes รฉcoles implantรฉes ร  Nantes et leur รฉvolution dans le temps. Des รฉlรจves de lโ€™รฉcole dโ€™architecture nouvellement crรฉรฉe proposent une citรฉ universitaire et un campus au sud de l’รŽle Beaulieu pour accueillir les รฉcoles sinistrรฉes (Fig. 2).
Louis XV le 1er octobre 1735 que cette facultรฉ est ainsi transfรฉrรฉe ร  Rennes, dans une salle de l’Hรดtel de Ville puis au parlement de Bretagne.
Le plan Hรฉvin nous informe prรฉcisรฉment des diffรฉrents lieux occupรฉs par la facultรฉ : en 1750, elle sera transfรฉrรฉe dans une salle donnant sur le cloรฎtre des Cordeliers et, ร  partir de 1793, les cours seront dispensรฉs dans la chapelle de la Congrรฉgation. Il faudra attendre 1810 et la crรฉation de la facultรฉ par l’acadรฉmie de Rennes pour que l’enseignement soit encadrรฉ.
La facultรฉ des lettres de Rennes, et plus gรฉnรฉralement les facultรฉs littรฉraires, sont considรฉrรฉes comme ยซ infรฉrieures ยป48 jusqu’ร  la Rรฉvolution franรงaise et ne se voient dotรฉes que d’une seule salle dans l’Hรดtel de Ville. Il faudra attendre la construction du palais universitaire en 1855 pour qu’elles bรฉnรฉficient de locaux plus adaptรฉs ร  l’enseignement.
De plus, les cours ne sont pas donnรฉs ร  des รฉtudiants, mais ร  des curieux et personnes qui veulent briller en sociรฉtรฉ, ce qui contribue sensiblement ร  dรฉgrader l’image des filiรจres littรฉraires.
Les facultรฉs de mรฉdecine et de pharmacie ayant รฉtรฉ supprimรฉes le 18 aout 1792 en France, ce sont des enseignements privรฉs qui vont faire office de formation dans ces domaines jusqu’en 1803. On assistera alors ร  la crรฉation de l’รฉcole dรฉpartementale de Mรฉdecine. Dans un premier temps, les cours seront assurรฉs directement chez les professeurs. Puis, rapidement, ils seront dรฉlocalisรฉs ร  l’hospice Saint-Yves, au deuxiรจme รฉtage des tours de la Cathรฉdrale et dans l’ร‰glise Saint-ร‰tienne oรน ils perdureront jusqu’en 1871.
Pour ce qui est de la facultรฉ des sciences, elle รฉtait, comme les autres facultรฉs, intรฉgrรฉe ร  l’Hรดtel de Ville avec diffรฉrentes salles qui lui รฉtaient allouรฉes. C’est ร  partir de 1855 que la facultรฉ scientifique prendra une importance considรฉrable dans la ville de Rennes.
Le Plan de la ville imprimรฉ par Oberthรผr nous renseigne sur l’emplacement de l’institution de droit au XIXรจme siรจcle, qui continue d’investir le Palais de justice et la mairie. On y voit aussi l’emplacement de la facultรฉ des lettres, gรฉrรฉe par la municipalitรฉ, et des sciences, toutes prรฉsentes dans l’Hรดtel de Ville depuis 1839. Malgrรฉ l’exigรผitรฉ des locaux, la plupart des cours continueront de se dรฉrouler dans ce lieu jusqu’ร  la construction du Palais Universitaire et mรชme au-delร .
En 1854, la construction du Palais Universitaire (architecte V. Boullรฉ, 1854) permet le transfert de ces trois facultรฉs dans un mรชme lieu, sur les quais dรฉsormais dรฉnommรฉs ยซ quais de l’universitรฉ ยป. On y trouve รฉgalement les classes prรฉparatoires de mรฉdecine et de pharmacie qui donnent accรจs aux รฉcoles รฉponymes, ainsi que les collections de peintures, sculptures et des curiositรฉs appartenant ร  la ville comme cโ€™รฉtait souvent la tradition au XIXรจme siรจcle. En effet, lโ€™art et les collections dโ€™antiquitรฉs et de curiositรฉs รฉtaient souvent associรฉs aux universitรฉs, utilisรฉes comme des supports de cours. Il sโ€™agit donc dโ€™un vรฉritable lieu dรฉdiรฉ au savoir et ร  la recherche que s’offre la ville de Rennes avec le concours de l’ร‰tat et du dรฉpartement.
Cependant, les locaux du Palais universitaire sont rapidement saturรฉs. Il est donc dรฉcidรฉ la construction d’un Palais des Sciences (arch. Jean-Baptise Martenot, 1883) face au Palais universitaire (qui conservera la facultรฉ des lettres). Il ouvre ses portes en 1888 et, ร  son tour, se rรฉvรจlera rapidement insuffisant suite ร  lโ€™apparition de nouvelles disciplines. Par exemple, au dรฉbut du XXรจme siรจcle, le dรฉpartement de biologie voit ses besoins en surface exploser. La ville de Rennes dรฉcide alors son transfert dans l’ancien archevรชchรฉ de la ville, juxtaposรฉ ร  l’รฉglise Saint-Melaine, partagรฉ avec la facultรฉ de droit. Le Palais des Sciences est agrandi par l’architecte de la ville, Yves Lemoine, en 1953 (Quai Dujardin). Aujourd’hui, ces locaux abritent l’inspection acadรฉmique.
Par la suite, diffรฉrents bรขtiments seront construits entre les deux guerres, notamment ร  proximitรฉ de la facultรฉ Pasteur, pour pallier le manque de place. On voit ainsi la crรฉation d’รฉdifices pour les instituts (รฉtablissements de recherche rattachรฉs ร  une facultรฉ), en particulier celui de gรฉologie qui est construit rue du Thabor en 1939, รฉgalement par Yves Lemoine.
La facultรฉ de mรฉdecine et de pharmacie est elle aussi rapidement ร  l’รฉtroit dans le Palais des Sciences. Il est alors dรฉcidรฉ de construire un nouvel amphithรฉรขtre ร  l’angle du Boulevard Laรซnnec et Dupont-des-Loges. Commencรฉ par lโ€™architecte Martenot, les travaux se poursuivent en 1894 avec Emmanuel Le Ray (1859-1936), et c’est seulement en 1950, aprรจs des destructions partielles liรฉes aux bombardements, quโ€™Yves Lemoine termine l’รฉdifice.
Pour ce qui est de la facultรฉ des lettres, elle se voit attribuer l’ancien couvent des Cordeliers, devenu Grand Sรฉminaire au dรฉbut du XIXรจme siรจcle, en plus du Palais Universitaire. Le bรขtiment que l’on connait aujourd’hui date de 1856 et est pensรฉ par Henri Labrouste. ร€ lโ€™heure actuelle, il est occupรฉ par la facultรฉ de sciences รฉconomiques et sociales.
La facultรฉ de droit, quant ร  elle, est transfรฉrรฉe dans l’ancien archevรชchรฉ oรน elle y restera jusqu’ร  la construction de la facultรฉ actuelle (1964), avenue Jean Guehรฉnno, par Raymond Cornon et Louis Arretche. Cโ€™est donc au milieu du XIXรจme siรจcle que Rennes devient une vรฉritable ville universitaire. Avant cette date lโ€™universitรฉ qui existait nโ€™avait donc quโ€™un rรดle administratif mineur au vu des prรฉrogatives dont รฉtaient dotรฉs les facultรฉs. Lโ€™universitรฉ de Rennes existait surtout pour signaler la prรฉsence de ces facultรฉs. Au final รงa ne sera pas une, mais deux universitรฉs qui seront crรฉรฉes en 1969, Rennes 1 regroupera les UER en sciences dites dures et Rennes 2 regroupe les UER de sciences humaines et sociales.

La dรฉmographie รฉtudiante, cause du bouleversement de l’universitรฉ en France

Les annรฉes qui suivent la fin de la guerre prรฉsentent le taux de natalitรฉ le plus fort quโ€™ait jamais connu le pays (Fig. 4). Cela va se rรฉpercute sur la population รฉtudiante, qui va elle aussi connaรฎtra un bond spectaculaire quelques annรฉes aprรจs, ร  partir de 1962.

Les grands projets des annรฉes 1950

Rรฉforme de l’enseignement universitaire

La pรฉriode de 1950 est assez mal documentรฉe du point de vue des rรฉformes universitaires. Pourtant, le cadre dans lequel รฉvoluaient alors les facultรฉs est bouleversรฉ par plusieurs dรฉcisions politiques visant ร  relancer la recherche et faire bรฉnรฉficier ร  l’ensemble de la population d’une amรฉlioration du systรจme รฉducatif. Ces dรฉcisions font suite ร  un constat simple, celui que la maniรจre d’enseigner hรฉritรฉe du XIXรจme siรจcle ne convient plus. En effet, il y a dรฉsormais une concurrence ร  lโ€™รฉchelle mondiale, dominรฉe en particulier par les ร‰tats-Unis dโ€™Amรฉrique : la France, et dans une plus large mesure, les pays europรฉens, nโ€™ont plus le monopole de lโ€™excellence dans le monde de la recherche.
La nouvelle politique voulue par le gouvernement s’oriente selon deux axes : un investissement massif dans de nouveaux locaux, avec la mise en place d’un dialogue entre l’ร‰tat, les municipalitรฉs, les dรฉpartements et les facultรฉs, et un renouvellement du systรจme d’enseignement qui apporte la modernitรฉ nรฉcessaire pour concurrencer les universitรฉs amรฉricaines.
Ce renouvellement passe par diffรฉrentes lois imaginรฉes par des personnalitรฉs gravitant autour du ministรจre de l’ร‰ducation nationale : on peut citer celles mises en oeuvre par Max Querrien (1921-) proposant l’abandon d’un systรจme issu des lois napolรฉoniennes. Jusquโ€™alors, les facultรฉs ne faisaient que fournir des jurรฉs pour lโ€™รฉvaluation du baccalaurรฉat dans le secondaire โ€“ elles nโ€™avaient dโ€™ailleurs pas vocation ร  รชtre des institutions de recherche. Ce rรดle รฉtait dรฉvolu aux รฉcoles et facultรฉs ร  partir de la thรจse de doctorat.
La nouvelle organisation va donc faire table rase de ce systรจme datรฉ, et propose, aprรจs l’รฉcole primaire (gรฉrรฉe par les municipalitรฉs), le collรจge (gรฉrรฉ par les dรฉpartements) et les lycรฉes, qui prรฉparent dรฉsormais au baccalaurรฉat (gรฉrรฉ par les dรฉpartements puis les nouvelles rรฉgions en 1964 ou par l’ร‰tat), une premiรจre annรฉe dite de propรฉdeutique. Elle consiste en une mise ร  niveau et une prรฉparation au monde de la recherche en universitรฉ, elle est suivie de trois annรฉes qui permettent d’obtenir une maรฎtrise. Avec une annรฉe supplรฉmentaire, l’รฉtudiant obtient un master qui lui permet de poursuivre en thรจse de doctorat.
Ce dรฉcoupage est lui-mรชme accompagnรฉ d’une refonte de l’offre universitaire, avec l’apparition de nouvelles matiรจres et une rรฉpartition entre รฉcoles et facultรฉs. On trouve toujours les quatre grandes disciplines des sciences, lettres (et sciences humaines depuis 1957), droit (et sciences รฉconomiques depuis 1957), et mรฉdecine. Par ailleurs, on observe une densification du maillage du territoire, de sorte que chaque รฉtudiant potentiel peut avoir accรจs ร  lโ€™enseignement qui lui correspond. Ainsi seront crรฉรฉs de nombreux dรฉpartements dans les grandes villes universitaires, souvent sur des initiatives dโ€™enseignants.

Des constructions nouvelles, quelques exemples de complexes universitaires en France

Au sortir de la guerre, le gouvernement engage donc un grand plan de modernisation des structures universitaires. Cela va mener ร  quelques expรฉriences, notamment autour de Paris, aussi bien dans la conception des locaux que dans l’enseignement. Le campus scientifique situรฉ sur le plateau de Saclay, campus phare de la recherche nuclรฉaire franรงaise, fait figure dโ€™exemple. Il est actuellement au centre des prรฉoccupations des รฉlus avec son agrandissement prรฉvu pour lโ€™รฉchรฉance 202460.
En plus de moderniser les infrastructures de la recherche franรงaise, ce campus, comme d’autres, participe ร  la rรฉflexion sur ยซ la politique d’amรฉnagement ยป61 des pรฉriphรฉries des villes. Cet abandon des mรฉtropoles pose aussi la question de l’accueil de ces nouveaux sites dans des villes relativement modestes en comparaison de lโ€™extrรชme diversitรฉ de services (librairies, logements, barsโ€ฆ) disponibles dans le quartier Latin de Paris. Saclay et Orsay comptent respectivement moins de 2 000 habitants et un peu plus de 5 000 habitants en 1950, contre prรจs de 4 000 et 16 000 chacune actuellement.

La place de l’ร‰tat : expรฉrimentation, normalisation et rรฉglementation

Depuis les premiers grands projets de reconstruction dรฉbutรฉs sous le rรฉgime de Vichy, Lโ€™ร‰tat se veut lโ€™instigateur et le gรฉrant de la construction et de la reconstruction en France. Cette volontรฉ passe par diffรฉrents ministรจres dont lโ€™origine remonte au ministรจre de la Reconstruction et de lโ€™urbanisme (1944-1954) pour devenir le ministรจre de la Construction (1958-1962). Au sortir de la guerre, des plans triennaux sont mis en place afin de programmer les grandes orientations รฉconomiques du pays dans des domaines tels que la construction, lโ€™รฉnergie et lโ€™industrie. Chaque ministรจre a donc des objectifs ร  atteindre pour relancer la croissance et faire entrer la France dans la modernitรฉ de cette deuxiรจme moitiรฉ du XXรจme siรจcle. En ce qui concerne les universitรฉs et en gรฉnรฉral les constructions scolaires, le MRU, puis le ministรจre de la Construction, dรฉlรจgue lโ€™รฉdification de nouveaux complexes scolaires et universitaires directement au ministรจre de lโ€™ร‰ducation ou ร  son รฉquivalent (ce dernier changera plusieurs fois de nom au cours de la chronologie que nous รฉtudions). Cโ€™est donc la Direction de la construction scolaire, universitaire et sportive (DCSUS) qui hรฉrite du budget liรฉ ร  la construction des nouvelles รฉcoles, collรจges, lycรฉes, universitรฉs mais aussi des piscines et autres infrastructures sportives.

Lโ€™administration

Lโ€™administration mise en place sous le MRU consiste en une hiรฉrarchisation des compรฉtences sous forme dโ€™une structure pyramidale avec, ร  son sommet, le ministre, puis les rapporteurs du ministre, les dรฉlรฉguรฉs dรฉpartementaux et leurs services. Cette organisation hiรฉrarchique sera reprise par le ministรจre de lโ€™ร‰ducation nationale. Lโ€™ร‰tat, reprรฉsentรฉ par le ministre, accompagnรฉ dโ€™experts, choisira des lieux oรน la construction de nouvelles facultรฉs apparaรฎt le plus judicieux. Pour cela, comme exposรฉ prรฉcรฉdemment, plusieurs facteurs sont pris en compte, notamment la croissance dรฉmographique et le potentiel industriel de la ville ou de la rรฉgion. Ensuite, la dรฉcision est notifiรฉe au recteur de lโ€™acadรฉmie, reprรฉsentant du ministรจre dans la rรฉgion choisie, qui doit alors mettre en place avec les รฉquipes enseignantes reprรฉsentรฉes par les doyens un programme pรฉdagogique.
Ces actions seront supervisรฉes par un dรฉlรฉguรฉ dรฉpartemental voire par le recteur de lโ€™acadรฉmie. Le concours conception-construction intervient alors pour dรฉfinir le cahier des charges du ministรจre, ร  lโ€™image des chantiers dโ€™expรฉriences du MRU. 483 รฉquipes dโ€™architectes et dโ€™entreprises y participent.
Le but de ce concours est de rechercher des solutions de construction associant lโ€™ensemble des corps dโ€™รฉtat, dans une technique coordonnรฉe, et qui prรฉsenteraient sur le plan de la qualitรฉ, de lโ€™รฉconomie et de la rapiditรฉ de mise en oeuvre, des avantages indiscutables par rapport aux rรฉalisations selon le mode traditionnel Architecte des Bรขtiments civils et palais nationaux, du ministรจre de lโ€™ร‰ducation nationale, des Postes et de la SNCF, Louis Arretche, malgrรฉ le fait quโ€™il est nommรฉ directement par le ministรจre pour les missions de Rennes et de Nantes, prรฉsente tout de mรชme trois รฉquipes au concours. Sโ€™il souhaite concourir, cโ€™est sans doute car il estime pouvoir proposer des solutions quโ€™il a dรฉjร  pu expรฉrimenter sur les campus dont il a eu la conception en charge. Cโ€™est รฉgalement le cas de lโ€™รฉquipe Candilis, Josic et Woods qui y participe trois fois et a ainsi pu mener des rรฉflexions architecturales lors des concours de lโ€™universitรฉ de Berlin ou de Zurich.

 

Le rapport de stage ou le pfe est un document dโ€™analyse, de synthรจse et dโ€™รฉvaluation de votre apprentissage, cโ€™est pour cela chatpfe.com propose le tรฉlรฉchargement des modรจles complet de projet de fin dโ€™รฉtude, rapport de stage, mรฉmoire, pfe, thรจse, pour connaรฎtre la mรฉthodologie ร  avoir et savoir comment construire les parties dโ€™un projet de fin dโ€™รฉtude.

Table des matiรจres

Liste des abrรฉviations utilisรฉes
Introduction
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION DES CAMPUS EN FRANCE
1 L’รฉtat de l’universitรฉ au lendemain de la Seconde Guerre mondiale
2 La place de l’ร‰tat : expรฉrimentation, normalisation et rรฉglementation
CHAPITRE 2 : URBANISME DES CAMPUS DE NANTES ET DE RENNES
1 Urbanisme et lien avec la ville
2 Urbanisme des campus
CHAPITRE 3 : Lโ€™ARCHITECTURE DES CAMPUS, ENTRE ORIGINALITร‰ ET Rร‰CURRENCE
1 Avant-projets et projets finaux, รฉtat des lieux des modifications de la composition des campus
2 Composition des sites
3 Les faรงades et la prรฉfabrication
Conclusion
Bibliographie
Sources

Rapport PFE, mรฉmoire et thรจse PDFTรฉlรฉcharger le rapport complet

Tรฉlรฉcharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiรฉe. Les champs obligatoires sont indiquรฉs avec *