Une configuration globale agronomie et réflexions sur l’agriculture depuis 1750

PROLEGOMENE CHOIX ET PARTIS PRIS METHODOLOGIQUES

« Tout livre d’histoire digne de ce nom devrait comporter un chapitre ou, si l’on préfère, insérée aux points tournants du développement, une suite de paragraphes qui s’intituleraient à peu près : comment puis-je savoir ce que je vais dire ? Je suis persuadé qu’à prendre connaissance des confessions, même les lecteurs qui ne sont pas du métier éprouveraient un vrai plaisir intellectuel. Le spectacle de la recherche, avec ses succès et ses traverses, est rarement ennuyeux. C’est le tout fait qui répand la glace et l’ennui » . Point de confession ici mais une approche qui se veut conforme au souhait de Marc Bloch, c’est-à-dire un exposé des méthodes, des démarches et des raisonnements qui permettent d’aboutir à la formulation des hypothèses. C’est pourquoi, nous consacrons ce chapitre à des questions pour une part théorique mais aussi très pratique avec une réflexion sur nos sources. Ce chapitre correspond aussi au « pacte biographique » que tout biographe passe avec son lecteur dans une sorte de « rite quasi obligé » où le « biographe fait part (…) de ses ambitions, de ses sources et de sa méthode… » .

Christophe Joseph Alexandre Mathieu de Dombasle : itinéraires biographiques, esquisses et hypothèses 

La biographie est un genre hybride, qui existe depuis l’Antiquité, à la frontière de l’histoire et de la littérature . Plutarque, avec ses Vies des hommes illustres , est considéré comme un des pères du genre. Perçu comme « mineur, confus, douteux», le genre biographique, paradoxalement, « jouit depuis deux millénaires, en Occident, d’un succès toujours renouvelé… » . Du grec « écriture d’une vie », la biographie consiste à analyser le cours d’une vie humaine, « ce module existentiel fondamental» . Imaginaire ou romancée, la biographie appartient à la littérature mais, élaborée à partir des sources d’une vie rigoureusement critiquées, elle s’inscrit pleinement dans une écriture historique. Toutefois, histoire et biographie n’ont pas toujours fait « bon ménage ». Genre florissant à l’époque romantique en France, puis en vogue durant tout le XIXe siècle , la biographie a ensuite été dénigrée et rejetée par certains historiens comme étant une approche insatisfaisante, dénuée de légitimité « à dire » l’histoire. On y a vu l’influence de l’école dite des « Annales » issue des réflexions et travaux de Marc Bloch et Lucien Febvre . L’ostracisme du genre biographique par l’école des « Annales », très influente dans le monde historien durant les années 1950- 1970, notamment avec des « figures » comme Fernand Braudel ou Ernest Labrousse (qui développent les notions de longue durée et d’histoire sérielle) est nuancée par Christine Le Bozec qui relève, dans l’introduction de sa thèse consacrée à Boissy d’Anglas, que L.Febvre, figure tutélaire des Annales, est l’auteur de plusieurs biographies dont Martin Luther, un destin (1925) .

La réflexion historiographique ne peut donc être simplifiée à l’extrême et la place du genre biographique, ou des genres, car la biographie n’est pas une forme d’écriture monolithique de l’histoire, dans le courant de l’école des Annales puis de la nouvelle histoire est sans doute à réexaminer. D’autant plus que durant les années 1980 nous avons assisté à un renouveau du genre biographique à l’origine duquel on trouve des tenants de la nouvelle histoire comme, par exemple, Georges Duby, qui fait paraître son Guillaume le Maréchal en 1984 et, quelques années plus tard, en 1996, Jacques Le Goff, chef de file de la nouvelle histoire, publie un monumental Saint Louis. Les rapports entre l’Histoire, les historiens et le genre biographique sont donc complexes : il n’y a pas d’un côté les historiens des masses qui ont recours aux séries homogènes et analysées à partir des outils statistiques adéquats au service d’une histoire s’inscrivant dans le temps long ; et de l’autre des historiens de la particularité, de l’individu voire de l’individualité, préoccupés uniquement par les soubresauts des événements d’une vie unique. La situation est plus complexe, et s’est d’ailleurs complexifiée depuis l’époque dite de « renouveau » de la biographie historique . Aujourd’hui où l’on parle d’une « histoire en miettes », période sans école dominante et où nombre de genres et d’approches cohabitent, la biographie historique est (re-)devenue une manière d’écrire l’histoire parmi d’autres, à fort potentiel éditorial (le grand public s’est toujours passionné pour cette forme d’écriture de l’histoire) mais peut-être pas encore toujours considérée à l’égal d’autres approches. Le genre biographique souffre encore actuellement de son « étiquetage» positiviste alors que les biographies écrites actuellement n’ont guère de similitudes avec les histoires de grands hommes rédigées au début de la IIIe République.

A travers les sources et les théories

Nous sommes allés puiser matière à penser, chez divers auteurs dont on a utilisé les œuvres comme une « Boîte à outils ». Le pluriel ici est indispensable. En effet, il nous a semblé trop réducteur d’ « enfermer » notre recherche dans un carcan théorique trop rigide. Nous référer à un seul système de pensée nous a fait craindre de manquer de nuance. Aussi, plusieurs auteurs nous ont servi de guide pendant nos recherches. Cependant, nous avons librement glané nos informations, nous appuyant sur les uns, nous opposant aux autres, c’està-dire « penser avec, penser contre ». Cette expression est empruntée à un ouvrage de Gérard Noiriel où il explique les influences diverses, puisées chez différents auteurs (P. Bourdieu, Michel Foucault, M. Bloch et aussi la romancière Virginia Woolf…) et qui lui ont permis de mieux penser ses objets de recherche, car « toute réflexion s’élabore nécessairement dans le rapport critique à d’autres réflexions ». Les études de nombreux auteurs « nourrissent » le présent travail, mais nous nous sommes permis de discuter certains auteurs car nous pensons, dans la lignée de nos maîtres, que l’historien écrit des ouvrages ou des articles provisoires destinés à être passés par le tamis de la critique. Et nous ne nous excluons pas de cette saine pratique. Autrement dit, notre thèse par ses partis pris sera sans doute critiquable et nous souhaitons qu’elle participe du mouvement de la réflexion historique et que les idées que nous y développons soient amendées et complétées, sinon améliorées par d’autres et, comme Maurice Agulhon, « nous pensons (…) que les historiens ont le droit d’écrire des articles contestables, lorsque ces écrits forment l’étape d’une recherche en cours, un bilan provisoire qui mêle résultats partiels, hypothèses et appels à la confrontation » . En effet « le vrai respect scientifique d’une œuvre (et de son auteur) réside dans la discussion et l’évaluation rigoureuses (…) il faut oser poser certaines questions, s’autoriser à contredire, réfuter, compléter, nuancer la pensée d’un auteur ».

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Table des matières

INTRODUCTION
Chapitre premier. Prolégomène : choix et partis pris méthodologiques
I. Christophe Joseph Alexandre Mathieu de Dombasle : itinéraires biographiques,
esquisses et hypothèses
II. A travers les sources et les théories
A. Au sujet des sources
B. Agronome et agronomie : un point de vocabulaire
1. Le choix des mots
2. L’émergence du vocabulaire
3. La chose avant le mot
C. Théorie de l’innovation et concepts utiles à l’historien
Chapitre II. Un jeune noble féru de sciences puis d’agriculture (1777-vers 1815)
I. Milieu et formation
A. Les Mathieu de Dombasle : une famille d’aristocrates lorrains
B. Des études bouleversées par la Révolution
1. Une formation classique interrompue
2. Des études scientifiques poussées à l’Ecole centrale de Nancy
3. Entre mythe et réalité : le voyage de Paris et le goût pour l’étude
C. Les premiers travaux scientifiques : la chimie de l’eau
II. De la chimie à l’agronomie : culture de la betterave à sucre et production de sucre
A. La fabrication du sucre de betterave à Monplaisir entre 1809 et 1814
1. Des techniques d’origines germaniques
2. La fondation d’une sucrerie de betterave à Monplaisir
3. Une demande officielle liée au Blocus continental
4. Les procédés de fabrication
B. Difficultés économiques et faillite
C. Comment une réflexion sur les techniques culturales de la betterave sucrière,
élaborée en tenant compte des difficultés rencontrées au champ, amène Mathieu de
Dombasle à une réflexion sur le fonctionnement de la charrue
Chapitre III. La charrue « Dombasle » (c.1816-1821)
I. Une « théorie de la charrue »
A. Le profil cultural : un concept agronomique à usage historique
B. La charrue « Dombasle » : une charrue sans avant-train
1. Postulats mécaniques et conceptualisation
2. Une pseudo-invention
3. Une charrue ou un araire ?
II. L’application agricole : « Les labours les plus parfaits, avec autant d’économie qu’il est possible »
A. Un attelage restreint
B. Une main-d’œuvre réduite qui doit s’adapter
III. Des premiers essais à la renommée
A. Des essais comparatifs en plein champ
1. De la théorie au champ
2. Les premiers défis de charrue
3. La sentence d’Héricart de Thury ou le marchepied vers la renommée
B. Le cheminement d’une réflexion
C. 1820-1821 : récompense et reconnaissance
1. Une reconnaissance académique
2. La reconnaissance du nom
Chapitre IV. Une configuration globale : agronomie et réflexions sur l’agriculture depuis 1750
I. L’agronomie émergente
A. Aspects de l’outillage mental de Mathieu de Dombasle
B. L’agriculture nouvelle dans la seconde moitié du XVIIIe siècle
II. Physiocratie et économie politique classique
A. Physiocratie et pensée libérale : deux cadres structurants
B. Un héritage critiqué
III. Les origines anglo-germaniques de la charrue « Dombasle »
A. Un vif intérêt pour l’agriculture : Mathieu de Dombasle lecteur et traducteur
B. Par delà lectures et traductions : influences et inspirations
CONCLUSION

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