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Les รฉvolutions au sein du domaine du management interculturel
Le management interculturel โ un domaine rem is en question
Une des tendances de la littรฉrature (relativement) rรฉcente dans le domaine du management interculturel est lโinterrogation sur son รฉtat actuel. Les principaux aspects approchรฉs sont la thรฉorie, la mรฉthodologie de recherche et les implications pratiques dโune certaine approche thรฉorique et /ou mรฉthodologique .
La thรฉorie dans le domaine du management interculturel est, en gรฉnรฉral, considรฉrรฉe comme faiblement dรฉveloppรฉe par rapport ร ses dรฉbuts et on parle mรชme dโune approche a- thรฉorique de la recherche dans le domaine . La thรฉorie existante รฉchoue dans sa capacitรฉ de guider dโune maniรจre adรฉquate la recherche et la pratique dans le domaine83, une des principales raisons รฉtant la maniรจre dont la culture est approchรฉe.
Ainsi, la culture est le plus souvent conรงue dans u ne perspective essentialiste (comme nous lโavons dรฉjร mentionnรฉ), structuraliste et ยซ positiviste ยป , la principale implication de ces perspectives sur la culture รฉtant la nรฉgligencedes interactions culturelles qui se produisent ร lโintรฉrieur dโune organisation. Car, la perspective essentialiste conรงoit la culture comme ayant des frontiรจres clairement dรฉfinies, lโappartenance ร une culture dรฉfinit les individus, qui ne peuvent pas sโen รฉvader. Cette appartenance les diffรฉrencie par rapport aux autres individus, porteurs ร leur tour, dโune autre cultur e (voir GRILLO (2003), citรฉ plus haut). La culture comme structure est perรงue comme un cadre n ormatif et dโinterprรฉtation pour les expรฉriences individuelles, avec un haut degrรฉ de stabilitรฉ, ce qui prรฉsume un degrรฉ รฉlevรฉ de stabilitรฉ dans les orientations et les motivationsdes individus86.
Lโapproche ยซ positiviste ยป de la culture prรฉsume sa conception comme un phรฉnomรจne objectif, qui peut รชtre mesurรฉ, observรฉ et analysรฉdโune maniรจre prรฉcise . Par consรฉquent, les chercheurs qui sโinscrivent dans cette tendance prรชtent une attention soutenue ร la dรฉfinition de la culture, afin que celle-ci soit facile ร ยซ op รฉrationnaliser ยป et donc ร mesurer88. Ces chercheurs prรฉfรจrent des mรฉthodes quantitatives derecherche. Les rรฉsultats des recherches prennent le plus souvent la forme des modรจles des dimensions /orientations culturelles. Ces modรจles sont prรฉfรฉrรฉs parce quโils ont lโavantageedla simplification et ainsi dโune meilleure comprรฉhension de la notion abstraite de ยซ culture ยป . Lโutilisation des modรจles est satisfaisante aussi parce quโelle offre une combinaison รฉquilibrรฉe entre gรฉnรฉral et particulier et crรฉe une liaison entre phรฉnomรจnes qui tiennent de iveauxn diffรฉrents : individuel, de groupe, sociรฉtal et parce que ces modรจles sont faciles ร communiquer90. Mais, cette approche fait lโobjet dโune intense critique. Parmi ses principal es limites, on peut mentionner : lโutilitรฉ pratique rรฉduite dans les relations dโaffaires et dans la prรฉdiction du comportement organisationnel (dans ces recherches lโaccent est mis sur gรฉnรฉralisations et lois universelles), une validitรฉ externe diminuรฉe (lโaccent est mis surlโaccroissement de la validitรฉ interne, sur la relation cause-effet), la concentration sur des aspects limitรฉs du phรฉnomรจne culturel et, par consรฉquent, la nรฉgligence de sa comprรฉhension en profondeur91.
Une des principales questions posรฉes sur la mรฉthodologie de recherche dans le domaine du management interculturel est celle de la maniรจre dont lโinfluence de la culture sur lโorganisation est conรงue par les chercheurs. Car l eur conception dรฉtermine lโhypothรจse de recherche et lโinterprรฉtation des rรฉsultats. On peut identifier ainsi deux grandes catรฉgories de chercheurs du domaine : ceux qui sont les adeptes de lโuniversalisme concernant les variations dโun certain phรฉnomรจne (valeurs, attitudes, comportement etc.) ร travers les organisations trouvรฉes aux milieux diffรฉrents et ceux qui considรจrent ces variations comme le rรฉsultat de lโinfluence de la culture 92. La derniรจre catรฉgorie comprend ร son tour plusieurs sous-catรฉgories de chercheurs : ceux qui reconnaissent lโexistence et le rรดle de la culture dans lโorganisation, mais la considรจrent comme un inconvรฉnient pour la recherche ร cause de la difficultรฉ de lโรฉtudier et par consรฉquent peuventโexclure comme variable de la recherche 93; ceux qui considรจrent la culture comme un facteur rรฉsiduel et qui dans le cas oรน il nโy a pas dโexplications non culturelles pour les diffรฉrences trouvรฉes, les attribuent ร la culture94 ; ceux qui considรจrent la culture comme un des facteurs majeurs dans lโexplication des diffรฉrences trouvรฉes ; et enfin ceux qui considรจrent la culturecomme le facteur fondamental qui รฉtablit le cadre pour la comprรฉhension des diffรฉrences trouvรฉes95.
Ces positions dรฉfendues par les diffรฉrents chercheurs sโinscrivent dans le dรฉbat sur la convergence /la divergence culturelle. Ainsi, une recherche effectuรฉe parmi les รฉtudes dans le domaine du management et des affaires internationales a identifiรฉ deux perspectives fondamentalement diffรฉrentes : les perspectives ยซ ร contexte faible ยป (รฉtudes de convergence) et les perspectives ยซ ร contexte fort ยป (รฉtudes de divergence)96.
Les perspectives ยซ ร contexte faible ยป โ lโuniversa lisme รฉconomique, les thรฉories de la technologie, lโuniversalisme psychologique, et les thรฉories dโeffets transnationales โ sont fondรฉes sur lโhypothรจse de la convergence dans gestion et organisation, convergence qui serait le rรฉsultat de : 1) lโentrรฉe des nations et des entreprises dans une รฉconomie globale caractรฉrisรฉe par la recherche de lโefficacitรฉ et delโutilitรฉ ; 2) lโimpact du changement technologique qui a รฉliminรฉ les barriรจres de communication et dโinformation et a produit, en consรฉquence, des besoins similaires dโarrangements de travail et d’organisation ; 3) lโacceptation de lโuniversalitรฉ des besoins humains et des structures de motivation ; 4) la globalisation de la production au sein des entreprises multinationales, ce qui a produit un certain degrรฉ de similitude de leurs stratรฉgies etpratiques ; 5) la prรฉmisse que tous les directeurs du monde se confrontent aux mรชmes dรฉfiscomme rรฉsultat dโune forte et croissante interdรฉpendance des รฉconomies.
Le contexte thรฉorique de la constitution du domaine du management interculturel
Mรชme si ce dรฉbat sur lโinfluence de la culture estร prรฉsent si vivace, pour longtemps, dans lโhistoire de la science de la gestion et de la thรฉorie des organisations, elle a รฉtรฉ complรจtement ignorรฉe, les chercheurs dans ces domaines รฉtant intรฉressรฉs notamment par lโidentification de ยซ one best way ยป pour la gestion des organisations, mรชme si les intรฉrรชts de recherche รฉtaient de nature diffรฉrente (les thรฉories traditionnelles, la thรฉorie des relations humaines).
On peut considรฉrer que la voie pour la prise en compte de lโimpact de la culture sur lโorganisation a รฉtรฉ ouverte par les thรฉories de lacontingence structurelle, les premiรจres qui remettaient en question, mรชme si seulement partiellement, lโidรฉe de ยซ one best way ยป dans la gestion dโune entreprise et qui posaient la question de lโexistence dโune relation entre organisations et leur ยซ environnement ยป107. Cette voie ouverte par la contingence structurelle nโa pas รฉtรฉ pourtant dรฉveloppรฉe que plus tard en rectiondi de lโidentification dโune relation entre organisations et culture, les intรฉrรชts des ercheurs en suivant des voies diffรฉrentes : le comportement de lโindividu dans lโorganisation et s es raisons, les relations entre individu et organisation, lโindividu en tant quโacteur, le pouv oir, la hiรฉrarchie, les mรฉcanismes dโintรฉgration sociale, les raisons dโapparition des entreprises etc.
Ce parcours sinueux a nรฉanmoins conduit ร un รฉclaircissement graduel concernant la question de la relation entre environnement et organisation (les organisations conรงues comme systรจmes ouverts, lโenvironnement ยซ agi ยป, lโรฉcologie, lโรฉcologie des populations dโorganisations, la dรฉpendance de ressources des organisations โ pour en mentionner seulement quelques unes des plus importantes et des plus rรฉcentes thรฉories qui posent la question dโune relation entre environnement et organisation). Lโenvironnement est soit compris dโune maniรจre gรฉnรฉrale (voir lโanalyse PESTEL), soit rรฉduit ร lโenvironnement immรฉdiatement proche ร une organisation, la culture comme une composante de lโenvironnement en apparaissant seulement dโune man iรจre tangentielle. Si la culture apparaissait dans ces thรฉories, elle รฉtait approchรฉe surtout dans la perspective de son influence sur le comportement de lโindividu dans lโorganisati on, mais ce sujet, ร son tour, nโรฉtait pas approfondi. En revanche, avec le dรฉveloppement des thรฉories nรฉo-institutionnalistes, la question de lโinfluence de la culture (qui est indรฉniablement incluse dans lโenvironnement) et de la relation entre organisation et sociรฉtรฉ devient plus claire (plusieurs auteurs institutionnalistes posent un signe dโรฉgalitรฉ entreinstitutions et effets culturels ou historiques, tandis que dโautres font la diffรฉrence entre culture et institutions108). Dans les annรฉes 1970-1980, les thรฉories qui prenaient en compte la culture et son influence sur les entreprises entraient dโune maniรจre claire dans la sphรจre dโintรฉrรชt des chercheurs dans le domaine organisationnel qui, ร ce temps-lร , sโinterrogeaien t sur les รฉchanges /relations รฉtablis(es) entre entreprise et sociรฉtรฉ.
Dans les annรฉes 1970, apparaissaient des thรฉories managรฉriales qui posaient la question de la diversitรฉ dans lโorganisation, dans la gestion et dans la motivation des individus, en fonction de pays. Une des thรฉories apparues ร ce moment-lร et qui est devenue une des plus connues, comme nous le verrons plus tard, รฉtant celle de Geert HOFSTEDE . Cet auteur a clairement rรฉvรฉlรฉ lโexistence dโune relation entre culture et organisation et a remis en question lโethnocentrisme dominant des รฉtudes interculturelles quโil tenait pour responsable du faible dรฉveloppement du domaine .
Avant que la relation entre organisations et culture soit รฉtudiรฉe dโune maniรจre explicite, les recherches sont premiรจrement concentrรฉes sur lโinfluence de la sociรฉtรฉ globale sur les organisations. Une des recherches considรฉrรฉe comme fondamentale pour la constitution du courant de lโanalyse sociรฉtale est celle effectuรฉe en 1982 par Marc MAURICE, Franรงois SELLIER et Jean-Jacques SILVESTRE 111. Selon SILVESTRE, les organisations industrielles ne tendent pas vers des modรจles universels parce quโelles tendent ร reproduire et ร renforcer des patterns produits par lโinteraction spรฉcifique ร leurs activitรฉs . Les diffรฉrences sont vues comme le rรฉsultat de ยซlโeffet sociรฉtalยป, compris comme le rรฉsultat de la combinaison de plusieurs รฉlรฉments qui diffรฉrent en fonction de sociรฉtรฉ, tels que le salaire, la structure hiรฉrarchique, le systรจme de ormation,f lโorganisation industrielle et le systรจme des relations de travail. On ne cherche pas dโexplications pour ces diffรฉrences dans lโhistoire et dans la culture des pays 113. Une autre รฉtude qui confirmait ร ce temps-lร lโexistence de ยซ lโeffet sociรฉtal ยป et de son influence sur les organisations รฉtait celle dโErhard FRIEDBERG et Christine MUSSELIN (1989), dans une comparaison faite entre les systรจmes universitaires de France et de lโAllemagne qui rรฉvรฉlait la distance existante entre les deux systรจmes universitaires, ร cause des traditions culturelles et institutionnelles de ces pays114.
La reconnaissance de lโimportance des diffรฉrences nationales pour les formes de dรฉveloppement industriel et pour les mรฉthodes de gestion est graduellement nรฉe, en bรฉnรฉficiant dโune quasi-unanimitรฉ parmi les sociologues, les รฉconomistes et les spรฉcialistes de gestion, parmi les thรฉoriciens et les praticiens de lโentreprise 115. Cโest ainsi que dรฉbute la recherche dโexplications substantielles de lโorigin e des diffรฉrences entre les pays comparรฉs, lโexplication de ยซ lโeffet sociรฉtal ยป รฉtant considรฉrรฉe comme insuffisante. Un chercheur qui ร ce temps-lร dรฉclarait dโune maniรจre claire son intention de dรฉpasser ยซlโeffet sociรฉtalยป รฉtait Philippe DโIRIBARNE (1989) qui expliquait les diffรฉrences entre pays en tenant compte de leur processus de management ancrรฉ dans lโhistoire. DโIRIBARNE a lancรฉ lโidรฉe de la nรฉcessitรฉ dโun management culturel, y compris une ormef de management qui prenait en considรฉration les traditions de chaque pays et qui employait les attributs de chaque culture nationale comme des ressources afin que la gestion fรปt efficace116. En faisant une comparaison entre le fonctionnement de trois entreprises de lโindustrie mรฉtallurgique implantรฉes en France, aux รtats-Unis et en Hollande, DโIRIBARNE identifia it trois modรจles dโorganisations et de relations hiรฉrarchiques qui avaient leurs racines dans les traditions culturelles et historiques nationales117 : aux รtats-Unis โ le modรจle du ยซ contrat juste ยป (fair contract) ; en France โ le modรจle de la ยซ logique de lโhonneur ยป ; en Hollande โ le modรจle du ยซ consensus ยป118.
DโIRIBARNE se diffรฉrenciait ainsi tant par rapport ร la thรฉorie de ยซ lโeffet sociรฉtal ยป que par rapport ร la thรจse de Michel CROZIER.
Le modรจle des dimensions culturelles nationales, proposรฉ par Geert HOFSTEDE
Lโenquรชte du HOFSTEDE sโest dรฉroulรฉe auprรจs environ116 000 personnes (employรฉs dโIBM) en deux vagues (1967-1969 et 1971-1973), dans 40 pays150. HOFSTEDE a รฉlargi ultรฉrieurement son analyse ร 53 pays et rรฉgions (50pays et 3 rรฉgions) dans lesquelles IBM avait ses filiales. Le but de lโenquรชte รฉtait lโรฉvaluation de lโattitude des employรฉs dโIBM envers le travail (leur degrรฉ de satisfaction), sur plan international152 ; les rรฉsultats de lโenquรชte concernaient plutรดt les valeurs que la satisfaction et les conceptions des 153 . En partant de ces rรฉsultats, corrรฉlรฉs aux donnรฉesobtenues par une recherche employรฉs auprรจs des managers participants aux cours dโInternational Management Development et aux donnรฉes tirรฉes dโautres รฉtudes comparatives et analyses statistiques, lโauteur a identifiรฉ quatre dimensions principales dans lesquelles pouvaient รชtre ordonnรฉs les systรจmes de valeurs des pays respectifs.
Ces dimensions ont รฉtรฉ nommรฉes les dimensions de laculture nationale154. Une dimension est un aspect dโune culture qui peut รชtremesurรฉ par rapport ร dโautres cultures155. Les quatre dimensions montrent certaines corrรฉlations significatives avec des indices gรฉographiques, รฉconomiques, dรฉmographiques et politiques156. Ces dimensions sont la distance par rapport au pouvoir (รฉlevรฉe /faible), โรฉvitementl de lโincertitude (faible /fort), lโindividualisme (versus collectivisme) et la masculinitรฉ (versus fรฉminitรฉ). Ultรฉrieurement, une cinquiรจme dimension se dรฉgageait de lโenquรชte ed Michael BOND (1988). Celui-ci, professeur ร lโUniversitรฉ chinoise de Hong Kong, a utilisรฉ un questionnaire rรฉalisรฉ par des Chinois et inspirรฉ par la culture chinoise afin dโรฉviter la distorsion culturelle dรฉterminรฉe par lโorigine occidentale des chercheurs. Le questionnaire portait sur lโimportance relative des valeurs. La dimension identifiรฉe รฉtait le dynamismeconfucรฉen, qui avait deux pรดles : orientation ร long terme et orientation ร court ter me157.
Les dimensions identifiรฉes par HOFSTEDE forment un modรจle quadridimensionnel des diffรฉrences entre les cultures nationales, chaque pays recevant un certain pointage pour chaque dimension. HOFSTEDE a dรฉcrit seulement les extrรชmes de chaque dimension, mais il les considรฉrait plutรดt comme des idรฉaux-types car,en rรฉalitรฉ, la majoritรฉ des pays se situaient entre les deux extrรชmes . Les dimensions de la culture sont prรฉsentรฉes souslโaspect de leur influence sur la sociรฉtรฉ en gรฉnรฉral, sur la famille, sur lโรฉcole et sur le lieu de travail. Si on suit ces dimensions de la culture nationale dans la perspective de leur influence sur lโactivitรฉ des organisations, sur le processus de management et sur le comportement, les relations et les valeurs de travail, on pourra retrouver, en principal, les รฉlรฉments suivants :
La distance par rapport au pouvoir โ dรฉfinit la mesure oรน les membres moins puissants des institutions et des organisations dโun pays sโa ttendent et acceptent que le pouvoir soit inรฉgalement distribuรฉ . Une distance รฉlevรฉe ou faible par rapport au pouvoir influe diffรฉremment lโorganisation et le management dโune entreprise. Ainsi, dans les pays caractรฉrisรฉs par une grande distance par rapport aupouvoir, les inรฉgalitรฉs hiรฉrarchiques sont vues comme existentielles, les diffรฉrences de rรฉmunรฉration entre niveaux hiรฉrarchiques sont grandes, on met lโaccent sur les privilรจges et les symboles associรฉs ร un certain statut, il y a une forte centralisation, les subordonnรฉs attendent des directives, et le chef idรฉal est vu comme un ยซ autocrate bienveillant ยป ou un ยซ bon pรจre ยป. La Malaisie, le Guatemala, Panama, les Philippines, le Mexique et le Venezuela sont situรฉs sur les premiรจres 6 positions de 53, avec lโindice de la distance par rapport au pouvoir le plus รฉlevรฉ. Les pays ร distance faible par rapport au pouvoir favorisent la dรฉcentralisation, la hiรฉrarchie ayant seulement un rรดle conventionnel, les diffรฉrences de salaire รฉtant faibles, les privilรจges et les symboles du statut รฉtant cachรฉs, on pratique un management consultatifet le chef idรฉal est vu comme un dรฉmocrate ยป. La Norvรจge, la Suรจde, la RรฉpubliqueIrlande, la Nouvelle Zรฉlande, le Danemark, Israรซl et lโAutriche sont situรฉs sur les derniรจres 6 positions de 53, avec lโindice de la distance par rapport au pouvoir le plus faible160. Dans les pays avec une grande distance par rapport au pouvoir, les supรฉrieurs et les subordonnรฉes considรจrent que la transgression des limites entre les deux niveaux de la hiรฉrarchie รฉquivaut ร lโindiscipline, tandis que dans les pays avec une faible distance par rapport au pouvoir, la transgression des limites est quelque chose de normal.
Le modรจle des dimensions culturelles nationales, proposรฉ par Edward T. HALL
Un autre modรจle qui propose des dimensions de la culture nationale est celui de HALL (1959). Ce modรจle, ร la diffรฉrence des modรจles proposรฉs par HOFSTEDE (1980), KLUCKHOHN et STRODTBECK (1961), TROMPENAARS et HAMPDEN-TURNER (2000) qui approchent la culture comme un systรจme de valeurs, approche la culture dans une perspective cognitive, รฉtant parmi les rares cas detypologies culturelles qui mettent lโaccent sur les structures cognitives182.
Un des principaux apports des รฉtudes de HALL au domaine du management interculturel est celui quโelles sont parmi les premiรจres qui posent, clairement, la question dโune liaison entre les diffรฉrences culturelles nationales et le monde des affaires (les relations dโaffaires, le comportement de travail etc.) 183. Mais, une des limites de ses รฉtudes rรฉside dans la gรฉnรฉralisation des rรฉsultats obtenus au niveauedlโentiรจre sociรฉtรฉ. De mรชme, lโapproche de la culture, comme dans le cas dโautres modรจles citรฉs ci-dessus, est dรฉterministe (la culture est perรงue comme un ordinateur dont le programme gu ide toutes les actions et les rรฉactions des individus185 โ voir la similaritรฉ, ultรฉrieure, de la conceptionde HOFSTEDE, qui dรฉfinit la culture comme ยซ un logiciel de lโesprit ยป). HALL considรจre que les diffรฉrences entre cultures rรฉsultent de la maniรจre dont celles-ci traitent letemps, lโespace et la communication, toute culture pouvant รชtre caractรฉrisรฉe en partant de cestrois coordonnรฉes.
On peut ainsi distinguer, en fonction de leur systรจme de communication, des cultures oรน la communication suppose une forte rรฉfรฉrence aucontexte (ยซ contexte fort ยป) et des cultures oรน la communication est ร faible rรฉfรฉrenceou sans rรฉfรฉrence au contexte (ยซ contexte faible ยป). On entend par contexte ยซ […] lโinformation qui, indรฉpendamment de la forme (symbolique, matรฉrielle ou iconographique) entoure un รฉvรฉnement et qui est inextricablement liรฉ ร lโรฉvรฉnement ยป . Une culture peut se situer, du point de vue du contexte, sur une รฉchelle comparative, de fort ร faible 188, sa position รฉtant dรฉterminรฉe par le rapport entreles informations vรฉhiculรฉes par le message explicite etles informations contenues par la situation elle-mรชme ou intรฉriorisรฉes par les interlocuteurs.
Le modรจle des dimensions culturelles nationales, proposรฉ par Charles HAMPDEN-TURNER et Fons TROMPENAARS
HAMPDEN-TURNER et TROMPENAARS (2000) approchent le sujet des diffรฉrences culturelles en utilisant la mรฉthodologie du dilemme. Ils justifient ce choix mรฉthodologique par leur croyance dans lโexistence dโun ยซ nombre limitรฉ de dilemmes authentiquement universels ยป201 ยซ en dรฉpit de la diversification des rรฉponses culturelles, parfois discordantes et hostiles ยป202. Cette hypothรจse de travail est similaire ร celle de KLUCKHOHN et STRODTBECK (1961), qui considรจrent aussi quโil y a des questions universelles et des rรฉponses spรฉcifiques ร chaque sociรฉtรฉ archรฉtypiquesย ยป ยป , les rรฉponses ร ces dilemmes en gรฉnรฉrant six dimensions ยซ de la diversitรฉ culturelle ยป204 : 1) universalisme /particularisme ; 2) individualisme /collectivisme ; 3) vision de dรฉtail /vision dโensemble ; 4) statut social acquis /statut social attribuรฉ ; 5) motivation endogรจne /motivation exogรจne et 6) temps sรฉquentiel/temps synchronique.
Comme on peut le voir, chaque dimension est structurรฉe autour de valeurs binaires.
Les auteurs ont essayรฉ de dรฉpasser les inconvรฉnients de cette approche, en postulant que seule la rรฉconciliation des valeurs opposรฉes pourrait รชtre une source de richesse pour les entreprises, en gรฉnรฉrant des cercles vertueux, tandis que le conflit de ces valeurs crรฉerait des cercles vicieux.205 La principale conclusion faite par les auteurs ยซ aprรจs dix-huit ans de recherches transculturelles ยป206, ร savoir que ยซ les diffรฉrences entre les cultures ne sont ni arbitraires ni fortuites. En fait, les valeurs de lโune sont lโima ge inversรฉe des valeurs de lโautre [โฆ] ยป 207, nous semble un peu naรฏve208. Les dimensions antรฉrieurement mentionnรฉes ont รฉtรฉidentifiรฉes ร la suite de lโapplication dโun questionnaire qui co ntenait des dilemmes /des affirmations pour lesquelles les sujets interrogรฉs avaient seulement deux variantes possibles de rรฉponse. Ultรฉrieurement, a รฉtรฉ dรฉveloppรฉ un questionnairei qucomprenait 5 variantes de rรฉponse, en offrant ainsi aux personnes interrogรฉes la possibilitรฉ de choisir ยซ [โฆ] soit une seule solution, comme dans lโancien questionnaire, soit une rรฉconciliation qui utilise des sรฉquences alternatives ou encore le compromis ยป 209 210 , la polarisation des rรฉponses รฉtant ainsi rรฉduite.
Universalisme vs. Particularisme. Pour les sociรฉtรฉsuniversalistes, la rรจgle est la plus importante. Elle sโapplique quel que soit le contexte et les relations. Pour les sociรฉtรฉs particularistes, lโexception est la plus importante, une attention particuliรจre รฉtant accordรฉe aux circonstances particuliรจres et aux contraintes relationnelles. Les cultures particularistes cherchent des solutions spรฉcifiques, pour chaque situation, tandis que celles universalistes considรจrent quโune solution qui une fois a permis la rรฉsolution dโun problรจme avait une applicabilitรฉ gรฉnรฉrale dans des situations similaires. Pour les sociรฉtรฉs universalistes, sont caractรฉristiques les rรจgles, les codes, les lois etles gรฉnรฉralisations, tandis que dans celles particularistes prรฉdominent les exceptions, les circonstances, les relations. ร la suite des rรฉponses donnรฉes au dilemme du piรฉton renversรฉ parune automobile conduite par un ami proche, parmi les pays les plus universalistes figurent : la Suisse, les Etats-Unis, le Canada, la Suรจde, lโAustralie, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et parmi les pays les plus particularistes on peut retrouver : la Corรฉe du Sud, la Chine, lโIndonรฉsie, le Nรฉpal, le Japon et Singapour.
Individualisme vs. Collectivisme. Dans les cultures individualistes, lโintรฉrรชt et lโaccomplissement personnel sont dominants. Les individus aiment les emplois qui leur permettent de travailler indรฉpendamment, on reconnaรฎt les mรฉrites professionnels individuels. Dans les cultures collectivistes les intรฉrรชts du groupe et la prรฉoccupation pour le bien-รชtre de la sociรฉtรฉ sont dominants. Le dilemme est celui desmoyens dโamรฉliorer la qualitรฉ de vie de chacun : par un maximum de libertรฉ et dโopportunitรฉs pour un individu ou par lโintรฉrรชt constant de lโindividu pour le bien de ses concitoyens. Les sociรฉtรฉs individualistes (Grande-Bretagne, Etats-Unis, Australie etc.) sont caractรฉrisรฉes par concurrence, indรฉpendance, intรฉrรชt, progrรจs et รฉpanouissement personnels, tandis que les sociรฉtรฉs collectivistes (Japon, Singapour etc.) mettent lโaccent sur coopรฉration, lien social, altruisme, service public et hรฉritage social.
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Table des matiรจres
Premiรจre partie : Vers une gestion efficiente des diffรฉrences culturelles au sein des entreprises
Introduction
1. Lโรฉtat des recherches dans le domaine du management interculturel
1.1. L’enjeu du management interculturel pour les entreprises
1.2. Les รฉvolutions au sein du domaine du management interculturel
1.2.1. Le management interculturel โ un domaine remis en question
1.2.2. Le contexte thรฉorique de la constitution du domaine du management interculturel
1.2.3. Les principaux modรจles axรฉs sur la culture nationale
1.2.4. De nouvelles pistes dans le domaine du management interculturel
2. Lโapproche interculturelle comme vecteur de changement
2.1. La gestion des ressources humaines et la diversitรฉ culturelle dans les entreprises multinationales
2.2. La culture dโentreprise et la diversitรฉ culturelle dans les entreprises multinationales
3. Lโรฉthique du travail โ source de diffรฉrence culturelle
3.1. Lโรฉthique du travail dans la Roumanie socialiste
3.2. Lโรฉthique du travail dans la Roumanie postsocialiste
4. Le management interculturel dans la Roumanie post socialiste
4.1. Un survey de la littรฉrature roumaine sur les pratiques de management ร lโรจre postsocialiste
4.2. Les pratiques de management interculturel dans les entreprises multinationales implantรฉes en Roumanie
Conclusion
Deuxiรจme partie : Une approche empirique du management interculturel en Roumanie
1. Mรฉthodologie de la recherche appliquรฉe
2. Cadre gรฉnรฉral de lโanalyse
2.1. Aperรงu des investissements directs รฉtrangers en Roumanie
2.1.1. Des raisons et formes dโinternationalisation des EMN et des PME
2.1.2. Des repรจres gรฉnรฉraux sur les IDE italiens en Roumanie
2.1.3. Facteurs dโattractivitรฉ et obstacles pour les IDE en Roumanie
2.2. Analyse territoriale de notre recherche appliquรฉe
2.3. Analyse sectorielle de notre recherche
2.3.1. Lโindustrie roumaine du textile et de la confection
2.3.2. Lโindustrie roumaine du bois
3. Etude de cas : lโentreprise X du secteur du textile
3.1. Lโhistorique de la constitution de lโentreprise
3.2. Lโanalyse des รฉlรฉments de management interculturel
3.2.1. Lโorientation managรฉriale par rapport ร la diffรฉrence culturelle
3.2.2. Lโanalyse de la culture dโentreprise
3.2.3. Pratiques de gestion des ressources humaines
3.3. Synthรจse
4. Etude de cas : lโentreprise Y du secteur du bois
4.1. Lโhistorique de la constitution de lโentreprise
4.2. Lโanalyse des รฉlรฉments de management interculturel
4.2.1. Lโorientation managรฉriale par rapport ร la diffรฉrence culturelle
4.2.2. Lโanalyse de la culture dโentreprise
4.2.3. Pratiques de gestion des ressources humaines
4.3. Synthรจse
5. Etude de cas : lโentreprise Z du secteur du textile
5.1. Lโhistorique de la constitution de lโentreprise
5.2. Lโanalyse des รฉlรฉments de management interculturel
5.2.1. Lโorientation managรฉriale par rapport ร la diffรฉrence culturelle
5.2.2. Lโanalyse de la culture dโentreprise
5.2.3. Pratiques de gestion des ressources humaines
5.3. Synthรจse
6. Comparaisons et analyse des pratiques de terrain
6.1. Les รฉlรฉments de convergence
6.2. Les รฉlรฉments de diffรฉrenciation
6.3. Synthรจse
Conclusion gรฉnรฉrale
Bibliographie
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