Une montée en puissance de l’intérêt des lecteurs et des internautes pour l’autonomie et ses enjeux

Pour Castoriadis, “être autonome, c’est être capable de gouverner et d’être gouverné”. Et il ajoutait, dans une émission donnée à France Culture, en 1983 : “ Je pense que l’autonomie, l’autogouvernement, c’est le contrôle de ce qui peut être contrôlé, la décision collective, le fait de se dégager de pouvoirs dont on ne reconnaît pas la légitimité, de reconnaître que c’est la société elle-même qui créé ces lois, que nous avons à décider de ce que nous avons à faire. ” Nous ne nous sommes pas privés de puiser dans l’œuvre immense qu’a constitué tout au long de sa vie le philosophe Cornelius Castoriadis, qui a mis au centre de sa réflexion ce concept qui centralise tout le propos de ce mémoire, à savoir la notion de l’autonomie. Cet auteur est connu pour avoir élaboré et promu une démarche d’auto émancipation autonome visant à rompre avec l’imaginaire social construit sur la croyance en des autorités extra-sociales : Dieu, l’État, etc…qui incarnent quant à eux l’hétéronomie. L’étymologie de ce mot provient du grec autos : soi-même et nomos : loi, règle. Ce concept extrêmement polysémique est employé dans plusieurs champs d’application, et peut-être possiblement appréhendé sous différents angles de vue, voire différents degrés de considération.

Si nous devions choisir par quel angle nous pourrions analyser notre rapport au monde, considérant notre implication en tant que citoyen, l’un des plus importants est celui de la manière dont nous l’habitons. L’humanité a trouvé au fil de son évolution des réponses face à un environnement hostile et à l’organisation de la société humaine. Au croisement de l’histoire, de la psychologie, de la sociologie et de la communication (ce qui est donné à voir au travers des bâtiments), l’architecture et plus largement l’urbanisme traduisent la manière dont les individus envisagent leur rapport au reste de la société. L’unité d’habitation en dit beaucoup sur le mode de vie de ses habitants, et sur leur vision du monde. Y a-t-il un jardin ? La maison est-elle isolée, partagée, construite par ses propriétaires ? Autonomie et organisation spatiale du lieu de vie sont très étroitement liées.

En philosophie morale, l’autonomie est considérée comme la capacité d’un individu à agir par lui-même en suivant ses propres règles de conduite. Dans une situation d’autonomie idéale, l’individu n’est influencé par aucune doctrine ou autre conduite imposée par une autorité, quelle qu’elle soit. Une conduite autonome fait se remettre en question en permanence les sujets qui questionnent alors le sens de leurs actes. Elle met en mouvement l’esprit du sujet qui doit avoir reçu (dans l’idéal) une éducation riche et approfondie en philosophie, sociologie, et histoire. L’importance fondamentale de la formation de l’esprit est indispensable à l’exercice futur de l’autonomie citoyenne, et est considérée par tous les théoriciens de cette notion comme étant nécessaire et indispensable. Être au fait du concept de l’autonomie est un outil précieux afin de faire face ou de résister intelligemment s’il le faut à un pouvoir trop autoritaire sous toutes les formes qu’il puisse prendre. Cette idée sous tend la réflexion de Cornelius Castoriadis, mais aussi nombre de penseurs généralement tous au fait de la pensée de Marx, et qui pour certains d’entre eux ont participé activement aux mouvements sociaux qui ont accompagnés le XXième siècle, partout en Europe. Ils sont nombreux parmi les milliers de manifestants dans les rues, dénonçant les conflits et les abus de la société de consommation, saisissant les armes politiques, s’exclamant qu’une nouvelle société devait voir le jour. L’autonomie est toujours au cœur d’actions militantes politiques qui mettent en avant l’action directe, c’est à dire au plus près des citoyens sans attendre le concours des autorités ou des administrations territoriales. Les premiers groupes de ce genre, d’inspiration marxiste sont apparus en Italie, et ont mis en avant l’autonomie ouvrière et le militantisme syndicaliste. D’autres mouvements sont ensuite nés spontanément suite à la crise économique touchant l’Europe à partir des années 70 (l’Allemagne, la France avec Action Directe, au Royaume-Uni…). Ces mouvements politiques (souvent violents) ont inspirés de nouvelles générations d’associations pacifistes et militantes contemporaines (altermondialistes, écologistes, et autonomistes). L’exemple de l’association parisienne CAP ou pas cap? est de ce point de vue intéressant, dans l’héritage de cette culture autonomiste, de cette volonté de fédérer les alternatives citoyennes au niveau local (ici la ville de Paris), afin de renforcer le tissu des associations parisiennes tout en permettant aux habitants de renouer avec la gestion de leurs quartiers et de l’utilisation des biens et services qui leurs sont nécessaires .

Dans le domaine des objets dits “autonomes”, et qui nous intéresse également pour la suite de cette étude, il faut entendre dans le terme “autonomie” la capacité des objets à se suffire à eux-mêmes pendant un laps de temps déterminé. Cependant, il faut noter que cette dénomination vise plutôt à qualifier l’autosuffisance ou “autarcie provisoire”, dont peuvent bénéficier les divers appareils concernés grâce à une accumulation préalable d’énergie, et/ou des mécanismes générateurs (piles à combustibles, panneaux photovoltaïques, éoliennes…). Ce domaine de recherche nous a également orienté vers un certain nombre d’inventions mises au point afin de lier nouveaux modes d’habitat et autonomie de leurs habitants, sous toutes les formes qu’elle puisse prendre, citoyenne comme énergétique.

Internet, un formidable catalyseur d’informations 

L’apparition récente d’outils en ligne permettant la mise à la disposition du public de prises de paroles multiples, a facilité grandement la mise en visibilité de thématiques nouvelles et la possibilité de débattre en temps réel de sujets variés. La toile compose une constellation de savoirs disponibles en ligne, des parutions les plus diffusées à la prise de parole la plus discrète, et est composée d’une immensité de savoirs que tout à chacun peut appréhender avec un minimum de notions en informatique. Cette disponibilité est rendue possible grâce à la facilité d’accès et de maniabilité des supports médiatiques numériques (blogs, sites conçus grâce à des systèmes de gestion en ligne sans aucune édition HTML…) .

Le corpus médiatique que nous avons donc déterminé au préalable est composé principalement d’articles issus de pureplayers et de journaux en ligne (qui peuvent être des traductions numériques d’articles parus sur papier également). Le choix que nous avons justifié d’ouvrir notre corpus à un ensemble de titres non spécialisés nous semble être le plus pertinent afin de démontrer une réelle prise de conscience de la part des citoyens de l’importance des enjeux en termes de respect de l’environnement, mais il s’accompagne aussi de la formation (au travers des nombreuses illustrations et photographies) d’un imaginaire nouveau. La mise en commun d’informations à l’échelle du monde et la recherche d’occurrences de termes spécifiques au sujet qui nous importe peuvent nous permettre de déceler des prises de parole émergentes et mobilisatrices, que les citoyens peu à peu s’approprient. La multiplicité des discours, la diversité de leurs énonciateurs et leur marge de progression s’observent à toutes les étapes de la mise en place d’un projet, du discours d’intentions à la galerie photo mettant en valeur les réalisations achevées.

Il existe quatre domaines de références dans lesquelles se développe le concept d’autonomie dans les parutions médiatiques: santé, politique, économie et société. En ce qui nous concerne, nous constatons en suivant les fils RSS des médias divers et variés que la thématique de l’autonomie est de plus en plus régulièrement débattue et cela au travers de prismes très différents. On y parle d’autonomie politique et du développement de la démocratie participative , de la montée en puissance de l’ESS (économie sociale et solidaire) et de leurs partenariats institutionnels , ainsi que de la manière dont ces aspirations transforment l’aspect de nos espaces de vie.

Ces occurrences ont notamment été repérées au cours de nos recherches sur des sites tels que Konbini, Slate, Huffington Post, BFM Business, France Culture, Nouvelobs, Arte, titres de presse quotidienne régionale… et des articles faisant suite aux reportages TV (bfmtv.com / francetv.info). Ce qui apparaît de manière récurrente dans ces publications, ce sont les nouveaux procédés de construction ainsi que les nouveaux matériaux à haute performance énergétique . Il est d’ailleurs intéressant de noter que ces articles comportent des liens hypertextes vers des sites développés par des particuliers, et comportant de nombreux tutoriels afin de construire par soi même un habitat et des installations promouvant l’autonomie énergétique et alimentaire. Y sont aussi présentés les projets et l’idéologie qui les ont portés, ainsi que les témoignages des résidents. La nature des objets médiatiques sélectionnés dans ce mémoire montre comment ces enjeux sont devenus des préoccupations largement partagées et sont sorties du domaine marginal pour prendre toute leur place au sein de notre débat social. La redondance de ces thèmes dans les publications ainsi que la demande du public concernant ces sujets a incité les rédacteurs des grands titres de presse à créer de nouvelles rubriques afin d’inventorier ces articles. Par exemple, Le Monde possède désormais une sous catégorie “habitat” dans la rubrique “Planète”, et Le Parisien avec sa rubrique “Ville durable”. Quant à Ouest-France, c’est dans la rubrique “Maison”, que sont recensées les nouvelles méthodes de constructions plus respectueuses de l’environnement, et pour l’Express “Habitat et déco”. Pour exemple, Konbini poste un article le premier juin 2016 : « Un quartier autosuffisant va bientôt voir le jour près d’Amsterdam » .

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
Une montée en puissance de l’intérêt des lecteurs et des internautes pour l’autonomie et ses enjeux
Internet, un formidable catalyseur d’informations
Reprendre la main sur nos environnements matériels
Charaudeau: le changement de ton des parutions médiatiques est significatif de l’implantation ou non d’une problématique dans l’opinion publique
Repenser le monde au travers des constructions qui nous permettent de l’habiter
L’espace de la maison au cœur de notre attention
Comment l’habitat incarne notre vision du monde
Une maison qui vous ressemble
Imaginer ensemble et collectivement la manière dont nous voudrions repenser nos modes de vie, d’habitat et de gouvernance: des initiatives avant-gardistes prennent la parole
Qu’entend-on par “écoquartier” ou “habitat participatif” ?
Des initiatives qui prennent la parole
Des initiatives communicantes et foyers du dialogue collectif: mise en scène de la vie dans ces quartiers
Conclusion générale
Bibliographie raisonnée
Ouvrage et articles scientifiques
Ouvrages professionnels
Plan des Annexes

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *