Les villes, en particulier celles du Tiers-monde connaissent une urbanisation galopante. C’est ainsi que la part de la population urbaine mondiale a connu et continue de connaître une augmentation exponentielle pour atteindre à l’heure actuelle plus de la moitié de la population mondiale. En outre, cette urbanisation galopante favorise la modification des systèmes de productions traditionnels et fait de la ville le moteur de la croissance économique des pays. « Les villes se positionnent au centre de l’économie mondiale en raison de la part prépondérante des biens industriels et des services dans le PIB des pays d’une part, d’autre part du fait de leur rôle de hub dans les flux rendant possible la globalisation des échanges», MBOW (2011).
A l’instar des autres parties du monde, le continent africain se caractérise par une forte urbanisation. L’organisation du territoire africain résulte de la volonté du colonisateur de développer les villes littorales dans le but de faciliter l’écoulement de la production du continent. Les modèles d’urbanisation du continent africain hérités de la colonisation laissent ainsi sur l’organisation de l’espace continental un réseau urbain caractérisé par des métropoles démesurées par rapport aux autres villes. C’est ainsi que le réseau urbain se caractérise souvent par un déséquilibre largement au profit de la capitale, projetant ainsi sur l’espace des villes macrocéphales. Ces capitales nationales abritent la quasi-totalité des industries et des services des pays d’Afrique subsaharienne rendant ainsi plus intenses les mouvements d’exode rural. Cependant, depuis quelques décennies les systèmes urbains traditionnels font l’objet d’une remise en cause avec l’émergence de nouvelles polarités qui favorisent une redistribution des effectifs humains sur l’ensemble des territoires nationaux.
En effet, les villes secondaires jouent un rôle capital dans le processus d’urbanisation de la sous-région grâce à leur capacité à fixer les populations issues des campagnes environnantes. Le Sénégal, à l’instar des pays du Tiers-monde connait une urbanisation galopante dominée par une macrocéphalie urbaine caractéristique des pays d’Afrique subsaharienne. C’est ainsi que Dakar, la capitale qui ne s’étend que sur un espace représentant 0,3% du territoire national regroupe 22% de la population sénégalaise représentant 49% de la population urbaine nationale.
Contexte et justification
Contexte de l’étude
La rapidité de la croissance urbaine constitue une tendance lourde à laquelle les villes du tiers-monde sont confrontées depuis quelques décennies. A l’instar des pays en voie de développement, le Sénégal connait une urbanisation galopante qui fait que les villes s’étendent de plus en plus loin de leurs centres urbains d’origine, entraînant ainsi une augmentation tant en taille qu’en nombre des villes. Cette urbanisation grandissante est le résultat de deux facteurs : l’importance du taux d’accroissement naturel dans les villes et l’apport migratoire qui s’explique par les inégalités spatiales en matière de dynamisme économique dues « aux héritages de l’histoire des civilisations agraires, de la colonisation et aux choix politiques post indépendances … » . De cette situation découle le surpeuplement de Dakar qui cependant ne dispose pas de ressources nécessaires pour absorber le surplus de populations venues de l’intérieur. Cependant, la dégradation du cadre de vie dans les campagnes intensifie, malgré la paupérisation croissante de Dakar, l’exode vers la capitale.
La forte croissance urbaine de Dakar se manifeste par l’étalement urbain, et l’émergence de nouvelles polarités vers la périphérie dakaroise. En effet, en raison du redéploiement des dakarois vers les zones plus éloignées du centre grâce à la relative faiblesse des coûts fonciers dans l’extrême périphérie de Dakar, et de l’exode de populations venues de l’intérieur du Sénégal, la ville de Sébikotane connaît depuis quelques années une forte urbanisation. Cette rapide croissance urbaine de Sébikotane s’explique surtout par la volonté des autorités de créer un nouveau pôle urbain dans la zone de Diamniadio. Les politiques d’aménagement du territoire (l’autoroute à péage, l’hôpital des enfants, les industries de l’axe Diamniadio-Sébikotane,le futur aéroport international de Blaise Diagne,situé à une dizaine de kilomètres de vol d’oiseau, etc.) ont considérablement transformé le paysage urbain de Sébikotane. Cette forte urbanisation s’inscrit ainsi dans un contexte de politiques d’aménagement du territoire national qui vise d’une part à impulser le PIB national par la création d’un pôle de développement et d’autre part, à désengorger Dakar.
Cependant, il convient de signaler que cette urbanisation entraîne une forte croissance de la consommation d’espace pour les besoins de logement dans un contexte d’épuisement des réserves foncières. En effet, la commune, excepté la forêt classée ne dispose pratiquement plus de réserves foncières.
Justification de l’étude
Les villes jouent un rôle capital dans le développement économique des pays. « En Afrique, comme partout ailleurs, les rapports entre les processus spatiaux- l’urbanisation surtout- et les logiques de fonctionnement des systèmes socio-économiques sont bien établis. Ceci veut dire que si le développement au sens large du terme est habituellement analysé en terme économique, il n’en demeure pas moins que les aspects géographiques y ont une place fondamentale » . Dès lors, l’urbanisation de la ville de Sébikotane entraîne des mutations socio-économiques remarquables. Jadis, zone presque agricole, l’économie de la ville s’est diversifiée pour concerner désormais le secteur industriel et les services. Il importe cependant de signaler l’existence d’activités agricoles dans certains endroits de la commune. L’étude des impacts de l’urbanisation sur l’économie de la ville de Sébikotane trouve sa justification dans le besoin d’identifier les paramètres économiques afin d’aboutir à une meilleure compréhension des mécanismes de la production économique de Sébikotane. La partie qui aborde l’économie locale va fournir des éléments permettant une meilleure compréhension des logiques de l’économie urbaine dans la ville de Sébikotane, surtout dans un contexte de compétition régionale. De ce fait, cette étude vise à fournir une contribution au développement de la commune et de ses environs, mais aussi au développement de l’ensemble du pays grâce au rôle capital des villes dans l’économie nationale.
La commune de Sébikotane, de par sa situation se présente comme une ville carrefour. En effet, elle constitue la frontière entre la région de Dakar et celle de Thiès avec qui elle n’est distante que de 28km. Elle est aussi située à moins de 50km de Mbour. Ainsi, Sébikotane dispose d’une situation de carrefour par rapport au triangle urbain Dakar-Thiès-Mbour, très dynamique. De ce fait, son étude contribue à une meilleure connaissance de la dynamique des villes carrefours qui disposent selon Pierre George « une des positions les plus généralement réalisées et les plus propices à la continuité du développement urbain ».
La réflexion sur les impacts de l’urbanisation dans l’économie Sébikotanoise trouve également sa justification dans l’importance accordée depuis quelques décennies à l’étude des villes secondaires dans la compréhension des systèmes urbains. Les grandes villes ont certes toujours été privilégiées, mais un regain d’intérêt en faveur des villes secondaires s’est fait sentir avec la crise économique des années 1980. Cette importance accordée aux villes secondaires tient en outre sa pertinence du contexte de décentralisation, entamée au Sénégal depuis les débuts de l’indépendance et qui est entrée dans une phase décisive en 1996 avec le transfert par l’Etat de neuf domaines de compétences aux collectivités locales. Ainsi, la commune de Sébikotane bénéficie d’une autonomie lui permettant de mettre sur place des politiques de développement. L’urbanisation de la ville permet une augmentation de la recette fiscale qui joue un rôle fondamental dans l’essor économique d’une collectivité locale. Ainsi, l’importance de ce sujet d’étude se situe également dans la volonté de contribuer à la connaissance et à la gestion durable du principal système de ville sénégalais qui permettrait de bien maitriser et d’anticiper l’urbanisation d’un futur pôle de développement économique.
L’urbanisation peut ainsi favoriser l’épanouissement économique de la ville. Néanmoins, elle exerce une grande pressio sur les ressources agricoles et les réserves foncières de la commune. Cette pression de l’urbanisation s’exerce également sur l’environnement (pollutions industrielles, éradication de la forêt classée, absence de réseau d’assainissement etc.) d’où l’importance de l’étude des enjeux de l’urbanisation dans la ville de Sébikotane. C’est dans cette perspective qu’on a émis l’idée de réfléchir sur les enjeux socioéconomiques de l’urbanisation dans l’extrême périphérie de la région de Dakar et particulièrement dans la ville de Sébikotane.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. Contexte et justification
1.1. Contexte de l’étude
1.2. Justification de l’étude
II. Problématique
2.1. Cadre théorique
2.2. Discussion conceptuelle
III. Méthodologie
3.1. Revue documentaire
3.2. Echantillonnage
3.3. Les enquêtes de terrain
3.4. Traitement de données
Chapitre I : Présentation et cadre physique de Sébikotane
I. Situation et présentation de la commune
1.1. Situation de la commune de Sébikotane
1.2. Présentation de la commune de Sébikotane : origine et évolution administrative
II. Cadre physique de la commune
2.1. Relief et types de sols
2.2. Le climat
2.3. Végétation
2.4. Hydrographie
Chapitre II. Caractéristiques sociodémographiques de la commune de Sébikotane
I. Caractéristiques démographiques
1.1. Des disparités démographiques
1.2. La structure par âge de la population
II. Les aspects sociaux
2.1. La composition ethnique
2.2. La vie religieuse
Chapitre III : Dynamique démographique et les manifestations spatiales de l’urbanisation dans la commune de Sébikotane
I. La dynamique démographique
1.1. Les politiques d’aménagement du territoire
1.1.1. L’Autoroute à péage Dakar-Diamniadio
1.1.2. L’industrialisation de l’axe Diamniadio-Sébikotane
1.2. Le rôle de l’apport migratoire dans l’urbanisation de Sébikotane
1.3. Sébikotane, zone de redéploiement de dakarois victimes des inondations et de la dégradation du cadre de vie
II. Les manifestations spatiales de l’urbanisation dans la commune de Sébikotane
2.1. L’occupation de sol
2.2. L’étalement urbain
2.3. La densification du tissu urbain
Chapitre IV : L’économie locale : diversification et modification des structures de production
I. Le secteur primaire
1.1. L’agriculture
1.2. L’élevage
II. Les activités artisanales et industrielles
2.1. Les activités artisanales
2.2. Les activités industrielles
III. La tertiarisation de l’économie
3.1. Le secteur du commerce
3.2. Les services
Chapitre V : Urbanisation de la commune, un facteur de développement territorial
I. L’état des infrastructures et des services sociaux de base
1.1. Les infrastructures scolaires
1.2. Les infrastructures sanitaires
1.3. L’hydraulique
1.4. L’Energie
1.5. Transport et mobilité
1.6. Le logement
II. L’élargissement du marché d’emplois
2.1. La dynamique du marché
2.2. La part de l’informel
III. Les finances locales
3.1. L’évolution des finances locales
3.2. La coopération décentralisée
Chapitre VI : Impacts environnementaux de l’urbanisation de la commune
I. L’évolution du cadre de vie
1.1. L’habitat
1.1.1. Vers une uniformisation d’un habitat de type moderne
1.1.2. Une tendance à la verticalisation
1.1.3. La résistance à la modernisation de l’habitat
1.1.4. Des maisons gagnées par la promiscuité
1.2. La problématique des déchets
1.2.1. Les déchets solides
1.2.2. Les déchets liquides
II. La pollution industrielle
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE