L’action humaine dans le monde qui l’entoure est devenue de plus en plus vigoureuse sous les effets conjugués de la croissance démographique mondiale et des progrès techniques. On assiste progressivement à des mouvements de populations ayant donné naissance aux villes dans le monde occidental dans un premier temps et plus tard dans le reste du monde.
D’autres facteurs ont également joué un rôle essentiel dans l’urbanisation du monde. Il s’agit principalement de l’urbanisation des campagnes, de l’accroissement naturel des populations urbaines et l’exode rural. Ce dernier s’exerce particulièrement dans les pays du Tiers Monde où les paysans s’installent en ville pour des raisons économiques.
Considéré comme « creuset des inventions, des progrès techniques […] et diffuseur des idées, des innovations » , le milieu urbain offre à chaque individu et à la société tout entière des possibilités de développement, d’évolution que jamais le monde rural ne permettrait. Mais quels que soient les contextes dans lesquels elles se sont développées, les villes ont joué et continuent à jouer un rôle prépondérant dans la vie et la transformation de l’espace et des sociétés. Qu’il s’agisse de développement économique, de pénétration de progrès matériels ou de flux financiers, des modifications du comportement psychologique des habitants […] la concentration urbaine et les mécanismes qu’elle favorise sont irremplaçables .
La ville est également le siège d’apparition de la révolution technique. Celle-ci est principalement centrée sur des moyens d’informations permettant la rénovation des structures matérielles de la société dans son ensemble. A la fin du deuxième millénaire, elle avait également favorisé le bouleversement du paysage social de la vie humaine. Au fil des années, les progrès techniques ont été davantage amplifiés avec l’avènement de la révolution numérique il y’a près de 30 ans. Le numérique est aujourd’hui devenu un phénomène de grande ampleur. Il touche aujourd’hui presque tous les secteurs de la vie économique, tous les acteurs de la société, individus, entreprises, institutions. Progressivement, les différents mouvements observés dans ce secteur, ont donné naissance à l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).
Définies généralement comme l’ensemble des dispositifs et des systèmes informatiques de stockage, de communication, de traitement et de gestion des données, les NTIC depuis leur introduction dans nos sociétés, semblent presque réécrire l’histoire de l’humanité. Au Sénégal comme partout dans le monde, ces outils dont les applications peuvent répondre « aux besoins des entreprises, des ménages et des individus » , ont profondément modifié les structures de travail et d’organisation existantes et contribuent à redessiner partiellement les formes de l’économie.
De toutes les NTIC, le téléphone cellulaire est celle qui connait le développement le plus spectaculaire. Mais, les villes des PED peuvent-elles profiter des dynamiques de croissance et de création d’emploi générées par le développement des TIC. Quels liens existent-ils entre le phénomène d’urbanisation et le développement de l’économie numérique ? La ville de Mbour nous servira de cadre d’observation pour appréhender les relations existantes entre les dynamiques socio-spatiales et le développement de nouvelles technologies..
CONTEXTE
Le domaine des télécommunications a bénéficié, depuis plus d’un siècle, d’une véritable révolution technologique partout dans le monde même si certains pays en développement ont accusé un retard important par rapport aux autres. C’est le cas de quelques pays du continent Africain qui ne restent tout de même pas trop à l’écart de ces bouleversements, surtout avec les retombées de l’impressionnant mouvement de concentration qui s’y opère actuellement dans le domaine des télécommunications. Le Sénégal était d’ailleurs l’un des rares pays africains à faire exception au faible niveau d’équipement en matière d’infrastructures de télécommunications. Le pays avait en effet hérité des installations de télécommunications laissées sur son territoire par l’autorité coloniale. L’administration coloniale qui avait déjà construit la première ligne télégraphique expérimentale reliant Saint-Louis et Gandiole en 1859 , décida par la suite de généraliser son utilisation après que le service eut connu un succès auprès des autorités politiques comme au sein des milieux économiques. En 1900, le réseau télégraphique long de 3 196 kilomètres couvrait ainsi tous les points du territoire sénégalais ayant une importance administrative, militaire ou économique.
A partir de 1960, lorsque le Sénégal accède à la souveraineté internationale, les services de télécommunications passent sous la tutelle de l’Office des postes et télécommunications (OPT) et le pays se dote d’un Comité national de coordination des télécommunications (CNCT) qui procédait à une série d’investissement dans le but de relayer d’abord l’Etat colonial dans le maintien et l’entretien des infrastructures de base et ensuite par la modernisation, le développement de services rendus ainsi que l’amélioration de la productivité de l’ OPT . Cet héritage a été surtout favorisé par le rôle et la place que le pays, alors capitale de l’AOF, pouvait jouer dans le dispositif de l’administration coloniale. C’est également durant cette période allant de l’indépendance au milieu des années 80 que le réseau de télécommunications a été étendu jusque dans les zones urbaines.
DES POINTS DE SERVICES AU RYTHME DU PROCESSUS D’URBANISATION
La ville de Mbour est située à 83 km de Dakar et constitue le chef lieu du département du même nom. Elle est à 51 km de Thiès, la capitale régionale. Sa localisation en bordure de mer, entre le Cap-Vert et la pointe de Sangomar, lui confère de nombreux atouts, au vu du développement des activités touristiques tout le long de la Petite Côte et surtout grâce aux activités de la pêche, la transformation et la commercialisation des produits halieutiques. Elle joue également un rôle de centre d’échanges et de commerce très important, dont le rayonnement va au-delà de la région de Thiès.
La ville est traversée par la Route Nationale n° 1 Dakar- Kidira et la route départementale n° 101 vers Joal-Fadiouth. Plusieurs embranchements non loin du centre urbain la relient à Thiès. Tout le trafic en provenance de Dakar et du Nord du pays et se dirigeant vers le Sud et l’Est passe par la ville de Mbour, qui assume donc naturellement un rôle de relais et de carrefour dans les échanges avec les autres parties du Sénégal. Elle donne également accès aux pays limitrophes du Sénégal que sont la Gambie, la République de Guinée, la Guinée Bissau, le Mali.
DE L’EVOLUTION SOCIO-DEMOGRAPHIQUE ET SPATIALE DE LA VILLE DE MBOUR
Situation et historique du peuplement
Situation de la ville dans la région Thiès
La région de Thiès se situe entre la latitude 14°02’ et 15°27’ Nord et la longitude 16°09’ et 17°12’ Ouest et couvre une superficie de 6601 km², soit 3,35% du territoire national. Elle abrite trois départements Mbour (1607 km²), Tivaouane (3121 km²) et Thiès (1873 km²) et les communautés rurales ci – après :
➤ La commune de Joal – Fadiouth
➤ La commune de Thiadiaye
➤ La commune de Nguékokh
➤ La commune de Saly – Portudal
➤ La commune de Ngaparou
➤ La commune de Somone .
➤ La commune de Popenguine – Ndayane
➤ La communauté Rurale de Sindia
➤ La communauté Rurale de Diass
➤ La communauté Rurale de Malicounda
➤ La communauté Rurale de Sandiara
➤ La communauté Rurale de Nguéniène
➤ La communauté Rurale de Sessene
➤ La communauté Rurale de Fissel
➤ La communauté Rurale de Ndiaganiao .
Historique du peuplement
Principal centre urbain de la Petite Côte, l’importance de la ville de Mbour remonte au début du XVIIIème siècle. C’est durant cette période que des populations venant du Sine, où les guerres faisaient des ravages, se déplacèrent vers la côte pour y trouver des lieux d’implantation plus favorables. Les Sérères ont été les premiers arrivants dans la ville, ensuite vinrent les Socés qui partagèrent longtemps les espaces de culture avec les premiers occupants. Ces derniers ont baptisé l’emplacement « BUUR », du nom de leur village d’origine. L’endroit étant propice au développement de la pêche et de l’agriculture, d’autres migrants vinrent s’y installer. Parmi les autres tribus on peut citer les Lébous du Cap-Vert ; les Toucouleurs de la vallée du fleuve Sénégal ; les Ouolofs des localités environnantes (Dakar, Rufisque, Saint-Louis…). Vers les années 1940, un groupe d’immigrants maures s’installa dans le quartier « Mbour Maure ». L’installation de l’administration coloniale dans la ville de Mbour contribua rapidement à la transformer en un centre actif de la traite arachidière et en nœud d’échanges au niveau commercial. En 1922, elle devint le chef lieu administratif de la sous région et fut érigée en commune le 4 décembre 1926. Aujourd’hui, la ville de Mbour occupe une place importante dans le système socioéconomique de la région de Thiès. Elle continue à attirer des populations venant de l’extérieur et à jouer un rôle central dans les flux d’échanges commerciaux. Son dynamisme économique provient essentiellement de l’essor des activités halieutiques et du développement du secteur touristique.
Les étapes de la croissance spatiale
Avant la période coloniale
Durant cette période, Mbour n’était qu’un modeste village peuplé en majorité de sérères et de socés. La mer a été l’élément attractif déterminant de l’occupation du site par les populations originaires du Sine, du Cayor et du Gabou déchirées par des guerres intestines, recherchant non seulement un lieu leur assurant paix et sécurité mais aussi un endroit qui leur permettait des activités économiques vitales telles que la pêche et l’agriculture.
Les sérères à leur arrivée, vers 1700, se fixèrent à plusieurs endroits dont les principaux furent Thioudiam, quartier actuel de Mbour sérère 1, Ndédéle actuel emplacement de la préfecture et Nénef ancien camp de repos devenu plus tard le centre touristique de la Petite Côte et aujourd’hui l’hôtel Coco Beach. Les socés à leur arrivée entre 1860 et 1870 environ s’intègrent à la communauté initiale qui leur offrit des terres, en s’installant à l’actuel emplacement du service des grandes endémies Mbour Maure (Tripano). Ensuite ils progressèrent vers l’intérieur et s’installèrent à l’espace qui abrite aujourd’hui la pharmacie le Soleil. Les lébous du Cap vert suivirent les socés et se fixèrent à Gandiane, un site comprenant une partie de l’actuel quartier de Téfess.
Ils précédèrent les toucouleurs venus de la vallée du fleuve Sénégal qui n’occuperont pas d’emplacement fixe. Certains d’entre eux s’installèrent à côté des socés et d’autres à côté des sérères . A cette période, Mbour n’était qu’une succession de villages ethniques, une mosaïque de peuple caractérisée par un faible taux d’occupation de l’espace. Mais avec l’arrivée définitive de l’administration coloniale en 1922, on notera un bouleversement de la structuration de l’espace et en une mise en place de quartiers.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I: DE L’EVOLUTION SOCIO-DEMOGRAPHIQUE ET SPATIALE DE LA VILLE DE MBOUR
CHAPITRE II : LA REPARTITION SPATIALE DES EQUIPEMENTS ET DES INFRASTRUCTURES ROUTIERES DE MBOUR
CHAPITRE I : DE L’EVOLUTION DES POINTS DE SERVICES A MBOUR
CHAPITRE II : CARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES ET PROFESSIONNELLES DES ACTEURS DES POINTS DE SERVICES
CHAPITRE III : DE LA CONVERGENCE DES TECHNOLOGIES DANS LES POINTS DE SERVICES
CHAPITRE I : LES ACTIVITES ET LES SERVICES DANS LES POINTS SERVICES
CHAPITRE II : DES SERVICES ET DES NIVEAUX D’ACCES DIFFERENCIES
Conclusion générale
BIBLIOGRAPHIE