Une approche intégrative : l’épanouissement psychologique

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Les dirigeants d’entreprise des TPE-PME

Les risques psychosociaux mettent en lien la notion de risque avec celle de la santé. Néanmoins, s’il y a bien un sujet tabou en entreprise, c’est celui de la santé des dirigeants (Lechat & Torrès, 2016). À noter que les travaux sur les risques psychosociaux ou plus largement sur la santé au travail dans les TPE-PME sont rares, et les travaux sur la santé des dirigeants de TPE-PME le sont encore plus (Torrès, 2012). En effet, cet aspect est souvent négligé par les chercheurs : « la santé de l’entrepreneur est probablement une ressource sous-estimée pour le comportement entrepreneurial et le développement de l’organisation » (Vinberg, Gundersen, Nordenmark, Larsson & Landstad, 2012, p. 387).
La question de la santé semble essentielle. Mintzberg (1979, p. 312 ; Cité par Lechat & Torres, 2016) indiquait : « la structure simple est aussi la plus risquée des structures, dépendant de la santé et des caprices d’un unique individu. Une crise cardiaque peut littéralement réduire à néant le premier mécanisme de coordination de l’organisation ». Dans une multinationale, le leader est plus facilement remplaçable que dans une TPE-PME (Torrès & Chabaud, 2013).
Dans cette perspective, une étude de Becker et Hvide (2013) indique que sur 341 PME qui ont connu le décès de leur chef d’entreprise, le chiffre d’affaires a baissé en moyenne de 60% et 20% ont fait faillite. Ces données appuient l’idée qu’une TPE-PME n’est donc pas une grande entreprise en miniature (Marchesnay, 1991). Selon Torrès (2012), le capital-santé du dirigeant est vraisemblablement le premier actif immatériel de son entreprise car la dépendance vis-à-vis du dirigeant est d’autant plus forte que la taille de l’entreprise est petite (Mouzaoui et L’Horty, 2007). En effet, si le dirigeant est en épuisement professionnel et qu’il se retrouve en incapacité de tenir son rôle, c’est l’entreprise qui est mise en danger (Torrès, 2012).
Une des raisons pouvant expliquer ce manque de données est le fait que de nombreux dirigeants appartiennent à la famille des travailleurs non-salariés (TNS), ils ne sont donc pas légalement soumis à adhérer à la médecine du travail. Cette absence de suivi médical rend plus difficile la mise en place d’études, les données sont souvent hétérogènes (Stephan & Roesler, 2010) et cela limite les analyses descriptives et explicatives.
En 2009, Torrès crée l’Observatoire AMAROK10, une association qui se concentre sur la santé physique et psychologique des TNS ayant une double finalité : étayer les connaissances scientifiques concernant cette population et sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la santé des TNS. Aussi de nombreuses questions sont à approfondir : quel regard le dirigeant porte sur sa santé au travail et sur celle de salariés ? Ont-ils des spécificités en matière de facteurs de risques et en termes de facteurs protecteurs de la santé au travail ? Quels liens la santé du dirigeant entretient-elle avec la santé de son entreprise ? Des chercheurs ont commencé à s’interroger sur ces éléments.
Torrès et Lechat en 2014, proposent une représentation graphique (figure 4) des principaux « stresseurs » regroupés en quatre familles : la pérennité en péril, l’enfer du devoir entrepreneurial, la résignation patronale intériorisée et le poids des pressions managériales. Cette cartographie permet aux dirigeants d’identifier les stresseurs les plus nocifs de son activité. Dans la catégorie « le poids des pressions managériales », un stresseur semble un peu plus distinct des autres facteurs : les problèmes de santé du dirigeant. D’après une des études de l’observatoire, un dirigeant de PME sur six se trouve en état d’épuisement professionnel et 45% d’entre eux éprouvent un isolement. Nombreux dirigeants sous-estiment l’importance de leur propre santé dans le développement de leur entreprise (Volery & Pullich, 2010).

Les fondements théoriques du bien-être

De nombreux philosophes de la Grèce antique ont orienté leurs travaux sur la notion de bien-être et sur le rôle du bonheur (Waterman, 1993). Deux doctrines ont émergé et ont fait l’objet de fortes oppositions reposant sur des différences épistémologiques : l’hédonisme et l’eudémonisme. L’hédonisme, doctrine développée principalement par Platon et Epicure, met en avant la satisfaction des désirs, la recherche du plaisir et des émotions plaisantes (Biétry & Creusier, 2013). L’individu se trouve dans un état de bien-être hédonique dès lors que les manifestations positives sont plus intenses que celles dites négatives (Kahneman, Diener, & Schwarz, 1999), ce qui implique l’obtention des récompenses recherchées et l’évitement de sanctions (Massé, Poulin, Dassa, Lambert, Bélair & Battaglini, 1998). Dans ce modèle bidimensionnel, les individus essaient ainsi de maximiser leurs récompenses et d’optimiser le plaisir qui s’ensuit. Le concept de bien-être subjectif s’inscrit dans cette approche, tout comme la notion de bonheur, qui, dans notre société contemporaine est assimilée à cette perspective.
L’eudémonisme, quant à lui est issu des écrits d’Aristote, lequel estimait que le bonheur est un principe que tout être humain tend en orientant ses actions afin d’atteindre son plein potentiel (Biétry & Creusier, 2013). En atteignant son plein potentiel, l’individu, selon cette perspective, vivrait dans un état nommé « eudemonia » en Grec (Biétry & Creusier, 2013). Des chercheurs contemporains tels que Ryff (1989), Keyes (2005) ou Waterman (1993) se sont inscrits dans ce champ théorique impliquant l’idée d’être soi-même, d’avoir le sentiment de vivre pleinement et de relever des défis primordiaux.
Le concept de bien-être psychologique fait d’avantage écho à ce champ. Il repose sur l’autodétermination (Ryff &Singer, 1998) et sur la mise en œuvre de compétences contrairement au plaisir hédonique qui peut être ressenti durant l’obtention passive d’une récompense collective (Biétry & Creusier, 2013).
Au XXème siècle, le concept de bien-être évolue, notamment au travers de trois champs de la psychologie : l’approche humaniste, la psychologie positive et la psychologie de la santé. Le champ des émotions a aussi contribué à l’évolution du concept de bien-être. En effet, ce courant a conduit les chercheurs à concevoir le bien-être comme un bilan d’émotions négatives et positives (Watson & Tellegen, 1985). Ses travaux renvoient davantage au concept de santé psychologique qu’à l’étude du bien-être.

Les fondements psychologiques du bien-être

Les réflexions portant sur le bonheur durant la Grèce antique ont influencé les modèles du bien-être – tels que nous pouvons le concevoir dans notre société moderne.
L’approche humaniste
L’approche humaniste a émergé dans les années 1940 avec cette perspective de reconnaître l’être humain comme ayant un caractère humain et une capacité d’autodétermination. Selon ce courant, les auteurs considèrent que les individus ont cette capacité à se développer selon leurs propres choix personnels et à se réajuster en fonction de l’analyse portée au regard de leur vécu (Biétry & Creusier, 2013). Ce courant est porté par l’approche eudémonique. Les recherches qui ont considérablement influencé ce courant se concentrent autour de la théorie des besoins de Maslow (1943).
Les travaux de Maslow (1943) indiquent au premier plan l’actualisation de soi, l’affiliation de soi et l’estime de soi par rapport aux besoins physiologiques. Ses travaux s’orientent davantage sur la motivation que sur le bien-être (Biétry & Creusier, 2013). Carl Rogers a aussi eu une grande influence sur ce courant en mettant en avant les notions de liberté, de réalisation de soi et de développement personnel. Nous pouvons noter que ces notions sont abordées dans les recherches sur le bien-être psychologique.
La psychologie positive
Issue de l’approche humaniste, Seligman fonde en 1998 la psychologie positive lorsqu’il est président de l’American Psychological Association (APA). Ce courant repose principalement sur un socle empirique et conceptuel Nord-américain et peut-être défini comme « l’étude des conditions et des processus qui contribuent à l’épanouissement ou au fonctionnement optimal des individus, des groupes et des institutions » (Gables & Haidt, 2005 ; Shankland, 2014). Il convient d’expliciter chacun de ces termes afin de mieux en saisir la nuance et les approfondissements. Ce courant de recherche a pour objectif de s’intéresser davantage « à la norme : le bien-être, plutôt qu’à l’exception : la maladie » (Biétry & Creusier, 2013, p.4).
Le terme « conditions » fait référence aux relations amicales, aux conditions de vie, aux milieux scolaires, à l’environnement familial, au contexte historique, les variables biologiques et les traits de personnalité qui vont permettre « l’expression des potentialités individuelles et le vécu d’expériences positives menant à un degré de bien-être satisfaisant » (Shankland, 2014, p.5).
Le terme « processus » fait écho aux actions mises en œuvre pour tirer bénéfice des situations dans lesquelles l’on se trouve afin de développer des compétences permettant de maintenir son niveau de bien-être ou bien de faire évoluer positivement son degré de bien-être (Shankland, 2014). Par exemple, les individus peuvent faire appel à leur créativité pour résoudre des difficultés, développer son attention au moment présent ou encore établir des relations.
Le terme « épanouissement », dans le cadre de cette définition, renvoie à une dynamique de développement de ses potentialités à travers des actions remplies de sens et permettant l’ouverture à de nouvelles possibilités d’amélioration.
Enfin, le terme de « fonctionnement optimal » qualifie ce qu’une personne peut effectuer lorsqu’elle se considère comme étant en pleine possession de ses moyens (Shankland, 2014). Dans cette optique, la psychologie positive s’intéresse aux caractéristiques qui permettent à un individu de vivre en bonne santé mentale et physique, d’arriver à surmonter les problématiques rencontrées et de réaliser des activités favorisant l’épanouissement en s’appuyant sur ses ressources et celles existantes dans l’environnement.
Ainsi, cette approche s’intéresse au fonctionnement humain et aux aspects positifs de l’expérience subjective (Seligman & Csikszentmihalyi, 2000). Auparavant, les recherches se centraient principalement sur les dysfonctionnements, les difficultés et les déviances. Ce courant oriente davantage ses travaux sur la compréhension du fonctionnement optimal et l’approfondissement des forces individuelles et collectives avec l’intérêt d’en favoriser l’épanouissement (Seligman & Csikszentmihalyi, 2000 ; Shankland, 2014). La psychologie positive étudie le bien-être, ses causes, ses conséquences et son évaluation et s’inscrit dans le champ de la promotion de la santé (Shankland & Lamboy, 2011).
La psychologie de la santé
La psychologie de la santé a pour objectif d’étudier les facteurs émotionnels, psychologiques et sociaux interagissant dans les comportements de santé. Cette approche a évolué en passant d’un paradigme de traitement de la maladie à un paradigme de prévention de la maladie. Cette approche a permis d’aboutir à un certain consensus : le bien-être ne peut être réduit à l’absence de trouble psychologique comme le stress (Biétry & Creusier, 2013). Cette distinction est mise en avant par le concept de santé psychologique qui englobe aussi bien l’absence de détresse psychologique que la présence de bien-être. Ainsi, la santé mentale, thème utilisé bien souvent en psychiatrie, fût définie comme une absence de maladie ou de symptômes négatifs (Keyes, 2005). Cependant, il est aussi communément admis que ce concept est un construit multidimensionnel (Achille, 2003) prenant en compte la présence de manifestations positives et l’absence de manifestations négatives (Organisation Mondiale de la Santé, 1948 ; Jahoda, 1958 ; Dejours, 1995). Les manifestations positives sont identifiées par le bien-être psychologique et les manifestations négatives se réfèrent à la détresse psychologique (Massé et al., 1998 ; Keyes, 2005). En outre, d’autres auteurs affirment que la santé mentale devrait être définie comme étant un état de bien-être et pas uniquement perçu comme une absence de maladie (Diener, 1984 ; Ryff, 1989 ; Ryff & Keyes, 1995). Ce concept de santé mentale est complexe et il a fallu de nombreuses décennies pour aboutir à une conceptualisation de ce construit. Selon Dagenais-Desmarais (2008), le bien-être psychologique est une facette de la santé mentale qui est encore incomprise.
Keyes (2002, 2005) présente son approche du bien-être en lien avec la santé mentale. Selon l’auteur, la santé mentale serait composée de deux composantes : le bien-être et le fonctionnement psychosocial positif.
Le bien-être se traduit par l’absence ou la faible présence d’émotions négatives et la présence d’émotions positives tandis que le fonctionnement psychosocial positif fait référence aux relations sociales positives, l’autonomie, le sentiment de compétence, l’acceptation de soi, le sens à la vie et la croissance personnelle (Keyes, 2005). Ces caractéristiques se rapprochent de la classification du Diagnostic Statistical Manual (DSM) puisque pour diagnostiquer la santé mentale, l’individu doit présenter les symptômes suivants :
Symptômes d’hédonia ou sentiments positifs dans sa vie
Symptômes d’un fonctionnement psychologique dans la vie (en opposition à la détérioration psychologique).
Dans le cas où l’individu présente ces deux critères, il est considéré comme flourishing (florissant/épanouit). En cas d’absence de ses deux caractéristiques, l’individu est considéré comme languishing (languissant) (Keyes, 2002 ; Page & Vella-Brodrick, 2009). Barry (2009) suggère ainsi de définir la santé mentale positive comme « un état de performance réussie de fonction mentale s’exprimant par des activités productives, des relations enrichissantes avec les autres et la capacité de s’adapter au changement et au stress ». Cette définition constitue le socle de la recherche et des interventions en termes de promotion de la santé mentale (Abaidi, 2015). Ainsi, la psychologie de la santé prend en compte l’importance des facteurs psychologiques dans le bien-être psychologique et physique.
Nous pouvons spécifier que notre thèse s’inscrit dans le champ de la santé en psychologie du travail, discipline qui a un lien étroit avec la psychologie positive et la psychologie de la santé. Cette discipline s’est renforcée avec les profondes mutations dans le monde du travail et s’intéresse aux facteurs psychologiques contribuant à la santé et au bien-être au travail. L’intérêt de cette discipline et de protéger la santé des travailleurs et de comprendre l’influence de l’organisation et des conditions de travail sur la sécurité et la santé des professionnels (Adkins, 1999).
Les modèles conceptuels du bien-être
Grâce à ces fondements théoriques, il est possible d’expliciter les approches utilisées pour l’étude du bien-être. Le bien-être est considéré comme le sentiment subjectif que les individus font vis-à-vis de leur qualité de vie (Ryff & Singer, 2000). Définir ce qu’est le bien-être, comprendre ses déterminants est une recherche fondamentale en sciences humaines. Cependant, la littérature scientifique distingue deux conceptions du bien-être : le bien-être subjectif (hédonique) (Diener & Lucas, 1999) et le bien-être psychologique (eudémoniste) (Ryff 1989 ; Ryan & Deci, 2000). Cette distinction repose sur des différents épistémologiques qui ont limité l’avancée des recherches dans le domaine pendant longtemps.
Le bien-être subjectif ou hédonique
Les recherches sur le bien-être subjectif (approche hédonique) ont connu un essor dans les années 1950 grâce aux études portant sur la mesure de la qualité de vie (Keyes, Shmotkin, & Ryff, 2002). Diener, un des chercheurs de référence dans cette approche, a rapidement mis en avant le terme de « bien-être subjectif » qui a remplacé par la suite le terme du « bonheur ». Kahneman et al. (1999) considèrent le bien-être en termes de plaisir et indiquent que les personnes tentent de maximiser les récompenses et d’optimiser le plaisir qui en découle (Biétry & Creusier, 2013). Ainsi, l’approche hédoniste renvoie aux états émotionnels positifs accompagnant la satisfaction des désirs (Diener, 1984). Cette approche se traduit, dans la recherche contemporaine, par la conception du bien-être subjectif s’élaborant par une composante affective (supériorité des émotions positives versus infériorité des émotions négatives) et une composante cognitive (jugement personnel sur la satisfaction de vie en général ou dans des domaines de vie plus spécifiques comme le travail) (Diener, 1984).
Ces composantes seraient plus ou moins indépendantes (Abaidi, 2015). En effet, avoir le sentiment d’être satisfait de sa vie ne renvoie pas automatiquement à un équilibre dans les émotions. Cependant, la fréquence des émotions dites positives est une condition sine qua non l’atteinte du bien-être (Diener & Lucas, 1999). En effet, un individu se sentant heureux, épanoui, est une personne dont les expériences sont le plus fréquemment associées à des émotions positives, telle que la joie, l’enthousiasme.
Fredrickson (2001) explique l’utilité des émotions en déterminant les effets des émotions positives sur l’individu et son activité en termes de ressources physiques (préservation de la santé), psychologiques (développement de l’estime de soi), intellectuelles (développement des compétences) et sociales. Par conséquent, le ressenti émotionnel, quand il est positif est vu comme la cause du bien-être, et non plus comme une conséquence (Frederickson, 2001). Pour autant, seules les émotions « sincères » entraînent des réactions positives propices au développement d’un sentiment de bien-être durable (Shankland, 2014). De plus, les psychologues hédonistes prédisent que pour obtenir un niveau de bien-être subjectif satisfaisant, la personne doit atteindre ses buts, ce qui provoquera un sentiment de bien-être et de satisfaction (Diener, Lucas, & Oishi, 2002). Les tenants de cette approche, considèrent la satisfaction comme partie intégrante du bien-être contrairement aux défenseurs de l’approche eudémonique.
Cette approche doit faire face à certaines critiques et limites (Abaidi, 2015) :
La pauvreté du cadre théorique pour expliquer et représenter le bien-être
La non-prise en compte de l’aspect eudémonique
La difficulté à expliquer les relations causales entre les différentes dimensions (affects négatifs, positifs et satisfaction) (Lent, 2004).
Cowen (1994) suggère que la recherche devrait approfondir les composantes du bien-être au niveau comportemental, psychologique et physiologique.
Le bien-être psychologique ou eudémonique
Le bien-être psychologique basé sur l’approche eudémonique est apparu dans les années 1980. Cette approche s’appuie sur la hiérarchisation des besoins de Maslow (1968). Selon l’auteur, la personne satisfait ses besoins selon un ordre déterminé allant des besoins physiologiques de base jusqu’aux besoins d’accomplissements. Les tenants de cette approche conçoivent le bien-être comme un concept plus complexe et ne reposant pas uniquement sur une balance entre affects négatifs et positifs (Biétry & Creusier, 2013).
L’approche eudémoniste soutient qu’une vie de vertu permettrait l’atteinte du bien-être (Delle Fave, Massimini & Bassi, 2011). Le bien-être apparaît lorsque l’individu donne un sens à sa vie. Les partisans de cette approche prônent l’atteinte de cet état de bien-être dans le cas où l’individu saisit les opportunités de se développer et d’être en capacité de relever des défis. Il existe de nombreuses théories au sein de cette approche mais il est apparu comme fondamental de considérer la croissance personnelle et le sens à la vie comme nécessaire à l’atteinte du bonheur (Delle Fave et al., 2011). Pour autant, d’autres courants incluent l’autonomie, le but, l’acceptation de soi, la réalisation de soi et l’appartenance sociale (Ryan & Deci, 2000). Cette approche considère que le concept de bien-être va au-delà de l’approche hédoniste.
Le modèle de Ryff (1989) est le modèle considéré comme le plus consensuel car il distingue six dimensions :
L’autonomie : capacité à réguler son comportement, à résister aux pressions sociales (principe d’autodétermination)
La croissance personnelle : développement de son potentiel en continu et de ses envies, meilleure connaissance de soi
Les relations positives avec autrui : se soucier du bien-être des autres, être empathique
Le sens à la vie : avoir des objectifs pouvant évoluer en fonction des réussites et des échecs
Le contrôle de son environnement : capacité à choisir, créer, gérer son environnement en fonction de ses capacités physiques et mentales
L’acceptation de soi : permet une évaluation positive de sa vie, un fonctionnement optimal. C’est un élément central de la santé mentale.
Ces six dimensions permettent d’évaluer de la manière la plus complète possible le niveau de fonctionnement psychologique de l’individu puisque l’on obtient un score par dimension. Cette conception se traduit en termes de fonctionnement psychologique et a pour objectif de comprendre la façon dont les individus interagissent avec leur environnement (Ryff, 1989).
Tout comme l’approche hédoniste, l’approche eudémoniste suscite quelques critiques :
Cette conception laisse peu de place à l’expression des individus sur la définition d’une bonne existence humaine puisque cette approche se base sur l’appréciation d’expert (Diener, Sapyta, & Suh, 1998).
La multiplicité des composantes eudémoniques est remise en cause par rapport au principe d’universalité. Les dimensions évoluent selon les évènements de vie et les cultures (Diener et al., 1998).
Que représente le bien-être aujourd’hui ?
Notons que le bien-être fait ainsi référence à l’état de santé et à la qualité de vie. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Le sentiment de bien-être est donc subjectif et propre à chaque individu.
Toujours selon l’OMS (1994), la qualité de vie est définie comme « la perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. Il s’agit d’un large champ conceptuel, englobant de manière complexe la santé physique de la personne, son état psychologique, son niveau d’indépendance, ses relations sociales, ses croyances personnelles et sa relation avec les spécificités de son environnement ». Dans ce cadre, le bien-être ne peut être réduit au niveau de vie de la personne.
Aussi, la littérature scientifique fait état d’une définition complexe du bien-être dotée de multiples facettes ayant les critères suivants :
Le bien-être est considéré comme un trait stable à travers les domaines de vie (Diener, 1984 ; 1994)
Les composantes du bien-être peuvent évoluer en fonction des situations rencontrées (Diener, 1994)
Le bien-être serait lié à des domaines spécifiques (Diener, 1994)
Dans une optique d’unification des connaissances, le bien-être est ainsi considéré comme un construit multidimensionnel incluant des dimensions eudémoniques et hédoniques (Ryan & Deci, 2001 ; Keyes & Lopez, 2002 ; Lent, 2004).
La revue de littérature démontre que de nombreux chercheurs s’appuient principalement sur les travaux de Ryff et de Diener pour approfondir les recherches sur le bien-être. Par conséquent, les chercheurs s’accordent sur un consensus général autour de l’approche hédonique, en revanche la conception eudémonique fait encore débat puisqu’elle apparaît comme plus complexe (Kashdan & al., 2008 cité par Henderson & Knight, 2012).
Ces deux approches reposent sur des différents méthodologiques puisque l’une s’appuie sur une démarche empirique tandis que la seconde se base sur une réflexion théorique (Biétry Creusier, 2013). Pour autant, ces deux approches ont permis d’aboutir à une conception plus inclusive du bien-être (Huppert & So, 2013) en utilisant le terme « florissant/épanouit » (flourishing) pour décrire la simultanéité de ces deux approches afin d’obtenir une conception du bien-être plus complète. Ainsi, les scientifiques tentant d’intégrer ces deux conceptions (Seligman, 2002 ; Diener et al., 2010) suggèrent que la réalisation du bien-être est possible lorsqu’une activité remplie de vertu (vision eudémoniste) et une vie riche (vision hédoniste) sont associées avec le plus haut niveau de bien-être (Huta & Ryan, 2010 cité par Henderson & Knight, 2012).
Keyes et al. (2002) suggèrent aussi la complémentarité de ces deux approches en indiquant des compensations possibles entre les différentes conceptions. Ils indiquent que les dimensions eudémoniques et hédoniques sont à la fois distinctes et inter-reliées.

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Table des matières

Introduction générale
PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
CHAPITRE 1 : Les fondements théoriques du mal-être au travail au bien-être au travail
I. Les fondements théoriques du mal-être au travail
1. Le travail : objet de plaisir et de souffrance
2. Le stress au travail
3. La santé au travail : d’une approche pathogénique à l’ouverture salutogénique
4. Les populations les plus à risque
II. Les fondements théoriques du bien-être
1. Les fondements psychologiques du bien-être
2.1. L’approche humaniste
2.2. La psychologie positive
2.3. La psychologie de la santé
2. Les modèles conceptuels du bien-être
3.1. Le bien-être subjectif ou hédonique
3.2. Le bien-être psychologique ou eudémonique
3.3. Que représente le bien-être aujourd’hui ?
3. Les modèles de bien-être au travail
4.1. Le modèle de Warr (1990)
4.2. Le modèle de Daniels (2000)
4.3. Le modèle de Danna et Griffin (1999)
4.4. Le modèle de Cotton et Hart (2003)
4.5. Le modèle de Robert (2007)
4.6. Le modèle de Dagenais-Desmarais (2010)
CHAPITRE 2 : Une approche intégrative : l’épanouissement psychologique
I. Définition et histoire du concept d’épanouissement psychologique
1. L’approche de Keyes (2002)
2. L’approche de Fredrickson et Losada (2005)
3. L’approche de Seligman (2011)
4. L’approche de Huppert et So (2009)
5. L’approche de Diener et collaborateurs (2010)
5.1. Les relations sociales positives
5.2. L’engagement
5.3. Le but dans la vie
5.4. Les compétences
5.5. L’optimisme
5.6. La contribution sociale
5.7. L’acceptation de soi
5.8. L’estime de soi
1. L’échelle de VanderWeele (2017)
2. L’échelle de Butler et Kern (2016)
3. L’échelle de Diener et collaborateurs (2010)
III. L’épanouissement en milieu de travail
1. Le modèle de Rothmann (2013)
2. L’outil proposé : Flourishing at Work Scale (FAWS)
3. Les composantes pouvant conduire à l’épanouissement en milieu de travail
CHAPITRE 3 : Déterminants et effets de l’épanouissement au travail
I. Les déterminants du bien-être au travail et de l’épanouissement au travail
1. Les traits de personnalité comme déterminant individuel
2. Le soutien organisationnel perçu comme déterminant organisationnel
II. Les effets du bien-être au travail et de l’épanouissement au travail
1. Les effets individuels
2. Les effets sur l’organisation de travail
DEUXIEME PARTIE : LA CONDUITE DE LA RECHERCHE DOCTORALE
CHAPITRE 1 : Méthodologie de recherche
I. Le positionnement de la recherche
1. Le cadre épistémologique
2. De l’épistémologie aux méthodes
II. Problématique générale et questions de recherche
CHAPITRE 2 : Recherches empiriques
I. Etude 1 : Élaboration d’une échelle d’épanouissement psychologique en milieu de travail (ÉÉPMT) et examen de ses qualités psychométriques
1. Objectifs
2. Première partie de l’étude 1
2.1. Méthode
2.2. Résultats
2.3. Discussion
3. Deuxième partie de l’étude 1
3.1. Méthode
3.2. Résultats
3.3. Discussion
4. Troisième partie de l’étude 1
4.1. Méthode
4.2. Résultats
4.3. Discussion
5. Discussion générale de l’étude 1
II. Etude 2 : Analyse des rôles prédicteurs du bien-être général et professionnel et de l’épanouissement psychologique général et en milieu de travail
2. Méthode
3. Mesures
3.1. Inventaire de personnalité
3.2. Le soutien organisationnel perçu
3.3. Bien-être subjectif
3.4. Satisfaction de vie professionnelle
3.5. Épanouissement psychologique général
3.6. Épanouissement psychologique en milieu de travail
4. Analyses statistiques
5. Présentation des résultats
5.1. Analyse de la cohérence interne des outils utilisés
5.2. Analyses descriptives
5.3. Analyse de corrélation
5.4. Analyse ANOVA
5.5. Analyse de régression
5.5.1. Analyse de régression « par entrée »
5.5.2. Analyse de régression hiérarchique
6. Discussion de l’étude 2
III. Etude 3 : Profils personnologiques et épanouissement psychologique en milieu de travail
1. Objectifs et hypothèses
2. Méthode
3. Analyses statistiques
4. Présentations des principaux résultats
5. Discussion de l’étude 3
IV. Etude 4 : Épanouissement psychologique en milieu de travail et personnalité : le rôle modérateur du soutien organisationnel perçu
1. Objectifs et hypothèses
2. Méthode
3. Analyses statistiques
3.1. La démarche d’analyse de l’effet modérateur
4. Présentation des principaux résultats
4.1. Analyses descriptives et corrélationnelles
4.2. Analyse de modération
5. Discussion de l’étude 4
V. Etude 5 : L’épanouissement psychologique en milieu de travail des dirigeants d’entreprise TPE-PME de Normandie
1. Les étapes de la recherche
1.1. La mise en place du projet de recherche
1.2. La population étudiée
1.3. La conduite des entretiens
1.4. La création de la grille d’entretien
2. Questions de recherche :
3. Principaux résultats
3.1. Le portrait individuel de chaque dirigeant(e) rencontré
3.1.1. L’analyse de l’entretien 1 : Madame M
3.1.2. L’analyse de l’entretien 2 : Monsieur P
3.1.3. Analyse de l’entretien 3 : Monsieur R
3.1.4. L’analyse de l’entretien 4 : Monsieur N
3.1.5. L’analyse de l’entretien 5 : Monsieur J.
3.1.6. L’analyse de l’entretien 6 : Madame S
3.1.7. L’analyse de l’entretien 7 : Monsieur B.
3.1.8. L’analyse de l’entretien 8 : Monsieur F
3.1.9. L’analyse de l’entretien 9 : Madame H.
3.3. Analyse des catégories dominantes issues de l’analyse des entretiens
3.3.1. Analyse de la catégorie : Rôle du dirigeant
3.3.2. Analyse de la catégorie : Mal-être au travail
3.3.3. Analyse de la catégorie : Epanouissement psychologique en milieu de travail
3.3.4. Analyse de la catégorie : Actions mises en place pour promouvoir la santé au travail
4. Discussion de l’étude 5
4.1. Pour quelles raisons le dirigeant souffre-t-il en silence ?
4.2. Quels sont les facteurs salutogènes conduisant à l’épanouissement psychologique en milieu de travail ?
4.3. Limites de cette étude
4.4. Quelles préconisations proposées ?
Chapitre 3 : Discussion générale
I. Synthèse des résultats
1. La proposition d’un outil pour mesurer l’épanouissement psychologique en milieu de travail
2. Les concepts connexes
2.1. La qualité de vie au travail
2.2. La satisfaction au travail
2.3. L’épanouissement psychologique en milieu de travail
3. Les déterminants de l’épanouissement psychologique en milieu de travail
4. La question des profils de personnalité associés à un niveau d’épanouissement psychologique en milieu de travail
5. Le rôle modérateur du soutien organisationnel perçu
2. La question de l’épanouissement psychologique en milieu de travail auprès d’une population spécifique
III. Enjeux et recommandations
IV. Limites et perspectives
Références bibliographiques

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