La présente étude concernant le « Tapia » (Uapaca bojeri) et le « Landibe » (Borocera cajani) nous a été inspirée par une double motivations : sentimentale et professionnelle.
En effet, native de la région, site de ces deux espèces endémiques de notre pays, le paysage et les utilisateurs des ressources de la forêt de « Tapia » nous sont familiers. Nous avons assisté, impuissante à la dégradation de cette forêt entraînant fatalement la baisse des revenus des utilisateurs.
De plus, forestière de formation, responsable d’un organisme d’appui à la gestion de l’environnement et acteur particulier dans les projets de conservation de la biodiversité et de valorisation des ressources naturelles renouvelables, nous sommes confrontée quotidiennement à la problématique et la spirale de détérioration de l’environnement liée à l’exploitation abusive par une surpopulation poussée par la pauvreté et la méconnaissance des conséquences néfastes de ses actes sur la pérennité de ces ressources.
GENERALITES
« Landibe » : historique
L’exploitation de la filière ver à soie sauvage ou « Landibe » fait partie des activités supplémentaires génératrices de revenus non négligeables pour les riverains des forêts de « Tapia » (Uapaca bojeri ) à Madagascar.
Un demi-siècle auparavant, 8 familles sur 10 dans la zone d’Ilaka Centre collectaient les cocons de Landibe pour les transformer avec des techniques traditionnelles en linceul destiné à ensevelir les morts. Actuellement, 25% à 30% des riverains s’attachent encore à de faibles collectes de cocons sauvages avec des revenus dérisoires malgré le prix centuplé des linceuls par rapport à celui d’il y a cinquante ans.
Particularité de la biodiversité
Sur le plan de la biodiversité, il convient de souligner deux points importants :
– Les forêts denses sclérophylles de moyenne altitude sont considérées comme des forêts reliques, couvrant une superficie totale de 2 600 km² répartie entre 15° de latitude et 23° 27’. Elles recouvraient autrefois probablement tout le versant Ouest des Hautes Terres Centrales d’une manière continue (PERRIER DE LA BATHIE, 1936). Ce type de forêts est composé en majorité d’Uapaca bojeri espèce endémique connue pour être le biotope des vers à soie malgache dont le genre Borocera .
– l’espèce Borocera cajani, endémique aussi à Madagascar est une espèce menacée d’extinction à cause de la dégradation de son habitat, mais aussi à la demande croissante du marché qui exerce une pression importante sur les populations restantes.
Complexité des problèmes liés aux produits forestiers des forêts sclérophylles
La problématique justifiant le thème de recherche tourne autour des facteurs liés :
– à la trop grande dépendance de la population riveraine des ressources forestières dans les pays tropicaux pauvres.
– à la protection de la biodiversité car la forêt de « Tapia » et le « Landibe » subissent une exploitation excessive qui risquent de les faire disparaître à moyen terme.
– aux activités professionnelles du chercheur qui l’amène à collaborer avec les communautés locales dans la valorisation et la gestion des ressources forestières dont le « Landibe ».
– au manque d’informations suffisantes pour une gestion rationnelle de la population de vers à soie sauvages malgaches.
ETAT DES CONNAISSANCES
DOMAINE DU CENTRE DE MADAGASCAR
Les territoires phytogéographiques, subdivisés en région orientale et occidentale, diffèrent par leurs conditions climatiques et la répartition de leur végétation primaire contenant très peu d’espèces communes (FOURNIER et SASSON, 1983).
Dans le domaine du Centre, les Hautes Terres malgaches relevant de la région orientale sont constituées d’un plateau central montagneux, allant de 800 m à plus de 2700 m d’altitude, couvrant une superficie de 120 000 km² , et représente 1/5ème de la superficie totale de la grande île. (DEF, 1996).
Selon la même source, les Hautes Terres se caractérisent par :
– l’étage des montages comprenant les forêts denses sclérophylles de montagne, les forêts sclérophylles de montagne et les prairies altimontaines ;
– l’étage de moyenne altitude avec des pentes orientales caractérisées par les forêts denses humides sempervirentes à Tambourissa et Weinmannia ;
– l’étage de moyenne altitude aux pentes occidentales caractérisées par les forêts denses sclérophylles à Uapaca bojeri et Sarcolaenacae. La zone de la présente étude appartient à ces types de formation.
FORETS DENSES SCLEROPHYLLES DE MOYENNE ALTITUDE A Uapaca bojeri ET SARCOLAENACEAE
La connaissance de la forêt sclérophylle de moyenne altitude à Uapaca bojeri s’effectue à travers une présentation de son cadre physique, de son cadre économique et socio-culturel.
Situation géographique
Parmi les forêts sclérophylles de moyenne altitude, la forêt de « Tapia » constitue l’une des formations forestières naturelles plus ou moins réduites à une seule espèce, l’espèce Uapaca bojeri (RAKOTOARIVELO, 1993). Les facteurs climatiques et édaphiques, la qualité du sol, ajoutés aux propres caractéristiques de l’évolution finissent par faire distinguer la forêt de « Tapia » des autres formations forestières (KOECHLIN et al, 1974).
Les forêts denses sclérophylles de moyenne altitude à Uapaca bojeri (Euphorbiaceae) et Sarcolaenaceae se trouvent sur les pentes exposées à l’Ouest de l’étage de moyenne altitude compris entre environ 800 et 1800 m d’altitude du domaine du Centre. La forêt de « Tapia » couvre environ 12 000 ha dont 16% de la superficie est localisée dans la zone d’Arivonimamo ; elle est reconnue par son statut de végétation originelle unique en son genre.
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Table des matières
INTRODUCTION
Chapitre 1 : CONTEXTE DE L’ETUDE
I. GENERALITES
1.1 « Landibe » : historique
1.2. Particularité de la biodiversité
1.3. Complexité des problèmes liés aux produits forestiers des forêts sclérophylles
1.4 .Développement de la recherche
1. 5. Intérêts socio-économiques
1.6. Aspects culturels
II- PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS DE L’ETUDE
2.1. Formulation de la problématique
2.2. Objectifs de l’étude
2.3. Hypothèses de travail
2.3.1 Questions de recherche
2.3.2 Hypothèses de travail
2.3.3 Organisation de l’étude
Chapitre 2 : ETAT DES CONNAISSANCES
I – DOMAINE DU CENTRE DE MADAGASCAR
II- FORETS DENSES SCLEROPHYLLES DE MOYENNE ALTITUDE A Uapaca bojeri ET SARCOLAENACEAE
2.1.Situation géographique
2.2.Diversité floristique
2.3.Diversité faunistique
2.4.Fonction écologique
2.5.Description botanique de l’espèce Uapaca bojeri
2.6. Etat actuel de la forêt sclérophylle de moyenne altitude à Arivonimamo II
2.7. Interface Homme-forêt
III- GENERALITES SUR Borocera cajani
3.1. Aspects biologiques
3.1.1 Taxonomie et différentes variétés de Borocera
3.1.2. Aire de répartition des Borocera
3.1.3. Biologie du Borocera
3.1.4. Ennemis du Borocera
3.2. Aspects sociaux
3.3. Aspects économiques
Chapitre 3: PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE: ARIVONIMAMO II
I- CADRE PHYSIQUE
1.1.Situation géographique
1.2. Climat
1.3. Géomorphologie : un paysage dominé par les tanety
1.4. Hydrographie : un réseau hydrographique peu fourni
1.5. Pédologie
1.6. Forêts
II- CADRE ECONOMIQUE ET SOCIOCULTUREL
2.1. Démographie de la zone
2.2. Activités socio-économiques
CONCLUSION