UN QUARTIER POPULAIRE, VICTIME DES ALEAS ECONOMIQUES DE LA CAPITALE
« Fort-de-France », ville capitale de la Martinique
Une démographique en forte croissance
De la « Ville Garnison » de 1667 organisée autour du Fort Royal, place centrale militaire, à la « Ville Capitale » d’aujourd’hui qui se construit depuis ses périphéries urbaines, la ville de Fort de France n’a jamais cessé de s’étendre autour de l’actuel centre historique, situé sur un tapis marécageux qu’il a fallu assainir, organiser puis aménager. C’est en 1902 que débute sa véritable histoire contemporaine, lorsqu’elle accède par « accident », suite à l’éruption de la Montagne Pelée et la destruction de la ville de Saint-Pierre, au statut de capitale administrative. Au centre, la ville historique et le faubourg des Terres Sainville se densifient. Dans le même temps, s’érige autour de ce centre une couronne, puis une seconde, qui se densifient à leur tour. Ainsi, un accroissement démographique important accompagne le mouvement d’extension de cette ville dans l’espace. De 16 050 habitants au recensement de 1894, Fort de France passe, à 52 051 en 1936, puis à 66 006, en 1946. Le flux le plus dense fut alimenté à partir de 1960, par l’arrivée vers le chef-lieu, d’ouvriers agricoles et industriels, due aux problèmes de l’économie cannière. Afin d’accompagner cet accroissement démographique, la municipalité de l’époque décida d’accueillir ces nouveaux venus en créant de nouveaux quartiers périphériques, dont celui de Sainte Thérèse. En 2003, Fort de France compte 94 059 habitants sur un territoire de 4421 ha, soit un peu plus de 40 % de la population totale de l’île.
Une configuration urbaine en devenir
La trame foncière de la ville comprend cinq grandes zones sujettes à des enjeux fonciers, humains, économiques et paysagers différents. Elles résultent d’un regroupement de plusieurs quartiers présentant une certaine homogénéité morphologique et fonctionnelle.
On distingue :
− Le centre
− Les « faubourgs populaires » qui bordent le centre : première couronne, dont fait partie Sainte-Thérèse du fait de sa situation géographique par rapport en centre.
− Les quartiers mixtes de la périphérie résidentielle : seconde couronne
− La « ville campagne » : troisième couronne
− La zone verte, en arrière plan : arrière pays
Comme l’ensemble des cœurs de ville de la Caraïbe, Fort-de-France est confrontée à la problématique de la dévitalisation et du dépeuplement. Le dernier recensement de la population a fait état d’une perte de 10% de la population du centre ville entre 1992 et 1998. Cependant, de récentes informations relevant du recensement complémentaire laissent apparaître une nouvelle attractivité dans la reprise du marché immobilier sur la capitale. L’INSEE évalue à + 4600 le nombre d’habitants à comptabiliser en supplément par rapport au recensement de 2003 faisant état de 94 059 habitants. En effet, afin de permettre à Fort-de-France de se positionner comme ville de « référence » dans la Caraïbe, l’édilité, les habitants et leurs partenaires institutionnels et privés, procèdent à un « remodelage » du paysage urbain et à une « réhabilitation » des espaces publics et privés.
Un peuplement jadis en croissance
Le développement du quartier de Sainte-Thérèse s’est fait en plusieurs étapes. Tout commença au début des années 20, dans la partie Sud de l’Avenue Maurice Bishop. Par la suite, ce quartier s’est densifié au Nord Est de l’église du même nom, inaugurée en 1938. En 1939, Sainte Thérèse était la première banlieue de Fort-de-France, ne comptant pas moins de 12 000 habitants. Elle dut son importance à sa situation de proximité avec le port, et de l’unique route qui menait vers le Sud et le Nord Est de l’île. Mais jusqu’en 1950, seule une partie des terrains situés à proximité de l’actuelle Avenue Maurice Bishop sont bâtis. Ce n’est qu’à partir des années 60 que le quartier va se densifier, et prendre sa trame définitive. Le faubourg de Sainte Thérèse fut un site très actif au plan économique. En effet, le quartier bénéficiait de sa proximité du bassin de radoub, du port, des chantiers et bureaux, ce qui permit à la population d’être employée sur place. De nombreux artisans tôliers, soudeurs, ferronniers, travailleurs du bois y étaient implantés, mais la plupart de ces entreprises disparurent dans les années 80 faute de succession, et d’adaptation aux mutations générées par la modernisation des activités portuaires et industrielles; mais il en subsiste cependant quelques unes. C’est également là que se trouvait la plus importante entreprise de ferronnerie et mécanique de la Martinique. A la fin des années 1970, le quartier comptabilisait 9000 habitants. Il pouvait se définir comme un enchevêtrement de petites maisons, de « cases » et de quelques rares villas, donnant une impression d’entassement et de promiscuité où toutes les conditions d’hygiène n’étaient que partiellement respectées.
Un quartier d’entrée de ville ayant ses spécificités
Secteur urbain d’entrée de ville, le quartier Sainte-Thérèse accueille principalement de l’habitat, quelques équipements et bâtiments publics, des commerces de proximité et de petits ateliers. Il est caractérisé par une diversité architecturale remarquable.
− Son foncier
Sa trame foncière est confrontée à un immobilisme relatif, soit avant ou après vente, dû à la morphologie, au coût du foncier, aux charges foncières et à l’état général de l’environnement urbain. En ce sens, Sainte-Thérèse, en tant que quartier ancien, enregistre très peu de transactions : 50 % des habitants y résident depuis plus de 9 ans. La trame foncière y est étriquée et peu accessible, et les possibilités de rentabiliser avec des opérations neuves et non subventionnées demeurent réduites ; les causes principales étant le coût initial élevé et un environnement socio urbain peu favorable.
− Ses repères démographiques
La densité moyenne du centre de Fort-de-France est de 52 habitants à l’hectare, tandis qu’elle est de 83 dans le secteur de Sainte-Thérèse . Les 1460 résidences principales, construites en majorité avant 1975, accueillent 3888 habitants, soit 2,66 personnes par ménage. Le taux de vacance de 16% y est élevé par rapport à la moyenne communale qui est de 12%. Aujourd’hui, les logements du quartier sont occupés en majorité par des locataires ayant pour la majorité moins de 60 ans. Les propriétaires occupants ont eux plus de 60ans.
− Sa structure
C’est un quartier caractérisé par une topographie accidentée : très pentu au Nord et plat au Sud, et traversé par une route très fréquentée, nommée Avenue Maurice Bishop, qui le sépare en deux parties distinctes. La partie nord laisse apparaître un quartier dense de logements individuels anciens, un bâti de mauvais état, noirci par le gaz d’échappement des véhicules. Les trottoirs y sont inexistants et les commerces de détails clairsemés. La partie sud a connu, elle, une rénovation partielle au gré des opportunités. La densité de la population y est plus faible. Cette partie est composée essentiellement de maisons individuelles, mais aussi de logements sociaux collectifs récents. Des activités commerciales se sont récemment installées en retrait en respectant le nouvel alignement du bâti (inscrit au PLU ) ; alignement qui devrait améliorer l’aération et l’organisation du stationnement pour les clients des commerces et les riverains.
− Les activités économiques et commerciales du quartier
Tous les commerces et services du quartier se situent sur l’Avenue Maurice Bishop. Parmi les services, on peut compter aujourd’hui :
– un laboratoire d’analyses de biologie médicale
– les cabinets de médecins généralistes et ceux d’autres professions médicales
– 2 pharmacies
– 2 coiffeurs
Le quartier regroupe aujourd’hui 74 entreprises dont :
– quelques snacks et pizzerias
– garages de réparation de vélos, motos, hélices de bateaux, automobiles
– atelier de capitonnage
– divers commerces spécialisés vendant : accessoires de fêtes ; rideaux et stores ; matériel de réception ; matériel de sport ou encore des fournitures bureautiques.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. SAINTE-THERESE,UN FAUBOURG DE FORT DE FRANCE BIENTOT TRAVERSE PAR LE TRAMWAY
1.1 UN QUARTIER POPULAIRE, VICTIME DES ALEAS ECONOMIQUES DE LA CAPITALE
1.1.1. « FORT-DE-FRANCE », VILLE CAPITALE DE LA MARTINIQUE SAINTE-THERESE, QUARTIER ANCIEN DE LA CAPITALE
1.2. LE PROJET DE TRANSPORT COLLECTIF EN SITE PROPRE (TCSP)
1.2.1. LE TSCP, UNE OPPORTUNITE POUR LE QUARTIER A SAISIR
1.2.2. LE TCSP, PRODUIT DU CONSENSUS DES DECIDEURS LOCAUX
1.2.3. SES IMPACTS SUR LE QUARTIER DE SAINTE-THERESE
2. L’ETAT DE LIEUX DU QUARTIER ET LE CADRE DES PROJETS EN COURS
2.1. DU SAINTE-SHERESE ACTUEL AU QUARTIER DYNAMISE PAR LE TSCP
2.1.1. LES DIVERS ELEMENTS CONSTITUANT LE QUARTIER
2.1.2. LES AMENAGEMENTS ENVISAGES EN VUE DU PASSAGE DU TCSP ET LEURS IMPACTS
2.2. LE CADRE ACTUEL : UNE VOLONTE DE CHANGEMENT AVEC LE PROGRAMME DE DEVELOPPEMENT ET DE RENOVATION URBAINE DE FORT DE FRANCE
2.2.1. UN PROGRAMME ALLIANT RESPECT DES SPECIFICITES DU QUARTIER ET RECHERCHE DE RENOUVEAU
2.2.2. LE PIG « AMELIORATION DE L’HABITAT »
3. PROPOSITIONS D’AMENAGEMENT
3.1 . REAMENAGER ET REDENSIFIER LE QUARTIER
3.1.1. IDENTIFICATION DE L’ILOT
3.1.2. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DU NOUVEL ILOT
3.1.3. REPRESENTATION DE L’ILOT ET REPARTITION DES ESPACES
3. 2. RELANCER UNE DYNAMIQUE ECONOMIQUE ET SOCIALE
3.2.1. LES MESURES A ENVISAGER POUR UNE REDYNAMISATION ECONOMIQUE
3.2.2. REDYNAMISATION SOCIALE
3.3. LA VILLE, SES PARTENAIRES ET LEURS AIDES
3.4. EVALUATION SOMMAIRE DE QUELQUES ELEMENTS DES AMENAGEMENTS PROPOSES
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES ILLUSTRATIONS
ANNEXES
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