Définition de l’espace rural
Dès le XIVème siècle, apparaît le mot rural, il n’a été employé qu’à partir du XIXème siècle par les spécialistes qui se sont intéressés à la campagne (habitat rural, paysage rural, histoire rurale, ethnologie rurale, géographie rurale, etc.). L’expression espace rural n’est devenue courante qu’à partir des années 1960. Plusieurs paramètres définissent l’espace rural. D’abord on il y a l’éloignement de la campagne par rapport à la ville. Par exemple à Kédougou, les zones rurales sont très éloignées de la ville et le manque d’infrastructures routières accentue leur enclavement. Elles ne bénéficient pas non plus de certaines commodités comme l’électricité, l’eau potable, les structures d’assainissement, etc. Ensuite cet espace se singularise par ses activités qui définissent le mode de vie des populations. Jadis les ruraux étaient des agriculteurs et la majorité des terres était destinée à l’exploitation agricole. Habituellement, toutes les activités du secteur primaire s’y concentrent tel l’artisanat, la pêche, la chasse, le prélèvement végétal etc. Cependant cette réalité n’est pas absolue. En effet, dans les pays développés, la campagne concentre d’autres activités des secteurs secondaire et tertiaire et les ruraux ne sont pas forcément des agriculteurs. C’est le phénomène de la rurbanisation. Cette situation est à l’opposé des campagnes des pays en développement, particulièrement celles de la région de Kédougou. Les sociétés sont à dominance agricole même si le prélèvement des ressources végétales soit au cœur des activités des terroirs. Enfin l’un des caractères de l’espace rural semble être la faible densité de la population. Cependant cela n’est pas le cas des campagnes africaines qui concentrent des densités de populations très importantes. Par exemple au Sénégal, six (6) sénégalais sur dix (10) habitent le monde rural, 59,3% de la population vit en zone rurale et 80% de celle de la région de Kédougou l’est également.
Maladies et insectes nuisibles au Vitellaria paradoxa
Concernant les maladies, « on observe que des attaques foliaires maculicoles peu importantes. Il s’agit d’une part de Fusicladium butyrospermi, elle produit sur les limbes des tâches arrondies ou polygonales brun foncé, de 2 à 3 mm, d’abord isolées puis confluentes avec à la face supérieure une marge pourpre foncé et une teinte fauve au-dessous. Il y a aussi la Pestalozzia heterospora qui provoque l’apparition de taches irrégulières desséchées, grisâtre sur les feuilles » (G. SALLE, 1991). Vitellaria paradoxa est exposé à certains parasites nuisibles qui peuvent causer des dommages à l’arbre. Parmi les plantes parasites, nous pouvons citer le genre Tapinanthus de la famille des LORANTHACEES avec quatre espèces : T. dodoneifolius, T. globiferus, T.ophioides, T.pentagonia31. Ces plantes se fixent sur les branches de leur hôte dans lesquelles elles puisent l’eau et les sels minéraux par l’intermédiaire d’un organe d’absorption ou suçoir. Au niveau de l’insertion sur l’hôte, on observe une réaction de l’hôte qui donne naissance à des déformations plus ou moins importantes. Lorsque le parasite meurt et que ses tissus dégénèrent, seuls les tissus de l’hôte subsistent. Cette zone représente alors un site de surinfection potentielle (Sallé et al, 1991). Les parasites peuvent à la longue provoquer la mort de l’arbre. Les insectes causent également des dégâts sur les arbres à karité. Il y a Curimosphena senegalensis qui forent les jeunes pousses en saison hivernale. Cette espèce d’insectes s’attaque aux bourgeons et aux jeunes pousses. L’arbre subit également les effets de la larve Cirina butyrospermi (chenille parasite) qui provoque la « gale foliaire ». Elle s’attaque principalement aux feuilles, causant une défoliation de l’arbre.
Le site de Sabodala
L’arrondissement de Sabodala est localisé dans le département de Saraya, au nord de ce même département. En 2006, une Etude d’Impact Environnemental et Social (EIES) a été menée à Sabodala par un cabinet de consultance, le TROPICA Environnemental Consultants. Le gouvernement du Sénégal avait signé une convention minière avec la société Mineral Deposits Limited (MDL) dans l’arrondissement de Sabodala, lui délivrant ainsi un permis d’exploitation de l’or. Le site minier couvre une superficie de 20 km². Selon le code de l’environnement, un tel projet nécessite au préalable une étude afin de déceler les impacts environnementaux et sociaux qu’il pourrait causer dans l’immédiat ou à long terme sur le site choisi. C’est dans ce sens que ce cabinet privé a fait cette étude. Les experts ont effectués des enquêtes sur le terrain ainsi que des inventaires. Des inventaires sur la flore ont été faits à l’intérieur du périmètre d’exploitation minière et à l’extérieur de celui-ci afin d’avoir une quantification du potentiel végétal de la zone et la diversité floristique. Au total 24 placettes ont été levées, de forme carrée avec une superficie de 2500m². Sur l’ensemble des placettes, Vitellaria paradoxa n’est présent que sur 8. Nous allons nous focaliser sur ces inventaires et plus particulièrement sur les résultats portant sur Vitellaria paradoxa.
Une diversité d’acteurs
Par opposition à Saraya, où l’activité de transformation du karité est exclusivement réservée aux femmes, à Tomboronkoto il en est autrement. En se référant à KANE I.C, durant la campagne 2003, 230 cueilleurs ont été répertoriés dont 50 hommes et 180 femmes. Presque le tiers de l’effectif total des cueilleurs sont des hommes. Ce qui était initialement une activité féminine, tend à intéresser de plus en plus la gente masculine. Les hommes n’hésitent plus à concurrencer les femmes étant donné la valeur économique du beurre de karité. A Saraya, de toutes les étapes de la transformation du karité, la seule tâche qui était réservée aux hommes est le conditionnement du beurre de karité dans des feuilles de Cola cordifolia. De nos jours c’est révolu, les hommes sont absents dans toutes les étapes puisque le beurre est à présent mis dans des pots ou bouteilles. En 2009-2010, durant les enquêtes à Saraya, 70% des transformatrices ont exprimé le besoin de voir les hommes s’impliquer dans l’activité. Dans un cas pareil, elles ne craignent pas la concurrence masculine étant donné que cette implication constitue une des solutions pouvant atténuer la pénibilité du processus de transformation du karité. A titre comparatif, la différence notée au niveau de la cueillette du karité à Saraya et à Tomboronkoto concernant l’implication des hommes dans la filière peut s’expliquer par le facteur ethnique. En fait Saraya est majoritairement composé de malinkés, ce qui fait qu’ils mettent en pratique leur tradition qui réserve la transformation du karité exclusivement aux femmes. Par contre à Tomboronkoto les actifs de a filière sont issus d’ethnies diverses.
CONCLUSION GENERALE
Les zones rurales qui sont paradoxalement les plus pauvres, fournissent les zones urbaines de beaucoup de produits. Ce sont les campagnes qui alimentent les villes en produits forestiers. Une relation ville-campagne qui a bien sa place ici, bien inscrit dans ce contexte. La région de Kédougou, mise à part celle de la Casamance, est l’une des dernières zones du Sénégal où le potentiel forestier reste encore marqué par une grande diversité d’espèces, grâce à sa position géographique. Parmi ces diverses espèces, il y a Vitellaria paradoxa qui fait une des spécificités de la région et c’est une ressource exploitée par les populations rurales depuis fort longtemps. La production du beurre de karité est passée de l’autoconsommation à la commercialisation, donnant ainsi une valeur supplémentaire à Vitellaria paradoxa. L’importance des activités de prélèvement dans la région de Kédougou demeure une réalité, raison pour laquelle beaucoup de travaux s’y sont appesantis tels ceux étudiés dans cette étude. Le beurre de karité s’est révélé une ressource à haute valeur commerciale, surtout pour ces localités pauvres. Ainsi, suite à la comparaison de nos différentes sources de données, quelques résultats ont été obtenus. D’abord la méthode par estimation n’est pas toujours fiable, cependant, dans ce cas précis l’on veut avancer qu’elle est assez représentative puisque un nombre considérable de placettes ont été levées pour évaluer le potentiel de Vitellaria paradoxa à Salémata et Saraya. L’étude nous a permis de faire une confrontation avec nos données, une comparaison qui fait état de la ressource. D’une manière générale, on peut dire que le parc à karité de la région de Kédougou tend au vieillissement étant donné que sur une période de 10 ans, aucune évolution apparente n’a été notée dans la zone de Saraya. Nous retrouvons les mêmes résultats d’inventaire. Il y a aussi le fait que les densités d’individus adultes sont plus importantes dans les sites de Salémata, Saraya et Tomboronkoto, ce qui pose le problème de renouvellement de la ressource, un parc à karité marqué par la prédominance des sujets adultes. Ensuite, entre autres résultats, nous avons noté une similitude dans l’activité de transformation du karité. Par ailleurs, dans la zone de Tomboronkoto, les hommes sont impliqués dans la cueillette du karité quand on sait que sa production est une activité exclusivement féminine dans les sociétés traditionnelles. Une situation qui démontre une fois de plus l’importance de cette activité dans la vie paysanne. En plus de cela, la zone de production est généralement éloignée des habitations, sachant aussi que les autres étapes restent pénibles même si du côté de Salémata les GPK bénéficient de quelques machines. Cependant n’empêche que la majorité des producteurs sont confrontés à la pénibilité du processus de transformation du beurre de karité. Malgré la pénibilité du travail, le fait marquant est que le karité de Kédougou demeure de bonne qualité et cela lui donne le privilège d’être apprécié par les ménages urbains. Et cela se traduit sur les prix de vente qui n’ont pas cessé de fluctuer durant ces dernières années. Les populations rurales profitent de ces gains pour satisfaire certains besoins des ménages. Généralement la commercialisation se fait dans les terroirs villageois, mais il existe un marché hebdomadaire non loin de Tomboronkoto, facilitant ainsi aux villages voisins l’écoulement de leur produit. La comparaison a également permis de singulariser Saraya par rapport aux autres zones de production du karité de la région de Kédougou. Des différences ressortent concernant surtout :
o L’évolution du parc à karité ;
o Le libre accès à la ressource Vitellaria paradoxa ;
o L’inexistence d’un loumo pour faciliter la commercialisation du beurre de karité ;
o Et enfin le prix de vente du kilogramme du beurre de karité qui est apparemment plus élevé que les autres zones de production.
La finalité de cette approche comparative est d’une part de démontrer l’importance du karité dans la vie paysanne et l’état de la ressource, d’où la nécessité de le valoriser. Et d’autre part, la non prise en compte de la filière karité par les autorités étatiques. Non seulement Vitellaria paradoxa revêt une valeur sociale et écologique mais plus encore, celle économique. La valeur économique de la ressource fait que les ménages ruraux vouent un respect au karité. De cette étude, nous attendons que des décisions soient prises par les autorités étatiques, d’une manière générale les décideurs et bailleurs de fonds, pour mieux prendre en compte la filière karité. Une filière qui est à notre connaissance mise en rade, mis à part des Projets qui soutiennent les producteurs. Par ailleurs comme nous l’avions souligné dans le mémoire de maîtrise, « même si les GPK bénéficient de l’appui du PROMER, ils ont également besoin de celui du gouvernement et des organismes internationaux. Le projet n’est pas en mesure de tout faire, vu les domaines dans lesquels il intervient ». De la même manière que le gouvernement octroie des budgets de plusieurs millions de FCFA à beaucoup de filières comme le coton, l’arachide, etc., il doit être en mesure de le faire pour la filière karité. La majorité des études universitaires faites sur les ressources de prélèvement ont démontré l’importance des revenus issus des produits de la brousse. Des efforts doivent être fournis pour développer l’économie de prélèvement qui fait vivre les ménages ruraux. Le développement local ne saurait être effectif que par une valorisation de la ressource. Car d’une manière ou d’une autre, elle joue un rôle dans l’économie rurale aussi minime soit-il. Pour parvenir au développement, les contraintes notées dans l’activité doivent être résolues. Une mécanisation des étapes pénibles est primordiale, la création de marchés hebdomadaires dans toutes les zones de production doit l’être également. Concernant l’état du parc qui montre des signes de vieillissement, une multiplication végétative de l’arbre n’est pas à exclure quand on sait que Vitellaria paradoxa a un cycle de production assez long. L’arbre n’entre en production qu’entre 15 et 20 ans. Sa production maximale se situerait entre 25 et 30 ans. La valorisation du karité peut être source de développement des zones rurales vu les gains que la ressource peut générer.
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Table des matières
Introduction Générale
1. Problématique
Contexte
Cadre de l’étude
Justification
Objectifs
Hypothèses
2. Méthodologie
3. Définition et discussion des concepts
Première Partie : Cadre de l’étude
Chapitre I : Etude du milieu physique
I.1 Le relief et les sols
I.1.1 Le relief
I.1.2 Les sols
I.2 La géologie
I.3 Les ressources en eau
I.4 Le climat
I.4.1 La variation des températures
I.4.2 La variation pluviométrique
I.5 La végétation
Chapitre II : Étude du milieu humain
II.1 Caractéristiques démographiques de la région de Kédougou
II.1.1 Evolution de la population
II.1.2 Répartition de la population
II.1.2.1 Répartition de la population au niveau de chaque département
II.1.2.2 Répartition de la population selon le sexe
II.1.2.3 Répartition spatiale de la population
II.3 Les activités économiques
II.3.1 L’agriculture
II.3.2 L’élevage
II.3.3 La pêche
II.3.4 L’exploitation des ressources forestières
II.3.5 L’exploitation des ressources du sous-sol
II.3.6 Le tourisme
Conclusion première partie
Deuxième Partie : Présentation, Analyse et Comparaison des donnes
Chapitre III : Appréciation de l’espace rural
III.1 Définition de l’espace rural
III.2 Analyse des zones rurales de Kédougou
III.2.1 Des zones rurales en profondes mutations
III.2.2 De l’économie de subsistance à l’économie de marché
Chapitre IV : Présentation, analyse et comparaison des données recueillies dans les zones rurales de Kédougou
IV.1 Présentation de la ressource
IV.1.1 Répartition de Vitellaria paradoxa
IV.1.2 Caractéristiques de l’arbre
IV.1.2.1 La germination
IV.1.2.2 La floraison
IV.1.2.3 Maladies et insectes nuisibles au Vitellaria paradoxa
IV.1.3 Modes d’utilisation du Vitellaria paradoxa
IV.2 Présentation des données
IV.2.1 Le site de Sabodala
IV.2.2 Les sites de Salémata et Saraya
IV.2.3 Le site de Tomboronkoto
IV.3 Comparaison des données
IV.3.1 Répartition du Vitellaria paradoxa dans quelques sites choisis
IV.3.1.1 Répartition selon la densité de Vitellaria paradoxa à l’hectare
IV.3.1.2 Profils des peuplements de karité
IV.3.2 L’accès à la ressource Vitellaria paradoxa
IV.3.3 Comparaison au niveau de l’activité de transformation du beurre de karité
IV.3.3.1 Une diversité d’acteurs
IV.3.3.2 Similitudes dans les étapes de la transformation du beurre de karité
IV.3.3.3 Différence notée lors de l’écoulement du produit
IV.3.4 Fluctuation des prix de vente du beurre de karité
Conclusion deuxième partie
Conclusion Générale
Bibliographie
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