Une situation liée à des conditions physiques

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Les contraintes et faiblesses de la filière sériciculture à Madagascar

Tout d’abord, les capacités à se placer sur le marché international, avec adaptation aux normes internationales du fil, la compétitivité de prix du fil malgache par rapport à celle du marché international ainsi que le risque d’effondrement des prix des cocons et de démotivation des paysans producteurs, constituent les principaux problèmes des marchés, selon les affirmations des techniciens et sériciculteurs.
Pour la part des exportations, elle est très faible en comparaison aux volumes mondiaux. Cette part ne représente que quelques dizaines de tonnes sur un marché de 800 000 tonnes. Pour information, la Chine tient encore largement la tête dans cette répartition mondiale. Le fait est que par rapport à celui du marché mondial, le prix des fils malgache est 2 à 3 fois plus cher, ce qui peut expliquer sa non-compétitivité, tout en ne répondant pas aux caractéristiques du marché international.
Une autre faiblesse de cette filière est que l’intégration de l’environnement influe considérablement sur l’élevage du ver à soie. Or, les pesticides se répandent et les feux de brousse sont de plus en plus fréquents et intenses, ce qui ne favorise guère le développement et la croissance du ver à soie.
Un autre constat aussi est que les élevages traditionnels peu productifs prédominent encore. Certes, les soins et protections pour ce type d’élevage sont encore négligés. En même temps, les matériels et les équipements utilisés sont archaïques et rudimentaires ce qui implique une mauvaise qualité de fils produits. En parallèle, les habitudes de déforestation pour le tavy, ainsi que l’accroissement des feux de brousse engendrent une perte considérable en zones occupées par les plantes nourricières comme les mûriers, et réduisent aussi fortement les surfaces favorables. Le niveau de la communication constitue également un autre point faible au développement de la filière. L’information est quasi inexistante à différents niveaux et acteurs, et les données statistiques peu fiables, d’où l’impossibilité de prendre des décisions efficaces. Enfin, le manque des matières premières ne permet pas le développement des marchés et du secteur tissage. La production insuffisante est également due à la faible surface plantée de mûriers, par les contraintes foncières. Par ailleurs, les compétences séricicoles des artisans devraient être renforcées même s’ils ont le dynamisme et la volonté de vouloir développer la filière soie. Au final, les prix des produits finis sont relativement chers en raison du prix élevé des cocons et le manque de la production de fil de soie sur le marché national.
Il faut savoir que des fléaux frappent aussi la filière, dont fait partie les invasions acridiennes.

Madagascar, sous une menace permanente d’invasions acridienne

De nombreux fléaux touchent Madagascar annuellement et le fléau acridien en fait partie. En fait, la Grande Ile est toujours menacée en permanence par les invasions acridiennes. Les séries d’invasion successives qui ont touché le pays peuvent justifier l’ampleur des impacts de ce fléau. Madagascar a connu une invasion épisodique d’invasion acridienne de criquets migrateur (Locusta migratoria capito) et de criquets nomade (Nomadacris septemfasciata). Ce criquet migrateur est considéré comme le plus économiquement dangereux, menaçant les cultures et les pâturages pendant leur périodes d’invasion.

Un fléau qui créé un autre

Que ce soit, soie sauvage ou soie d’élevage, le secteur se dégrade depuis quelques années. Cette dégradation peut être expliquée par une production qui ne cesse de diminuer. Dans le cas de la soie sauvage, les vers à soie évoluant dans un milieu naturel, les criquets ont envahi leur territoire et avec la lutte antiacridienne, certains individus ont disparu. S’ajoutant à cela, les feux de brousse, la culture sur brûlis.
Pour appuyer cette idée, Jocelyn Rasoanaivo, directeur du partenariat et de la professionnalisation au ministère de l’Élevage a affirmé que « Cette espèce tend à disparaître. Actuellement, à cause de ces aléas, on ne la retrouve que dans des forêts lointaines ou bien dans des zones protégées. La lutte antiacridienne est, par ailleurs, une priorité puisque les criquets détruisent leur milieu. »8 Dans le cadre de notre étude, la principale espèce qui est prise en compte est le ver à soie mûrier. Le principe est qu’aucun élevage de vers à soie mûrier n’est réalisé que s’il n’y a pas de feuilles de Mûrier. D’où l’importance de tenir compte de sa plantation afin d’assurer une bonne production. La culture du mûrier, appelée encore Moriculture, est la base de la sériciculture. Ainsi, en l’absence de feuilles de mûriers, il n’y aura pas une production de cocons puisque les vers se nourrissent exclusivement de ces feuilles.
A titre d’information, à part étant la nourriture de base du ver à soie, les mûries présentent également des bienfaits pour l’environnement. En fait, ils protègent les bassins versants et restaurent la fertilité du sol. Par ailleurs, la bonne croissance du ver à soie est reliée étroitement à la qualité de la feuille. La nature du sol, la façon de tailler les mûriers, les précipitations, l’irrigation sont des paramètres qui influent sur la bonne qualité des feuilles. Quand le mûrier pousse sur une bonne terre, l’arbre retient mieux l’humidité, sa feuille contient plus d’eau et de protéine, moins d’hydrates de carbone et de fibre.
Il existe une liste des principaux ennemis du ver à soie, qui sont essentiellement des parasites et insectes prédateurs comme9 :
– Criquets et Termites.
– Puceron, Cigale, Chenille, Jassides (parasites de coton).
– Moucheron.
– Hanneton, capricornes ou longicornes.
– Araignées rouge.
Ainsi, les criquets font également partie des ennemis du ver à soie.
La technique de production de cocons repose essentiellement sur la maîtrise parfaite du calcul des besoins en feuille dans l’élevage. Pour 1 kg de cocons, il faut 20 kg de feuilles. Ainsi, il faut 1 000 pieds de Mûriers sont indispensables pour 100 cellules.
Récemment, à partir des chiffres qui ont été recueillis, la filière de la soie sauvage utilisée par de nombreuses industries artisanales, est en péril à Madagascar, avec une production qui a chuté de 50% en 2014 sur la Grande Ile. En fait, les principales causes qui ont entraîné cette baisse considérable sont les multiples feux de brousse qui ont ravagé l’habitat naturel des vers à soie sauvage ; il y a également le dérèglement climatique, avec une hausse du thermomètre enregistrée ces dernières années, qui a touché directement les colonies de vers et a modifié leur système biologique ; et enfin une autre cause qui a été mentionnée est la prolifération des essaims de criquets qui ont provoqué la destruction des végétations où les vers à soie trouvent leur nourriture. Ce dernier fléau a amplifié le phénomène à Madagascar. On peut même dire qu’à cause de ces phénomènes qui ont subsisté et persisté récemment, la sériciculture tend vers une grave dégradation.
Si les longues pluies depuis le début de l’année ont été très favorables à la reproduction et au développement des criquets, le feu de brousse, la culture sur brûlis et la surexploitation humaine n’ont cessé de faire des ravages dans les foyers de la soie malgache, dont à Analamanga, Itasy, Amoron’i Mania et Mahatsiatra Ambony. Par conséquent, la récolte est devenue ardue pour les familles productrices de cette filière.
Un autre fait marquant qui a été constaté par rapport à cette production de soie en baisse dans différentes localités productrices, est que les artisans accusent les pesticides utilisés durant la campagne antiacridienne comme une des causes. Dans le contexte de cette idée, la lutte antiacridienne n’a pas seulement contribué à la réduction de l’invasion acridienne mais a également entraîné la mortalité parmi les larves de soie, selon les producteurs.
«Nous avons constaté que nous obtenons difficilement des cocons. Au moment où les larves de ver vont passer au stade de cocon, ils sont réduits en une poudre blanche comme de la craie. Selon les estimations, les pesticides utilisés pour éradiquer les criquets ont affecté les mûriers alors qu’à cette phase, les larves doivent être bien nourries»11, affirme Brigitte Rahajandrainy, productrice de soie à Ambohidrabiby et artisane du cluster Salohin’ Analamanga.
La même situation a été constatée chez d’autres producteurs implantés à Mahitsy et Ankaranana sur la route de Tsiroanomandidy. De ce fait, cette baisse de la production a entraîné une hausse du prix de la matière première sur le marché. D’après les informations livrées par des producteurs de soie, certains ont vu leur production chuter jusqu’à moins de 50%.

La démarche choisie, une démarche déductive

L’approche adoptée est une approche déductive. Une problématique a été définie et des hypothèses ont ensuite été posées ; ce sera à partir des travaux de terrain que ces hypothèses seront vérifiées grâce aux résultats acquis. Entre temps, l’étape de la documentation est une étape fondamentale dans la réalisation de ce travail. En effet, cette étape a déjà été entamée depuis la réflexion sur la formulation exacte du sujet.

Choix du sujet

Le choix du sujet de cette étude qui s’intitule « Les impacts des invasions acridiennes sur la sériciculture : cas de la Commune Rurale de Mahitsy, Région Analamanga » a été dirigé par une série de réflexions, complétée par des recueils d’informations et une documentation. Cependant, ce sujet peut aussi être considéré comme en rapport à notre mémoire de Maitrise qui a porté sur le thème : « Impacts des invasions acridiennes sur le développement rural, cas d’Isoanala CR de Betroka ».
Le contexte actuel a également été un élément qui a poussé à faire le choix du sujet car la production de vers à soie a connu une forte baisse ; la prolifération des criquets a été citée comme une des principales causes de cette baisse (outre la variabilité climatique et l’accentuation des feux de brousse).
Par ailleurs, Madagascar est encore actuellement sous la menace d’une invasion acridienne généralisée. Le développement des acridiens est fortement lié aux conditions naturelles, principalement la température et la précipitation. Aussi, les essaims sont parvenus à sortir des aires grégarigènes jusqu’à coloniser des aires d’invasions dont les Hautes Terres. Or, l’élevage des vers à soie est concentré sur les hauts plateaux.
Le milieu naturel, notamment le climat et la végétation, conditionnent aussi le développement des vers à soie. Cela est lié à notre Parcours qui est le Parcours 1 : Milieu Naturel et Science de la Terre. En même temps, la direction des essaims est liée aux conditions physiques, notamment le sens du vent.
La sériciculture peut pourtant contribuer de façon importante dans l’économie de Madagascar. La filière joue également un rôle important dans le secteur du tourisme.
Ainsi, toutes ces idées nous ont poussé à faire le choix de la présente étude et dans la formulation de son intitulé.

Choix de la zone d’étude

D’après la légende, c’était le roi Andrianampoinimerina qui a donné le nom de Mahitsy car pour le passage à Mahitsy était le meilleur raccourci (Mahitsy eto) pour relier les collines environnantes. D’où le nom de Mahitsy. Mahitsy est une Commune rurale de Mahitsy de la région Analamanga, dans la partie Nord-Ouest d’Antananarivo, à 30 km du centre-ville.
La rivière de Mamiomby à Andringitra, long de 20km, traverse la plaine de Moriandro et se jette dans l’Ikopa. Elle passe par la Commune Rurale de Mahitsy et la Commune Rurale d’Ambohimanjaka.
Le nombre de la population de la Commune rurale de Mahitsy est de 43 390 avec une densité de 301 hab. / km2. La taille de ménages est de 4 personnes par ménage.

Adoption de questionnaires pré-établis

Pour conduire les études sur terrain et collecter les informations, deux types de questionnaires ont été élaborés (cf. Annexe I et II). Le premier est celui destiné aux responsables des institutions publiques et autorités locales. En fait, pour ce premier type de questionnaire, l’objectif est de pouvoir acquérir des informations au niveau des administrations tout en restant toujours dans le cadre de notre étude, comme les informations sur les législations ou encore les rôles des entités concernées dans le cas d’une situation d’invasions acridienne et par rapport aux actions entreprises pour la protection des sériciculteurs.
Le second type de questionnaire est destiné aux sériciculteurs eux-mêmes. Il a été décidé de garder les questionnaires anonymes pour pouvoir soutenir le maximum d’informations aux enquêtés. En effet, les enquêtés, surtout dans les zones rurales, ont toujours tendance à se méfier des genres d’enquêtes ou d’interviews du fait qu’ils pensent que celui-ci pourrait avoir une idée piège. Par ailleurs, les questions qui constituent le questionnaire sont toutes à caractère ouvert afin de collecter des informations qualitatives et il est de plus possible pour les enquêtés de rajouter des informations additionnelles qui n’ont pas été réfléchies à l’avance. Pour la démarche de l’enquête, les questions sur les activités des sériciculteurs sont posées en premier, puis viennent ensuite les questions sur les activités acridiennes et leurs impacts, et enfin l’enquête se termine par les questions qui font les liens entre les deux domaines.

Echantillonnage

Les principales zones où les artisans producteurs ont été identifiées à l’avance à partir des enquêtes auprès du responsable au niveau des fokontany et autres Organisations opérant dans la zone. Ainsi, les descentes ont tout d’abord été focalisées dans ces zones.
Les personnes interrogées sont principalement des agriculteurs comme ils pratiquent à la fois la sériciculture comme activité complémentaire à l’agriculture. Les agriculteurs sont le plus souvent au champ dans la journée et il est impossible de prévoir quelles personnes seront présentes au village et disponibles pour les entretiens. Ainsi, une méthode a été utilisée, avec un taux d’échantillonnage de 5%, qui consistait à prendre contact avec les agriculteurs et de prendre rendez-vous en les prévenant à l’avance de la visite à partir d’une liste provenant d’un responsable d’Association qui a déjà travaillé et formé ces personnes.

Enquête sur terrain

Le travail sur terrain a duré près de deux semaines. Les entretiens se sont déroulés de la manière suivante : Quelle que soit la personne interrogée, quelques points sont abordés en début d’entretien : la présentation de l’enquêteur ; une brève présentation des objectifs de l’étude ; et la réponse au « Pourquoi moi ? ». A chaque entretien, le nom de la personne était noté afin de la retrouver par la suite si des précisions s’avéraient nécessaires. Si celle-ci s’inquiète d’être reconnue et de voir ses propos divulgués, nous lui précisions que les données des enquêtes seraient présentées de manière anonyme. Les informations obtenues lors des entretiens ont toujours été récoltées par prises de notes.
Une partie des acteurs ont été interrogés selon un mode d’entretien libre. La personne était alors questionnée d’une manière très large sur ses activités et sur ses implications dans la filière soie. Les questions ont été posées en fonction de leur agencement dans le questionnaire.

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Table des matières

INTRODUCTION
Première partie : LA DEMARCHE ADOPTEE
I.1. Mise en contexte du sujet
I.1.1. La place de la sériciculture à Madagascar
I.1.2. Madagascar, sous une menace permanente d’invasions acridienne
I.1.3. Un fléau qui créé un autre
I.2. Approche adoptée
I.2.1. La démarche choisie, une démarche déductive
I.2.2. Etude bibliographique
I.2.3. Elaboration des croquis
I.2.4. Travaux de terrain
I.2.5. Difficultés et limites rencontrées
I.2.6. Recoupement et analyse des informations collectées
Deuxième partie : CONSTATS ET SUGGESTIONS APPORTEES
II.1. La filière séricicole : victime des invasions acridiennes
I.1.1. Une situation liée à des conditions physiques
I.1.2. Interprétation des résultats des études sur terrain
II.2. Les produits utilisés en lutte anti-acridienne, nocifs pour les vers à soie, et l’environnement
II.3. Les suggestions
II.3.1. Faire connaître et renforcer la législation sur la sériciculture
II.3.2. Cartographier les zones de sériciculture
II.3.3. Application des biopesticides :
II.3.4. Adoption de la lutte biologique/lutte préventive
II.3.5. Mise en place d’un système d’alerte :
II.3.6. Responsabilisation des sériciculteurs :
CONCLUSION GENERALE
Bibliographie

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