Une géographie de l’Orthodoxie roumaine en France

Le réseau religieux orthodoxe roumano-moldave solidaire : une organisation socio-spatiale translocale 

De l’objet géographique au sujet : de l’Eglise orthodoxe de Roumanie aux paroisses de l’immigration roumano-moldave et à leurs effets sur les territoires 

Malgré plus de deux siècles de présence dans l’espace français métropolitain , le christianisme orthodoxe n’a que très peu retenu l’attention des chercheurs en sciences sociales . L’arrivée croissante de migrants orthodoxes, issus pour la plupart d’anciens Etats socialistes, dans l’espace ouest-européen renforce l’intérêt porté à cette Eglise orthodoxe. Parmi ces immigrés, les Roumains et Moldaves se distinguent des autres migrants par leur nombre (Pittau, Ricci, 2015). L’Eglise orthodoxe de Roumanie se trouve ainsi directement concernée par ces dynamiques migratoires massives. Ce projet doctoral s’attache à reconnaître la pertinence d’un tel objet dans le cadre de la géographie. Cette thèse analyse les rapports à l’espace eurooccidental (à travers des situations étudiées en France) de l’Eglise orthodoxe de Roumanie via son diocèse ouest-européen. La thèse questionne également les potentiels apports de cette Eglise à l’espace français. Le territoire canonique de cette Eglise orthodoxe de Roumaine inclut la Roumanie et la Moldavie. Aussi, parler d’orthodoxes roumains revient-il à inclure les fidèles et le clergé moldaves sous la juridiction du patriarcat de Bucarest .

Cette thèse s’inscrit dans trois échelles. L’organisation de la Métropole Orthodoxe Roumaine d’Europe Occidentale et Méridionale (MOREOM), diocèse de l’Eglise orthodoxe de Roumanie, les territoires de réception de ce diocèse et la façon dont la MOREOM s’est construite dans ces territoires d’accueil. A partir de ces trois échelles viennent autant de points d’attention qui fondent le sujet d’étude. Le premier est une thématique générale qui se focalise sur le mode d’appropriation et la production de nouveaux espaces par les acteurs du religieux orthodoxe roumain et particulièrement les paroisses de la MOREOM . Le deuxième renvoie au contexte spécifique de l’étude : la présence d’acteurs du religieux orthodoxe de nationalité roumaine et moldave en France. Enfin des terrains que sont la région parisienne, l’ouest de la France, soit deux grands ensembles territoriaux avec leurs spécificités constituent le troisième point.

Pratiques et productions spatiales des migrants orthodoxes roumains et moldaves dans l’espace euro-occidental et français

Cette recherche repose sur l’étude des pratiques sociales et spatiales des acteurs religieux orthodoxes roumano-moldaves mais aussi sur leurs vécus et perceptions socio-territoriales multiscalaires.

« On entend par pratiques sociales tous les déplacements, toutes les fréquentations concrètes de lieux, tous les actes spatialisés que l’individu mène dans son milieu. […] [Elles] créent une communication mais aussi une médiation interindividuelle autorisant la fabrication de représentations communes » (Buléon, Di Méo, 2005 : 40). 

Les pratiques socio-spatiales locales des acteurs orthodoxes roumains et moldaves ne prennent leur sens véritable que si elles sont considérées comme étant intégrées à un système « acteurspratiques » considéré et analysé à différentes échelles, du local à l’international, ou encore à l’échelle transnationale ou translocale. L’étude de ces pratiques socio-spatiales permet de mettre en évidence les rapports et apports à l’espace de ces migrants orthodoxes en co présence en France et en Roumanie ou Moldavie.

Une entrée par les pratiques spatiales des acteurs plutôt que par le territoire permet de mettre en évidence les territorialités de ces migrants roumains et moldaves et la manière dont ils produisent leurs espaces-lieux . Interroger le degré d’ancrage territorial des Roumains et Moldaves qui s’installent sur le territoire français, c’est décrypter le rapport à l’espace de ces immigrés. Ces mêmes migrants sont ceux qui font vivre cette Eglise orthodoxe. C’est, autrement dit, mettre en exergue des affects qui fondent ce rapport aux territoires investis par les acteurs du religieux orthodoxe roumain.

L’émergence récente d’un diocèse de l’Eglise orthodoxe de Roumanie dans l’espace ouesteuropéen

La MOREOM est l’une des trois métropoles créées, après la fin de la période communiste, hors des frontières canoniques de l’Eglise orthodoxe de Roumanie. Ce diocèse existe sous cette forme depuis 2001. Il succède à l’archevêché d’Europe occidentale créé en 1998, lui-même héritier de l’archevêché d’Europe centrale et occidentale qui existait durant la période communiste. Cette métropole est une composante de l’Eglise orthodoxe roumaine qui s’étend au-delà des frontières de la Roumanie.

Ce diocèse s’est (re-)constitué suite aux bouleversements géopolitiques de la fin du XXème s., au moment de la chute des régimes communistes européens. Ceux ci ont engendré des mouvements migratoires d’importance en direction de l’espace euro-occidental. Si cette situation d’immigration roumaine et secondairement moldave n’est pas nouvelle, elle a pris une nouvelle dimension depuis la révolution de 1989. Les premières mesures dérogatoires permettant la circulation de ces immigrés roumains dans l’espace Schengen en 2002, puis après l’entrée de la Roumanie au sein de l’espace communautaire en 2007 ont renforcé ces circulations dans l’espace européen. La Moldavie bénéficie quant à elle de la politique de voisinage de l’Union européenne. Aussi, face à cette mobilité croissante de ses fidèles vers l’Europe occidentale, l’Eglise orthodoxe roumaine a dû s’adapter. Qu’est-ce à dire ? L’Eglise roumaine a nécessairement eu besoin de fournir des réponses ecclésio-territoriales adéquates face aux dynamiques migratoires impulsées par la nouvelle donne politico-économique post1989. La création de la MOREOM est l’une d’elles .

Par ailleurs, qu’est-ce qui permet à cette Eglise orthodoxe de Roumanie de se présenter comme acteur transnational  légitime aux yeux des immigrés roumains et moldaves ? D’après Dima (2013 a, b), plusieurs dimensions décrivent cet enjeu :

-En premier lieu, les infrastructures territoriales de l’Eglise sont les plus développées parmi tous les acteurs roumains en présence en Europe occidentale. Cela garantit à l’Eglise une assise territoriale dans les pays où il existe des groupes de populations roumaines d’importance (Dima, 2013 a, b et Pnevmatikakis, 2014). Cet ancrage lui confère un avantage décisif par rapport à tout autre acteur ou agent ayant des relations de pouvoirs vis-à-vis de ce qu’il est commun de nommer « diaspora orthodoxe roumaine » (Dima, 2013 a, b). L’Etat roumain en légitimant cet état de fait attribue à l’Eglise orthodoxe un rôle de contrôle des masses migrantes. Par extension, cette attitude est aussi celle du pouvoir moldave.

-Deuxièmement, l’Etat roumain, en s’appuyant sur l’Orthodoxie roumaine, s’impose en tant que grande nation orthodoxe en pleine expansion territoriale. Ainsi, le patriarcat de Bucarest serait l’acteur(-agent), privilégié associé de l’Etat roumain. Ce soutien à l’Eglise permettrait alors à l’Etat de développer des ambitions géopolitiques pour imposer la Roumanie en tant que nation orthodoxe majeure (Dima, 2013 a, b et Pnevmatikakis, 2014). L’Eglise orthodoxe roumaine est « non seulement en symphonie avec l’Etat, mais aussi avec la nation » (Gillet, 1997 : 158).

-Enfin, le sentiment d’appartenance collectif articulant religion et nationalité, qui découle de cette articulation nation-Eglise pourrait faire de l’Eglise orthodoxe de Roumanie le meilleur fédérateur de l’immigration roumano-moldave : « au lieu d’affaiblir les liens avec les origines, les mouvements transnationaux renforcent et, parfois, revitalisent les discours sur les origines » (Capone, 2010).

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Table des matières

Introduction générale
Partie I. Poser l’objet, présenter le sujet : de l’Eglise orthodoxe de Roumanie à l’étude des paroisses orthodoxes roumano-moldaves en France
Chapitre 1 : La MOREOM, un diocèse périphérique de l’Eglise orthodoxe appelé à jouer un nouveau rôle
Chapitre 2 : L’étude du fait religieux en géographie et questionnements autour de l’objet d’étude
Chapitre 3 : Une posture méthodologique, observer et faire raconter, dévoiler le processus
Partie II. Contexte et enjeux de l’étude : analyser les paroisses orthodoxes roumanomoldaves dans leurs rapports à l’espace et au fait communautaire
Chapitre 4 : Trois terrains, trois situations distinctes pour autant de constructions socio-spatiales singulières
Chapitre 5 : Les paroisses orthodoxes roumano-moldaves dans leur(s) rapport(s) à l’espace
Chapitre 6 : Les paroisses orthodoxes roumano-moldaves, un lien entre communauté supposée et réseaux d’acteurs multiples
Partie III. Les paroisses orthodoxes roumano-moldaves dans leurs apports à l’espace français
Chapitre 7 : Les dynamiques de production des paroisses orthodoxes roumaines et moldaves. De la formation des espaces sociaux au réseau de lieux : un processus commun
Chapitre 8 : Des apports différenciés des paroisses orthodoxes roumano-moldaves à l’espace français
Chapitre 9 : La paroisse orthodoxe roumano-moldave, un espace social de solidarités plurielles : co-construites, entre-soi, dans l’altérité
Chapitre (épilogue) : Les paroisses orthodoxes roumano-moldaves au temps du Covid-19
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes
Tables

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