L’accentuation d’un conflit ancestral
Un historique de la notion permet en effet de montrer qu’il existe une pluralité de réalisations, à travers les âges, qui ont réfléchi ce dialogue, mais que celui-ci ne fut jamais regardé comme une évidence. La science et la poésie cheminent de concert depuis l’Antiquité, union ancienne dont témoigne Musa docta, l’ouvrage collectif dirigé par Christophe Cusset. Puisqu’elle a perduré jusqu’au seuil du XIXe siècle, l’histoire littéraire a généralement tendance à considérer qu’une telle union n’était pas regardée comme problématique avant cette période. En somme, depuis Aratos de Soles jusqu’à Chénier, en passant par Lucrèce et du Bartas, la multiplication de poètes qui parlent de science serait l’indice d’un dialogue intime entre les deux types de discours. Or l’article du Dictionnaire raisonné de la caducité des genres littéraires, rédigé par Philippe Chométy et Hugues Marchal12, prend immédiatement le contre-pied de ce postulat en affirmant que « la question de la caducité de la poésie “scientifique” se pose […] dès l’Antiquité gréco-romaine13 ». Selon les auteurs de cette étude, les philosophes antiques expriment déjà des doutes quant à la pertinence de ce genre en alléguant le manque de clarté de la poésie : celle-ci est d’emblée accusée d’obscurcir le message. La poésie scientifique n’a jamais été un genre épargné de tout soupçon : déjà chez Aristote, celui qui traite en vers un « sujet de médecine ou d’histoire naturelle » doit être appelé « naturaliste plutôt que poète »14, et cette restriction est une conséquence logique de la définition aristotélicienne de la poésie comme art de l’invention et de l’imagination. Le seizième siècle, fertile en poèmes scientifiques15, ne considère pas non plus ce genre comme une évidence. Christophe Cusset le montre dans son avant-propos à Musa docta. Recherches sur la poésie scientifique dans l’Antiquité, en citant16 une ode de Ronsard dans laquelle le poète de la Pléiade exprime sa lassitude à la lecture des « Phénomènes d’Arate17 », poème cosmologique et météorologique du IIIe siècle avant J.-C. Aux XVIIe et au XVIIIe siècles, le poète et le savant peuvent également être regardés comme des frères ennemis. Au XIXe siècle, la séparation des lettres et des sciences paraît porter un coup fatal à la poésie scientifique. Un discours essentialiste voit le jour. Selon ses tenants, la poésie et la science furent toujours regardé comme inconciliables. Selon Nicolas-Eugène Géruzez, historien de la littérature, la poésie qui traite de science est une gageure en termes de stratégie de transmission. Ce qu’il nomme la « poésie didactique » a peu d’attributs en soi pour emporter l’adhésion du lectorat : Pour réussir complètement dans ce genre, où la poésie, voisine de la prose et tributaire de la science, n’a ni l’inspiration de l’ode ni la magnificence de l’épopée, ni l’intérêt du drame, il faut pouvoir y employer toutes les ressources du génie ; ici l’invention n’est possible que dans l’expression, dans les récits et les tableaux épisodiques. Comment parvenir à être méthodique sans froideur, exact sans sécheresse, technique sans obscurité ? Comment allier le précepte et l’image, le sentiment et la description ? Comment parler en même temps à l’entendement, au cœur et à l’imagination ? En un mot, comment poétiser la science19 ? Selon le critique, la difficulté première d’un tel genre est stylistique : la science relève d’une énonciation marquée par l’aridité, inapte à charmer. La philosophie hégélienne reconduit ce constat sous la forme d’une incompatibilité foncière. Dans le deuxième tome des cours sur la philosophie de l’art, ce qu’Hegel nomme encore « poésie didactique » est irrecevable comme objet d’art, selon lui, et n’appartient pas au champ poétique : à un fond « prosaïque » préexistant, une théorie scientifique établie et éprouvée, le poète didactique associe « du dehors » une forme poétique dont il tapisse le contenu20. Par le biais de cette métaphorisation spatiale, la poésie scientifique devient un objet ambigu, qui cherche en vain à réunir la nécessité de transmettre un message clair et la nature analogique de la langue poétique. Ce genre ne relève pas de l’art (et n’en releva jamais) selon la définition du philosophe allemand. Une pensée non plus essentialiste mais contextuelle voit également le jour, qui tend à faire de la poésie de la science un genre démodé. Des analyses d’archéologues de la pensée (Michel Foucault), de scientifiques (Charles Percy Snow) et de littéraires (Cusset dans son avant-propos) ont laissé entendre que la perception d’une inadéquation entre ces deux champs s’accentue avec la spécialisation des discours. Cette spécialisation, selon Jean-Luc Chappey, est le résultat logique de « l’organisation impériale des savoirs » au début du siècle. Afin de clore la Révolution, l’Empire souhaite une rénovation profonde de la société française qui s’appuierait sur la seule autorité du scientifique. Toutefois, dès le Consulat, les autorités se rendent compte des limites d’un système qui remettrait entre les mains des seuls savants tout le pouvoir intellectuel, moral et institutionnel. La figure du poète est donc promue en opposition à celle du scientifique. D’une position forte, au sein de laquelle il jouissait d’un rôle politique, ce dernier est alors relégué à un relatif isolement. Par conséquent, la science se retire dans ses laboratoires, se complexifie progressivement au fil du siècle et, à rebours de la pensée encyclopédique du siècle précédent, se spécialise en branches indépendantes22. En raison de cette scission institutionnelle à l’origine de ce que Charles Percy Snow nommera dans une célèbre conférence de 1959 les « deux cultures23 », les Belles Lettres (et par conséquent la poésie) se retrouvent dans un rapport d’extériorité avec la science24. Un des textes les plus emblématiques de cette déliaison est l’essai du monarchiste Louis de Bonald intitulé « Sur la guerre des sciences et des lettres » qui fait entrer les deux pays (pour filer la métaphore géopolitique) non plus dans un rapport d’indépendance, mais de conflit : On aperçoit depuis quelques temps des symptômes de mésintelligence entre la république des sciences et celle des lettres. Ces deux puissances limitrophes, longtemps alliées, et même confédérées, tant qu’elles ont eu à combattre leur ennemi commun, l’ignorance, commencent à se diviser, aujourd’hui que l’ignorance n’est plus à craindre et que tout le monde est savant ou lettré. Il y aurait un contexte historique au sein duquel la poésie et la science pouvaient cohabiter harmonieusement, puis par le biais d’une révolution plus ou moins graduelle, un moment où cette union ne pourrait plus avoir lieu sans être immédiatement perçue comme anachronique (le point de bascule se situant lors de cette spécialisation des discours, au début du XIXe siècle).
MÉTHODE ET STRUCTURE DE LA RÉFLEXION : L’EMPREINTE DE LA SCIENCE
Dans le souci de distinguer ma démarche de celle de l’équipe ANR – Euterpe, je privilégierai les études monographiques. Là où Euterpe a élagué le champ de recherche autour des grandes tendances du traitement poétique des sciences dans la seconde moitié du XIXe siècle, il me semble qu’une approche plus approfondie de certains textes particulièrement représentatifs me permettra de mettre au jour les spécificités de certains auteurs, certains courants ou certaines périodes. Cela me permettra surtout de me concentrer sur un point que l’anthologie ne fait qu’effleurer, ce rendez-vous problématique entre deux modernités parfois regardées comme concurrentes. La méthode que j’emprunterai se montrera d’abord sensible à un trait définitoire, selon Jacques Neefs, du XIXe siècle : pour rendre compte d’une « activité d’enfouissement [de la littérature] dans les archives et le documentaire qui caractérise le XIXe siècle115 », je tenterai de montrer tous les types d’influences que la science peut exercer sur la poésie, selon une épistémocritique plus ou moins large qui s’attache à relever une circulation croissante et impossible à sourcer systématiquement, des éléments scientifiques dans l’air du temps. La question du document devient cruciale selon Jacques Neefs, qui étudie son action dans le champ romanesque. Introduit en littérature, il est immédiatement retravaillé et assimilé par le texte littéraire qui se l’approprie et, ce faisant, livre un « parti-pris sur le réel qu’il intègre dans son horizon esthétique »116. C’est donc, selon la méthode épistémocritique théorisée par Michel Pierssens, le phénomène de réécriture poétique des savoirs scientifiques qui m’intéressera tout particulièrement, car, comme le reconnaît Michel Pierssens : Parler des savoirs du texte […] ne se ramène […] pas à simplement repérer l’empreinte univoque et exclusive de telle ou telle « science » ou doctrine identifiable, dont il suffirait de désigner la marque sur le récit ou le poème, demeurés passifs. L’écriture est au contraire perçue ici à son tour comme le ferment d’une crise permanente des savoirs qu’elle mobilise – souvent à son insu. Le dialogue qu’entretiennent la poésie et la science a des implications complexes : la science a des retombées qui touchent la forme du poème, mais cette influence se double d’une prise en charge poétique du savoir scientifique qui lui fait subir ce que Michel Pierssens identifie comme une « crise ». En d’autres termes, la méthode épistémocritique postule que le savoir scientifique ne sort pas indemne de ce dialogue, qu’il s’en trouve déformé. Ce double jeu d’influence est au cœur de ma démarche, parce qu’il rend possible une interrogation sur le frôlement entre deux modernités qui se sont croisées à ce moment durant lequel l’évolution poétique a pu s’appuyer sur les évolutions scientifiques, se les approprier et les restituer transformées. Ma démarche consiste donc à analyser ce qu’on pourrait appeler avec Jean-Marc LévyLeblond une « mis[e] en culture118 » poétique des sciences en couplant cette analyse avec celle des formes successives que les auteurs de cette mise en culture ont choisi d’employer, selon une méthode croisant pour sa part approche stylistique et interrogation sur les valeurs diverses associées à ces différents choix d’expression, toute forme étant susceptible de connoter des usages discursifs et des héritages. Plus précisément encore, j’essayerai d’interroger le sens que les arbitrages formels ont pu prendre dans le contexte précis des rapports entre les sciences et la poésie. Cette méthode permet notamment de montrer que des choix formels très divers ont pu s’affronter. Pour donner à mesurer cette diversité, je chercherai à mêler des considérations relevant de la micro-analyse, mais également des observations formelles à échelle plus vaste, ainsi que, nécessairement, des éléments de métadiscours lorsqu’ils existent. L’attention à la forme me conduit à prendre le terme dans une extension large : par forme, j’entends à la fois les éléments de microstylistique, de versification, mais également les notions de genre, de registre, de tonalité119, de posture d’auteur, de pragmatique et de structure120. Somme toute, mon analyse prendra pour objet privilégié ce que Baudelaire nomme une « rhétorique profonde121 ». Cette analyse sera poétique au sens littéral du terme, dans la mesure où elle s’intéressera aux procédés de fabrication du poème qui dialogue avec la science. La conceptualisation de la modernité nous ayant habitués à penser cette dernière en termes d’écart et de rupture, je m’appuierai sur différentes façons qu’ont les poésies qui dialoguent avec la science d’appréhender un héritage classique122. Je définirai des rapports divergents à ce legs selon qu’il est assumé, ignoré ou rejeté. Cet héritage, dans le cadre d’une étude croisant la science et la littérature, pourra relever de ces deux champs : une entreprise littéraire avant-gardiste peut très bien se référer à des théories scientifiques dépassées, mais à l’inverse un texte esthétiquement, rhétoriquement ou formellement classique peut également dialoguer avec des théories scientifiques immédiatement contemporaines. Ces variations me permettent de mettre au jour trois rapports à la modernité. La première partie vise à montrer que subsistent dans la seconde moitié du XIXe siècle des entreprises poétiques qui prennent la science comme thème ou comme prétexte, mais le font en assumant l’héritage de la poésie scientifique des périodes antérieures. Ces suiveurs d’une poésie de la science traditionnelle peuvent ignorer ou non que leur facture poétique est en décalage avec les récentes évolutions (formelles, stylistiques, tonales, ou pragmatiques) de la poésie contemporaine : soit ces entreprises sont le fruit de poètes sourds à cette complexe modernité et éblouis par un héritage dont ils ignorent que les poètes novateurs cherchent à s’extraire, tant il est vrai qu’une modernité en train de se constituer est difficile à appréhender immédiatement, soit cette posture passéiste révèle une attitude critique envers la modernité ou une certaine conception de celle-ci. La deuxième partie se propose d’interroger des tentatives d’évolutions du rapport entre la poésie et la science par adaptation. La référence à une ancienne façon de chanter la science en poème est toujours présente. Elle est toutefois détournée, montrée du doigt, déplacée le cas échéant. Il s’agira de présenter des entreprises qui mêlent des traits traditionnels et des nouveautés de différents ordres. Le trait commun de la majorité de ces œuvres est la prise de conscience d’un soupçon de désuétude de l’ancienne poésie scientifique. La rénovation n’est pas achevée, néanmoins des poètes constatent sa nécessité et proposent des innovations qui vont en ce sens, que ces innovations résident en de nouveaux agencements de traits traditionnels ou en des renversements critiques. Dans la dernière partie, je souhaite montrer que les poètes qui se revendiquent le plus ouvertement comme des forgeurs de modernité ne se détournent pas résolument du dialogue avec la science. Bien au contraire, des auteurs comme Baudelaire, Rimbaud, Ducasse, Ghil et Mallarmé prennent part à une rénovation de la poésie en rebattant les cartes des modalités de ce dialogue. Le lyrisme de la fin du siècle se transforme au contact des nouvelles théories des sciences biologiques et psychologiques. En retour, la science moderne offre à ce lyrisme inquiet de nouvelles voies d’expressions. Enfin, une influence d’ordre méthodologique peut s’exercer de la science sur le poème. Tantôt cette nouvelle union complexifie le modèle d’influence thématique, tantôt elle se substitue à lui. La science fournit alors au poème un modèle expérimental.
La mémoire rythmique
Le second phénomène saillant du vers français est sa régularité rythmique. Dans le cas de pièces isométriques, forme récurente des poèmes mnémotechniques, la régularité du mètre permet d’appréhender rythmiquement les syntagmes à venir. En vue de cet usage du vers, le respect de la concordance métrique est absolument nécessaire. L’utilisation à des fins mnémotechniques du vers français entre en confrontation avec l’abolition des carcans métriques pourtant à l’œuvre par ailleurs dans la poésie de la seconde moitié du siècle. À propos de la paléoflore, Jules Arbelot propose un écho rythmique entre deux arbres fossiles dont les noms font probablement partie de ces mots qu’il avoue avoir des difficultés à mémoriser :
La flore de ces temps offre d’autres splendeurs :
Les Lépidodendrons et leurs brillantes fleurs ;
Les Araucarias, superbes conifères152 […].
Les vers deux et trois de cet extrait laissent entrevoir une répétition syntaxique. En effet, ce début de liste de la « flore de ces temps » égrène en chaque ouverture de vers un nouvel arbre.
Dans les deux cas, le syntagme nominal seul y emplie l’intégralité du premier hémistiche. Il en résulte une répétition rythmique, fondée sur l’anaphore de l’article défini pluriel et sur l’équivalence stricte, en termes de masse syllabique, du substantif technique. D’un point de vue rythmique, les « Lépidodendrons » appellent les « Araucarias », prononcés logiquement en cinq syllabes, avec une diérèse obligatoire eu égard à l’étymologie du mot. Dans les deux exemples précédents, la cristallisation dans la forme fixe des termes scientifiques renvoyant aux fossiles est significative. La longueur de ces termes dénotant des réalités cristallisées permet de remplir tout juste la longueur d’un hémistiche d’alexandrin. Le vers est lui-même contaminé par cette forme de fossilisation puisque des fossiles en exhibent la persistance formelle et l’immuabilité. Les fossiles sont des formes anciennes qui n’existent plus. Le vers traditionnel conserve une forme pérenne héritée de temps anciens. Les fossiles servent de mémoire des états antérieurs de la vie sur la terre. Le vers chez Arbelot fait fi des mutations modernes du vers. Ce faisant, il fait lui-même référence au passé en même temps qu’il cherche à se constituer comme une forme de la mémoire.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. Science et poésie : des modernités disjointes ?
2. Perspective historique : la poésie scientifique, un genre frappé de soupçon
2.1. L’accentuation d’un conflit ancestral
2.2. Des modernités concurrentes
2.3. Science et poésie : un débat qui touche les poètes majeurs
3. Cartographies d’un genre complexe
4. Bornes chronologiques et corpus
5. Méthode et structure de la réflexion : l’empreinte de la science
UN DIALOGUE RECONDUIT : LES HÉRITIERS D’UNE TRADITION CLASSIQUE
CHAPITRE PREMIER : SCIENCE, POÉSIE ET USAGES CLASSIQUES DE LA FORME VERSIFIÉE
1. Poésie et mémoire : une pragmatique antique
1.1. La mémoire du vers : une forme fossile
1.1.1. La mémoire harmonique
1.1.2. La mémoire rythmique
1.2. La mémoire de la forme : l’héritage des poèmes savants
1.2.1. Une poétique de l’article et de l’Exposition
1.2.2. Amplitude et exhaustivité
1.2.3. La temporalité de l’événement scientifique
2. Des modèles de pensées hérités des Lumières
2.1. Le morcellement et la forme tabulaire
2.1.1. Une rhétorique du tableau
2.1.2. La stratification
2.1.3. La poétique dioramique
2.2. Les vertus didactiques du dialogisme
2.2.1. Le débat
2.2.2. Le monologue délibératif
2.3. Prendre une voix autre : le procédé persan
2.3.1. Déléguer sa parole
2.3.2. Le mythe de la simplicité
3. L’hérédité des caractères acquis
3.1. Le poème et la biologie, une analogie dans l’air du temps
3.1.1. Quelques métaphores corporelles du poème dans la poésie classique
3.1.2. Le succès d’une métaphore romantique
3.1.3. Poésie et transformisme
3.2. Le souvenir structurel : des formes classiques
3.3. L’hérédité métrique : des vers traditionnels
CHAPITRE DEUXIÈME : SCIENCE, POÉSIE ET CLASSICISME DU STYLE
1. Le technolecte sous anathème
1.1. Un bref historique : technolectes et poésie avant 1850
1.2. Des mots antipoétiques
1.2.1. Cacophonie du technolecte
1.2.2. Des mots démesurés
1.3. Des mots nouveau-nés
1.4. La survivance de la périphrase
1.4.1. Une langue à « spirales » : le discrédit de la périphrase au XIXe siècle
1.4.2. L’électricité en périphrases : d’une rhétorique biblique à la formulation populaire de la « fée électricité »
1.4.3. Les savoirs de la figure de style : quand la circonlocution produit du sens
2. Style galant et poésie scientifique
2.1. L’amour sous le voile polymathe : les vers de jeunesse de Jules Verne
2.2. L’attraction universelle : science des astres et science du cœur
2.3. Les atomes crochus : science chimique et science du cœur
3. Les mises en fiction de la science
3.1. Le modèle de la fable ou de l’exemple instructif
3.1.1. Mettre en récit le fait scientifique
3.1.2. Le récit étiologique : la création du monde selon Jean Rameau
3.2. La science en analogies
3.2.1. Le progrès en métaphore
3.2.2. Allégorie de la science
3.3. Le rêve scientifique de Victor Hugo : Les Contemplations
3.3.1. Les songes comme promontoire
3.3.2. La science du rêve et le rêve de la science
3.3.3. Le rêve de la matière
CHAPITRE TROISIÈME : SCIENCE ET POÉSIE À MESSAGE, UN HÉRITAGE PRAGMATIQUE
1. La science au secours d’une poésie privée de message
1.1. Saint-simonisme et positivisme : plaidoyers pour une poésie ancillaire
1.1.1. Le corps social et le corps poétique : une maladie contagieuse
1.1.2. La science et la rénovation sociale au secours de la lyre
1.1.3. À la recherche d’une lyre positiviste
1.2. La popularisation en pratique poétique
1.2.1. Les formes pédagogiques
1.2.2. Transferts de corps étrangers
1.2.2.1. La note explicative : un aveu d’échec ?
1.2.2.2. Le schéma scientifique : entre esthétique et pédagogie
1.2.3. Simplification du fait : poétique de l’allusion
2. Un médium socio-politique
2.1. Des odes au pouvoir en place
2.1.1. L’éloge scientifico-politique sous le Second Empire
2.1.2. Chanter la science française : une revanche contre la Prusse
2.2. Des sciences polémiques : le savant et le socialiste
2.2.1. « Force des choses », de Hugo : quand la science terrasse les tyrans
2.2.2. Ralentissement scientifique et dégradation du Second Empire
2.2.3. Le recours au technolecte : un art poétique égalitaire
3. La science des croyants
3.1. Géologie et paléontologie apologétiques
3.1.1. L’évolutionnisme d’Antediluviana : du doute positiviste à la création continuée
3.1.2. La Création de Brochin : une apologétique polémique
3.2. Dieu et les sciences de la nature : variations d’un rapport romantique au monde
3.2.1. Ordre, beauté, équilibre : une nature aussi parfaite que Dieu
3.2.2. Fluctuations de l’immanentisme romantique
3.2.2.1. Darwinisme et panthéisme
3.2.2.2. Une remise en cause de la science au nom de l’humilité chrétienne
UN DIALOGUE RÉFORMÉ : UN HÉRITAGE CONSCIEMMENT DÉTOURNÉ
CHAPITRE QUATRIÈME : DES ENTREPRISES DE MINORATION
1. L’influence de la paralittérature : la science comme outil de minoration posturale
1.1. Des vers de scientifiques
1.1.1. La tradition des médecins poètes : des vers de circonstance
1.1.2. Les doctes rimes : quand le scientifique refuse d’être poète
1.2. La réclame en vers de bonimenteurs : une conscience du paralittéraire
1.3. Le « souffle court » : minoration posturale du poète
1.3.1. Jules Laforgue : hypertrophie cardiaque et obstruction de la veine poétique
1.3.2. Jean Richepin : un « temps de courtes haleines »
2. L’influence du discours pathologique : la science comme outil de minoration formelle
2.1. Le retour du vers court : le vers et le Bathybius dans « La Gloire de l’eau »
2.2. La science dans les formes fixes mineures : le populaire et l’à-peu-près
2.2.1. La ballade scientifique de Paul Fort
2.2.2. La complainte de Laforgue : obstétrique et lyrisme enfantin
3. Le Parnasse : forme fossile, poèmes miniatures et distillation scientifique
3.1. Le poète en archéologue : poétique parnassienne et méthode scientifique
3.2. Le Parnasse contemporain : présence diffuse de la science
3.3. La science masquée de Leconte de Lisle
3.4. Les Trophées d’Heredia : des sonnets discrètement scientifiques
CHAPITRE CINQUIÈME : (LE) RIRE DE LA SCIENCE
1. Rire des prétentions : dénoncer l’arrogance scientiste
1.1. Des scientifiques qui se rêvent démiurges
1.1.1. La cohorte des découvreurs de vent
1.1.2. Vauquelin et Fourcroy : une découverte à pleurer de rire
1.1.3. L’exemple de Flammarion
1.2. Des sciences en manque d’ambition
1.2.1. Des scientifiques dévoyés : médecins et éducateurs
1.2.2. Sciences du détail, sciences de la myopie
2. Rire de l’énonciation : singer la voix des scientifiques
2.1. Les jeux du lexique scientifique
2.1.1. Un jeu sur la perte des repères
2.1.2. Gros mots et prosaïsme quotidien
2.1.3. Poésie fantaisiste et rhétorique de l’aposiopèse : le bégaiement
2.2. Rire des formes de la communication scientifique
2.2.1. Leçons comiques pour sciences sérieuses
2.2.2. Monologues fantaisistes et communications scientifiques
2.3. Le jeu des registres : héroïcomique et sciences du bas corporel
2.3.1. Poésie académique et maladies vénériennes
2.3.2. La science des clystères
CHAPITRE SIXIÈME : QUAND LA SCIENCE MODERNE FAÇONNE L’ÉPOPÉE
1. Rendre poétiquement compte d’un monde en crise
1.1. Un siècle d’épopées fragmentaires : des raisons scientifiques ?
1.1.1. Histoire d’une fragmentation en deux temps
1.1.2. …Modulée par l’évolution scientifique
1.2. La possibilité d’une épopée « très-analytique »
1.2.1. La portée agonistique de l’évolutionnisme
1.2.2. Jules de Strada, une « Épopée divisé[e] »
1.2.3. Une épopée de la diffraction : le ver de terre et le poète hugolien
1.2.3.1. Le ver hugolien : un chantre du matérialisme
1.2.3.2. Le ver hugolien : l’acteur d’une histoire oublieuse
1.2.3.3. Le ver hugolien : à l’assaut de l’épopée
1.2.3.4. Le ver hugolien : de la réalité scientifique à l’écart symbolique
1.2.3.5. La réponse du poète spiritualiste
2. Les réponses poétiques : ressaisir la dispersion pour fonder une nouvelle ère
2.1. La découverte d’un temps long et la crise du sujet lyrique
2.1.1. Un nouveau héros pour une quête moderne : l’humanité à l’assaut du progrès
2.1.2. La voix du vivant : lyrisme et épopée universelle
2.2. La geste d’Hugo : parvenir à conjuguer science et poésie
UN DIALOGUE RENOUVELÉ : LES FONDATIONS D’UNE NOUVELLE ALLIANCE
CHAPITRE SEPTIÈME : RÉVOLUTION TONALE, LYRISME SCIENTIFIQUE
1. Baudelaire, Lautréamont, Rimbaud et Laforgue : les lyrismes analytiques
1.1. Baudelaire : science et lyrisme inquiet
1.2. Lautréamont : le corps composite d’un sujet lyrique monstrueux
1.3. Rimbaud savant ? le Voyant et l’ironiste
1.4. Lyrisme et sciences psychologiques : le cas Laforgue
2. Inquiétude et lyrisme fin-de-siècle
2.1. Les lyres angoissées
2.1.1. Des causes premières inconnaissables : le devenir topos d’un thème positiviste
2.1.2. Les limites d’une approche empiriste du monde : l’exemple des étoiles mortes
2.1.3. Biologie, évolutionnisme et crise du sujet lyrique : Richepin et Sully Prudhomme
2.2. Science, poésie et anticipation : la fortune d’un lyrisme prospectif
2.2.1. Justifier par la science les rêveries cataclysmiques
2.2.2. Eschatologie et darwinisme : les prophéties morales et sociales
2.2.3. Le Sanglot de la terre : le « séjou[r] dans le Cosmique » de Jules Laforgue
2.2.4. Le Bonheur de Sully Prudhomme : science et conscience, ruine du monde
2.2.5. L’apocalypse scientifique de Verhaeren
CHAPITRE HUITIÈME : FAIRE DE LA POÉSIE UN OBJET DE SCIENCE
1. Pour une défense du vers classique : science et évolution mesurée
1.1. Une métrique mathématique
1.2. Versification et chimie : une analogie qui se modernise
1.3. Le Petit Traité de Banville : une métrique scientifique ?
1.4. La fortune de l’approche physiologique
1.5. Versification classique et biologie évolutive
1.6. Le poète et le pathographe
2. Métrique et science psychologique : le cas du vers libre
2.1. Gustave Kahn : vers libre, physiologie et renouveau lyrique
2.2. Les échos de l’approche scientifique dans les théories du vers libre
2.3. « Crise de vers » de Mallarmé : une influence discrète des sciences biologiques
3. Symbolisme et poétique expérimentale
3.1. Mallarmé et le poème expérimental : « la corrélation intime de la Poësie avec l’Univers »
3.2. La science chez Jarry : laboratoire d’un hermétisme symbolique
3.3. René Ghil : poétologie scientifique et « Métaphysique émue »
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
1. Corpus primaire
1.1. Recueils et poèmes ponctuels
1.2. Concours poétiques
1.3. Œuvres complètes
2. Science et littérature
2.1. Travaux généraux ou transversaux
2.2. Science et littérature au XVIIIe siècle
2.3. Science et littérature au XIXe siècle
2.4. Science et littérature au XXe siècle
2.5. Travaux monographiques
3. Science et poésie
3.1. Science et poésie : travaux généraux
3.1.1. Ouvrages
3.1.2. Articles ou chapitres
3.2. Science et poésie au XIXe siècle : travaux généraux
3.2.1. Ouvrages
3.2.2. Articles ou chapitres
3.3. Science et poésie au XIXe siècle : travaux monographiques
3.3.1. Science et poésie chez Baudelaire
3.3.2. Science et poésie chez Louis Bouilhet
3.3.3. Science et poésie chez Ducasse
3.3.4. Science et poésie chez René Ghil
3.3.5. Science et poésie chez Heredia
3.3.6. Science et poésie chez Victor Hugo
3.3.7. Science et poésie chez Laforgue
3.3.8. Science et poésie chez Leconte de Lisle
3.3.9. Science et poésie chez Jarry
3.3.10. Science et poésie chez Mallarmé
3.3.11. Science et poésie chez Rimbaud
3.3.12. Science et poésie chez Sully Prudhomme
4. Histoire des sciences
5. Métrique, versification et formes poétiques : histoire et théorie
5.1. Études du grand XIXe siècle
5.2. Études modernes
INDEX DES NOM PROPRES
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