A Madagascar, Diégo-Suarez est la plus septentrionale de toutes les villes malgaches. Elle est fortement marquée par l’histoire ancienne et récente de la Grande Ile. Cette histoire, justement, n’a pas manqué de laisser des empreintes indélébiles sur cette partie de l’île découverte par les Portugais Diégo et Suarez ; le royaume merina qui a étendu son territoire sur l’ensemble de l’île (la mer est la limite de mon royaume selon le roi Andrianampoinimerina), les colons français avaient un fort ancrage militaire dans cette cité, les républiques successives depuis l’indépendance en 1960 ont changé le visage de la ville.
La ville de Diégo-Suarez (latitude Sud 12° 16’ 984’’, longitude Est 49° 17’ 384 ‘’) s’étend sur une superficie de 47 km2 . Elle s’installe sur le bord Sud d’une baie portant d’ailleurs le nom de la ville (la Baie de Diégo). Le PDU (Plan Directeur de l’Urbanisme), actuellement PUD (plan de l’urbanisme directeur), définit les axes prioritaires de l’urbanisation de la ville. Dans cette optique, le secteur primaire (agriculture, élevage, pêche et mines) et le secteur secondaire (artisanat, industrie) marginalisés sont atrophiés. Par contre, l’hypertrophie du secteur tertiaire (administration, services, transports, santé, tourisme, éducation, …) dont témoignent le POS (plan d’occupation du sol) et la COS (carte d’occupation du sol) est flagrante.
Actuellement, l’extension de la ville vers le Sud, c’est-à-dire vers Morafeno est un fait indéniable. Cette extension ne peut se faire vers l’Ouest où sont implantés les districts et vers l’Est à cause de la limite naturelle matérialisée par l’Océan Indien.
Une géomorphologie semi-circulaire et une structure urbaine à noyau architectural colonial
Une géomorphologie semi-circulaire
Une extension vers le Nord limitée par la Baie de Diégo-Suarez
La commune urbaine de Diégo-Suarez est limitée au Nord par la Baie portant le même nom que la ville, l’anse de la Dordogne et celle de Melville. Cette morphologie signifie que cette contrée a sa limite pour le lancement de son urbanisation : « PDU à partir de 1975 et PUD à partir de l’année 2003 ». L’anse de la Dordogne constitue une sorte de petite baie à l’intérieure d’une baie limitant la ville dans sa partie Nord-Ouest ; elle a été façonnée par les courants marins où la synergie entre les dépôts marins et le substratum géologique y est de mise. Il en est de même à l’Est du port avec l’anse de la Melville qui se prolonge par Ramena.
Influence de l’Océan indien sur le climat de Diégo-Suarez
L’Océan indien a une grande influence sur la ville de Diégo-Suarez, notamment le taux de salinité estimé à 36 g/litre, la régulation thermique et l’apport en humidité. En effet, l’Océan indien joue pleinement son rôle au niveau de la climatologie ; d’où l’existence d’un microclimat dans la pointe Nord de Madagascar.
Le vent quasi permanent dénommé dans le langage vernaculaire « varatraza » résulte de l’Alizé soufflant du Sud-Est vers le Nord-Ouest. L’Alizé, après avoir franchi l’obstacle orographique, descend vers la Baie complètement desséché. Ce vent sec change le microclimat qui diffère de celui du versant oriental de la Grande Ile. La mousson du Nord-Ouest en novembre-mars n’a pas une grande influence sur le micro-climat de Diégo-Suarez. Cependant, le « varatraza », en tant que vent saisonnier, influence très peu le total pluviométrique. Les rafales de vent sont modiques, c’est-à-dire qu’au cours de la saison estivale et hivernale, le total pluviométrique ne dépasse pas 350,4 mm.
La baie de Diégo, aux eaux calmes, contraste avec l’entrée de la baie appelée communément la « passe » où l’on enregistre des vagues et des houles énormes provenant de l’océan. Cette zone est sujette aux éventuels passages des cyclones tropicaux car la ZCIT peut s’y implanter par la différence isobarique. Le service météorologique national et la direction sont unanimes et affirment que parmi les (08) cyclones naissant annuellement dans l’Océan Indien, 2 à 3 frappent la partie septentrionale de Madagascar.
Barrière collinaire occidentale
A l’Ouest, la ville de Diégo-Suarez est limitée par des collines au sommet arrondi dont la plus haute altitude ne dépasse pas 450 mètres par rapport au niveau général de la mer (NGO) ; au pied de ces montagnes s’installe un relief vallonné. Ce relief explique, en partie, l’insuffisance des précipitations du fait de l’alizé et de la mousson qui ont laissé tomber leurs charges d’humidité aux versants exposés aux vents. Le changement climatique micro régional s’explique par l’effet de Foehn.
La végétation diffère de celle du versant oriental ou de celle du versant occidental (dont la couverture végétale est luxuriante) ; elle est en relation directe avec la diminution de la pluviométrie.
L’effet de Foehn se traduit spatialement par une diminution de la pluviométrie, donc un changement climatique. C’est ce qui se passe dans la Baie de Diégo avec des précipitations moyennes annuelles de 950 mm. La végétation autour de la baie est de type savane herbeuse avec des palmiers « satrana » résistant au climat tropical semi-aride. La sécheresse n’est pas un handicap pour la construction des immeubles. Bref, la barrière montagneuse sur la partie occidentale du site empêchant l’influence de la mousson détermine une zone spéciale bien balayée par le « varatraza ». Cette zone recèle des ressources naturelles cosmopolites vivant en symbiose au gré des vents et des faibles précipitations.
Vaste couloir ou corridor du Sud
La partie australe de la ville est constituée par un vaste couloir ou bien un corridor habitable et constructible. Cet espace se prête parfaitement à l’extension spatiale de la cité dont la population ne cesse d’augmenter avec une vitesse grand « V ». On peut citer, entre autres, le quartier de Morafeno dominé en majeure partie par des populations allogènes. En quelque sorte, malgré les caprices du temps, cette contrée australe est encore apte à accueillir les immigrants venus des quatre points cardinaux. Les quelques accidents de relief et la mentalité des autochtones ne constituent pas un obstacle à l’entrée des immigrants. Le développement urbain dans cette partie de la ville ne pose aucun problème majeur ; les frais d’aménagement ne sont pas exorbitants car les terrassements ne coûtent pas chers.
Les données des tableaux précédents montrent que dans la partie Nord de Madagascar, on a une saison sèche très marquée et très longue d’Avril à Novembre et une courte saison humide de Décembre à Mars. Les précipitations varient en dents de scie tout au long de l’année. Elles varient également d’une année à l’autre. Les mois d’octobre et novembre sont les mois les plus secs de l’année ; ils peuvent avoir des moyennes de précipitations frôlant le nul. La moyenne pluviométrique annuelle ne est de 950 mm. On est donc dans un milieu à climat humide.
Un tissu urbain semi radioconcentrique à parcellement inégal
Existence de quartiers appropriés de haut standing
Les quartiers riches occupent la partie Nord de la ville de Diégo-Suarez. Ils sont délimités au Nord par l’anse de la Dordogne, à l’Ouest par le port de la Nièvre, à l’Est par l’anse de Melville et au Sud par la place de l’indépendance. Dans cet espace, le plan d’urbanisme est suivi à la lettre, les diverses constructions respectent les règles de l’art et les différentes populations coexistent d’une manière pacifique.
C’est dans ces quartiers que le plan radioconcentrique est le plus remarquable. Il faudrait voir tout cela à partir de la place Foch. Les rues partent de cette place ; elles sont rectilignes (Exemples : La rue de la Marne, la rue Colbert, …). A ces rues s’ajoutent les boulevards, notamment le boulevard Sakaramy, le boulevard militaire pour ne citer que ceuxlà. Les zones et les parcelles sont quadrillées par ces rues et ces boulevards. Dans les parcelles, existent des quartiers dont les constructions ont les formes géométriques habituelles. D’autres quartiers, cependant, n’ont pas le même style de construction. Les bâtiments les plus remarquables et inoubliables sont l’Hôpital Principal, l’Hôpital Militaire et la Caserne, le port de la Nièvre, l’Hôtel de Ville, la Capitainerie du Port, les Douanes, la Résidence du Chef de Province, le Tribunal et la Place Kabary . Les constructions modernes sont nombreuses dans les différents quartiers de la zone ; elles constituent à la fois les noyaux et les pôles d’attraction de la ville.
Du point de vue de la répartition spatiale de la population , c’est dans ces quartiers que résident les familles aisées ; elles y exercent quelquefois leurs activités principales, voire secondaires. Après le départ de la plupart des Français (en particulier des Légionnaires de l’Armée Française) en 1972, les plus riches commerçants indopakistanais, les Métis ou les Mulâtres, les hauts fonctionnaires nationaux qui ont habité la zone intermédiaire, envahissent ces milieux à haut standing.
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Table des matières
INTRODUCTION
Chapitre I : – Une géomorphologie semi-circulaire et une structure urbaine à noyau architectural colonial
1.1 : – Une géomorphologie semi-circulaire
1-1-1- Une extension vers le Nord limitée par la Baie de Diégo-Suarez
1-1-2- Influence de l’Océan indien sur le climat de Diégo-Suarez
1-1-3- Barrière collinaire occidentale
1-1-4- Vaste couloir ou corridor du Sud
1-2- Un tissu urbain semi radioconcentrique à parcellement inégal
1-2-1- Existence de quartiers appropriés de haut standing
1-2-2- Concomitance des quartiers moyennement lotis pour l’extension des quartiers résidentiels
1-2-3 : – Prédominance des quartiers sous intégrés à constructions illicites
1-3 : – Voies d’accès du type plan sans plan
1-3-1 : – Route nationale unique et ramifiée
1-2-3 : – Tendance à la ramification des routes d’intérêt provincial (RIP)
1-3-3 : – Ramification des CIP et des PIC
Chapitre II : – Une société semi multiraciale
2-1 : – Prédominance des Antakarana
2-1-1 : – Une évidence historique
2-1-2- Acceptation des us et coutumes
2-1-3 : – Pluralité des groupes ethniques
2-2 : – Afflux des Allochtones malgaches
2-2-1 : – Proportion moyenne des Sakalava
2-2-2 : – Présence des « Betsirebaka »
2-2-3 : – Les autres groupes ethniques
2-3: – Existence et prolifération des Métis
2-3-1: – Les relations matrimoniales entre les Indopakistanais et les Malgaches
2-3-2 : – Prédominance des métis européano-malgaches
2-3-3- Les autres liaisons
Chapitre III : – Une économie en voie de polarisation
3-1: – Un apport non négligeable de la fiscalité
3-1-1: – Taxes sur les transactions
3-1-2 : – Impôts sur les biens matériels
3-1-3 : – Analyse sur le plan administratif et juridique des relations des différentes composantes de la population
3-2 : – Dépendance macro-économique de l’arrière-pays
3-2-1 : – Atout du secteur primaire régional
3-2-2 : – Abondance de la main-d’œuvre
3-2-3 : – Existence des voies d’accès saisonnier
3-3 : – Développement progressif du secteur tertiaire
3-3-1 : – Multiplication des infrastructures sanitaires
3-3-2 : – Normalisation de l’éducation
a- Infrastructures
b- Enseignement supérieur
b-1- Université Nord de Madagascar
b-2- Institut Supérieur de Technologie (IST)
3.3.3.- Le tourisme dans sa vitesse de croisière
a.- Tourisme social
b.- Tourisme économique
CONCLUSION