Une explication de l’emergence de la tontine par le marche

Les années 1980 marquent le début de la crise économique et l’adhésion des pays africains dont Madagascar au Fonds Monétaire International et à la Banque Mondiale. Implicite dans les années 1970, le secteur informel a pris de l’ampleur au point de concurrencer, à son avantage, le secteur formel. La raison de l’émergence du secteur informel c’est que le Continent noir s’est vu le nombre de sa population qui a augmenté considérablement, ce qui n’est point proportionnel à sa croissance économique. Au cours de la même période, la population urbaine s’élevait au rythme de 6% par an et celle des villes périphériques de 10%, alors que l’accroissement des emplois offerts dans le secteur formel ou secteur moderne ne représentait que 2%. Très vite, la demande d’emplois est apparue supérieure à l’offre.

Le développement du chômage urbain, conséquence logique de la crise économique, s’est accompagné de l’émergence et de l’essor du secteur informel. C’est une question de survie de ces populations refusées par le secteur formel. Le secteur informel joue un rôle d’adoption des migrants et un rôle d’accueil des agents économiques exclus du secteur officiel. C’est en fait l’incapacité de l’Etat de répondre aux besoins fondamentaux de la population dans les domaines de l’emploi, de la santé, du logement et de l’éducation qui est à l’origine du foisonnement du secteur informel.

Face à la déconfiture et à la désertion des pouvoirs publics, le secteur informel est venu en quelque sorte à la rescousse du modèle légal (formel). Le secteur informel, en Afrique, a pris une importance telle que la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International ont pris la résolution de l’encourager, et dorénavant, d’insérer ses activités dans les stratégies de développement du continent. Le secteur informel occupe aujourd’hui une grande place dans les économies des pays en développement. Si les premiers travaux de recherche se sont d’abord portés sur la dimension réelle du secteur informel, en particulier sur le marché du travail et sur le marché des biens de consommation, c’est tout récemment que les économistes se sont penchés sur la dimension financière du secteur informel. En effet, il existe également une segmentation au niveau des circuits financiers. A côté du système financier formel qui ne touche que les grandes sociétés et les agents économiques les plus solvables, s’est développée une finance informelle qui donne la possibilité à l’ensemble de la population non bancarisée d’avoir accès au crédit, et donc de remplacer la finance formelle. Cette finance informelle se caractérise principalement par une grande souplesse au niveau organisationnel, par de faibles coûts de transaction – voire nulle – et repose sur des formes traditionnelles très anciennes. Mais c’est aussi une inadéquation des systèmes financiers formels face aux exigences du développement, laquelle a favorisé le développement de ces pratiques. Le secteur financier informel est d’une grande hétérogénéité et diffère selon les pays. Mais la forme la plus connue et la plus répandue de finance informelle est l’association rotative d’épargne et de crédit, connue sous le nom de « tontine ». Longtemps ignorées par les chercheurs, ces pratiques tontinières existaient pourtant depuis plusieurs décennies, et elles ont constitué un réservoir d’épargne important pour les pays en développement.

Aujourd’hui, les bailleurs de fonds multinationaux encouragent une nouvelle stratégie pour diminuer la pauvreté : c’est la microfinance. La microfinance constitue pour les pauvres un moyen d’entrer dans le formel et un moyen d’accéder au crédit dont ils ont besoin. A Madagascar par exemple, même si le pays a encore du chemin pour couvrir toute l’ile, on rencontre une institution de microfinance dans 21 régions sur les 22 existantes. Donc le gouvernement encourage également cette politique en définissant en 2004 la Stratégie Nationale de la Microfinance (SNMF). En effet, les membres de ces institutions se sont accrus considérablement dès le début de l’initiative et le programme à envisager de toucher un large frange catégorie de la population qui embrasse toutes les différentes activités. Mais, il existe toujours une catégorie de la population qui n’a pas pu accéder à ces petits prêts : ce sont les plus pauvres. En effet, la pratique ou la condition d’adhésion dans une institution requiert que l’on soit membre d’une association (sauf pour une société de microfinance à but commerciale) pour avoir accès à un crédit. Or, au niveau de ce groupe ou association des membres, les plus pauvres (qui n’ont rien pour rembourser les prêts en cas de non remboursement du prêt) se trouvent déjà exclus. La seule solution pour eux pour pouvoir accéder à un financement, c’est de participer à une tontine.

UNE EXPLICATION DE L’EMERGENCE DE LA TONTINE PAR LE MARCHE 

LA SITUATION DU MARCHE DE CREDIT

Dans la théorie libérale, le marché est le lieu de rencontre entre l’offre et la demande, et il est le régulateur de l’économie. Le marché de référence est celle de concurrence pure et parfaite qui suppose les hypothèses suivantes : Atomicité, Fluidité, Transparence du marché et Homogénéité des produits.

La dérèglementation du marché
La dérèglementation est une composante de la politique économique d’inspiration libérale. Elle vise à donner plus de place à l’initiative individuelle et à la régulation par le marché dans le fonctionnement de l’économie, en supprimant certaines dispositions réglementaires .

Le système financier reposait initialement sur des structures et des règlementations instaurées dans les années 1930, lesquelles mettaient l’accent sur la stabilité et la sécurité, et dans lesquelles l’intermédiation bancaire jouait un rôle essentiel. A la fin des années 1970, ces systèmes, trop protégés et trop encadrés, révèlent leur défaut: ils orientent mal les investissements, créent une rente de situation pour les banques et auraient favorisé des dérèglements majeurs comme l’inflation ou le surendettement des pays en développement.

L’asymétrie d’information 

C’est une situation qui se traduit par le fait qu’un individu détient plus d’information qu’un autre sur un bien ou sur les états de la nature. Elle est une source d’inefficience du marché, elle peut même empêcher que s’effectuent des transactions mutuellement bénéfiques. Car il se peut que la partie la moins informée refuse l’échange ou la signature du contrat, du fait qu’elle se méfie de l’autre partie dont elle pense qu’elle va utiliser ses avantages informationnels dans son seul intérêt.

La théorie de l’agence
La définition la plus classique d’une « relation d’agence » est donnée par Jensen et Meckling, dans un article de 1976 : « Nous définissons une relation d’agence comme un contrat par lequel une ou plusieurs personnes : le mandant ou le principal engage une autre personne : le Mandataire ou l’agent pour exécuter en son nom une tâche quelconque qui implique une délégation d’un certain pouvoir de décision de l’agent ». Cette relation recouvre en fait « toute une relation entre deux individus telle que la situation de l’un dépende d’une action de l’autre » : l’individu qui agit est l’agent, la partie affectée est le principal. Les relations d’agence donnent lieu, en générale, à des asymétries d’informations pour deux raisons. D’abord, le mandataire en sait plus que le mandant dans l’accomplissement d’une tâche, et puis les coûts d’agences sont élevés. Pour remédier à ces inconvénients, le principal va s’efforcer de prévoir par contrat des modalités de l’action de l’agent lui permettant de ne pas lésé. Généralement cette théorie s’efforce de donner les principes contractuels qui fournissent aux rapports principal – agent la plus grande efficience possible.

L’aléa moral
Le problème de l’aléa morale se rencontre dans deux cas principaux : soit le «principal » (le mandant) ne peut pas contrôler l’action de l’ « agent » (le mandé), qui peut en profiter pour « tirer au flanc », soit le principal peut observer l’action, mais n’a pas la possibilité d’en juger l’opportunité .

La sélection adverse
Généralement le prix est un signal de la qualité. Si l’information est asymétrique, il ne peut plus jouer ce signal, ce qui crée des dysfonctionnements. On parle de la sélection adverse pour montrer que l’agent victime du manque d’information risque de sélectionner uniquement les mauvais produits . Toutes ces théories nous permettent de démontrer que la tontine est un modèle de rationalité. Les agents économiques sont rationnels. La dérèglementation du marché entraine, pour les agents rationnels, de trouver un nouveau mode de financement ou un nouveau mode d’allocation efficace de leur ressource. En ce qui nous concerne, les agents économiques se tournent de plus en plus vers la finance informelle pour épargner en vue de réaliser dans le futur leur projet, pour financer leur projet actuel.

APPROCHE THEORIQUE DE L’ECONOMIE INFORMELLE 

La notion d’économie informelle fut employée pour la première fois dans une étude de Keith Hart (1973) sur le Ghana : qui englobe les travailleurs pauvres, exerçant un travail pénible, dont les activités économiques ne sont ni reconnues, ni règlementées par les pouvoirs publics et qui sont caractérisées par :
– Une facilité d’accès ;
– Une utilisation par les entreprises de ressources locales ;
– Des technologies à forte intensité de main-d’œuvre ;
– Une propriété familiale des entreprises ;
– Une petite échelle de production ;
– Des marchés de concurrence non réglementé ;
– Des qualifications acquises hors du système scolaire officiel .

L’analyse sur la théorique néo-classique

Deux approches orthodoxes peuvent être distinguées :
La première voit, dans l’économie informelle, la réalisation idéale de la concurrence pure et parfaite. En effet, la théorie de Marché de Concurrence Pure et Parfaite est empêchée par l’Etat : protectionnisme, mesure légale, bureaucratie excessive, rigidité des salaires, etc. Cet ensemble de mesure empêche le marché de fonctionner de manière compétitive. Pour échapper à ces entraves, se déploient, à la marge, des règles légales, afin de contourner ces barrières à l’entrée. L’économie informelle est une manifestation d’un « capitalisme aux pieds nus » (De Soto 1994).

La deuxième, dans la ligne des modèles dualistes (Lewis 1954), considère l’apparition de l’économie informationnelle comme une nouvelle manière de penser l’hétérogénéité des structures de l’économie.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : UNE EXPLICATION DE L’EMERGENCE DE LA TONTINE PAR LE MARCHE
I- LA SITUATION DE MARCHE DE CREDIT
I – 1 La dérèglementation du marché
I – 2 L’asymétrie d’information
I – 2 – 1 La théorie de l’agence
I – 2 – 2 L’aléa moral
I – 2 – 3 La sélection adverse
II- APPROCHE THEORIQUE DE L’ECONOMIE INFORMELLE
II – 1 L’analyse sur la théorique néo-classique
II – 2 L’analyse structuraliste
II – 3 L’analyse socio-économique (Nyssen, 1996 ; Gaiger 1999a et 2000 ; Defourny et al., 1998)
II – 3 – 1 L’économie populaire
III- LES TROIS SECTEURS DE LA FINANCE A MADAGASCAR
III – 1 La finance formelle
III – 2 La finance informelle
III – 3 La microfinance
III – 3 – 1 La stratégie du gouvernement pour soutenir la microfinance
Trois grandes orientations ont été opté pour y parvenir :
III – 3 – 2 Les organismes actifs en microfinance
III – 3 – 3 L’offre des institutions de microfinance intervenant à Madagascar présente les caractéristiques suivantes
IV- L’ASSOCIATION D’EPARGNE ET DE CREDIT ROTATIF : LA TONTINE
IV – 1 Les différentes formes de tontines
IV – 1 – 1 Les pratiques individuelles d’épargne et de crédit
i- Les gardes monnaies
ii- Les tontiniers ou banquiers ambulants
IV – 1 – 2 Les pratiques collectives d’épargne et de crédit
i- Les formes courantes de tontines
ii- Les formes élaborées de tontines
IV – 2 L’évolution financière de la tontine
IV – 2 – 1 La défaillance de la finance intermédiaire : la microfinance
IV – 2 – 2 Problèmes rencontrés par les institutions de microfinance à Madagascar
i- Au niveau d’octroi de crédit
ii- Autres problèmes
IV – 2 – 3 L’endettement de la population
i- Le mécanisme
ii- Les formes de l’endettement
iii- Les dimensions de l’endettement
iv- Les conséquences
IV – 3 Succès et innovation tontinière
IV – 3 – 1 Le succès de la tontine
IV – 3 – 2 Innovation tontinière et vitesse de circulation dans les tontines mutuelles
i- Innovation tontinière de produit et de processus
ii- L’efficience des systèmes des tontines : l’efficience allocative et organisationnelle
PARTIE II : ESSAI DE MODELISATION SUR LE COMPORTEMENT D’EPARGNE ET DE CREDIT ROTATIF : LA TONTINE
I- PRESENTATION DES DONNEES
I – 1 Les données
I – 2 Méthodologie de travail
I – 2 – 1 L’analyse de données
I – 2 – 2 L’analyse économétrique
II- ANALYSE DE DONNEES : Analyse en correspondance Multiple (ACM)
II – 1 Tableau multiple : Analyse Factorielle Multiple
II – 1 – 1 Les valeurs propres
II – 1 – 2 Contribution et qualité de la représentation
II – 1 – 3 Représentation graphique
i- Sur les axes 1 et 2
ii- Sur les axes 1 et 3
II – 2 Les modalités illustratives
II – 2 – 1 Caractéristiques sociodémographiques et économiques
II – 2 – 2 Comportement d’épargne
II – 2 – 3 Comportement dans une institution de microfinance
II – 2 – 4 Comportement tontinier
III- LE MODELE LOGIT : estimation des différentes variables
III – 1 Présentation du modèle
III – 2 L’estimation des paramètres β: méthode maximum de vraisemblance
III – 3 L’estimation du modèle logit sur la participation à une tontine
III – 3 – 1 Suivant la caractéristique sociodémographique et économique de l’individu
III – 3 – 2 Suivant le comportement d’épargne de l’individu
III – 3 – 3 Suivant l’adhésion de l’individu dans une institution de microfinance
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE

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