Une échéance programmée : friches culturelles et urbanisme transitoire

AU MÊME MOMENT EN EUROPE

En 1974, le groupe Kraftwerk, réalise l’album Autobhan, qui aura une influence considérable, puisque popularisant l’utilisation des synthés, mais dans une esthétique beaucoup plus froide que celle que l’on retrouve dans la disco.
Leur influence portera toute une série d’artistes, tout d’abord les musiciens des mouvances new wave et post punk, chaînons entre le rock et la techno, puis plus tard les musiciens de Detroit.
De ces expérimentations, mélangées à l’héritage du rock, émergent les musiques industrielles comme le post punk et l‘EBM1, dont la contestation est plus violente et cynique en réaction à la contestation pacifique et hédoniste des années 70 de la disco.
Influencée par ces musiques post-industrielles typiquement européennes, et par la vague plus commerciale qu’est la disco, née la Synthpop. Essentiellement représentée par des groupes anglos saxons, sous les années de fer Tatcher, caractérisés par des jeunes s’exprimant en musique, avec une mélancolie ambiante, comme Depeche mode ou New Order.
La Synthpop, chaînon manquant entre disco et house, peut être considérée comme une sorte de House européenne avant l’heure, l’EBM représentant sa soeur plus underground et expérimentale, représentée par des artistes tels que Front 242, Cabaret Voltaire ou encore Nitzer Ebb.

TECHNO ET HOUSE DE NOUVEAUX STYLES TOUJOURS CANTONNÉS À LA MARGE URBAINE

A partir de 1985 les synthétiseurs et boîtes à rythme sont commercialisés à des prix permettant la multiplication de ce qu’on appelle les home studios. Dorénavant, les personnes pourront produire chez elle, ce qui va pousser à l’expérimentation et au développement de nouveaux styles musicaux. Les musiques Techno et House naissent dans les quartiers populaires de Chicago et Détroit, villes industrielles (Chicago, New York) ou post industrielles (Detroit). Touchées par la misère sociale, leurs centres urbains voient les zones d’activité tomber en désuétude pour finir en énormes friches industrielles. On peut faire le parallèle pour Sheffield et les autres villes anglaises où ont émergé les musiques dites industrielles, précurseurs de l’EBM et de la synthpop.
« c’est une constante : les musiques électroniques naissent dans les villes industrialisées de l’hémisphère nord depuis les années 50 , elles semblent orienter les choix technologiques des créateurs et influencer leur esthétique »1
Chicago puis New York verront naître la House, autour de deux principaux clubs, chacun ayant leur dj résident, et un style de house bien particulière :
– Le Warehouse, avec Frankie Knuckels. Ce dernier mélange au cours de ses sets ses différentes influences à savoir la disco, la synthpop, ou encore kraftwerk. Ses sons de mix sont enrichis d’une boîte à rythme : durcissant la musicalité, cette approche amorce l’explosion de la house dont le nom vient de la contraction du nom Warehouse. Knuckles finira par ouvrir son propre club, le Power Plants. Comme pour la disco à ses débuts, la house s’adresse à un public revendicateur et en quête de reconnaissance : l’essentiel du public appartient aux communautés afro américaine et homosexuelle.
Le Garage : Le dj résident est Larry Levant, la population est essentiellement homosexuelle, mais sans le côté jet set du studio . En revanche, toutes les couleurs de peau se mélangent sur le dancefloor. Hybridé avec un restaurant ainsi qu’un cinéma, le Garage devient une institution de l’underground New Yorkais, comme le fut le Loft de Manusco. New York voit aussi naître les « warehouses parties ( fêtes de hangar), organisées dés le début des années 80 autour des dance musics éléctroniques dans les entrepots abandonnés du quartier de brooklyn, à l’instar des block parties prenant la rue pour y faire surgir le rap dans le bronx dix ans auparavant ».
Les clubs s’inscrivent, comme pour la disco, dans les zones urbaines délaissées par les classes dominantes, ce qui correspond à cette période aux centres des villes américaines, délaissées au profit du développement des suburbs. Les clubs, diffusant de la House, restent cantonnés dans les quartiers noirs et plutôt pauvres de Chicago et New York, avec un impact fédérateur moindre que celui du hip hop ou de la disco.
Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, comme il y a peu de diffusion en magasin et qu’internet n’existe pas encore, le club est un lieu primordial car il est l’espace de test des productions. Si cette dernière passe le test du dancefloor, la track a alors des chances d’être produite . On peut prendre l’exemple avec acid house, testée la première fois en club avec une production de dj Pierre.
Détroit, voisine de Chicago dans la région des grands lacs, a connu un passé industriel florissant, siège de l’entreprise General Motors, firme produisant des automobiles, ce qui lui vaudra le surnom de « Motor City ». La crise des années 70 s’y prolongeant sur la décennie suivante, la ville est désertée par les usines qui employaient des milliers d’ouvriers. Le centre ville est depuis les années quatre-vingt laissé à l’état de friche, imposant un univers délabré aux populations y vivant.
Similaire à un désert humain, on y croise alors immeubles abandonnés, hangars désaffectés, et anciens quartiers industriels devenus ville fantôme. Les plus riches, majoritairement blancs, se sont exilés vers la périphérie, protégés par une sorte de no man’s land immense, officiant pour eux comme une frontière vis à vis du ghetto, qu’est devenu le centre ville.
C’est dans ce contexte urbain et économique que va naître la techno, dans une ville au passé musical plus que riche. A l’origine de la techno, on trouve un show diffusé à la radio : Electrifying Mojo, crée par Charles Johnson. Ce dj mélange à la fois les grands noms de la black music ( productions de la motown) avec des sons électroniques européens comme Kraftwerk, Giorgio Moroder, Depeche Mode, ou encore New Order. Ce show influencera l’esthétique robotique et futuriste caractérisant la Techno. Parmi les auditeurs de ce show, ou retrouve trois grands noms qui feront émerger la techno de Detroit : Juan Atkins, Derrick May et Kevin Sauderson. Juan Atkins créera le premier label techno de Detroit en 1985 : Metroplex. Les trois produiront alors de nombreux ep et albums sous différentes facettes musicales et différents pseudonymes, refusant de se mettre en avant ou de signer avec des majors.
L’esthétique de la techno de Détroit n’est pas étrangère à celle de la House, ayant des influences se retrouvant, ce qui est notamment dû au passage de plusieurs artistes House à Detroit. Cependant, la techno utilisera des sons plus durs, plus industriels et plus électroniques, avec un tempo généralement plus rapide, oscillant à l’époque entre 128 et 140 BPM1. Le recours à la parole est aussi moins important que pour la House, ne cherchant pas une esthétique de la sensualité. Ses influences issues de la musique électronique européenne se ressentent alors que la House est plus représentative de l’héritage des musiques afro-américaines.
Cinq années après la création de Métroplex, un autre label émerge : Underground Resistance. Ce dernier est crée par trois producteurs : Mad Mike, Jeff Mills, ainsi que Robert Hood. Ce label s’orientera vers le militantisme politique en faveur des quartiers défavorisés de la ville, afin de détourner une partie de la population de la drogue et de la délinquance. Cultivant leur vision de l’underground, les productions seront au début uniquement sorties par des pseudonymes, l’anonymat des dj devenant essentiel. Les contacts avec les médias se font rares, et lorsque c’est le cas, les cagoules sont utilisées afin de conserver un anonymat. Jeff Mills finira par quitter Detroit pour fonder son label Axis en 1992 à New York, et Robert Hood créera son propre label à Detroit, M-Plant.
S’en suivront toute une série de nouveaux producteurs, signant sur les anciens labels ou créant les leurs.

RETENTISSEMENT EUROPÉEN RAVES ET SQUATS

En Europe, la Techno et la House sont reçues différemment en fonction des pays, et de leurs historiques vis à vis des musiques électroniques.
L ‘Angleterre, chère de son passé avec la Synthpop, reçoit extrêmement bien la House, et développera ce style avec sa variante acid.
En Allemagne, tout le monde a été plus que marqué par l’EBM, la Kautrock et surtout Kraftwerk. C’est donc tout naturellement que la Techno trouvera une place de choix.
Là bas, et plus particulièrement à Berlin, les musiques électroniques ne seront pas diffusées dans des clubs au sens classique du terme, mais dans de nouveaux événements : les RAVES.
En effet, d’abord un mouvement underground1 concentré à Berlin Ouest, c’est à partir de la chute du mur en 1989, que les Allemands de l’Ouest iront vers Berlin Est pour profiter des squats et bâtiments abandonnés comme nouveaux lieux de création. En effet, cette aubaine pour la sphère créative Berlinoise ne fait pas exception pour le milieu des musiques électroniques, profitant du fait que « Berlin Est offrait l’infrastructure nécessaire à ce mouvement, tout le monde pouvait trouver son laboratoire, ou son atelier, créer son espace 2». La possibilité de pouvoir profiter de ces nouveaux lieux de création découle alors d’un contexte politique bien particulier : le cadre légal est beaucoup plus souple à l’est qu’à l’ouest. Ainsi grâce à ces nouveaux ateliers, le nombre de producteurs augmente de manière exponentielle. Les disques qui auparavant « venaient de Chicago, Detroit, Chefield, Gand 2 » naissent dorénavant aussi à Berlin. Parallèlement à ce développement de la production, la diffusion des musiques va également évoluer. Même si la radio reste un moyen de vulgariser et de faire connaître ces nouvelles sonorités, les soirées prennent une place de plus en plus importante. Après l’UFO, premier club techno illégal situé à Berlin Ouest, de plus en plus de soirées clandestines, sans demandes auprès des autorités, sont organisées. Chaque semaine, par le biais de flyers ou d’une infoline, une fraction de cette jeunesse berlinoise se retrouve dans de nouveaux lieux, à chaque fois inédits. Se succèdent usines désaffectées, anciens bunkers, tour de contrôle, ou encore simples immeubles abandonnés.
Cet événement, peut être alors résumé sous le nom de Rave. Cette dernière commence donc par la recherche d’informations. On en trouve chez son disquaire, par le bouche à oreille, sur un flyer ou par le biais d’une infoline, dont on aura obtenu le numéro par quelques contacts. Une fois les informations obtenues concernant la date et un éventuel point de rendez-vous, tout le monde se retrouve en général à la même station de bus, au même arrêt de métro. Commence alors un voyage vers une destination inconnue, avec pour seule récompense la musique et la danse. La Rave ne s’arrêtera que le jour suivant lorsque les derniers danseurs auront épuisé leur énergie.
La fête sera alors le médium d’une réunification entre jeunes de l’est et de l’ouest, poussant notamment les jeunes de l’ex RFA, à découvrir, l’est, cette frange de ville qu’ils ne connaissaient plus. En effet après la chute du mur, les services et lieux de consommations étant concentrés à l’ouest, une hiérarchie urbaine se crée, Berlin-Est devenant en quelque sorte la périphérie de Berlin-Ouest. Ainsi malgré une unité territoriale administrative après la réunification, l’est est délaissé par nombre d’allemands au profit de l’ouest de la capitale, bousculant l’échelle des centralités. L’organisation de fêtes et la diffusion de musiques électroniques dans ces nouveaux lieux à l’est, est donc le vecteur d’une première réappropriation, ou appropriation, (tout dépend si l’on se place du point de vu d’un Berlinois de l’est ou de l’ouest) de ce qui est mentalement devenu une ville périphérique, bousculant, le temps d’une soirée, le jeu des nouvelles centralités.
Ce mouvement, ne concernant à ses prémices pas plus d’un millier de personnes, viendra par la suite se populariser. En effet, les Raves se succèdent et prennent de plus en plus d’ampleur, les organisateurs commençant alors à faire payer les entrées. Commence la prise d’ampleur commerciale de ce mouvement, à la base considéré comme une contre culture hors des champs mercantiles classiques de la musique. L’apogée de cette popularisation s’observe par l’ouverture de clubs tels que le Trésor, reproduisant les mêmes stratégies que les organisateurs de rave, c’est à dire l’installation à l’est et la récupération de lieux abandonnés (ici l’ancienne salle des coffres d’une banque).
En Allemagne, la Rave est essentiellement un événement qui a permis de se réapproprier une portion de ville, et d’augmenter le caractère événementiel de la fête, par le changement régulier de lieux, du à un contexte politique plus que permissif, avant que les organisateurs de ces raves n’ouvrent naturellement des clubs. En Angleterre, où la rave va aussi être un phénomène sociétal, le contexte est différent, puisque c’est essentiellement à cause de la légalisation en vigueur, qu’elles vont exploser.
En effet, au Royaume Uni, les clubs n’ont l’autorisation de fermer qu’à 2h du matin, ne satisfaisant pas les fêtards, qui depuis les années 70, ont pris l’occasion de s’éloigner des centre ville vers des « warehouse », pour continuer la fête.
Ainsi, lorsque les premiers disques House seront diffusés à l’Hacienda en 1985, le public réagira extrêmement bien, et c’est tout naturellement que ces nouvelles sonorités seront intégrées au « warehouse » parties déjà existante, se mélangeant à la synthpop et à l’EBM.. Ainsi dès 1987, de nombreux artistes jouant de la House seront invités à l’Hacienda, et progressivement, les musiques électroniques que sont la House et la Techno, vont finir par remplacer les sonorités déjà existantes.
De plus, l’arrivée d’une nouvelle drogue, l’ecstasy, dont le principe actif, la mdma, accentue les sensations d’écoute et corporelles face à la musique,et à sa popularisation dans les soirées, va consacrer et accentuer l’explosion de la techno et de la House, face à une jeunesse anglaise oppressée par les années de fer Tatcher. En 1987, l’Angleterre fait donc face à une vague de raves party, que l’on surnommera par la suite le second summer of love, en écho à celui de 1967, liant lsd et rock en Californie.
Comme à Berlin, l’essentiel de la communication vis à vis des raves s’effectue par le biais de flyers1. Cependant, les lieux d’écoute ne sont pas urbains, comme en Allemagne, mais périphériques voir en pleine campagne, ce qui provoque chaque week end d’immenses embouteillages autour de Manchester et Londres, dus aux cortèges de voitures s’y dirigeant.
Face à cette popularisation, le gouvernement, prétextant des nuisances sonores dues aux raves, finit par inscrire dans le criminal bill, « l’interdiction de rassemblement de plus de 10 personnes sur de la musiques répétitives ». Ce fut alors le début de la répression, qui, couplée à une récupération commerciale d’une partie grandissante des raves, consacra l’avènement de la free party1, à la musique plus dure, aux organisateurs plus engagés, et surtout à l’entrée gratuite. Face aux répressions violentes, les sound systems de free party finiront pas quitter l’Angleterre et voyager sur le reste du continent européen, notamment en France.
En France la Techno, au début des années 1990, est d’abord refusée des clubs, méprisée, à contrario de sa cousine, la House. Elle est contrainte à l’exil. Comme le raconte Jack de Marseille, démarcher les friches en banlieue parisienne au début des années 1990 est tout d’abord un moyen d’organisation. En effet, les clubs refusent tout d’abord d’accueillir les soirées Techno, pour une question d’image. La recherche de friches devient, au premier abord, un moyen de s’exprimer sur un format temps plus long tout en recherchant un lieu, selon ses dires, « plus adapté à la musique techno, la house se retrouvant plus en club à cette époque » C’est dans ce contexte, qu’est organisée la première rave marseillaise en 1992, sur le site de la friche de la belle de mai. Puis, les établissements consacrant des résidences à la musique électronique, se multiplient, comme le REX, avec les soirées Wake up à partir de 1992, ou encore La Machine du Moulin Rouge. Comme en Angleterre, les raves vont finir par se multiplier, certaines éditions ayant marqué l’histoire comme au fort de Champigny, à la piscine Molitor ou encore sous la gare de Bercy.
Cependant, comme pour l’Angleterre, la scission entre public de rave et public de free party ne cesse de croître, couplée à une pression policière de plus en plus importante, sonnant la disparition progressive des rave party vers 1997-1998. Un partie du public rejoint alors les clubs, mais la scène n’aura pas la possibilité de se doter d’espaces et de festivals structurés comme en Angleterre ou en Allemagne, les quelques club existants étant des exceptions parisiennes.

DÉCLIN ET RENOUVEAU

En France la rave est morte au début des années 2000, mais la Free party continue de prospérer, à tel point qu’en 2001 est déposé l’amendement Mariani, qui, toujours sous prétexte de nuisances sonores, oblige les organisateurs à déposer des demandes préalables auprès du préfet du département. Dans les faits, les demandes se voient quasi systématiquement refusées, poussant à l’organisation d’événements alors illégaux, légitimant les saisies de matériel des différents sound systems.
Commence alors une période de creux dans le monde des musiques électroniques en France durant les années 2000. En effet face aux voisins anglais et allemands, la France ne possède pas les infrastructures pour développer les clubs , et musicalement c’est alors l’apogée de ce que l’on appelle la seconde vague de la « french touch », relançant quelques clubs à Paris comme le Showcase ou le Social Club, mais ne poussant pas à la création de nouveaux lieux de diffusion. De plus le contexte juridique ne participe pas à la bonne tenue des événements, notamment à cause de la loi Evin de 2008, concernant les espaces fumeurs. La portion du public fumant devra alors sortir lorsque les établissements ne sont pas équipés de fumoirs, provoquant de nombreux problèmes de nuisances sonores. Imposant également des travaux d’insonorisation, hors de portée financière pour beaucoup d’établissements, cette loi sera à l’origine de la fermeture administratives de quantités d’établissements. Cette situation pousse alors divers acteurs du monde des musiques électroniques ( disquaires, artistes, associations ) à lancer une pétition en 2009 « Paris, ou quand la nuit se meure », afin d’interpeller les pouvoirs publics face à cette situation.
Il faudra attendre l’apparition de nouveaux collectifs, comme par exemple Concrete, qui se transformera plus tard en club, pour que le renouveau puisse se produire. En effet, à partir de 2011, sont organisés des événements sous un nouveau format horaire, en all day long, de 7h du matin à 2h du matin. Ces nouveaux formats de fête, conjoints à des line up éclectiques et qualitatives et à des systèmes sons de qualité, vont insuffler un vent nouveau sur la scène des musiques électroniques parisienne. Au même moment, de nombreux collectifs commencent à apparaître, alternantrésidences en clubs et soirée dans des lieux plus alternatifs, comme Sundae, Sonotown, Blocaus, 75021, ou BP.
De plus, de nombreux clubs ouvrent aussi dans les autres métropoles françaises, comme avec le Sucre à Lyon, l’iboat à Bordeaux, ou encore le Baby club à Marseille.
Ce foisonnement dans les différentes métropoles françaises est également le cas à l’échelle des collectifs. En effet lorsque les clubs ne proposent pas suffisamment d’offre, ces structures associatives viennent investir différents lieux comme ce fut le cas notamment à Lyon, Nantes et Rennes, villes dans lesquelles le renouveau des musiques électroniques s’est essentiellement fait grâce aux collectifs et festivals, et non grâce aux clubs.
Cependant suite à ce sursaut qualitatif dans l’offre d’écoute dans les métropoles françaises, une nouvelle tendance, celle des soirées « warehouse » commence à émerger à partir de 2013, et à prendre de plus en plus d’ampleur. Elle est rapportée d’autres villes européennes comme Berlin. En effet, dans la capitale Allemande, il est possible d’écouter de la musique dans une multitude d’établissements réguliers, étant installés dans d’anciens sites industriels (par exemple le Trésor, installé dans une ancienne centrale électrique, tout comme le Berghain), collant parfaitement avec le premier esprit des raves n’ayant elles pas eu le choix de s’exiler vers ces friches urbaines. Fort de ce constat et une fois revenus en France, de nombreux collectifs cherchent à retrouver cette ambiance, nécessitant alors de quitter le club.

SYNTHÈSE PARTIE

Par le fait de retracer l’histoire des différentes musiques électroniques, on peut aisément se rendre compte que depuis leur émergence, elles ont le plus souvent été tenues dans les marges urbaines.
Tout d’abord part leur histoire culturelle, car destinées à des publics stigmatisés et mis à l’écart qu’étaient les communautés afro-américaine et homosexuelle aux USA. Ces espaces de diffusion n’avaient alors pas le choix de se trouver à la marge urbaine, que constituait les centres villes.
Lorsque les musiques House et Techno se popularisent en Europe, le public se rendant aux événements n’est désormais plus à la marge, mais du fait de contextes légaux ( Angleterre) , culturels ( La France n’a pas eu de grand passé avec les musiques électroniques dansante) , ou immobilier (Berlin) , les événements diffusant de la musique électronique s’exilent vers la marge urbaine, qui est alors ici la périphérie, pour pouvoir exister.
On peut donc se demander, au vu du constat actuel d’acceptation des musiques électroniques et des événements qui leur sont liés en ville centre, pourquoi les événements se multiplient et s’exilent de nouveau vers la marge urbaine, à savoir la périphérie.

UN CHANGEMENT CONSTANT D’ESPACE, OU LA MISE EN PERFORMANCE DU LIEU

Avec pas moins d’une cinquantaine de collectifs organisant régulièrement des événements changeant de lieu à chaque édition dans toute la France, la scène « warehouse1 », s’est plus que développée ces dernières années. Depuis 2013 ces collectifs proposent des événements festifs traversant tout le spectre des musiques électroniques, allant de la hardcore, en passant par la techno ou encore la micro-house. Ce phénomène reproduit de nombreux aspects qui caractérisaient la Rave dans les années 90, par le détournement d’un lieu non prévu comme espace festif lié aux musiques électroniques, une entrée payante, et des horaires dépassant largement le cadre du simple club, et la caractéristique principale, un changement de lieu à chaque édition.
Cependant, le contexte de popularisation intense des musiques électroniques depuis quelques années, ainsi que l’évolution du cadre légal vis à vis des années 90, contraint les collectifs à avoir de nouvelles techniques d’organisation. Ce départ du club est également une manière pour les collectifs organisateurs de revendiquer, verbalement ou non, une vision de la fête et de la société, mais surtout, de la proposer à leur public. C’est dans ce cadre que j’ai pu rencontrer M. membre du collectif Possession. Possession est un collectif parisien, organisant des événements mensuels, né en 2015. Les événements organisés sont orientés vers la musique techno (très peu d’artistes jouant de la house parmi ceux qu’ils ont invités) avec un point d’orgue mis sur l’accueil d’un public LGBTQ+, puisque soirée considérée comme hétéro friendly. Les événements organisés ont d’abord pris place dans différents clubs de la capitale comme le 142, le Gibus ou encore les Nuits Fauves. Cependant depuis environ un an, leurs événements n’ont plus lieu en clubs, mais utilisent différentes friches (le plus souvent des friches industrielles), les lieux utilisés sont chaque fois différents, inédits, et détournés différemment, afin de les transformer en lieux de fête. Tout comme les lieux des événements changeant à chaque édition, les artistes invités sont renouvelés d’un événement à l’autre.

LES POTENTIALITÉS FACE À L’EXIL

La plupart des collectifs organisant actuellement des événements en warehouse et autres lieux détournés sont pour la plupart passés par l’organisation d’événements en partenariat avec des clubs . Cependant, nombreux sont ceux qui ont décidé de partir au profit des différents lieux de diffusions en périphérie, poussant même à l’éclosion de nombreux collectifs organisant leurs événements uniquement au sein d’espaces détournés, et n’ayant jamais eu un seul contact avec les clubs.
Face à la popularisation et à la démocratisation des différentes musiques électroniques ces dernières années, les événements en club se retrouvèrent vite saturés, par un public dépassant souvent la jauge intérieure, ou bien devant attendre des heures durant, pour que d’autres clubbers partent, leur cédant la place. Face à ce constat, le départ des clubs pour des lieux détournés permet d’accueillir un public bien plus nombreux, grâce à l’appropriation d’espaces bien plus vastes. En effet si l’on compare les établissements servant actuellement de club, notamment à Paris, la plupart sont issus de restaurants, salles de spectacles ou caves ayant été réhabilitées, ne disposant pas du patrimoine industriel en centre ville, que l’on peut retrouver dans d’autres pays, ne permettant donc pas d’obtenir des surfaces si importantes. Ainsi le manque de place dans les clubs actuellement, ainsi que la pression foncière ayant cours dans les centres villes français, empêche l’extension des clubs actuels, et donc l’accueil d’un public grandissant. Ainsi le départ de ces clubs, souvent jugés trop petits par le public, a ainsi permis d’accueillir plus de participants, faisant facilement passer une capacité de 400 à 800 personnes à plus de 1500 ou 2000.
Cependant, accueillir plus de participants n’est pas nécessairement une volonté pour tous les organisateurs, certains préférant se tourner vers une ambiance plus « intimiste ». Un élément commun à tous les événements qui sont dorénavant organisés en ville périphérique concerne les horaires. En effet si la plupart des clubs ouvrent entre 22h et 7h du matin, il n’y a qu’une poignée d’établissements en France ayant l’autorisation de fermeture à 12h. Comme les collectifs passent le plus souvent outre les mairies, leurs horaires bénéficient d’une amplitude beaucoup plus large, permettant par exemple de finir l’événement entre  10h et 18h, ou bien de développer de nouveaux formats, comme avec des all day long par exemple.
Cette flexibilité quand aux horaires permet ainsi d’offrir la possibilité aux artistes de jouer beaucoup plus longtemps, augmentant la durée des sets qui d’habitude n’excèdent pas 2 heures par artiste, passant ici en général à 3 heures voir beaucoup plus. Cette flexibilité des horaires permet également aux organisateurs de booker1 bien plus d’artistes qu’ils ne l’auraient pu en club. De plus, le détournement de lieux parfois immenses leur permet d’ouvrir plusieurs scènes, permettant de développer des ambiances musicales complètement différentes, donnant des allures de festival sur le temps d’une soirée.

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Table des matières

Remerciements
Sommaire
Préambule
Introduction , problématique , structure
Méthodes de recherche
Cadrage des notions abordées
Chapitre I : Historique des musiques électroniques et de leurs lieux de diffusions
Chapitre I Bis : Récits d ’événements
Observations sur site n° 1 et 2
Repères chronologiques concernant l’histoire des musiques électroniques
A – L es Studios tes pacse d ’avant garde
B – Disco et création des clubs
C – Techno et House : De nouveaux styles tous jours cantonnés à la marge urbaine
D – Retentissement Européen : Raveet Squats
E – Déclin etre nouveau
Synthèse
Chapitre II – Un changement constant d’espace, ou la mise en performance du lieu
Chapitre II Bis – Récits d’événements
Observations sur site n° 3 et 4
Chapitre III Bis – Récits d’événements
Observations sur site n° 5
Chapitre III – Des espaces de diffusion se pérennisant
A – Les potentialités face à l’exil
i – Le squat : un modèle, se positionnant comme un anti-club
II – SMAC et anciens sites industriels
B – Une Obligation de renouvellement constante
A – Un modèle non mercantile
A – De l’industrie à la culture : la mise en concurrence des métropoles
C – Les symboliques liées au départ
B – Une esthétique de la frugalité
B– Choix du site et architectures remarquables
D – L’espace d’un néo romantisme
C – La création d’un espace libre
C – L’insertion dans son environnement
Synthèse
D – Vers la légalisation
Synthèse
Chapitre IV – Une échéance programmée : friches culturelles et urbanisme transitoire
A – Une nouvelle temporalité d’occupation
B – L’insertion dans un projet immobilier
C – La vision de l’ancien site
D – Une instrumentalisation de l’éphémère par le public et le privé
Synthèse
Conclusion et pistes de réflexion
Lexique
Bibliographie

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