Une approche muséographique sensible à l’expression de la culture régionale québécoise »

J’ai toujours eu une vision poétique de l’histoire, inspirée des valeurs, des techniques et des modes de vie qui émergent de la matière, délaissant l’aspect politique et hiérarchique qu’on associe souvent au territoire. Architectures et objets dépouillés de modernité, structure simple et rudimentaire pour combler une nécessité. La nécessité qui pousse à construire et à créer avec spontanéité est la richesse de la création humaine. Mon intérêt historique porte plus précisément sur les stratégies d’adaptation qu’ont développé les Hommes en regard des particularités du territoire québécois ; adaptation technique et matérielle reliées à l’habitation et à la subsistance, bases des valeurs morales et culturelles. Je veux découvrir la culture qui s’est construite par l’échange matériel et culturel entre les Européens et les Amérindiens, à l’origine de la culture québécoise. Le territoire est témoin d’un passé mais aussi un lieu que nous avons côtoyé et façonné, parfois alliés, parfois ennemis, duquel émergea une culture matérielle et sociale particulière. Je cherche à retracer, par la voix du territoire, ce qu’est l’authenticité de notre culture, en observant et servant mon besoin d’un retour à l’essentiel pour me re-situer culturellement. Permettre à mon imaginaire de vivre des morceaux de ce passé collectif.

Expérimenter, toucher, voir et revivre comme quand j’étais enfant. Comprendre ce qu’est la pensée derrière les mains humaines qui ont meublé le territoire. Explorer l’ancien pour montrer au nouveau. Mettre à nu les structures autant techniques que sociales pour se retrouver en tant que personne et en tant que peuple. Orienter la création pour ainsi… se rappeler

Expérimenter, toucher, voir, revivre, comprendre, explorer, montrer et se rappeller, voilà donc les intentions profondes de ma recherche artistique et muséographique.

AMORCE DE CRÉATION INSPIRÉE D’UNE CULTURE 

L’intérêt à pousser plus loin ma création afin de réaliser une transmission de savoir en regard de la culture matérielle et technique m’est apparu lors du processus de création de mon œuvre ou plus spécifiquement de mon installation nommée «Architecture du terroir québécois », en 2004. Celle-ci s’est avérée une production clef d’où s’est ensuite développé mon sujet de recherche sur la culture matérielle et technique québécoise. Le processus de recherche et de création ayant été développé pour cette œuvre a été révélateur et source de motivation, la richesse et l’authenticité des contenus recueillis ont été déclencheurs d’une œuvre mais aussi d’une sensibilité et d’une méthodologie. Je vous présente donc les étapes essentielles de cette production qui furent la base de la recherche théorique et pratique dans le cadre de ma maîtrise.

Œuvre : « Architecture du terroir québécois »
L’utilisation des matériaux et des techniques développés en milieu naturel est une grande richesse de l’histoire et de l’évolution des cultures, cependant la conservation à long terme est extrêmement difficile, voire quasi impossible, les matériaux naturels étant voués à la détérioration par et avec le temps. Donc, ce que les gens d’avant ont construit, vu et habité est malheureusement en voie de disparition. Les objets que ceux-ci ont réalisés vivent en partie, en débris ou en souvenirs. C’est donc cette réalité qui m’a d’abord frappée et m’a poussée à concevoir des moyens de faire revivre ces souvenirs, témoins d’un passage et d’une richesse culturelle.

La création de l’œuvre-installation « Architecture du terroir québécois » s’est réalisée lors de recherche dans le cadre de mon projet de fin d’étude au baccalauréat. Cette production est d’abord inspirée d’une rencontre marquante qui visait à trouver la source d’inspiration, le cadre philosophique et théorique de ma création. Comme l’intérêt pour l’architecture et ses techniques agit en tant que stimulant dans ma recherche, j’ai cherché comment m’en inspirer. C’est donc par le discours d’un homme ayant vécu la construction d’habitation rudimentaire du territoire que j’ai trouvé une voie. J’ai donc réalisé une entrevue avec M.Gordon Moar, un homme de savoir de la communauté autochtone de Mashteuiatsh. Après une rencontre sympathique sur son territoire ancestral, à discuter de sa vie nomade vécue autrefois avec ses parents, il m’a éclairée sur plusieurs procédés techniques. Il m’a expliqué en détail les différentes habitations où il a passé la majeure partie de sa vie. Cette rencontre m’a initiée à la pensée autochtone, au mode de vie particulier et aux richesses existantes dans la mémoire des aînés. Avec une grande générosité, M. Moar m’a fait connaître les campements temporaires ancestraux et ceux plus permanents, vécus et construis par lui, ses parents et ses grands-parents.

C’est donc à partir de cette rencontre avec M. Moar que j’ai eu envie de transmettre les richesses ingénieuses enfouies dans l’oubli. J’ai donc créé un espace mettant en valeur la technique de construction du toit du camp en bois rond que j’ai trouvé particulièrement astucieuse, par la conception d’un mobilier et d’un montage graphique expressifs présentant les mots importants de cette technique et recherche culturelle. La création du mobilier se voulait un moyen de figer et de présenter la technique de construction, soit les couches de bois et de sable servant à rendre fonctionnel un toit, afin de rendre hommage à sa fonction de couvrir et de protéger. Une technique efficace, développée avec les matériaux disponibles dans le milieu immédiat, c’est-à-dire la forêt du Québec. Donc en retravaillant avec les mêmes matériaux qu’autrefois, le bois et le sable, et en les intégrant dans un médium contemporain transparent et massif, comme la résine de polyester qui a servi à figer et à exposer cette technique. En opérant un glissement de fonction à un objet du quotidien, j’ai construit un lieu de présentation qui a fait de la technique du toit une table. Afin de donner le sens de lecture de l’œuvre facilitant la compréhension, j’ai créé un espace d’installation intégrant des panneaux graphiques portant les mots clef du travail.

TRANSMISSION : MÉTISSAGE DES LANGAGES 

Depuis maintenant six ans, je poursuis un cheminement d’artiste designer. J’ai d’abord exploré différents champs de l’art, tels que la peinture, la sculpture, l’art d’impression, l’installation et la vidéo, qui se retrouvaient régulièrement dans mes projets. Ma ligne de conduite en création a longtemps convergé de façon inconsciente vers la transmission. J’ai toujours cherché à intégrer du sens en regard à un sujet à transmettre dans la composition de mes oeuvres. J’ai complété un baccalauréat interdisciplinaire en art, inscrite au profil design, où j’ai exploré plusieurs volets du design tels que la conception graphique, le design d’objets, de mobiliers et d’expositions. Depuis 2003, je travaille comme assistante de recherche pour le projet Design et culture matérielle : développement communautaire et cultures autochtones. Un projet mené par Elisabeth Kaine, professeure-chercheure en design à l’UQAC et Élise Dubuc, anthropologue, muséologue et professeure au département d’Histoire de l’art à l’Université de Montréal. À l’intérieur du projet de recherche, j’ai participé à la réalisation de plusieurs expositions présentées dans différents musées, tels que le Musée amérindien de Mashteuiatsh, le musée Shaputuan de Sept-îles, le Musée des Abénakis d’Odanak, ainsi que le Jardin des Premières-Nations du Jardin Botanique de Montréal. Au printemps 2006, j’ai travaillé au concept participatif de l’exposition L’empreinte créative de la famille Henri Connolly , comme co-scénographe et graphiste.

Le travail que j’ai accompli dans ces communautés autochtones, aidant au développement et à la transmission de leur culture, m’a amenée à me questionner et à agir pour ma propre culture. C’est pourquoi j’ai entrepris des recherches sur l’identité rurale québécoise et sur son expression.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : CONTEXTE : LE MUSÉE COMME LIEU DE CRÉATION ET DE TRANSMISSION
1. La situation actuelle des musées
1.1 Corpus et définitions
1.2 Révision de la mission
1.3 Nos musées québécois
1.5 Design et ethnologie : une discipline
CHAPITRE II : L’EXPÉRIENCE ESTHÉTIQUE COMME VECTEUR DE TRANSMISSION
2. L’expérience esthétique
2.1 Fondement de l’expérience : pourquoi en muséographie
2.2. Adaptation au contexte muséographique
2.2.1 L’implication de l’artiste dans la muséographie : une approche prometteuse
2.2.2 Une théorie inspirante
2.3 Applications de l’expérience esthétique en muséographique
2.3.1 De l’artiste à l’exposition
2.3.2 De l’exposition à l’artiste
2.3.3 Convergence et divergence ; mise au point d’une efficacité
CHAPITRE III : CADRE MÉTHODOLOGIQUE : LA PHÉNOMÉNOLOGIE
3. La phénoménologie comme outil de matérialisation
3.1 La phénoménologie structurale comme méthodologie
3.2 Adaptation de la méthode
3.2.1 La phénoménologie comme approche muséographique
3.2.2 La rencontre
3.2.3 La captation / l’inspiration
3.2.4 La liaison / analyser
3.2.5 Définir
3.2.6.Associations d’idées
3.2.7 Matérialisation
3.3 Expérimentation préliminaire
3.3.1 Les objectifs d’expérimentation
3.3.2 Les étapes de création
3.3.3 Le concept final
3.3.4 Mesure de réception de l’œuvre de transmission
3.3.5 Comparaison de l’expérience : interrelation de l’artiste, de l’œuvre et du visiteur
2.2.7 Conclusions de l’expérience
CHAPITRE IV : LA CRÉATION
4. L’exposition
4.1 Le parcours
4.1.1. Introduction
4.1.2 Zone 1 : Le territoire exploré
4.1.3 Zone 2 : le territoire habité
4.1.4 Zone 3 : Le territoire transformé
4.1.5 Conclusion
4.2 Langage plastique et moyens de transmission
4.2.1 Équilibrer : ambiance et espace
4.2.2 Découvrir : l’écrit
4.2.3 Suggérer : l’image et son ombre
4.2.4 Exposer: transparence
4.2.5 Rappeler : matériaux, objets et artefacts
4.2.6 Surprendre : œuvre et installation artistique
4.2.7 Intentions
4.3 Vérification et constats
4.3.1 La parole aux visiteurs
4.3.2 Retour et comparaison des observations
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Annexes

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