Noirmoutier-en-l’île
Le bourg de Noirmoutier s’est développé le long du seul véritable abris naturel de l’île.
La ville s’est formée sur un ilôt rocheux culminant en moyenne entre 4 et 7m NGF, et est séparée du reste de l’île par des marais salants.
C’est un paysage, lieu de résidences principales et secondaires, récentes ou de traditions familiales, qui s’est développé à Noirmoutier-en-l’île.
Les constructions se sont d’abord implantées à l’abris des dunes ou des pins de la forêt du Bois-de-la-Chaise et sont souvent protégées par la côte rocheuse, granitique, que nous avons décrite lors de l’analyse géologique du territoire. C’est notamment au niveau du Bois de la Chaise, le long de la plage des Dames que se trouve la partie haute de l’île, culminant jusqu’à 23m NGF.
On comprend alors la logique d’urbanisation de ce territoire dont le coeur est protégé des submersions marines.
Cependant, petit à petit, les endiguements successifs ont permis de gagner des terres agricoles sur la mer. S’étendant sur tout le territoire nord de l’île, la ville comprend de nombreuses communes.
On retrouve ainsi l’Herbaudière, à la pointe nord-ouest de l’île. Le village ne s’est développé qu’à partir de 1872, date de la création des premières jetées et du port. L’apparition du port de l’Herbaudière est notamment liée à l’essor de la pêche à la sardine et à la création des conserveries de poisson de 1870 à 1950. C’est le départ de l’aménagement progressif d’un vaste port artificiel, en eau profonde. Aujourd’hui il sert pour la pêche et la plaisance.
On retrouve également la commune du Vieil, située sur la côte nord de l’île. C’est un hameau typique constitué de maisons vendéennes traditionnelles bordant des ruelles étroites, et qui en été devient très prisé par les vacanciers.
Une grande partie Nord-Ouest du territoire de la commune reste occupée par des champs destinés essentiellement à la culture maraichère, notamment de la pomme de terre.
Le bourg de Noirmoutier est lui caractérisé par la jetée Jacobsen d’environ 1,5km, qui longe d’un côté le port et de l’autre le grand polder de Müllembourg, devenu une réserve ornithologique et qui contient des parcelles dédiées à la culture du sel. Cette réserve naturelle n’est pas urbanisable, située à -1m NGF, elle n’est séparée de la mer que par la jetée.
Les Roussières
Le récent développement immobilier du marécage qui drainait en partie le plateau de la commune n’est pas sans risque. En effet les nouveaux terrains urbanisés culminent entre 0 et 3,00m seulement.
La zone a été asséchée par un système de pompage électrique, qui fonctionne continuellement. Ce mécanisme coûteux est soumis dans le cas d’une forte tempête ou d’orage, aux aléas d’une panne électrique.
“L’urbanisation de cette partie du territoire est due au laxisme, d’une municipalité qui n’aurait jamais dû accorder de permis de construire dans des cuvettes parfaitement identifiées”.
De plus, nous avons pu comprendre précédemment que l’urbanisation rendant les terrains imperméables était un frein à l’écoulement des eaux de mer ou pluviales, l’artificialisation augmentant alors la vulnérabilité du territoire.
Zone humide
La zone humide du centre de l’Ile qui sépare le bourg de Noirmoutier au reste de l’île est quant à elle dépourvue de digues de retraite ou d’obstacles d’un niveau suffisant pour empêcher l’eau d’inonder la zone. Seule une digue permet de faire obstacle face à l’océan, à l’Est. Elle reste donc très vulnérable dans le cas d’un scénario extrême. Cependant, le marais est relativement protégé par sa surface importante, ce qui implique une montée plus lente des eaux. Etant peu urbanisée, cette zone de marais salants (faisant partie du patrimoine de l’île) a peu de chance de subir lors de faible surcote, une submersion importante. Seule une brèche de grande dimension ou plusieurs brèches sur la cote ouest, des ruptures de digues, de berges d’étier ou d’écluses pourraient provoquer des dégâts majeurs.
Les nombreux fossés et marais auraient pour rôle de ralentir la montée menaçante des eaux sur ces terres.
Malgré tout, cette partie du territoire a en partie été inondée lors de la tempête du 28 février 2010 et reste une zone d’aléa fort, puisqu’en cas de submersion, en raison des marais et fossés, la circulation de piétons resterait dangereuse.
En résumé, une île aux aléas
Le plus souvent, les acteurs de l’aménagement du territoire parlent de “risque d’inondation” pour qualifier un danger de cru ou de submersion marine sur des terres.
Ainsi, à l’issue de cette première phase d’étude portant sur l’île de Noirmoutier, nous pouvons avoir un aperçu des risques qu’encourt chacun des territoires face aux risques d’inondations. Nous parlerons alors d’aléa de submersion. En effet, l’aléa représente la probabilité qu’un évènement à risque se produise. Ce facteur est souvent mis en parallèle avec les enjeux du territoire étudié, représentant la valeur humaine, économique ou environnementale des éléments exposés à l’aléa.
Mais ce n’est que dans un second temps que nous étudierons quels sont les enjeux sur l’île de Noirmoutier.
En revanche nous pouvons d’ores et déjà définir l’aléa de ce territoire, comme étant le risque de submersion marine par surcote ou franchissement des ouvrages de défenses en fonction de l’altitude des zones qui seraient impactées.
Pour définir l’aléa de l’île de Noirmoutier, le périmètre d’étude devrait inclure toutes les zones situées en dessous du niveau des plus hautes mers, c’est à dire 3,20m (sans surcote), tout en prenant en compte le fait qu’au cours de la tempête du 28 février 2010, le niveau retenu sur l’île était de 4,20m, ce qui représente au moins 70% de la surface de l’Ile.
Ainsi, sur la première carte exposée ci-contre, nous pouvons aisément nous représenter quelles sont les zones classées en aléa faible, moyen ou fort. Nous nous rendons compte que la majeure partie de l’ile est classée en zone d’aléa fort. Nous retrouverons tous les territoires que nous avons présentés précedement:
– la plaine de Barbâtre et ses habitations en pied de dune,
– l’ensemble de la Guérinière exceptée sa zone bâtie sur les dunes émergeant à plus de 5m,
– les zones les plus basses de l’Épine,
– le port de Noirmoutier avec le polder de Mullembourg, la nouveau lotissement des Roussières
– et bien sur l’ensemble du marais mettant à distance la ville de Noirmoutier-en-l’île, au reste du territoire.
Bien entendu, nous pouvons vérifier la concordance de ces zones d’aléa avec les niveaux les plus faibles, grâce aux courbes de niveau.
Les deux cartes suivantes permettent quant à elles de récapituler les parties du territoire se situant sous les 4m80 enregistrés lors de la tempête Xynthia au niveau des villes les plus touchées, comme à La Faute-sur-mer. Ce niveau de 4m80 est depuis pris comme niveau de référence sur une grande partie du territoire de la côte atlantique, notamment pour toutes les études menées dans un but préventif et de réappréhension des zones bâties.
La première des deux cartes, lissée, permet de mettre en évidence l’évolution de l’altimétie sur l’île, tandis que la seconde montre de manière franche l’ensemble du territoire se trouvant sous les 4m80 retenus.
Jusque dans les années 1960, les maisons traditionnelles étaient toutes construites à la limite des dunes, à une altitude minimum de 2,80mNGF. La présence de fossés et de mares réduisaient de manière importante les dégâts possibles, tant sur les biens que sur les personnes. Il y avait une véritable perception des dangers, élaborée au cours des siècles par les anciens de l’Ile.
Puis l’urbanisation, a peu à peu envahi des terres à risque, que les anciens avaient su préserver, le niveau minimum des zones à urbaniser dans les POS (aujourd’hui PLU) diminuant d’année en année, passant de 2,80m, il y a 50 ans, à une altitude totalement irresponsable de 1,80m aujourd’hui, dans certains cas.
Des études récentes montrent également que, de manière générale, le taux d’artificialisation des communes littorales est 2,7 fois supérieur à la moyenne métropolitaine. L’aménagement du littoral s’effectue donc avec un moindre respect de l’environnement que sur le reste du territoire.
Pour ces raisons, certains diront que la capacité d’accueil de l’Ile est aujourd’hui atteinte.
« On doit tout simplement accepter les limitations inévitables d’une Ile aux contours inextensibles. Au lieu de rechercher des développements hasardeux, on pourrait se consacrer au bien-être de l’ existant.
La prudence, le bon sens, à la lumière des connaissances actuelles, devrait retenir l’altitude de 2,20m comme altitude minimum de référence pour tout nouveau développement dans les zones d’aléa faible et moyen à fort » .
L’architecture sur l’île
Ainsi, nous avons pu nous rendre compte, au travers des différentes étapes d’urbanisation de l’île, aujourd’hui devenue excessive, qu’un certain nombre de transformations dégradent de plus en plus le cadre et la qualité de vie de ce territoire insulaire.
De plus, le tourisme de masse qui ne cesse d’augmenter accélère par la demande ces dégradations. En effet, plus de fréquentation, c’est aussi la construction de plus de lotissements, plus de consommation, de déchets, de pollutions. L’accroissement du trafic routier impose la construction de nouvelles routes, de parkings supplémentaires qui comme nous avons pu le voir, se transforment en barrage, accumulateur d’eau lors des tempêtes hivernales.
Serait-il possible pour les politiques et aménageurs de faire valoir en priorité un développement urbain harmonieux sachant s’adapter aux contraintes naturelles imposées par le territoire, sans pour autant mettre à mal l’économie du territoire, bien au contraire…
Les architectes ne pourraient-ils pas apporter des solutions quant à l’aménagement d’un territoire aux besoins nouveaux, jamais connus jusqu’alors, où la pression démographie s’accroît, en même temps que l’océan gagne du terrain. Une urbanisation responsable doit être accompagnée d’une architecture adaptée.
Le paysage dont nous avons hérité est le résultat d’une action collective et nous nous devons de le transmettre aux générations futures le plus possible en adéquation avec les enjeux qui les attendent.
Nous allons donc maintenant nous intéresser à l’écriture architecturale de l’île afin de comprendre son origine, puis ses adaptations contemporaines afin d’ensuite proposer des solutions en adéquation avec les constructions présentes depuis des décennies.
A Noirmoutier, on retrouve deux types architecturaux bien distincts, aux inspirations différentes.
L’architecture d’origine privée rurale, plus modeste, possède des caractères locaux très marqués tandis que l’architecture urbaine témoigne de l’ouverture de l’île aux modes du continent.
Cependant, encore aujourd’hui, ce sont les références plus rurales qui dictent l’architecture de l’île et même de l’ensemble de la Vendée.
Les volumes
Etonnament au vu des risques d’inondation que nous étudions, sur l’île les maisons doivent être construites, selon les règles traditionnelles d’urbanisme, le plus bas possible afin de dégager la vue sur le marais, principale richesse du paysage insulaire. Le but étant aussi d’avoir, depuis les points bas, une vue dégagée sur les massifs boisés surélevés, les divers ensembles urbanisés, le Château et les différentes églises. Il faut donc le moins d’obstacles possibles au regard.
Ce principe s’applique sur un très grand nombre de constructions du territoire Vendéen, ce qui a encore récemment coûté la vie à de nombreuses personnes lors de la tempête Xynthia, ne permettant pas aux habitants de se réfugier au niveau des étages.
Cependant, une autre volumétrie s’impose pour les maisons, héritée des anciennes fermes comportant des greniers de stockage. On retrouve aujourd’hui de nombreuses maisons avec un simple volume dominant, structurant le paysage bâti. Ce volume secondaire n’est pas toujours dans le prolongement du volume principale, il se trouve parfois en angle ou au dessus des dépendances.
Les maisons de bourg comportent souvent, quant à elle un volume haut. Les bourgs étaient à l’époque le lieu de résidence des plus riches, des commerçants. Posséder un étage était signe de richesse.
Jusqu’au milieu du 19ème, seule Noirmoutier-en-l’île possède une architecture de type véritablement urbain. Les autres agglomérations de l’île sont des petits bourgs (Barbâtre) ou des villages (l’Epine, la Guérinière, l’Herbaudière) majoritairement construites de maisons rurales que nous venons de décrire.
Contrairement aux maisons populaires qui restent très attachées au site, aux matériaux et coutumes, les maisons des grands négociants, hommes de loi, bourgeois puis des premiers estivants témoignent de cultures et de mouvements architecturaux extérieurs à l’île.
En effet, les estivants amènent de nouveaux types architecturaux : volumes plus complexes, jeu de couleur entre la pierre et la brique et apportent de nouveaux matériaux, importés, comme les ardoises ou tuiles mécaniques.
Les maisons bourgeoises, cherchent le plus souvent à s’isoler. On les retrouve au milieu de parcelles boisées, comme au Bois de la Chaise où un certain nombre sont encore présentes. Elles sont caractérisées par des toitures à 4 pentes. La grande pente des toitures fait naître un volume utilisable dans la charpente éclairée par une lucarne.
Les maisons urbaines sont les maisons des commerçants, artisans, marins nécessitant d’être dans les bourgs, ce qui a favorisé l’implantation d’un habitat dense. On distingue deux types de maisons urbaines de par la façade : la maison urbaine populaire, simple, mais colorée et la maison urbaine plus bourgeoise, plus réservée dans la coloration mais riche en détails de pierre.
Ces zones d’habitations très denses, de plain-pied ou à un étage, s’organisent le plus souvent le long des routes ou près des ports. Les parcelles sont plus étroites et profondes que celles des maisons rurales isolées, et comportent généralement plusieurs pièces en enfilade. De ce fait les constructions prennent souvent toute la largeur du terrain et protègent l’intimité des cours arrières. Cela engendre, sur les rues principales, un alignement de façades d’entrées.
Les façades arrières ouvrent sur une cour où se trouvent souvent des dépendances. Parfois un passage permet d’y accéder directement depuis la rue et rompt la continuité des maisons.
Sur les ruelles perpendiculaires, ce sont les murs de clôture et les pignons qui dominent.
Les murs de maçonnerie sont quasiment, avec les haies, le seul mode de clôture utilisé dans ces ruelles et entre voisins. Leur hauteur est généralement supérieure à 1m50 afin de protéger les jardins des regards et du vent. Le plus souvent se sont des murs en pierres « debout », bloquées les unes contre les autres. Ce type de mur est courant au nord de l’île, surtout au vieil, comme clôture ou comme défense contre la mer. De manière générale, les murs assurent la continuité des constructions et participent à l’unité. Plus le quartier est dense, plus ils sont hauts. Malheureusement ils se retrouvent aujourd’hui éventrés pour laisser rentrer les voitures.
Au travers de la mise en perspective de ces constructions de siècles différents, on remarque que l’architecture des maisons rurales de l’époque a très largement influencé l’architecture des maisons contemporaines, qui a finalement peu changé. Même si pour les locaux l’image de la vieille maison noirmoutrine est pendant longtemps restée l’image de l’inconfort d’autre-fois, les estivants, eux, ont toujours été très attirés par le charme pittoresque de ces maisons.
C’est dans les années 1960, que le style local émerge, avec l’image de la « vieille maison noirmoutrine ». Les nouvelles maisons, alors inspirées des rurales sont formées de volumes bas, avec de l’enduit blanc, des toitures en tuiles tiges de bottes, et des détails pittoresques comme les portes rondes cul de four, issues des constructions traditionnelles de méditerranée et très diffusées dans les revues.
Cette typologie de maison devient alors très connotée aux vacances.
On retrouve la maison avec surélévation partielle, désormais habitée ou bien la maison traditionnelle de plain-pied avec aucun volume en saillie. Dans les deux cas on retrouve une pièce de vie, complétée d’une ou plusieurs chambres, en rez-de-chaussée ou bien à l’étage si la volumétrie a été conçue pour. Les volumes principaux sont encore quelques fois complétés de dépendance.
Finalement, on remarque que l’organisation même du logement n’a que très peu changé, si ce n’est le transfert de certains usages. Il ne faut pas non plus oublier que pour certains, avoir une maison à étage est un rêve toujours trop coûteux.
L’homogénéité de l’architecture reste un des caractères les plus emblématiques de l’identité du paysage de l’île. Les façades sont toujours harmonieuses d’une habitation à l’autre, avec une quasi uniformisation de l’enduit blanc et volets bleus.
Cela ne veut pas dire que toute évolution est désormais impossible, mais elle doit se faire en coéhérence avec l’identité architecturale locale.
Nous comprenons alors, au travers de cette analyse du territoire que les enjeux sont multiples sur l’île de Nourmoutier.
L’enjeu sera donc de concevoir une architecture intelligente, adaptable en cas d’inondation tout en respectant l’habitat traditionnel. Le caractère spécifique de l’Ile et les différentes contraintes liées à la montée des eaux nous poussent à trouver des solutions architecturales innovantes et pérennes, tout en conservant la volumétrie et l’aspect extérieur identitaire du paysage architectural local avec une typologie pittoresque qu’il est nécessaire de protéger.
Les architectes vont devoir conjuger ensemble de multiples facteurs, afin de proposer une architecture répondant aux nouveaux enjeux climatiques et la montée du niveau des mers, significative sur ce petit territoire. Ils devront également apporter des réponses s’adaptant aux différentes typologies de territoires, devant cohabiter avec une architecture installée et identitaire, tout en préservant les habitants des risques de submersions auxquels ils sont confrontés.
Les dispositifs face aux risques
En introduction de cette partie sur les différents dispositifs présents sur l’île aidant à faire face aux risques, il semble important d’énumérer la nature de ces derniers.
En effet, chacun des territoires est soumis à ses propres risques, en fonction de la météo à laquelle il est exposé et aux entités naturelles auxquelles il doit faire face. Nous comprenons ici, que les risques à la montagne, de par la topographie du territoire et la météo ne sont pas les mêmes qu’un territoire des côtes confronté au comportement de l’océan ou aux vents violents…
Tout d’abord, il y a le risque d’inondation qui est la principale menace sur notre territoire d’étude.
Cependant, il s’agit de bien les qualifier afin de définir la nature de celles auxquelles nous sommes soumises. En effet, de manière générale, plusieurs types d’inondations peuvent se produire et les causes résultent de phénomènes multiples : pluie, crue, typhon, ouragan, tsunami, mousson, cyclone….
Les différents phénomènes qui peuvent avoir lieu au niveau des côtes vendéennes entrainent deux types d’inondations : les débordements d’étiers et les submersions marines, qui se produisent essentiellement en hiver ou au début du printemps, au vu des conditions climatiques.
Le risque de submersion :
A Noirmoutier, les zones à risque sont toutes les zones situées derrière les digues, les berges d’étier, ainsi que toute la côte ouest de l’Herbaudière à la Tresson, pour les raisons que nous avons pu mettre en avant précédemment. En effet, même si cette partie du territoire est naturellement protégée par de hautes dunes, elle doit cependant faire face aux assauts des vagues provenant tout droit de l’océan.
Le risque d’inondation pluviale
Ce risque est toujours présent lors de précipitations intenses ou de longues durées, dû en particulier aux difficultés d’évacuation des eaux. L’infiltration de l’eau dans le sol peut notamment être ralentie lorsque les marais sont composés d’argile, matériau imperméable, où l’eau ne pénètre que très lentement. Certains secteurs de Noirmoutier sont équipés de pompes électriques, aidant l’eau à être évacuée, comme sur la côte nord près du nouveau lotissement des Roussières. Cependant, la plupart du temps elles sont mal entretenues et donc inutilisables. Les secteurs les plus vulnérables restant les cuvettes ou les zones près des marais.
Aussi, il faut bien comprendre qu’il existe autant de types d’inondations qu’il existe de territoires inondables. C’est pour cela qu’il faut bien définir la nature de chacun d’entre eux pour comprendre quels sont les risques encourus.
Mais à Noirmoutier il y a aussi le risque d’érosion qui entre en jeu. En effet, le recul du trait de côte est un problème de grande importance qui menace à la fois les habitations mais également la faune et la flore des dunes. Lors de la tempête Xynthia, on a pu constater un recul dunaire important aux abords de la majorité des plages de l’île, le maximum étant de 60m au niveau de la pointe de la Fosse.
Paradoxalement, le risque d’avancée dunaire est également un risque notable puisque les volements des sables du cordon dunaire vers la plage diminue la hauteur des dunes et aide les vagues à franchir cette limite naturelle.
Les risques d’incendies sont très faibles sur l’île mais restent cependant présents au niveau des zones boisées.
Enfin, le dernier risque naturel à prendre en compte est le risque sismique, certes faible mais non négligeable puisqu’il existe une faille à Noirmoutier, orientée sud-est, nord-ouest à la frontière entre la plaine agricole et la zone du marais.
Catastrophes et cataclysmes sur l’île dans l’histoire
Depuis toujours, de nombreux phénomènes de submersion ont lieu sur l’Île de Noirmoutier et éprouvent ses côtes et puis, comme nous avons pu le constater, la géographie de l’île et ses aménagements type polders l’exposent tout particulièrement. Ainsi, nous allons dans cette partie recenser les tempêtes les plus marquantes afin d’avoir un aperçu sur la récurrence et les impacts qu’ont eu ces évènements qui ont touché l’île.
Il est difficile d’avoir un aperçu concret sur l’ampleur et la récurrence des tempêtes avant le 18ème siècle, faute d’écrits ou de traces. On peut retrouver toutefois des représentations en peinture des tempêtes ayant marqué la vie des insulaires, navigateurs, mais cela reste assez vague et peu précis.
L’évènement le plus ancien remonte au 5 juin 567, où la baie de Bouin, en face de l’île de Noirmoutier a été submergée.
Plus tard en 1075, on sait qu’un « fort vimer1 » a envahi les champs au niveau du moulin Bot à la Guérinière.
En 1351, la mer a reconquis de très grands territoires dans toute la plaine de Barbâtre.
En 1509, un ouragan a déchainé la mer qui a rompu la digue au niveau de l’ancien moulin de Pulant et l’eau a envahi la plaine de la Guérinière. De fortes tempêtes de ce type se sont reproduites en 1548, 1556, 1563, 1571, 1572 et 1588.
En 1638 c’est un raz de marée qui inonda une grande partie de l’île…
En 1705 : « A la Guérinière, où la largeur de l’île ne dépasse pas 500 m, un «vimer» ouvrit une brèche dans la dune et l’océan en furie s’élança par ce passage. Tout au long du XVIIIe siècle, il y eu à cet endroit de nombreuses alertes de ce genre et les insulaires reconstruisant infatigablement quelques chaussées pour empêcher la dune de reculer, colmatant les brèches, et craignaient surtout de voir l’île séparée en deux ».
Enjeux humains et économiques
« L’île de Noirmoutier est une terre d’entreprises, au rayonnement qui dépasse de loin nos frontières naturelles ».
Les habitants de l’île de Noirmoutier ont, au fil des siècles, su développer des savoir-faire spécifiques : production de sel, de blé, de pommes de terre, élevage, pêche… Le territoire a donc été peu à peu aménagé en fonction de ces activités et de leurs besoins, propre à chacune. Les différentes zones, qu’elles soient ostréicoles, artisanales, commerciales sont la plupart du temps groupées et participent ainsi à la définition du paysage de l’île. Les rares constructions isolées nécessaires doivent alors rester discrètes afin de préserver le paysage plat et dégagé qui affirme la géographie de l’île.
Sur l’île de Noirmoutier, les activités primaires sont encore très présentes et s’exercent, surtout pour les activités aquacole, ostréicole2 et conchylicole3, à proximité immédiate de la mer et en particulier derrière les digues de la côte Est, et au niveau des communes de l’Epine et la Guérinière.
Elles sont une source importante d’emplois sur l’île et sont donc indispensables pour l’économie locale.
Les bâtiments consacrés à ces activités sont bas et constitués de matériaux économiques : murs de parpaings, enduits ou bardages, toiture en tôle (pas de matériaux nobles tel que la tuile). Ils sont également caractérisés par leur simplicité volumétrique. Traditionnellement et encore aujourd’hui dans les préconisations urbanistiques, la hauteur de ces infrastructures doit rester proche de la ligne d’horizon afin de dégager la vue au loin. Il arrive même que certains bâtiments soient peints en partie basse d’un enduit noir afin de réduire l’effet de hauteur et accentuer l’horizontalité.
Du fait des exigences volumétriques et de proximité avec la mer, les installations présentes sont donc susceptibles de connaître des dommages importants lors de submersion, la pérennité des bâtiments étant le principal enjeu.
Il serait donc intéressant de voir ce qui est proposé pour leur pérennité.
L’activité salicole, est très importante sur l’île. On compte encore aujourd’hui 130 sauniers. Cette activité repose sur un système de gestion de l’eau salée dont les ouvrages sont également vulnérables en cas de submersion. En effet, son exploitation se fait exclusivement dans les marais salants, occupant la partie médiane de l’île et représentant un quart de sa superficie. Ils sont en totalité inondables, non seulement par le niveau très bas des marais mais également par leur système d’alimentation par les étiers, qui en cas de forte de pluie et débordement rendent la zone très vulnérable.
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Table des matières
Introduction
I- Entre Terre et Mer : L’île de Noirmoutier
1- Un territoire
1- Topographie de l’île Noirmoutier
2- Urbanisation de l’île et logiques d’implantations
3- L’Architecture de l’île
2- Les dispositifs face aux risques
1- Catastrophes et cataclysmes sur l’île dans l’histoire
2- Enjeux humains et économiques
3- La limite des ouvrages de protection
3- Un retentissement : la gestion de l’après-tempête Xynthia
1- La tempête
2- La culture du risque
3- La mise en place d’un PPRL sur lîle de Noirmoutier
II- Les réponses venues d’ailleurs
1- Savoir faire et expérimentations Néerlandaises
1- Histoire et enjeux aux Pays-Bas
2- Les dispositifs architecturaux éprouvés
2- Habiter les bords de la Tamise
1- État des lieux de la menace anglaise
2- Alternatives urbaines et architecturales
3- Architecture adaptée aux inondations: Concours RIBA
1- Le Concours RIBA
2- Les projets Lauréats
III- Les solutions transposables à Noirmoutier
1- Les solutions envisageables
1- Comparaison des enjeux
2- Les projets
2- Dessin d’un nouveau paysage architectural pour l’île
1- Impact sur le paysage
2- La prise en compte du risque naturel par l’architecture, un atout?
Conclusion
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Bonjour,
Auteur de l’ouvrage « Catastrophes et Cataclysmes dans l’Ile de Noirmoutier depuis le IIIème siècle » publié par Le Petit Pavé en décembre 2020, votre article m’interpelle et m’étonne, en particulier par le grand nombre de réminiscences facilement décelables, ce qui s’apparente malheureusement à un plagiat. Ces emprunts sont non seulement fournis par des éléments du livre la plupart du temps modifiés dans leur structure, mais aussi par des éléments issus d’articles disponibles sur le site de l’association « Vivre l’Ile 12sur12 » ou lisibles dans les textes d’autres d’autres ouvrages sur l’Ile.
Par ailleurs, cela abouti à un travail complet non dénué d’intérêt.
Bien à vous
JLE